vendredi 19 juillet 2013

Mon fils est parti à la ville. Les enfants rejetés tendent à surinvestir leurs propres enfants. Les enfants surinvestis à mésestimer leurs parents. Cette génération intermédiaire est donc sacrifiée en amont et ensuite en aval. Mésestimée par ses parents et ensuite par ses enfants. C'est la mienne.




MON FILS EST PARTI A LA VIE

Mon fils est parti tout à l’heure.
Une bonne chose au fond,
Moins de tracas, de responsabilités.
Mais c’est lui qui m’a jetée,
D’un coup totalement imprévu la veille,
Je dérange. Soit, je ne m’en doutais pas
Mais alors pas du tout. Rien n’apparaissait.
Formé à l’hypocrisie ? Et pourtant je l’ai élevé.

Il faut dire que c’est un peu moi qui l’ai abandonné :
« Plus tard, quand le procès sera fini.. »
Et je le sais pourtant : plus tard,
C'est toujours jamais. Plus tard, c’est trop tard. Panta rei.
L’absence chanfreine même l’amour des fils
Des hommes. Des deux côtés. O romans roses,
Sottises de midinet/tes, quels dégâts vous faites !

J’ai quitté le défricheur d’un thalweg écrasé d'arbres en son lit
Et retrouvé un étranger micro ondes et BM !
Faisant des leçons d’écologie, un autiste de conférences
Coupé du réel, enfermé dans sa bulle, maladroit, componctieux,
Froid et calculateur, un autre qui à présent n’est plus mien.

Tant mieux car de cet autre je ne veux pas de toutes manières.
Je m’en remettrai. Rien n’est grave au fond.
Mais ce soir j’ai de la peine comme s’il était mort né.
Foutus affects débordant la Raison,
Je dois me les arracher. Cinq secondes, cinq seulement,
Ou je vais m'effondrer. O death, rock me asleep !
Comme Anne, accusée d'inceste avec mon frère
Mon double décidément.. serais-je décapitée?
O temps, juste cinq secondes. Pour ne plus y penser.
O death, rock me asleep!

Allons allons, ça va aller. Penser à moi, à mes dents.
Mais à quoi bon des dents si on ne peut manger ?
Il le faut pour ce foutu bled, pour le tirer.
Tout est passé, l’un à Antigone et Deauville (!) ouahh, ça fait fort
Pour un Che. L’autre qui pond mal (et à prix d’or !)
Pour elle aussi c’était « plus tard » et ce fut jamais,
Et le plus aimé qui me fait la morale.
L’arrogance serait-elle congénitale ?

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Question: pourquoi les enfants désinvestis, (jusqu'au rejet  complet parfois) s'attachent-il davantage à leurs parents que ceux qui sont aimés voire surinvestis? Parce qu'il attendent toujours l'amour qui n'est jamais venu, l'espèrent et le mendient. Les autres au contraire, le trouvant naturel, -quelle que soit l'importance de la dévotion dont ils sont l'objet-, saturés, ne le voient pas... et le rejettent plus ou moins (ou exigent encore davantage) et avec celui-ci leurs parents.

Autre question : pourquoi ceux qui furent sous investis dans leur enfance (jusqu'à l'indifférence totale parfois) ont-ils, contrairement au poncif, tendance à sur investir leurs enfants? Pour compenser sur d'autres leur manque en leur offrant multiplié par un facteur x ce qu'ils n'ont pas eu.. (on ne guérit jamais totalement d'une telle enfance) et implicitement donner une "leçon" même posthume à leurs parents. Résultat : cette génération intermédiaire qui fut rejetée suscite des enfants qui les rejetteront également. Une génération sacrifiée, perdue entre deux falaises: enfance ratée et parentalité également ratée

Le cas est plus fréquent que la reproduction si souvent mise en évidence. Ici on a une reproduction paradoxale (à l'inverse) des situations tout aussi funeste, du moins pour les générations intermédiaires sacrifiés. Car les enfants surinvestis peuvent ensuite faire subir à leurs enfants le même rejet ou la même désinvolture qu'à leur parents etc à l'infini. Une reproduction en oscilloscope, à périodes opposées. 

LE DOSSIER
http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/04/dossier-vieux.html

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