samedi 20 juillet 2013

La voix, de Deauville à Molières








LA VOIX

Ce fut comme prévu !
La voix de l’homme couché..
Car il a plusieurs voix,
Celle de l’homme qui appelle un pion
Nette, ferme, tranchante, inévitable,
Celle de l’homme qui parle à Catherine
-A qui il doit tout- aimable, sans plus
Celle de l’homme debout, la même que la deuxième
Celle de celui qui a horreur des blogs,
Triste, hésitante, déçue,
D’une telle forfaiture.
Et enfin celle de l’homme couché
Douce, veloutée, enveloppante, presqu’enfantine,
De celui qui a quelque chose en tête -ou en queue-.
Et puis celle de l’arabe à Rachid, en VO,
Rieuse, détendue, heureuse,
La vraie peut-être ? qui sait ?
-Mais en ce cas il ne dit que des choseries
Il est vrai que le beauf n’est pas une perle.- 

Et là, ce fut comme prévu la voix couchée..
Et la mienne défaussée, métallique, Sorbonne
Rapide, articulée, qui en principe décourage
Toutes tentatives de cul ; pratique d’avoir étudié,
Finalement ! C’était celle de Simone de Beauvoir.

Il a repris illico la voix de l’homme debout,
Pas la peine de se mettre en frais
Quand ça résonne si faux.
Il m’a dit qu’il allait me répondre, par écrit
Pourquoi pas ? Quand ? Demain, plus tard…

Plus tard ? n’y compte pas, ce frêle bonheur d’homme
N’espère pas qu’il dure en ce siècle agité,
Car tout vient, passe et nous échappe,
Comme un vol de libellules au fond d’un soir d’été.

Nous ne nous sommes jamais aimés en même temps,
Une seconde parfois de correspondance improbable
Entre deux lignes dans le vide du cosmos,
Eloignées de lumière et presque parallèles
Un instant par miracle sécantes, l’illumination.
Une chance sur mille. Et ce fut tout.
Peut-être est-ce déjà beaucoup ?

Quand on voit des couples déchirés, hargneux,
Obscènes, perdurer ensemble, l’un pour le fric,
L’autre parce qu’il ne sait pas faire ses papiers,
On n’est tout de même pas si misérables,
Maigre consolation.

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