"Pour la première fois, j'avais beaucoup d'importance" dit-elle.
Son arrestation (!) a été si l'on peut dire, la chance de sa vie, la chance pour elle d'exister enfin pour quelqu'un. Et pas n'importe qui ! Un juge* ! O stupeur, elle trouve en lui une oreille attentive, (mais lui trouve en elle une source intarissable et docile de renseignements ad hoc).. Un froncement de sourcils** et elle rectifie ce qu'elle vient de dire pour lui faire plaisir. "Dans le bureau de M. Burgaud, pour la première fois j'avais un homme devant moi qui m'écoutait et pour qui j'avais beaucoup d'importance..." (Ndlr, d'origine arabe, ininstruite, elle a été mariée de force à 14 ans et a subi viols et prostitution.. jusqu'à sa rencontre avec Delay, le bon Delay qui a adopté son fils aîné -issu de son mari "forcé"- et avec lequel elle a eu trois autres garçons... tous également violés/martyrisés par le beau-père ou père*** et elle-même, ainsi que, d'après son fils aîné, par cinq autres personnes non identifiées à ce jour.) Alors, quand on lui présente un nom, un cliché, elle acquiesce. "Après, quand je rentrais en cellule, je me disais que j'avais dit n'importe quoi... mais quand je voulais revenir sur mes déclarations, il me disait que j'étais une menteuse..."
Pour "plaire", elle rectifie. "Lorsque je disais la vérité, le juge n'était pas content, il tapait du poing sur le bureau ; il m'a parlé de Daniel Legrand en me montrant des photos, il m'a dit qu'il avait eu un problème en Belgique. C'est pareil pour M. Marécaux (un autre des acquittés d'Outreau, ndlr) ; quand je donnais un nom qui lui convenait pas, il me parlait d'autres personnes... Il m'a mangée".
(Le magistrat aujourd'hui en poste à la Cour de cassation, a démenti avoir suggéré à Badaoui de mentionner Legrand père et fils, arguant que jeune Legrand avait avoué les faits à trois reprises. -Ndlr : oui mais dans quelles conditions?-)
Elle reprend de plus belle, murmurant des "putains" dans le micro : "Le juge m'a mangée. Il m'a bouffée". Une victime de Burgaud, Badaoui? Et si au contraire le magistrat avait été instrumentalisé par elle?
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*Question : la délinquance n'est-elle pas en certains cas un appel au secours? Exemple quand je me suis révoltée à Besançon. http://fabricationmaladiepsy.blogspot.fr/2012/10/racisme-besancon-contre-les-rouges-du.html Le geste transgresseur unique m'a libérée.. et même la "sanction", relativement modeste voire même comique (exclue 3 jours et rayée du tableau d'honneur, qu'est-ce que je m'en foutais!) ne m'a en rien affectée, au contraire. J'ai retenu un fou rire lors de la cérémonie qui était censée me mortifier. De plus, pour une fois, mon père avait dû abandonner son reportage et était revenu en cata de Berlin RIEN QUE POUR MOI !! Sans même protester. (Ma mère avait été catégorique : "jamais elle n'ira dans le privé." Alors? Que faire si on me refusait à Pasteur? Je ne pouvais pas travailler à 10 ans tout de même.) C'était simple : subir équivalait à subir encore et encore sans fin, casser la figure à un/e agresseuse m'a tout simplement fait exister. Pourquoi ? Je me suis expliquée, on m'a écoutée.. et j'ai aussi eu la chance inouïe que la proviseuse s'appelât Dreyfus. Plus jamais ensuite de "sale fille de rouge.. tu t'es lavée ce matin exceptionnellement? tu pues moins etc.." Au fond un excellent souvenir qui m'a un peu "appris" la vie à 10 ans, c'est à dire désappris ce qu'on m'avait inculqué.. Juste un coup de poing.. d'une force que je ne me savais pas posséder moi-même et FINI. N'empêche, j'ai bien failli la tuer. Profit et pertes.
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** Comme le psy qui induit un syndrome -qu'il a déjà en tête ou qu'il affectionne particulièrement- seulement par sa qualité d'écoute: "quand je parlais de (...), il bâillait ou soupirait, mais dès que je me mettais à parler de (...), il relevait la tête, prenait un stylo, notait etc.. Je sentais que c'était important pour lui et petit à petit cela le devint pour moi. Finalement j'ai omis de parler de (..) -le trauma pour elle de beaucoup le plus lourd- et j'ai brodé sur (...).." [Ainsi parle une patiente dans "L'équilibre mental, la folie et la famille.." (Laing et Esterson)] Et elle a fini par développer -pour faire plaisir au psy!- un syndrome qu'elle n'avait pas ou très mineur, tout en conservant l'autre mais aggravé. Les malades psychiques -ou rendus tels- souvent ont en commun de n'avoir jamais existé pour d'autres : quoi d'étonnant à ce qu'ils s'engouffrent dans le créneau docilement? Tout, tout! pour exister enfin !
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*** Assez fréquemment, il arrive que des femmes chargées d'enfants, souvent mais pas forcément sans beaucoup de ressources soient "priorisées" par des pédophiles qui en réalité lorgnent sur les enfants.. et que par la suite, sorties de ce qu'elles pensent être le pétrin (financier, cela se peut, mais c'est pour tomber dans un autre, pire), reconnaissantes (voire pour le confort des enfants, de la famille, l'image extérieure..) tolèrent ou ferment les yeux sur des viols ou attouchements d'un seul enfant, (le bouc émissaire, cf Anita, Ingrid*) de deux, ou ici de tous.. VOIRE PIRE ENCORE. L'affaire Bamberski**, qui ne se déroule pas dans le quart monde mais au contraire dans le "tiers" le plus élevé socialement est emblématique : la mère de la jeune victime, honorée par la position sociale de son second mari, un chirurgien allemand en vue, a plus ou moins toléré (ou ne s'est pas posé de questions sur) ses attitudes, ses infidélités plus que probables et de surcroît particulières car elles concernaient de très jeunes filles, des patientes.. au point qu'il avait dû subir un procès) et, bien que sa propre fille ait à peu l'âge des jeunes accusatrices, avait fermé les yeux sur l'intimité inappropriée entre l'adolescente et l'inquiétant beau-père.. (au prétexte qu'il était médecin?).. y compris après l'assassinat de la petite, niant, malgré les évidences, à toutes forces et refusant de se joindre à la démarche (certes pénible et étrangement compliquée) de son ex mari et père de la jeune fille... suivie enfin de succès, mais très tard hélas.. (et grâce à une certaine "illégalité"). Il n'obtint de sa part AUCUN SOUTIEN, AU CONTRAIRE ! et pour les juges évidemment, cela pesa lourd dans la balance.
*http://femmesavenir.blogspot.fr/2011/08/le-syndrome-de-s.html
** http://fabricationmaladiepsy.blogspot.fr/2011/12/affaire-bamberski.html
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Cette femme est malgré tout.. comment dire? crédible et/ou presqu'émouvante lorsqu'elle affirme -et ça je le crois!- que le juge a été la seule personne de toute sa vie à l'écouter, la seule personne pour laquelle elle semblait avoir de l'importance (autre que comme objet sexuel ou instrument de rapport financier) et qu'elle s'est laissé griser, prête à tout, à dire n'importe quoi pour conserver et accroître cette attention bénie, cette reconnaissance enfin en tant qu'être humain que personne ne lui avait accordée jusque là.. Un/e enfant délaissée, méprisée, pire : NON VUE par ses parents/ou familles d'accueil, puis par les enseignants (car de plus elle n'est pas très favorisée par la nature ou du moins l'est devenue -elle est obèse, réaction banale à l'agression sexuelle ou au viol-) et probablement par les hommes ensuite. Humiliée. Inexistante. Inéduquée. Laide. Ce genre de personne fait d'excellent bourreaux, sous fifres prêts à tout pour enfin exister pour quelqu'un qui les domine -et tous les dominent facilement, on les a formatés pour cela-. Cela est évidemment aggravé lorsqu'on est une femme.
On pense à Adèle (dans le texte*) qui a priori n'est pas plus "méchante" qu'une autre, mais trahit sa sœur (martyre) et sa jeune nièce, idem (jusqu'au suicide de celle-ci) puis sa belle-sœur (qui a cherché à l'aider .. et pour cette raison !), son mari (idem) pour ? complaire à quelqu'un pour qui "elle était quelque chose" fût-ce un paravent contre la justice et les signalements (voire un objet sexuel).. et, dans le dernier cas, pour obtenir la reconnaissance sociale qu'elle désire plus que tout (car elle est plus ambitieuse -c'est à dire moins défavorisée- que Badaoui) : être quelqu'un pour, non plus un seul (le bourreau familial, le juge) mais pour beaucoup de gens, le voisinage, même un peu court, quelqu'un, fût-ce seulement Madame Bidule.
*http://femmesavenir.blogspot.fr/.../08/le-syndrome-de-s.html
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