mardi 27 septembre 2011

Pour Aurélie,

la lettre de sa sœur Stéphanie




Pour Aurélie,une lettre de sa sœur Stéphanie
"Ma petite sœur, tu n’étais qu’une enfant de quatorze ans lorsque tu as choisi celui qui t’a détruit. Dès l’âge de seize ans, ce fut ton premier enfant. Mélissa, une jolie petite fille qui te ressemble tant. Le père disait que ça ne venait pas de lui et ce furent ses premières "colères".. Puis, il y eut toutes ces fois où il t’a imposé de voler pour se procurer de l’alcool. Et les premières baffes. Toi, tu acceptais tout. Les charges qui reposent sur toi seule, si jeune... et il te battait de plus en plus. Deux autres enfants arrivent, qui te seront retirés ; lui ne se sent coupable de rien.. Et de nouveau, des coups, mais des coups de pieds cette fois ! Vient alors ta première rupture d’anévrisme en 2008 où  le médecin qui m’a parlé de traumatisme… et la maison de repos, d'où un mois après, tu ressors aussi belle que toujours… Et ça continue, une nouvelle rupture d’anévrisme en 2010 et ta dégradation.. Tu avais du mal à marcher, tu n'arrivais plus à parler, nous ne te comprenions plus, tu ne communiquais avec nous que par texto, tu maigrissais, tu ne pouvais plus te nourrir seule.. et les coups encore!!! Et ce jour où nous avons demandé à cet homme de quitter le domicile et où tu as voulu arracher ta perfusion!!!!! car tu l’aimais plus que nous ! Il t’avait enfermée dans un engrenage et tu ne voyais plus que par lui. Ton opération ensuite, avec une sonde pour t’alimenter et le fauteuil roulant… et lui qui ne prenait aucun soin de toi, bien au contraire.. Tes hospitalisations ensuite durant cette semaine où tu as signé trois décharges ! Nous n’avions même pas été prévenus de la gravité de ton état… et enfin cette fin terrible. Je suis allée te dire au revoir sur ton lit d’hôpital, tu ne parlais plus, tu survivais avec des machines… Et ton décès le lundi 30 mai… C’est pour cela qu’aujourd’hui mon combat, c’est toi. Pour toi, j’ai décidé de créer une association pour défendre ces femmes battues comme toi. Pour dire stop aux violences commises sur les plus faibles et les plus démunis ! Tu resteras pour toujours ma petite sœur qui a rejoint les anges à l’âge de 23 ans. Je t’aime Aurélie, ma princesse."

Des questions tenaces : devant l'inexorable dégradation de l'état de la jeune femme, pourquoi n'y a-t-il pas eu de signalement de la part des médecins ou de l'hôpital ? Y en a-t-il eu ? N'ont-ils pas été pris en compte (pas de plainte)? Les anévrismes en série ont-ils été investigués ? Résultat ? N'est-il pas possible, même sans la demande de la victime, de judiciariser tout de même de tels actes? On a l'impression qu'Aurélie a été laissée sans défense à son bourreau durant des années sans que personne parmi les services sociaux, médicaux, policiers et judiciaires n'intervienne efficacement.. jusqu'à sa mort : un dysfonctionnement majeur de la société, médecine, police, justice confondues.. la société qui devrait prendre en compte de telles situations jusqu'à juger et condamner le coupable (lourdement) et s'occuper de la victime afin qu'elle ait un répit jusqu'à ce qu'elle puisse se reconstruire, sortir de cet état d'influence qui s'apparente à de la drogue.. et en tout cas soustraire de la société celui qui représente un tel danger non seulement pour sa/ses compagne/s mais pour tous. Une vie à vau l'eau. Une catastrophe ordinaire. Cinq orphelins. Un sentiment d'incroyable gâchis (lien).


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