Les femmes, c'est compliqué.. Ou les mecs, c'est concon?
Elle attendait Utter |
Ce fut Pécuchet |
LES FEMMES ET LE DÉSIR, UNE MÉCANIQUE DE PRÉCISION
Conversation
par mail entre un homme G, et une femme, M, après une dispute dramatique et une brève
réconciliation téléphonique qui l’a beaucoup émue, elle. Contexte : ils
sont séparés depuis 10 ans mais se voient régulièrement et lui, bien qu’en
relation avec une autre qu’il dit factuelle, assure la considérer toujours
comme sa femme. (Voir "femmes à la casse", lien.) Il a été question de se revoir à Dijon où il restaure une
maison. Elle lui a dit de l’appeler pour confirmer (car son second coup de fil avait été décevant, genre "il faut que j'y aille parce que la garantie décennale etc.."). Le matin du jour J, il
l’appelle, sans avoir lu son mail confirmant ses réticences, alors qu'il est déjà arrivé à Dijon... où bien sûr il l'attend! Lui reprochant de n'avoir pu la joindre ensuite avant le matin très tôt. (En fait l'e.phone était en charge vers minuit, heure à laquelle elle est arrivée chez elle.) Voici ce mail, ainsi que
la suite, révélatrice.
M
J’étais injoignable
hier après midi, mon e.phone était déchargé comme d'hab et courses urgentes puis St A. où je n'ai pas l'électicité.
Plus nettoyage des deux galeries (!) quelques fringues chics achetées (chez
Tati!) pour l'ouverture (médias.. enfin si l'on peut dire) je n’ai pas fini
à A. (le jardin) mais presque rue D. Dos impec, je suis en train de me
rééduquer par l'action physique au début modérée à présent hard... sans ennuis. Avec un dos en état, c'est fou ce que changent les choses ! Reste à
tronçonner le bois coupé du mûrier qui encombre le jardin, facile à plat
(difficile en hauteur) et à ratisser, rien de méchant. Ici les tableaux et les
livres se vendent assez bien. La vente n'est pas une question de talent ou plutôt le
"talent" est un mixte de circonstances, de lieu, de pub, -essentiel-,
de poésie et de personne, -connue ou pas connue, charismatique ou revêche,
culottée ou timide, aimable ou arrogante- : on n'achète pas une oeuvre mais un
peu de son auteur ou du cadre dans lequel on l'a vue, de l'histoire qu'elle
raconte. De désir aussi. Depuis le drame que nous avons vécu, (la crise, voir suite) mes hormones il
faut croire déchargent à bloc et je peins des tableaux érotiques soft à tire
larigot. Pas pour ça, mais ça se vendra.
Pour Dijon,
je te confirme ce que je t'ai dit au téléphone, je ne sais pas ; le fait que tu y ailles surtout pour vérifier des
travaux, effectuer peut-être quelques finitions, amener des œuvres etc.. et
qu'en somme tu me "prennes" si je veux bien m'y rendre ("au
passage", enfin, c'est une façon de parler car cela représente 500 Km donc 1000
en tout pour moi) me gêne. Ce n'est pas comme de me proposer de venir juste pour qu'on se voit et au moment où moi j'y serai, où moi je voudrai (ou
pourrai). M'annoncer "je serai à D tel jour" ne laisse pas d'évoquer
les aristos qui, lorsqu'ils invitaient un gus de peu de quartiers, ne voulant
avoir l'air de les solliciter, leur faisaient parvenir une carte ainsi libellée
"Mme la Marquise de S. sera chez elle jeudi 13 à 5 heures". Ici, on a
"Monsieur D. sera à Dijon demain toute la journée". Appelle moi.
Blague à part, le jardin ici, c'est quelque chose tout de même, les arbres m'ont
gagnée en ces trois ans d'absence, et à présent je ne puis fournir seule,
l'élagage est devenu une priorité sinon ils entrent carrément dans la maison.
[…] Il ne faut plus y penser,
comme à toi et à ta femme. [Note, en fait, il s’agit de sa copine qu’elle
croyait comme il l’en avait assurée, juste de circonstance, -car il l'aimait elle, évidemment-.. copine avec laquelle en fait il vit conjugalement depuis 3 ans, ce
qu’elle a découvert peu avant, d'où la crise..] Mais la nuit c'est difficile, cela m'assaille
en bloc, je peins et ça passe. Et parfois revient. Que je suis bien ici,
protégée dans ma galerie! Personne ne vient m'embêter, les clients sont aimables
et souvent élogieux, quel confort.
G
Dommage que tu ne viennes pas
quand même. On aurait pu discuter de tout cela. Mais si tu es bien à A. et les clients
aimables, alors ....!
Tu ne me parles pas du procès. As-tu
abandonné ? Sinon T ne peut pas trouver un vrai avocat? je peux t'aider
financièrement pour le payer ! [Note il écrit cela le jour même de la
forclusion !]
Bises
M
Je n'ai pas dit que je ne venais
pas; je t'ai dit de m'appeler ou me mailler avant de partir, tu ne l’as pas fait. Ne nous
croisons pas comme d'hab. N'attends pas trop (2 ans la première fois) avant de
me perdre définitivement. Le temps perdu.. tu sais la chanson.
G
Je t'ai appelé tout à l'heure ! [Note,
alors qu’il était déjà parti, comme si sa venue allait de
soi, ceci malgré son coup de fil exposant ses réticences.]
M
Oui mais sans avoir tenu compte de mon appel ni lu mon
message. Tu 'y' étais déjà, ce qui montre
que sans moi ou avec moi, tu "y" serais allé de toutes manières,
escomptant que peut-être j’allais accourir. Ou pas. Mais sans te donner plus de peine que ça. A A. je gagne un peu de sous et je
me restaure. Les deux. Car rue D je suis bien aussi, je me restaure (ms ne
gagne rien, au contraire) ! Tu ne comprends pas les malades, psychiques ou
physiques ni les désespérés, ce que je fus durant "these bloody days which
had broken my heart, my lust, my life which then depart.." [note, elle parle de sa crise lorsqu’elle
a découvert que sa copine était en fait une relation conjugale assumée et non
juste une amie de cinéma théâtre expo] c'est justement parce qu'ils n'ont +
rien à perdre, (ou que leur temps est compté) qu'ils sont parfois capables de
TOUT, je dis bien de TOUT.
Comme d'hab, j'ai besoin de ce
souffle d'inspiration, de vie, de passion et de poésie, à présent j'y
tiens. Je n'éperonnerai pas mon cheval qui n'en peut plus [note, elle est
tombée en panne la fois d’avant, de nuit] devant le précipice sans être
(presque) sûre (car on ne l'est jamais, c'est toute la beauté de l'engagement amoureux) que la langue du dragon me portera.
G
C'est vrai car je devais faire
avancer les travaux pour préparer le déménagement des oeuvres. Cela ne nous
aurait pas empêchés de se voir ! J'y vais. [Il appelle d’un cybercafé et cela
lui fait visiblement perdre du temps.] Appelle moi.
M
"Ca ne nous aurait pas
empêchés de nous voir", j'adore. Tu me vois en "sus", puisque tu
"y" es de par une obligation incontournable... et moi, quittant les miennes,
je fonce forcément 500 km pour profiter de l'aubaine. [Note, lui habite tout près de
D.] Et bien tu vois, moi je veux être vue sans empêchements, pour moi même et
c'est moi aussi, l'aubaine, mon amour, pas toi ou pas toi seulement. Non mon
seigneur et maître, le chien n'est pas encore suffisamment affamé pour saisir
un os lancé trop loin pour ses pauvres pattes. Appelle moi si tu veux mais le
soufflé est retombé et il en faudra des tonnes, mais alors des tonnes !! pour
qu'il revienne et encore sans garanties, peut-être jamais plus. Sais-tu mon
amour? On peut aimer quelqu'un pour une phrase (j'ai aimé P lorsqu'il m'a dit,
accablé, à une de mes remarques ironiques sur Kant ; "tu as raison;.. le problème avec toi c'est que tu as toujours raison... mais c'est toute ma thèse
à refaire"...) mais on peut aussi cesser de le désirer pour une autre
phrase ou un seul geste (ex le gus, fort amoureux disait-il, j'étais une merveille
d'humour, de sagacité, de beauté etc etc.. le paquet, quoi, qui avant, de
baiser ou au minimum de m'embrasser lorsqu'il m'a ramenée à A après un repas
chouette un peu arrosé.. a pris soin de vérifier et de noter sur un calepin son
kilométrage parce qu'il mesurait la consommation de sa bagnole -à son avis excessive
par rapport à la notice,- ce qu'il m'a benoîtement expliqué. Pffft.. plus rien
soudain, "salut, on se téléphone" et j'ai filé.
"Mais qu'avez-vous? J'ai fini, c'est parce que la garantie constructeur prévoit que le test doit être effectué avant les six premiers mois de
etc.." N'étant pas juriste de compagnie d'assurance spécialisée dans les publicités mensongères, je n'ai pas écouté la
suite. A-t-il compris? C'était un intello pourtant. (Evidemment pour lui le
coup n'a jamais été rattrapé, je l'ai revu au cours d'un vernissage et n'ai pas
manqué de lui demander si sa voiture lui faisait toujours des farces
inacceptables et si la garantie constructeur l'avait comme prévu dédommagé de l’inexactitude
révoltante de la notice.. Il a été tout chose et s'est reconnu mufle, un mec bien mais qui a réagi après coup, tant mieux, mieux vaut savoir à qui on a à faire avant de tomber amoureux peu ou prou.) Avec les
femmes, avant l'heure c'est pas l'heure mais après l'heure c'est plus l'heure.
Des tonnes, j'ai dit, une bague
en diamant, une nouvelle voiture fourgon, ou mieux, une bétaillère, une
réservation dans un 3 étoiles à Marakech, ou simplement à Angoulême voire pire,
à St A, pas moins et sans réduction sinon ça ne compte pas, ou encore, mieux
mais ça c'est plus dur, attaquer Hollande à poids nus pour ses forfaitures envers les roms voire une baffe retentissante ou l'équivalent à Cahu ou DSK.
Autre exemple : tout à l'heure C,
qui se dit amoureux de moi, soit, il le montre -relativement- m'appelle comme tous
les jours, tout de même en priorité sur le fixe, n'ayant pas de forfait ! (Il est friqué). Soit.
Il m'a appelée ce matin après toi, je lui ai dit que j'étais ici, il m'a dit
venir, je lui manque etc.. mais le voilà qui me rappelle… sur le fixe ! qui
marche mal comme je l'en ai prévenu et non sur le portable. Je ne le prendrai
donc pas. Question à traiter : pourquoi la pingrerie est-elle désérotisante et
blessante (certains, déjà peu favorisés, n'ont pas besoin de ça !) Cela souffle
la flamme du désir, mais pourquoi? J'y penserai en ratissant et refaisant la
murette. Au fond les femmes, tellement dévalorisées par la société (un atavisme
contre lequel on lutte mais on n'y peut rien) qu'elles ont besoin d'être
valorisées, de se valoriser d'une manière ou d'une autre, sont extrêmement susceptibles,
comme les racisés en général : qu'un amant putatif (pour qui l'argent compte apparemment beaucoup, qu'il en ait ou pas) mette en balance 3 E pour nous
joindre nous confirme notre peu de "valeur" (l'argent mesurant tout) et surtout la vanité (ou le mensonge)
de ce qui nous est affirmé, voire assené (je suis exceptionnelle, d'une
intelligence et culture phénoménale, je peux aussi bien parler des Vitelbasch
que du linkage, de la théorie des quantas, des risques du médiator, des
statines et du réchauffement climatique et ma foi c'est vrai..) ça doit être
ça. Je suis "ça", admettons qu'il le pense réellement, oui, mais même pour une telle femme, si belle et si fascinante, si calée... et bien, on
évite tout de même de raquer 3 E si on peut l'avoir gratos, idéologie
bourgeoise bien comprise. Ça fait tout de suite retomber le soufflet. Les putes
ont raison de se mettre à prix, dommage, j’ai raté une carrière plus
prometteuse et moins humiliante que celle d’agrégée de philo à 900 E pour vivre à présent comme tu ne l'ignores pas.
C'est pire pour toi : j'ai la
fâcheuse impression que tu le fais exprès, JUSTEMENT pour faire retomber le
désir, qui t'effraie. Je te parle d'Utter Pendragon et tu me réponds plâtre à
lisser. mmm... qu'est-ce que c'est érotique, le plâtre à lisser! Ca me met
toute chose !
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