lundi 22 juillet 2013

Anita et Marie Chantal



POUR ANITA, L'ENFANT DE LA HONTE, MORTE A VINGT ANS
CONTRE MARIE CHANTAL, L'ENFANT DE LA PARADE, ELLE, BIEN VIVANTE
.
Un drame imprévu d'un passé aboli,
Une jeune morte qui soudain ressurgit,
Abandonnée trois fois par des gens de bien
Belle et drôle, charismatique, 
Qui faisait tache pourtant car née sans père,
Ce qui vraiment ne se fait pas!
.
Et une autre, née, elle, avec père et quel père,
-Famille bien sous tous les angles, 
Qui pour celle qui l'a choisi, de la sienne devait
Jusqu'aux tréfonds laver toute la fange, 
-Car tout de même, chasser sa fille enceinte,
Cela ne se fait pas-.

 La bien née, aussi portée au nues que l'autre massacrée,
Surgie elle aussi, furie, innocente et odieuse
Manipulée, -les Liaisons dangereuses, 
C'est aussi ici-...

La coupable, c'était moi.. qui avais cherché et trouvé 
L'enfant de la honte soi disant perdue
A soixante kilomètres du cru!
Parque armée revenue des enfers,
Elle parla, sans à peu près, de sa naissance, 
De son abandon et autres choses peu convenables, 
L'enfant blessée que l'on voulait ailleurs,
En clamant l'inverse, -d'où mon erreur-.
   
 Quant à celle par qui est le scandale est arrivé
A présent haïe en dessous, il fallait la réduire, 
Coupable, oui, mais de quoi? On trouva,
D'inceste, pourquoi pas?
-Un transfert quasi parfait-.

Petite Anita, martyre de la bonne réputation de salopards,
Convenables et souriants, je suis fière de t'avoir connue. 
Inceste ! Les abrutis sont des gens précieux. 
Dors en paix ma jolie, tu as cessé d'être chassée.

dimanche 21 juillet 2013

Panta rei


Panta rei

Enfin au bout de deux jours.
Bouleversant, une superbe déclaration d’amour
Hélas posthume, au passé (relatif
Car « le passé est toujours là » -?-)
Il n’aime jamais au présent,
C’est toujours autrefois ou plus tard.


L'enfant revenu des enfers.







Anne ma soeur Anne
 A sa tour prisonnière,
Telle un chien affamé, guettant 
 Un os -dont du reste elle ne veut pas-,
Un mail dit-on à présent..
Et non la voile blanche de Tristan. 
Rien, cela aussi était
Prévu, faire languir, surbooké, 
Expo, la vie frémissante qui gît
Bla bla, Paris n'est pas ici.

Car il y eut un stress, un drame imprévu
Une jeune morte qui soudain ressurgit,
Abandonnée trois fois par des gens de bien
Belle et drôle, charismatique, 
Qui faisait tache pourtant, née sans père,
Ce qui vraiment ne se fait pas.

Et une autre, née, elle, avec père et quel père,
-Mon frère, famille bien sous tous les angles, 
Qui pour celle qui l'a choisi, de l'autre devait
Laver la fange,
Car tout de même, chasser sa fille enceinte,
Cela ne se fait pas-, l'autre donc, bien née,
Aussi portée au nues que la première massacrée,
Surgie telle une furie, innocente et odieuse
Manipulée, -les Liaisons dangereuses, 
C'est aussi ici-...

 Dans ma querencia, une érynie Biblique. 
La coupable, c'était moi.
De quoi? D'inceste, pourquoi pas?
Moi qui avais cherché et trouvé l'enfant de la honte
La trublionne, pour le meilleur.. et le pire,
L'enfant qui parla, sans à peu près, de sa naissance, 
De son abandon et autres choses peu convenables, 
Une Parque armée revenue des enfers.
L'enfant que l'on voulait ailleurs
En clamant l'inverse, -d'où mon erreur-.

Moi à présent haïe comme celle par qui est arrivé
Le scandale. Il fallait trouver des raisons, 
On trouva, c'était comique, l'inceste, 
-Un transfert quasi parfait, 
Les ignorants sont des gens précieux-.
Un drame néanmoins.

Anne à sa tour abolie qui guette. En vain.
Car fragile, il n'a pas supporté,
Je mendiais de l'aide, ce fut un coup d'épée.
Il ne me croyait pas, je devais exagérer.
Allons allons, voyons voyons..
De la scène il exigea des témoins, 
Il y en eut, cela ne changea rien.

Le même scénar que pour l'enfant suicidée, 
-Quant un acte est horrible, mieux vaut
Le dénier ou faire semblant, et agonir la victime.-
De son abandon tierce, nul ne pouvait douter,
Mais ses raisons, on pouvait les inverser.
Rejetée parce que... perturbée, droguée (?)
-Peut-être, on le serait à moins- et hop, c'était plié.

Moi avec dans le même sac, qui l'avais retrouvée.
Il suffisait d'armer un innocent séide pour porter le fer. 
Et par la même occasion je l'ai perdu.
Pas de pathos, s'il a fuit pour cela, 
C'est qu'il était déjà, oiseau lissant ses plumes,
Prêt pour le grand voyage, humant le vent porteur. 

Prétexte? Réminiscences? Il n'aime pas les vagues,
Ne navigue que par temps calme et clair,
Ni prendre parti. Ou est-ce moi qu'il déteste? 
Et après tout, ce n'est pas sa famille
Même pas la mienne, surtout pas..
Et il ne faut pas se mêler de ces gens-là.
Mais qu'y puis-je si mon frère a pris l'une d'eux?
 Tu n'avais qu'à t'arranger. Soit.


samedi 20 juillet 2013

L'espoir sans raison, nous ne vieillirons pas ensemble





Le chant de l'espoir insensé


Tu étais comme la lumière après le noir
Un tracé vers l’éternel soleil,
Compensation et potion magique
De toutes blessures passées ouvertes.
Le chien, laissé sur le bord de la route
Avait trouvé son refuge enfin.
Malsain ? Peut-être. Prêt à tout
Pour être gardé, bien qu’il pue un peu,
Forcément. A toutes avanies, humiliations.
Même si tu me les infligeais, tu les guérissais,
Et je les aimais puisque ça venait de toi.
Elles m’habitaient, me tenaient compagnie,
Malsain, oui.


Mais le temps a passé qui soigne et démolit.
Omnes vulnerant, ultima necat en somme.
Et à présent à cette source se sont mêlés
La peur, la défiance parfois, l’espoir aussi,
Le désir récemment, la haine souvent,
-A cause de la seconde- l’envie, la résignation
Et la fureur lorsque la douleur fut trop forte
De te voir autre avec une autre,
Duplice. Le sentiment d’avoir été flouée,
D’avoir peut-être aimé un fantasme,
Un acteur à sa partition, du vent.

L’amour ne fut plus que nostalgie
D’un passé qui jamais ne reviendra,
-Et qui peut-être même n'a jamais été-
Une illusion persistante semi volontaire
Du temps qui passe et inexorablement détruit
Des pans entiers de soi pour en susciter d’autres
Et les démolir aussi.

Le temps renie, mais l’espérance, l’illusion,
Vivaces, violentes, tenaces
Envers et contre tout, demeurent,
Auto allumage d’une machine usée,
Traces d’un désir infini jamais assouvi,
Même si l’on sait leur vanité, elles persistent
En notre forteresse intérieure
Pour pouvoir exister encore ailleurs,
En écran contre la réalité qui tue.  

Je vais nettoyer le couloir, ça ira mieux,
Plus facile d’enlever les fientes d’oiseaux
Que la peine qui chante en mon cœur
Et que j’aime car avec elle s’émulsionne
L’espoir, fût-ce du rien, qui vibre encore
Inépuisable, sur mon clavier, 
Le temps d'un poème.

La voix, de Deauville à Molières








LA VOIX

Ce fut comme prévu !
La voix de l’homme couché..
Car il a plusieurs voix,
Celle de l’homme qui appelle un pion
Nette, ferme, tranchante, inévitable,
Celle de l’homme qui parle à Catherine
-A qui il doit tout- aimable, sans plus
Celle de l’homme debout, la même que la deuxième
Celle de celui qui a horreur des blogs,
Triste, hésitante, déçue,
D’une telle forfaiture.
Et enfin celle de l’homme couché
Douce, veloutée, enveloppante, presqu’enfantine,
De celui qui a quelque chose en tête -ou en queue-.
Et puis celle de l’arabe à Rachid, en VO,
Rieuse, détendue, heureuse,
La vraie peut-être ? qui sait ?
-Mais en ce cas il ne dit que des choseries
Il est vrai que le beauf n’est pas une perle.- 

Et là, ce fut comme prévu la voix couchée..
Et la mienne défaussée, métallique, Sorbonne
Rapide, articulée, qui en principe décourage
Toutes tentatives de cul ; pratique d’avoir étudié,
Finalement ! C’était celle de Simone de Beauvoir.

Il a repris illico la voix de l’homme debout,
Pas la peine de se mettre en frais
Quand ça résonne si faux.
Il m’a dit qu’il allait me répondre, par écrit
Pourquoi pas ? Quand ? Demain, plus tard…

Plus tard ? n’y compte pas, ce frêle bonheur d’homme
N’espère pas qu’il dure en ce siècle agité,
Car tout vient, passe et nous échappe,
Comme un vol de libellules au fond d’un soir d’été.

Nous ne nous sommes jamais aimés en même temps,
Une seconde parfois de correspondance improbable
Entre deux lignes dans le vide du cosmos,
Eloignées de lumière et presque parallèles
Un instant par miracle sécantes, l’illumination.
Une chance sur mille. Et ce fut tout.
Peut-être est-ce déjà beaucoup ?

Quand on voit des couples déchirés, hargneux,
Obscènes, perdurer ensemble, l’un pour le fric,
L’autre parce qu’il ne sait pas faire ses papiers,
On n’est tout de même pas si misérables,
Maigre consolation.

vendredi 19 juillet 2013

L'amour comme un décollement de rétine ou de vitré

DÉCOLLEMENT DE RÉTINE

Il n'aurait fallu qu'un instant de plus
Pour que tout redevienne,
Mais il y eut le couac, la bûche, le couic,
Si minime et qui n'a rien à voir.. Puis..
Le matelas dégonflé, l'autre sauteur !
A quoi tiennent les choses? 

La vie tient parfois à un souffle ?
Non. Déjà peut-être avant,
T'éloignais-tu doucement, regrettant
Sans le dire, après mon départ
Ton laisser aller de la veille!
Je te voyais petit à petit flouté, au loin,
Puis plus vite disparaître tout à fait,
En un éclair, comme un vol de libellules
Au fond d'un soir d'été. 

Demain ? N'y compte pas, 
Ce frêle bonheur d'homme
N'espère qu'il dure en ce siècle agité
Car tout vient, passe et nous dépasse,
Comme tombe le crépuscule après
L'aurore aux doigts de fée.
Demain, ce sera moi. Tu m'appelleras
Ému peut-être par ma peine?
Et d'orgueil je te répondrai tout va bien
Avec pour couper court ma voix Sorbonne.
Jamais nous n'avons su nous aimer en même temps
Ou de manière éphémère, comme l'éclair
Dans la nuit signe un décollement de rétine,
Un superbe zig zag qui surgit yeux fermés,
Que je croyais signe d'un monde parallèle
Me faisant un clin d’œil amical !
Annonciateur en réalité d'une souffrance
Imperçue lourde de funestes présages
Le noir définitif.

Mon fils est parti à la ville. Les enfants rejetés tendent à surinvestir leurs propres enfants. Les enfants surinvestis à mésestimer leurs parents. Cette génération intermédiaire est donc sacrifiée en amont et ensuite en aval. Mésestimée par ses parents et ensuite par ses enfants. C'est la mienne.




MON FILS EST PARTI A LA VIE

Mon fils est parti tout à l’heure.
Une bonne chose au fond,
Moins de tracas, de responsabilités.
Mais c’est lui qui m’a jetée,
D’un coup totalement imprévu la veille,
Je dérange. Soit, je ne m’en doutais pas
Mais alors pas du tout. Rien n’apparaissait.
Formé à l’hypocrisie ? Et pourtant je l’ai élevé.

Il faut dire que c’est un peu moi qui l’ai abandonné :
« Plus tard, quand le procès sera fini.. »
Et je le sais pourtant : plus tard,
C'est toujours jamais. Plus tard, c’est trop tard. Panta rei.
L’absence chanfreine même l’amour des fils
Des hommes. Des deux côtés. O romans roses,
Sottises de midinet/tes, quels dégâts vous faites !

J’ai quitté le défricheur d’un thalweg écrasé d'arbres en son lit
Et retrouvé un étranger micro ondes et BM !
Faisant des leçons d’écologie, un autiste de conférences
Coupé du réel, enfermé dans sa bulle, maladroit, componctieux,
Froid et calculateur, un autre qui à présent n’est plus mien.

Tant mieux car de cet autre je ne veux pas de toutes manières.
Je m’en remettrai. Rien n’est grave au fond.
Mais ce soir j’ai de la peine comme s’il était mort né.
Foutus affects débordant la Raison,
Je dois me les arracher. Cinq secondes, cinq seulement,
Ou je vais m'effondrer. O death, rock me asleep !
Comme Anne, accusée d'inceste avec mon frère
Mon double décidément.. serais-je décapitée?
O temps, juste cinq secondes. Pour ne plus y penser.
O death, rock me asleep!

Allons allons, ça va aller. Penser à moi, à mes dents.
Mais à quoi bon des dents si on ne peut manger ?
Il le faut pour ce foutu bled, pour le tirer.
Tout est passé, l’un à Antigone et Deauville (!) ouahh, ça fait fort
Pour un Che. L’autre qui pond mal (et à prix d’or !)
Pour elle aussi c’était « plus tard » et ce fut jamais,
Et le plus aimé qui me fait la morale.
L’arrogance serait-elle congénitale ?

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Question: pourquoi les enfants désinvestis, (jusqu'au rejet  complet parfois) s'attachent-il davantage à leurs parents que ceux qui sont aimés voire surinvestis? Parce qu'il attendent toujours l'amour qui n'est jamais venu, l'espèrent et le mendient. Les autres au contraire, le trouvant naturel, -quelle que soit l'importance de la dévotion dont ils sont l'objet-, saturés, ne le voient pas... et le rejettent plus ou moins (ou exigent encore davantage) et avec celui-ci leurs parents.

Autre question : pourquoi ceux qui furent sous investis dans leur enfance (jusqu'à l'indifférence totale parfois) ont-ils, contrairement au poncif, tendance à sur investir leurs enfants? Pour compenser sur d'autres leur manque en leur offrant multiplié par un facteur x ce qu'ils n'ont pas eu.. (on ne guérit jamais totalement d'une telle enfance) et implicitement donner une "leçon" même posthume à leurs parents. Résultat : cette génération intermédiaire qui fut rejetée suscite des enfants qui les rejetteront également. Une génération sacrifiée, perdue entre deux falaises: enfance ratée et parentalité également ratée

Le cas est plus fréquent que la reproduction si souvent mise en évidence. Ici on a une reproduction paradoxale (à l'inverse) des situations tout aussi funeste, du moins pour les générations intermédiaires sacrifiés. Car les enfants surinvestis peuvent ensuite faire subir à leurs enfants le même rejet ou la même désinvolture qu'à leur parents etc à l'infini. Une reproduction en oscilloscope, à périodes opposées. 

LE DOSSIER
http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/04/dossier-vieux.html

jeudi 18 juillet 2013

La tête dans le cul, un homme exigeant



La merde et les planches »  

Tu m’aimes, oui, follement, mais cinq secondes
Le regard de me voir, m’entendre, me toucher ?
Et puis le lac de boue resurgit à la brise qui sonde
« Menteuse, subjective, écriveuse, blessante, allumée »
Car tu n’aimes pas que soient mises à plat
Des choses dérangeantes pour moi, pour toi,
Faire, oui ; dire, jamais est ta devise.
Le regard des autres t'insupporte, éminence grise,
Moi je ne suis pas autre mais juste moi.
Le duel te rassure, à deux on peut dire n’importe quoi,
Blesser, haranguer, ressasser, ça ne compte pas.
« Ne me fais pas dire ce que je n’ai pas dit,
Ne me dis pas que j’ai fait… ce que j’ai fait
Mais sans le faire, tu n’as donc pas compris ?
C’est pourtant clair. » Et hop, le tour est joué.

Oui je le dis pourtant : tu es double,
M’aimant et me haïssant à la fois,
Tu es double, disant être ce que tu n’es pas
Ou pas seulement. Tu es double,
Et veut que chien je suive tes méandres..
Ou qu’une part de moi soit annulée, ambre
Fossilisée. Mais je ne suis pas une inclusion,

Et… c’est pour ça que tu m’aimes ! pas de solution,
Tu haïs en moi ce qui t’attire le plus,
Exigeant contorsions, la tête dans le cul.
Mais le singe à présent est perclus de sciatique.
O paroles duplices qui bercent tout doux,
Tu parades à Deauville chassant la bernique
Moi à Molières pistant les égouts
La merde et les planches, notre raout.


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 HAREM VIRTUEL
ou la femme orchestre

Tu veux tout, tout de suite et en même temps!
Une compagne, une mère, une comptable, une pute
Une sainte aussi, une ménagère.. et ne dédaignes pas
Toi, artiste engagé, une confortable, écran 3 g et jacuzzi,
Une maîtresse de maison diligente et élégante,
Toujours jeune et belle bien sûr sinon rien,
Mais également une militante et une penseuse
(A condition qu'elle ne la ramène pas trop
Sache rester à sa place et prendre l'air con- venale)
Une contorsionniste qui se moule dans tes variables désirs
Chaque fois une autre et la même aussi, tu sais?
Une qui feint au lit pour te donner du coeur à l'ouvrage
Lorsque ça patine, et se masturbe ensuite discretos 
En pensant à toi.. ou à un autre mieux dégourdi.
Mais je ne suis que moi.

jeudi 4 juillet 2013

Femmes virtuelles et femmes réelles, l'idéal de tout homme qui se respecte, autopsie d'un couple



Il est remarquable que lorsque j'essaie de te faire part de quelques réflexions sur notre relation à titre d'analyse, tu infléchisses petit à petit l'échange vers des jugements contre moi ; et si je me laisse aller à me justifier, le discours se dilue en une série de reproches litaniques ; tu coupes en t'attardant sur des points de détails contre productifs qui parfois ne font que corroborer, mais sur le mode réquisitoire, comme pour éviter que l'on n'avance. Et par contre tu omets les points qui joueraient éventuellement contre toi. Exemple vite fait, si tu t'étends volontiers sur mes soi disant incompétences ménagères -inexact- tu ne songes jamais à tes propres incompétences, bien réelles celles-là.. et je fais de même, (sauf ici où j'analyse notre conversation).

Tu dis que ta mémoire te joue des tours, peut-être, mais souvent tu as de faux souvenirs (et il faut du temps pour que tu te souviennes, parfois on essaie de te faire remémorer un événement en vain.. Et il arrive que l'on ne relève même pas la fausseté de souvenirs pour ne pas alourdir le discours.. mais par contre tu oublies des points fondamentaux (ex ta réflexion chez les psy lorsque N allait si mal, là, sur ce point, pour la première fois, tu avais baissé la garde, ce qui chez toi est rarissime et ne se produit que devant un drame -raison peut-être pour laquelle j’en suscite parfois ?).. tout en reconnaissant souvent, paradoxalement, que mon analyse n'est pas fausse. Il est difficile de parler avec toi à plat, d'avancer, ça bloque de tous les côtés et souvent finit mal. 


 Si tu es ainsi, c'est que tout jeune tu as perdu ton père et as dû assumer plus que tu ne pouvais, tenir le rang pour la galerie, tu as dû faire "comme si", à cela ta mère s'entendait mais toi tu es moins doué, cela te pèse et t'angoisse car tu es différent, bon, honnête, ce qu’elle n’était pas. Cela explique que tu te livres peu, aies peu d'amis vraiment intimes, aucun à ma connaissance mais simplement des relations que tu tiens à distance ou des gens que tu domines. Ton assurance n'est qu'une pose, tu crains, comme lorsque tu étais enfant, d'être dévoilé gamin incapable de faire face et qui devait pourtant s'y employer impérativement. Tu redoutes le dévoilement, ce pourquoi tu dévies même une analyse qui se veut philosophique vers un réquisitoire de proc.. pour éviter ce qui pourrait t'être reproché et que tu sens venir (à tort), pour "changer de sujet" devant la menace qui point et que tu crois que tu vas perdre la face. Tu te crains en faute, tout le temps et c'est ainsi que tu le deviens réellement.

L'amour et ce qu'il représente de don, de magie, d'aliénation aussi, t'effraie, on te l’a appris et au fond tu n'aimes guère le désir, tu es enfermé dans ton être et te suffis parfaitement à toi même, bien que tu ne puisses vivre seul (tu choisis donc des gens peu encombrants, qui te conviennent, suivent le mode de vie qui te sied ou te le procurent lorsqu’il vient à te faire défaut, qui s'adaptent, des gens que tu peux prendre et laisser et avec lesquels la relation est évanescente voire pragmatique.) Tu les supportes en fonction de l’importance, de la place qu’ils occupent et il ne faut pas qu’elle excède la ligne que tu as tracée, moi par exemple qui en prend beaucoup, 3 jours/2 mois et V, plus discrète, moins consistante, plus jeune aussi de 13 ans, 2 jours/semaine -avant-, ça te suffit. Qu’ils s’en satisfassent ou non t’importe peu. Même au début de notre relation, tu disais avoir besoin de décompenser avant de "rentrer". les couches t'insupportaient. Tu avais m'avais-tu dit "besoin d'un souffle, d'une relation autre" (car j'étais trop accaparée par le quotidien.)

Si bien que tu as toujours besoin de deux personnes (aimables) l'une te protégeant de l'autre. C'est une garantie de demeurer inviolé, intact, solitaire (mais tout de même avec quelqu'un, l'idéal.)

Le désir, dès que tu sens qu'il va te "déborder", tu le brises par quelques réflexions qui font tache, le diluent puis l'anéantissent. Au début, je pensais à de la maladresse mais à présent je crois que c'est volontaire. Tu es double car malgré tout, ce désir que tu redoutes tant te fascine aussi. Ton corps trahit ton formatage, ta mère n’a tout de même pas pu t’enlever ça. Si bien que tu agis de manière contradictoire, par les postures, les intonations, les réflexions anodines déstabilisantes, les silences aussi, lorsque tu sens que ça va aller trop loin. Exemple: lorsque tu pensais que j'allais venir te rejoindre à D., ta voix, après le bref coup de fil qui m’avait bouleversée où là aussi tu avais baissé la garde, est redevenue celle, glacée, du patron qui a "à faire" et pourra éventuellement en "profiter" pour voir un subordonné si celui-ci se cogne 1000 km, une voix blanche qui m'a aussitôt définitivement fait retomber de mon nuage. Mais lorsque tu as su que je ne viendrai pas (tranquille, en attendant le train) ta voix est redevenue amicale: ton devoir était accompli (effectuer quelques travaux, et faire en sorte que ce soit moi qui refusât de te rejoindre), le risque s’éloignait. Tu ne peux désirer et susciter le désir que lorsque tu sais qu'il n'y a pas de risques qu’il te déborde. (Mais lorsqu’on te viole, tu en es charmé tout de même, une contradiction ou plutôt un artefact de ton autre facette.) 
Comment faire l'amour avec quelqu'un dont on a si peur, dont on a si peur et de son désir et du sien, comment se dévoiler, se livrer comme l'être incomplet que l'on est, que tous nous sommes.. si on pense être le seul à ne pas en avoir le droit, si on pense devoir être le caïd qui règle tout, tranche et juge ? Comment faire l'amour sans risquer de déchoir de ce rôle?

Trois solutions (que tu as sans doute mises en pratique tour à tour) : choisir une femme qui n'en soit pas vraiment une, une professionnelle, une prostituée qui, rémunérée, se tiendra à sa place et disparaîtra son job aussitôt accompli. Ou avoir deux femmes. Ou en avoir une seule mais qui sache faire le grand écart, être double, se plier selon ton vouloir, ce que je fus, habituée depuis l'enfance à ce rôle bizarre. Une femme protée qui sache être à la fois "père" et enfant (surtout devant la galerie, pour te conforter dans l’image que tu veux offrir.) Songes-tu combien cela peut épuiser, abaisser, presque détruire? Isoler aussi? Schizophréniser ? C'est ce qui m'est arrivé. Ça m’a au début relativement convenu car, ayant toujours été rejetée d’une manière ou d’une autre, j’étais habituée à jouer le rôle de seconde, de pâte à modeler adaptable (ma mère me tenant des nuits entières pour me parler -j'étais la mère- puis dès que mon père revenait, me rabrouant sans appel -j'étais l'enfant-.. pour recommencer ensuite à l’infini, allant parfois même jusqu’à m’incriminer dans le naufrage de leur relation… et mon père lorsqu’il a tenté de me mettre en rivalité avec Mme G, me disant clairement que s’il avait à choisir entre elle et moi, ce serait elle sans hésitation -j'étais la fille-.. tout en me sollicitant ensuite lorsqu’il s’avéra que cette femme était.. ce qu’elle était et qu’il ne pouvait pas ne pas avoir perçu -et là je devenais la mère-... mon père me laissant le soin de m’occuper de ma mère lorsqu’elle allait mal par son fait et ensuite lorsqu’il revenait, m’accusant d’être responsable de son mal être -il m’arrivait, épuisée, de craquer en effet- mal être qu’au contraire je tentais de le pallier, en vain puisque lui seul aurait pu la guérir d’une peine qu’il lui infligeait par ses infidélités : que je sois celle qui prenait en charge un rôle que lui aurait dû endosser lui était si insupportable que non seulement il le déniait mais il m’incriminait et me haïssait pour l'avoir joué).

Pour toi, ça s’est compliqué ensuite : ton côté double te fondait à avoir des relations avec des gens (des proches) que tu n'estimais guère, ce dont tu m'entretenais. Mais tu les aimais aussi, ce que tu ne me disais pas. Si bien qu'il m'est arrivé de les haïr parce qu'ils t'avaient fait du mal, à ton compte, pour toi car à moi ils n'en avaient pas fait directement... ce que ton autre "moi" me reprochait violemment. Tu voulais (mais pouvais-tu faire autrement?) m'entraîner dans ton côté double, ce que j'ai refusé. Et tu t'es pris à m'abhorrer pour les raisons mêmes que tu m’avais aimé, (je pointais et dénonçais chez toi ta contradiction majeure). Je t'humiliais, étant seule à connaître et ta haine, et ta soumission à ceux qui t’entouraient. Si bien que comme le pharaon pour l’architecte qui, l’ayant créé, connaît les secrets du bâtiment inviolable qu’il lui a commandité, tu as eu envie de me sacrifier; pour ta sécurité.

Ce que j'ai vécu à Paris cette semaine affreuse (et ensuite) m'a montré que la peine n'était qu'endormie et qu'elle pouvait resurgir en force sans prévenir (hier encore) car cette situation (je ne t'incrimine pas, tu as été et es encore téléguidé par tes habitus familiaux) presque anodine (tu vis conjugalement avec une femme certes qui me déplaît mais je m'en doutais tout de même) a fait exploser en moi tout ce qui m'a blessée depuis toujours. Les flashs qui m'assaillaient concernaient aussi bien mon passé lointain, ta famille, ta femme, ma mère, mon père... tout ce qui me remontait à la gorge et cette haine démesurée, effroyable qui m'a saisie, il fallait qu'elle se décharge sur le/la dernier porteur du dernier coup de fouet même minime, même assené par un innocent ou du moins pas par la plus responsable. Elle aurait pu payer pour tous.

Tu vis dans l’irréel : quand nous étions ensemble, sauf tout au début, tu agissais comme si ta famille était ta mère et tes sœurs ; tu assurais quitter ton boulot d’ici un mois ou deux.. (ça a duré 30 ans) et à présent que nous vivons séparés depuis 10 ans, tu fais comme si j’étais encore ta femme, et à celle avec qui tu vis tu fais subir le même déplacement de rôle, refusant le terme pour elle. Ta femme, c’est moi (!) Une femme fictive, virtuelle. Me voilà donc dans le rôle de ta mère, ta première femme virtuelle, ta mère qui elle aussi effectuait des déplacements de rôles loufoques, (s’étant étonnée un jour que je parle de ta jalousie, elle me rétorqua que "jaloux, tu ne l’avais jamais été envers elle" !) rôle qui me convient comme des lunettes à un canard. 


Le changement t’effraie à un point incommensurable (sans doute est-ce relié à la mort de ton père) et tu agis et te situes symboliquement toujours en décalage, dans le passé ; mais le présent te rattrape toujours si bien que tu suscites sans le vouloir des drames autour de toi. Tu es stable ? Rassurant  m’as-tu dit ? En un sens, comme la drogue. Parce que tu entraînes ceux qui t'aiment dans ton délire de bateleur ; je me laisse persuader, je suis ta femme soit, surtout lorsque la distance floute le réel, lorsque tu es dans le sud avec moi… Seulement, lorsque je t’ai vu vivre à Paris, le réel dans sa cruauté m’a rattrapée. Prise dans ton délire, je suis brutalement retombée dans l’horreur de la réalité.


 Il faut dire que dans la solitude, je suis triste le soir certes, mais calme, de plus je suis devenue "quelqu'un" qui compte, partout, bref, j'ai perdu l'habitude d'être le chien qui attend et supplie pour sa pâtée, qui subit rebuffades sur rebuffades, délire sur sa situation, éloigné du réel qui assomme… et qui le supporte dans l'espoir qu'un jour son maître comprendra... A présent, c'est moi qui donne la pâtée aux autres, d'autant plus volontiers que j'ai tant quémandé en vain depuis toujours, acceptant tout pour un regard, juste un sourire, et ne l'ayant jamais obtenu ou si fugacement. Ça me libère.


 Je ne crois plus que ce soit remédiable car tu es ainsi formaté, et si je n'ai pu te changer (du reste, le souhaitais-tu vraiment ? Tu le souhaitais et l’abhorrais comme d’hab, je t’ai changé, un peu, tout de même) ce n'est pas maintenant que j'y parviendrai et souffrir comme durant cette semaine (et hier même) il n'en est plus question. Donc à présent que cette analyse est faite, la conclusion s'impose, divorcer et vivre enfin les yeux ouverts sans le moindre espoir d'une réconciliation. Ne même plus y penser. Pour toi comme pour moi. Le plus vite possible. 


 Ne te trompes pas, je t'aime toujours mais ce déformatage que je me suis imposée (que j'ai dû m'imposer pour survivre) et qui me fait mal (je t’ai perdu) mais me plait aussi (j'en ai "gagné" d'autres) est fragile : je suis prête à tout moment, si je n'y prends garde, à redevenir le chien qui supplie pour sa pâtée et d'autre part, si je demeure celle que j'ai fini par devenir, "normale", dont une des caractéristiques est de donner mais aussi d'exiger, de l'amour, de tout*.. (rien de mirobolant mais bon c'est moi) cela, tu ne le supporteras pas. Ni l'un ni l'autre ne pouvons changer, pour moi ce n'est pas souhaitable, pour toi, ça le serait peut-être (?) mais tu en es incapable.. et surtout il ne faut pas pousser dans leurs retranchements ceux dont le fragile équilibre tient à un fil, à une bizarrerie nécessaire acquise autrefois pour survivre, car le résultat est alors plus douloureux que le bienfait procuré**. Et après tout si ta femme t'accepte comme ça, comme je l’ai fait 25 (?) ans, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures, tu n'es peut-être pas si mal dans une "relation conjugale minimale" puisqu'à présent tu peins. 


 * Tu m’as écrit, un sarcasme reprenant mes termes en les déformant, et c’est à la fois blessant et vrai, que je te reprochais de n’en "avoir pas eu pour mon argent avec toi". Et bien, même si formulé comme ça c'est volontairement insultant, oui, ce fut vrai au bout de quelques temps : un mari qui jouait à ne pas l’être et de fait ne l’était pas, un père qui tentait de l’être mais à temps très partiel, un homme qui ne pouvait imaginer que j’aie besoin de plus, d’une vraie relation… (jusqu’à D. et là en effet tu as changé, tu m’as enfin accordé sans que je fasse le moindre effort la présence, le regard, l’écoute que je quémandais désespérément en vain depuis si longtemps, là, oui, j’en ai eu pour mon argent mais ça n'a pas duré, lorsque j’ai cédé, lorsque je t’ai choisi, tu es revenu ensuite tel qu’avant.)


 ** Je l’ai tenté avec ma mère, le résultat fut catastrophique, ses pseudos délires avaient disparu en effet mais furent immédiatement remplacés par une franche dépression dont il a fallu la tirer ensuite. Quand dans un être tout fonctionne relativement, même avec des dérives étranges et pénibles, intervenir sans qu'il ne le réclame et même s'il le réclame ! c’est courir le risque de lui faire plus de mal que de bien. Cela vaut pour toi. J’ai joué mon rôle, je t’ai procuré de la joie, peut-être du bonheur, mais avec ceux-ci qui t’étaient interdits, de la culpabilité, de la peine et de la rage que tu as transférées sur moi et qui m'ont frappées en pleine figure. Je t’ai apporté du bien et du mal obligatoirement mêlés puisque tu es un être dédoublé. Et moi j’ai reçu de la peine à deux titres, d’abord pour te sortir de tes problèmes avec patience et amour et ensuite, en raison de la haine que tu as éprouvée en retour pour moi… parce que justement je t’avais arraché aux déchirures qui au fond te satisfaisaient ou plus exactement nourrissaient une de tes deux facettes opposées. En ce sens, oui, tu as raison, je n’en ai pas eu pour ma peine. 

Ce double rôle, amante compréhensive, salope abhorrée ; femme "père" et femme-enfant m’a perturbée ou plus exactement, au bout du voyage, a drastiquement renforcé mon mal-être sous jacent : je fus la seconde, la vacataire (de ta mère, ta seule femme véritable quoique virtuelle) que l’on prend et qu’on lâche lorsqu’elle envahit trop.. mais que l’on a choisie justement en raison de sa personnalité affirmée et forte pour se protéger contre la matriarche ! Et à présent mon autre rôle, mais inversé, qui me fait encore plus horreur -et celui-là, je n'en veux à aucun prix-, celui de la matriarche, de ta mère : le rôle de la "vieille" femme ou plus exactement de la précédente, je n'écris pas la "première" car la première était incontestablement ta mère, (la matriarche), remplacée par une vacataire sans importance.. qui est en fait ta femme réelle (tu couches avec elle et non avec moi, certes parce que je refuse.) Loufoque ton déplacement des situations. Tu ne peux aimer celle avec qui tu couches en somme. Tu aimes en décalage là aussi : quand je vivais avec toi, tu "aimais" ta mère et "ta famille" dont je te rappelle que tu ne m'as guère défendue (lorsque par exemple le terme fut employée par Akram contre moi sans que tu ne réagisses, d'"usurpatrice", de "photocopie", "tu n'es pas Madame E. et ne le sera jamais" etc.. là mon amour, il eût fallu lui casser le gueule ou au minimum le cingler, c'est sans doute là que mon admiration pour toi s'est évanouie et sans admiration, pas d'amour) et à présent que nous sommes séparés, c'est moi que tu aimes et non celle que tu as choisie (par peur de la solitude? parce qu'elle est plus jeune? Plus jolie? Plus admirative vis à vis de toi? -forcément elle te connaît moins- Plus souple? plus organisée? Tout cela je pense.)

Si bien que je souscris à ton sarcasme, en effet je n’en ai pas eu pour mon argent. Mais si toi tu fus formaté à la réussite cynique (pas pour toi seul certes au contraire mais pour ton clan) tempérée par ta bonté ou ton amour, je le fus moi, à servir le peuple (!) sans rire et à m'oublier. Il était logique que nous nous emboîtions, il est logique à présent que nous nous dissociions, que nous divorcions… en bons petits bourgeois que nous sommes devenus.


mardi 2 juillet 2013

Un chien affamé qui mendie son os


 

 Économies

Tu t'économises, toujours,
Tu as peur, toujours,
Peur "sans quoi" (comme disait Jo.)
Aimer oui, MAIS. Aimer MAIS...
Ne pas dépasser la dose prescrite,
Un peu, c'est bon pour le moral
Mais avec une conciliante
Qui ouvre les cuisses et les referme
Halète et gémit (ou fait semblant)
Et barka, dodo. Enlacés.

Vacances réservées c'est demi tarif !
Bon vent. Bonne baise.
Bonne assoc. Bons vernissages.
Bons films et bons concerts à Montpar.
Bon Akram aussi.
Et bons baisers de la folle cévenole.

Et c'est lui que j'ai aimé, à en crever
Que même j'aime encore!
Fallait-il que je sois bousillée,
Par mon père et son mépris, Al idem,
Et même Jean, à peu de choses près.
Rejetée, partout, par tous, même si je rampais
Pour qu'on me lance un os, un tout petit, 
Tout pourri, dont aucun ne voulait,
Si je m'abaissais à subir tout, les coups,
Les rebuffades, le mépris, l'exploitation,
Plus j'acceptais, plus ça empirait; forcément.
.
Un chien qui mendie, qui sous les coups
Aime son maître tout de même,
Parce qu'il n'a personne d'autre à aimer
Et croit ne pas mériter autre chose,
Et, n'ayant jamais rien connu d'autre,
Implore qu'on le garde tout de même,

Et pense que l'amour, c'est ça.

Violer les mecs, au bout de 20 ans, ça fatigue et on n'aime pas l'être. Le désir des femmes, une mécanique de précision, qui s'enraye pour un rien

Les femmes, c'est compliqué.. Ou les mecs, c'est concon?

Elle attendait Utter
Ce fut Pécuchet

LES FEMMES ET LE DÉSIR, UNE MÉCANIQUE DE PRÉCISION
Conversation par mail entre un homme G, et une femme, M, après une dispute dramatique et une brève réconciliation téléphonique qui l’a beaucoup émue, elle. Contexte : ils sont séparés depuis 10 ans mais se voient régulièrement et lui, bien qu’en relation avec une autre qu’il dit factuelle, assure la considérer toujours comme sa femme. (Voir "femmes à la casse", lien.) Il a été question de se revoir à Dijon où il restaure une maison. Elle lui a dit de l’appeler pour confirmer (car son second coup de fil avait été décevant, genre "il faut que j'y aille parce que la garantie décennale etc.."). Le matin du jour J, il l’appelle, sans avoir lu son mail confirmant ses réticences, alors qu'il est déjà arrivé à Dijon... où bien sûr il l'attend! Lui reprochant de n'avoir pu la joindre ensuite avant le matin très tôt. (En fait l'e.phone était en charge vers minuit, heure à laquelle elle est arrivée chez elle.) Voici ce mail, ainsi que la suite, révélatrice.
M
J’étais injoignable hier après midi, mon e.phone était déchargé comme d'hab et courses urgentes puis St A. où je n'ai pas l'électicité. Plus nettoyage des deux galeries (!) quelques fringues chics achetées (chez Tati!) pour l'ouverture (médias.. enfin si l'on peut dire) je n’ai pas fini à A. (le jardin) mais presque rue D. Dos impec, je suis en train de me rééduquer par l'action physique au début modérée à présent hard... sans ennuis. Avec un dos en état, c'est fou ce que changent les choses ! Reste à tronçonner le bois coupé du mûrier qui encombre le jardin, facile à plat (difficile en hauteur) et à ratisser, rien de méchant. Ici les tableaux et les livres se vendent assez bien. La vente n'est pas une question de talent ou plutôt le "talent" est un mixte de circonstances, de lieu, de pub, -essentiel-, de poésie et de personne, -connue ou pas connue, charismatique ou revêche, culottée ou timide, aimable ou arrogante- : on n'achète pas une oeuvre mais un peu de son auteur ou du cadre dans lequel on l'a vue, de l'histoire qu'elle raconte. De désir aussi. Depuis le drame que nous avons vécu, (la crise, voir suite) mes hormones il faut croire déchargent à bloc et je peins des tableaux érotiques soft à tire larigot. Pas pour ça, mais ça se vendra.
Pour Dijon, je te confirme ce que je t'ai dit au téléphone, je ne sais pas ; le fait que tu y ailles surtout pour vérifier des travaux, effectuer peut-être quelques finitions, amener des œuvres etc.. et qu'en somme tu me "prennes" si je veux bien m'y rendre ("au passage", enfin, c'est une façon de parler car cela représente 500 Km donc 1000 en tout pour moi) me gêne. Ce n'est pas comme de me proposer de venir juste pour qu'on se voit et au moment où moi j'y serai, où moi je voudrai (ou pourrai). M'annoncer "je serai à D tel jour" ne laisse pas d'évoquer les aristos qui, lorsqu'ils invitaient un gus de peu de quartiers, ne voulant avoir l'air de les solliciter, leur faisaient parvenir une carte ainsi libellée "Mme la Marquise de S. sera chez elle jeudi 13 à 5 heures". Ici, on a "Monsieur D. sera à Dijon demain toute la journée". Appelle moi. Blague à part, le jardin ici, c'est quelque chose tout de même, les arbres m'ont gagnée en ces trois ans d'absence, et à présent je ne puis fournir seule, l'élagage est devenu une priorité sinon ils entrent carrément dans la maison.
[…] Il ne faut plus y penser, comme à toi et à ta femme. [Note, en fait, il s’agit de sa copine qu’elle croyait comme il l’en avait assurée, juste de circonstance, -car il l'aimait elle, évidemment-.. copine avec laquelle en fait il vit conjugalement depuis 3 ans, ce qu’elle a découvert peu avant, d'où la crise..] Mais la nuit c'est difficile, cela m'assaille en bloc, je peins et ça passe. Et parfois revient. Que je suis bien ici, protégée dans ma galerie! Personne ne vient m'embêter, les clients sont aimables et souvent élogieux, quel confort.

G
Dommage que tu ne viennes pas quand même. On aurait pu discuter de tout cela. Mais si tu es bien à A. et les clients aimables, alors ....!
Tu ne me parles pas du procès. As-tu abandonné ? Sinon T ne peut pas trouver un vrai avocat? je peux t'aider financièrement pour le payer ! [Note il écrit cela le jour même de la forclusion !]
Bises
  
M
Je n'ai pas dit que je ne venais pas; je t'ai dit de m'appeler ou me mailler avant de partir, tu ne l’as pas fait. Ne nous croisons pas comme d'hab. N'attends pas trop (2 ans la première fois) avant de me perdre définitivement. Le temps perdu.. tu sais la chanson.

G
Je t'ai appelé tout à l'heure ! [Note, alors qu’il était déjà parti, comme si sa venue allait de soi, ceci malgré son coup de fil exposant ses réticences.]

M
Oui mais sans avoir tenu compte de mon appel ni lu mon message. Tu 'y' étais déjà, ce qui montre que sans moi ou avec moi, tu "y" serais allé de toutes manières, escomptant que peut-être j’allais accourir. Ou pas. Mais sans te donner plus de peine que ça. A A. je gagne un peu de sous et je me restaure. Les deux. Car rue D je suis bien aussi, je me restaure (ms ne gagne rien, au contraire) ! Tu ne comprends pas les malades, psychiques ou physiques ni les désespérés, ce que je fus durant "these bloody days which had broken my heart, my lust, my life which then depart.." [note, elle parle de sa crise lorsqu’elle a découvert que sa copine était en fait une relation conjugale assumée et non juste une amie de cinéma théâtre expo] c'est justement parce qu'ils n'ont + rien à perdre, (ou que leur temps est compté) qu'ils sont parfois capables de TOUT, je dis bien de TOUT.

Comme d'hab, j'ai besoin de ce souffle d'inspiration, de vie, de passion et de poésie, à présent j'y tiens. Je n'éperonnerai pas mon cheval qui n'en peut plus [note, elle est tombée en panne la fois d’avant, de nuit] devant le précipice sans être (presque) sûre (car on ne l'est jamais, c'est toute la beauté de l'engagement amoureux) que la langue du dragon me portera.

G
C'est vrai car je devais faire avancer les travaux pour préparer le déménagement des oeuvres. Cela ne nous aurait pas empêchés de se voir ! J'y vais. [Il appelle d’un cybercafé et cela lui fait visiblement perdre du temps.] Appelle moi.

M
"Ca ne nous aurait pas empêchés de nous voir", j'adore. Tu me vois en "sus", puisque tu "y" es de par une obligation incontournable... et moi, quittant les miennes, je fonce forcément 500 km pour profiter de l'aubaine. [Note, lui habite tout près de D.] Et bien tu vois, moi je veux être vue sans empêchements, pour moi même et c'est moi aussi, l'aubaine, mon amour, pas toi ou pas toi seulement. Non mon seigneur et maître, le chien n'est pas encore suffisamment affamé pour saisir un os lancé trop loin pour ses pauvres pattes. Appelle moi si tu veux mais le soufflé est retombé et il en faudra des tonnes, mais alors des tonnes !! pour qu'il revienne et encore sans garanties, peut-être jamais plus. Sais-tu mon amour? On peut aimer quelqu'un pour une phrase (j'ai aimé P lorsqu'il m'a dit, accablé, à une de mes remarques ironiques sur Kant ; "tu as raison;.. le problème avec toi c'est que tu as toujours raison... mais c'est toute ma thèse à refaire"...) mais on peut aussi cesser de le désirer pour une autre phrase ou un seul geste (ex le gus, fort amoureux disait-il, j'étais une merveille d'humour, de sagacité, de beauté etc etc.. le paquet, quoi, qui avant, de baiser ou au minimum de m'embrasser lorsqu'il m'a ramenée à A après un repas chouette un peu arrosé.. a pris soin de vérifier et de noter sur un calepin son kilométrage parce qu'il mesurait la consommation de sa bagnole -à son avis excessive par rapport à la notice,- ce qu'il m'a benoîtement expliqué. Pffft.. plus rien soudain, "salut, on se téléphone" et j'ai filé. "Mais qu'avez-vous? J'ai fini, c'est parce que la garantie constructeur prévoit que le test doit être effectué avant les six premiers mois de etc.." N'étant pas juriste de compagnie d'assurance spécialisée dans les publicités mensongères, je n'ai pas écouté la suite. A-t-il compris? C'était un intello pourtant. (Evidemment pour lui le coup n'a jamais été rattrapé, je l'ai revu au cours d'un vernissage et n'ai pas manqué de lui demander si sa voiture lui faisait toujours des farces inacceptables et si la garantie constructeur l'avait comme prévu dédommagé de l’inexactitude révoltante de la notice.. Il a été tout chose et s'est reconnu mufle, un mec bien mais qui a réagi après coup, tant mieux, mieux vaut savoir à qui on a à faire avant de tomber amoureux peu ou prou.) Avec les femmes, avant l'heure c'est pas l'heure mais après l'heure c'est plus l'heure. 

Des tonnes, j'ai dit, une bague en diamant, une nouvelle voiture fourgon, ou mieux, une bétaillère, une réservation dans un 3 étoiles à Marakech, ou simplement à Angoulême voire pire, à St A, pas moins et sans réduction sinon ça ne compte pas, ou encore, mieux mais ça c'est plus dur, attaquer Hollande à poids nus pour ses forfaitures envers les roms voire une baffe retentissante ou l'équivalent à Cahu ou DSK.

Autre exemple : tout à l'heure C, qui se dit amoureux de moi, soit, il le montre -relativement- m'appelle comme tous les jours, tout de même en priorité sur le fixe, n'ayant pas de forfait ! (Il est friqué). Soit. Il m'a appelée ce matin après toi, je lui ai dit que j'étais ici, il m'a dit venir, je lui manque etc.. mais le voilà qui me rappelle… sur le fixe ! qui marche mal comme je l'en ai prévenu et non sur le portable. Je ne le prendrai donc pas. Question à traiter : pourquoi la pingrerie est-elle désérotisante et blessante (certains, déjà peu favorisés, n'ont pas besoin de ça !) Cela souffle la flamme du désir, mais pourquoi? J'y penserai en ratissant et refaisant la murette. Au fond les femmes, tellement dévalorisées par la société (un atavisme contre lequel on lutte mais on n'y peut rien) qu'elles ont besoin d'être valorisées, de se valoriser d'une manière ou d'une autre, sont extrêmement susceptibles, comme les racisés en général : qu'un amant putatif (pour qui l'argent compte apparemment beaucoup, qu'il en ait ou pas) mette en balance 3 E pour nous joindre nous confirme notre peu de "valeur" (l'argent mesurant tout) et surtout la vanité (ou le mensonge) de ce qui nous est affirmé, voire assené (je suis exceptionnelle, d'une intelligence et culture phénoménale, je peux aussi bien parler des Vitelbasch que du linkage, de la théorie des quantas, des risques du médiator, des statines et du réchauffement climatique et ma foi c'est vrai..) ça doit être ça. Je suis "ça", admettons qu'il le pense réellement, oui, mais même pour une telle femme, si belle et si fascinante, si calée... et bien, on évite tout de même de raquer 3 E si on peut l'avoir gratos, idéologie bourgeoise bien comprise. Ça fait tout de suite retomber le soufflet. Les putes ont raison de se mettre à prix, dommage, j’ai raté une carrière plus prometteuse et moins humiliante que celle d’agrégée de philo à 900 E pour vivre à présent comme tu ne l'ignores pas.

C'est pire pour toi : j'ai la fâcheuse impression que tu le fais exprès, JUSTEMENT pour faire retomber le désir, qui t'effraie. Je te parle d'Utter Pendragon et tu me réponds plâtre à lisser. mmm... qu'est-ce que c'est érotique, le plâtre à lisser! Ca me met toute chose !