lundi 5 mai 2014

Le point du "mari", controverse










"C'est son mari qui va être content, un vrai vagin de jeune fille". Cette réflexion, Caroline, sage femme, l'a entendue il y a cinq ans dans la bouche d'un gynécologue à la sortie d'une salle d'accouchement. Il venait de suturer une toute jeune maman de manière "serrée"... "Je l'observais en train de faire, il me semblait bien qu'il faisait quelque chose de bizarre à l'entrée du vagin".  
Ce geste assumé par ce gynécologue d'une clinique du Val-de-Marne, surnommé "point du mari" consiste "lors de la suture d'un périnée déchiré, ou d'une épisiotomie, à faire un dernier point supplémentaire pour resserrer l'entrée du vagin, et permettre à Monsieur, un plaisir accentué." (!) Agnès Ledig, la sage-femme qui a dénoncé cette pratique a provoqué des réactions en chaîne très variées. "Je ne savais pas que ça avait un nom! Une fois, un mari m'a demandé alors que je suturais sa femme si je pouvais serrer un peu plus le vagin...", témoigne ainsi sur Facebook une de ses collègues. Décision parfois imposée sans le consentement de la mère, douleurs possibles ensuite lors de rapports sexuels, cette pratique, même si elle s'avère rare, a fait bondir de nombreuses femmes et féministes à la lecture du texte d'Agnès Ledig.  

"L'impression d'être vierge à nouveau"

Emilie a connu un accouchement difficile il y a cinq ans. Episiotomie et déchirure à la clé. Et une grande douleur au moment où le gynécologue l'a recousue. "Je ne peux pas vous dire combien de points il a fait mais il y en a eu beaucoup. Je les sentais tous car l'anesthésie ne faisait pas effet." La jeune femme a attendu huit semaines avant d'avoir à nouveau des relations sexuelles. "J'ai découvert avec surprise que c'était plus serré qu'avant l'accouchement, et je me suis dit que ça l'était peut-être même plus qu'avant ma première fois. C'était très douloureux. J'avais l'impression d'être vierge à nouveau." C'est des années plus tard, à la lecture d'un article sur le "point du mari", qu'elle s'est reconnue dans les situations décrites.  
Cette pratique semble relativement rare même si plusieurs témoignages notamment de sages-femmes nous sont parvenus. "Personne n'a de statistiques. C'est quelque chose qui ne se claironne pas, affirme Agnès Ledig. Mais il y a des témoignages, donc ça existe. C'est peut-être anecdotique. Même si elles ne sont que dix, cela reste insupportable. Je veux juste dénoncer les violences médicales."  

Sexualité et vagin serré

Le docteur Jean Marty, président du syndicat des gynécologues-obstétriciens, rejette en bloc cette idée, dénonçant ces "histoires que l'on raconte et qui font monter des fantasmes..."... "La situation du vagin n'influe pratiquement pas sur la qualité des relations, poursuit-il. Le seul élément que j'ai pu constater en 40 ans de carrière est plutôt l'inverse: des femmes qui avaient parfois des douleurs avant l'accouchement et qui ont une plus grande tolérance (sic!) après". (Ndlr: cela ne signifie rien!)

Ce débat soulève la question des conséquences d'accouchements difficiles (ndlr : vous en connaissez de faciles?) ayant provoqué déchirures et/ou épisiotomie (acte qui consiste à ouvrir le périnée au moment de l'accouchement afin de laisser passer l'enfant, ndlr) sur la sexualité des femmes. La reprise des premiers rapports sexuels survient en moyenne six à huit semaines après l'accouchement. "Il y beaucoup d'appréhension, explique Agnès Ledig. Elles ont souvent peur de la reprise, peur d'avoir mal." Et même, parfois, d'en parler.

LE DOSSIER
http://femmesavenir.blogspot.fr/2013/09/paroi-interface-recto-vaginale.html


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