vendredi 2 mai 2014

Des photos d'un homme qui a tué ensuite, la notion -ambiguë- de respect, de tolérance, souvenirs obscurs d'une goy

Une formule ambiguë, très cliché, écrite sur l'image, comme la notion de respect employée par le même scripteur sur FB* qui assure "respecter".. celle-là même qu'il poignardera peu après ! Un Hasard? Non.
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Le respect !! Voici un extrait du journal d'une grève de la faim -j'étais mal en point. Texte original ici :

http://aujourlejour2.blogspot.fr/2013/02/extrait-le-respect-le-sacro-saint.html

[Contexte : je suis au troisième jour (?), assise à une terrasse, près de la voiture où je me suis installée et j'écris. Chance, j'ai la wifi et j'écris, sur mon portable. Des gens -dont certains de l'équipe municipale!- sont venus à mes côtés et, bien que m'ayant à peine saluée, ostensiblement, ils parlent -très fort- de certains élus -corrompus, autocratiques etc...- Mon blog étant devenu un peu le dazibao du village, c'est certainement intentionnel, ils veulent que je relate mais eux n'osent pas. Ambiance.]
 

... Et voilà qu’un commensal [non relié aux autres, il arrive sans doute pour me parler, n'osant pas m'aborder directement] un beau mec, la cinquantaine, que je connais un peu... observe l'air de rien, tourné vers moi, que "les mots c'est dangereux".. ce que j'approuve hautement (même s'il peut s'agir d'une menace voilée -ce n'est pas sûr-)... et "qu'écrire... bon... c'est bien (merci!) mais il faut être respectueux". Il ajoute que lui "me respecte, il me faut faire de même"... et me demande ce que j'écris. Je lui dis que je lui répondrai après s'il veut bien car la batterie de mon portable est basse et j'ai des choses à finir. Et je me rencogne.
 
Le respect, le mot de la banlieue, des loubards, "je te respecte", comme si ce n'était pas l'évidence [et justement pour eux ça ne l'est pas, la preuve.] Un mot clairement un mot à fonction de clôture. Une profession de foi suspecte : dire "je vous respecte" c'est supposer que je puisse ne pas le faire... c'est-à-dire que je sois en position de ne pas le faire. C'est comme dire "je vous laisse la vie"... comme s'il fallait en savoir gré à celui qui a consenti à vous épargner. Remerciement ou plus exactement allégeance vont de soi (!)..
Exaspérant. Autrefois, le respect s'entendait vis à vis des femmes au sens de ne pas tenter de coucher avec, ne même pas y songer... quand il est évident que les mecs quels qu'ils soient pensent d'abord à cela, certes sous forme hypothétique, un flash, une vague idée, cependant parfaitement perceptible, l’œil s’allume, c’est "mm peut-être ça serait bien" puis il s’éteint "non pas possible".. ou demeure allumé, ça dépend. Faut pas nous prendre pour des buses.
Coucher serait-il manquer de respect ? Honteux ? la notion de respect serait-elle antinomique du désir ? Notons qu'en ce sens, le mot s'applique toujours aux femmes, jamais aux hommes. Respecter "quelqu'un" en fait ne veut rien dire... ou pire, dit le contraire de ce que la formule proclame. On respecte -peut-être- une idée... c'est à dire qu'on la prend en compte et on l'analyse... une religion -encore que...- mais pas un homme ou une femme ou plus exactement cela va de soi, son altérité est la mienne vis à vis de lui et je ne peux que la reconnaître sous peine de m'annuler moi-même.
Le concept est un concept guerrier, par exemple un militaire en guerre décide de "respecter -la vie- de son prisonnier" alors que lui coller une balle serait plus simple. Mais en temps de paix -relative- ça n'a aucun sens.. ou alors cela implique que nous soyions en "guerre". [Et justement ceux qui usent du terme sont souvent violents car ils se sentent en guerre.]
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J'ai compris du reste : l'écriture effraie comme une photo prise au flash lorsqu'on est âgé.. et lorsqu'on la pratique mal, on est plus vulnérable encore. En fait, il faisait allusion à un passage de ce "journal au jour le jour" d'une grève de la faim dans lequel je me moquais de certains élus (ou ami de) qui déploraient ouvertement, en public (c'est pourquoi je m'étais permise d'en faire état) de ne pas avoir obtenu de passe droits (ou que d'autres en aient bénéficié et pas eux!)..  naïf et révélateur de la manière dont certains envisagent la gestion d'un village - il était dans ce cas.- J'avais supprimé ce passage ensuite, apparemment il l'ignorait. C'est ce qui lui trotte dans la tête, ce qu'il appelle "non respect".. 
.. Mon boulot fini, je m'adresse à lui comme promis pour lui dire, puisqu'il me l'avait demandé, ce que j'écrivais: cette parenthèse sur la notion de respect, justement! Et là, un jeune -un ex militaire- qui venait d'arriver précise à ma place qu'en effet, lorsqu'on parle de "se faire respecter", à l’armée, ça signifie casser la gueule à l'autre. Euréka, je sentais bien qu'il y avait une idée qui me faisait défaut, la voici, il me la livre sur un plateau. Le concept n'est pas égalitaire. La posture part du haut vers le bas.. tout en se donnant pour l'inverse : elle est donc d'une arrogance infinie et sournoise. Exaspérante. Bien sûr que l'on, qu'il, me respecte, qu'il ne me casse pas la figure, qu'il ne me viole pas ni n'y songe une seconde ; il faudrait beau voir qu'il le fît ! Ouf, le jeune a bouclé ma réflexion et je me sens aussi bien que lorsqu'on a résolu une équation. 

Mais celui pour qui la réflexion était partie ne suit plus, il devise avec un voisin, ça ne l'intéresse plus. J'ai dû mal m'y prendre. Tant pis. 

Cela évoque aussi la réflexion de Rabaud Saint-Etienne après l'édit dit de "tolérance" octroyé par le Roi -qui ne pouvait faire autrement- aux protestants et aux juifs : "je ne veux pas être toléré." Être toléré est blessant, on ne tolère que ce qui est intolérable ou au minimum dérangeant, par grandeur d'âme, tout comme on respecte ce qui pourrait ne pas l’être, parce qu'on est bien bon. Lana, raciste, dont le français était plus qu'approximatif -ce qui l'excuse en partie- ne m'avait-elle pas dit un jour d'amabilité qu'à présent, elle me tolérait ?!? sous-entendu "même si j'étais une goy", je devrais écrire "si je n'étais qu'une goy"?

Ma colère est montée soudain, a débordé... En moi, le sang des Larrivé (oui, subir le racisme rend con!) s'est mis à bouillir : mais pour qui se prenait-elle cette "sans envergure" ni surface... et pour qui me prenait-elle, moi pour oser me concéder sa tolérance comme un os; j’ai instinctivement retrouvé les propos de Rabaud : "Je ne tolère pas qu'on me tolère." Souvenirs obscurs.. Pas très gais. Pas très honorables aussi. Tant pis. 

*Ce n'est peut-être qu'un hasard mais le jeune d'où est parti ce remake d'un article ancien, celui qui a affirmé sur sa page FB "respecter" sa compagne, l'a récemment tuée à coups de couteau dans la rue.

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