Syndrome de la petite sirène ...de Lara Tatiana B. ALEX

25 mars 2014, 14:52

Les émotions, dont tu n’as
pas toujours conscience, et que tu ne reconnais pas comme étant les tiennes,
parfois te submergent et étendent leurs bras noueux autours de ton ventre.
Elles semblent ensuite te
dicter le comportement à adopter, et te mettent dans l’incapacité à mettre des
mots sur ce que tu peux éprouver.
Remember me !  Te dit la petite voix !
L'écriture est une saignée
qui permet d'éviter l'hémorragie..
Tu n’es pas seule….et
pourtant !
Un jour où tout était si bleu, si calme….
Coup de tonnerre dans un ciel serein !
La folie te guettait…Tu n’as rien vu venir….
La régression te gagne chaque jour davantage. Un jour tu seras définitivement
enfermée dans ton monde parce que tu as toujours peur …
Parce que tu as mal, tu te figes…Tes mains se crispent sur le stylo, deviennent
rigides…tu ne sais plus écrire, plus parler, plus pleurer...plus rire… ! L’impression
que tu ne sais plus rien te gagne…
Tu voudrais…
Mais tout n’est que fureur certains jours dans ta tête…Tu ne crois plus à la
psychothérapie, aux traitements, aux hospitalisations…C’est encore être
victime, montrée du doigt…
Ton mal ne fait que grandir et toi tu régresses…cesses ! Je t’en supplie…
Tu as été mentalement rongée…tu n’es pas la seule !
Tu as eu l’illusion de croire qu’avec le temps, le recul, les occupations….
Mais tu dois te rendre à l’évidence, tu t’adaptes de moins en moins au
quotidien, aux autres…
Tu fuis…
Tout est si lourd….tu n’as plus envie de parler, de dire…les mots ne sortent
plus, restent bloqués, censurés par ton cerveau…
Au fond de toi tu cris…mais tu restes muette …les mots restent bouclés…
Les maux ont pris toute la place pour s’étendre sur toi, en toi et t’écraser de
toute leur force…tu les hais !
Tu ne peux plus réagir…tu n’en as même plus la force… plus aucun sursaut…
Tu te sens ignorante, nue, tremblante, enfantine…
Même tes pieds ne te portent même plus…Quand tu marches depuis quelques temps,
le feu te dévore la plante des pieds et des cloques de sang forment comme des
bulles écarlates de honte, de culpabilité…
Il y a comme un animal fou dans tes entrailles qui veut sortir mais ne trouve
pas la porte de sortie ! il hurle et se débat dans ton ventre comme une
bête assoiffée …
Ta tête implose…migraines et cauchemars reviennent rythmer ta vie comme un
leitmotiv impossible à oublier…
Par mégarde, tu te mords l’intérieur des joues, tes dents grincent encore la
nuit…
Tes yeux restent ouverts dans l’obscurité. Tu pense à veiller pour que tes
cauchemars ne t’assaillent pas…
Des veines bleues se forment au dessus de tes paupières…
Tes lèvres sont exsangues….
Tes cheveux indisciplinés se rebellent, hirsutes…
Tu brûles puis tu te sens prise de sueurs froides…moite…
Pourquoi tout se mal qui te ronge depuis tant d’années ne te laissant pas le
droit de vivre, ni de mourir ? De dire…
Tu t’isoles depuis des jours dans le silence, la solitude…
Les volets fermés, recroquevillée comme un fœtus baignant dans un paysage flou
et nourrit dans la torpeur par les émotions douloureuses, obsédantes,
incessantes…
Parfois on n’arrive pas à vivre avec…je le sais.......
Le deuil ne se fait pas…et grandir reste difficile…Que faire pour se préserver
de la gangrène ?
Tu voudrais…
Remplir ta tête, tes organes de cailloux…
Construire un barrage protecteur, ne plus être vulnérable…
Seul remède…Faire la morte…attendre… ? Le crois-tu ? Combien de temps ?
Te boucher les oreilles pour ne plus rien entendre ….
Ne plus sentir les odeurs …
Mettre une aiguille pour détruire cette zone de souvenirs infâmes de ta tête…
Effacer de ta mémoire, ce qui t’empêche de vivre depuis si longtemps….
La vérité, l’autre vérité …celle que tu voulais tant découvrir n’a fait que
T’achever…
Ne plus entendre certains mots et les bannir de ta vie définitivement !
Tu voudrais oublier…
Sous l’emprise des chocs qu’on t’a fait subir, tu te se sens tiraillée entre
L’amour que tu éprouves pour les tiens et cette peur de l’autre…
La culpabilité t'enferme dans une situation vécue comme sans issue…
Tout n’est que confusion des rôles, des fonctions et des places de chacun et
cela génère en toi une souffrance indescriptible…
Tu te sens désarmée d’avoir eu l’air d’être parfois consentante…la peur t’a
figée….
Il faut une certaine force mentale surhumaine pour pouvoir fuir…tu n’as pas
su…tu es même restée là….figée…tu te foutais de tout !
Les autres refusent la vérité, doutent…tu le sais….Les allégations peuvent être
terribles et effrayantes. Ce sont encore des atteintes …
Des années plus tard, tu rumines tes blessures…tu
finis même par avoir plus peur des gens normaux que de tes propres
souvenirs...ou de celui ou ceux qui t’ont fait souffrir…
Finalement comme il est toujours là dans ta tête, tu ne vis plus qu’avec lui…en
face à face !
Puis un jour, las de tes états, tout le monde finira par te tourner le dos,
haussera les épaules, continuera son chemin en te regardant avec mépris et
dégoût….
Tu apprendras alors la solitude …
Avec le temps, les traces d’agression deviendront invisibles pour les autres….à
L’intérieur, la gangrène creusera chaque jour dans les galeries de ta mémoire,
des sillons de néant….
Tu sais…
Les traumatismes provoquent une perte de confiance en toi…les erreurs se
répètent comme les cercles qui rident la surface de l’eau après avoir lancé une
pierre…
tu en deviendras paradoxale puis de plus en plus incohérente avec le temps…
Le processus de détérioration se poursuivra, t’isolant chaque jour un peu plus
du monde…
La lèpre de l’émotion…personne ne peut la comprendre ni même l’imaginer quand
elle vous submerge sans limite car elle transforme tout, bonheur ou malheur en
torture…
Une sorte d’autisme survient alors…disparition du souffle de la parole… Avec le
temps, les autres ne te comprendront plus…
Alors…
Donne-moi ta main pour que je puisse t’aider…
T’écouter, te soutenir…te défendre…
Te serrer dans mes bras…
La parole permet de vivre…
Tu voudrais écrire…mais…
Le démon de l’écriture se meurt…
La profusion et l’exhibition de tes maux n’ont servi à rien…
Les mots finissent souvent par nous rattraper et nous découpent comme un
scalpel….
La résonnance émotionnelle de celui qui te lit te fait maintenant peur…
Tu as été si loin…trop sûrement…
L’écriture qui permettait l’autorisation de soi a disparue…
Cette écriture qui se voulait délivrance n’a fait que t’isoler des autres…par
incompréhension, jugement, peur de la maladie…elle s’appelle La peste
contagieuse des maux…
Il te faudra vivre avec ça….te battre avec ça….
Les traumatismes extrêmes ne sont pas vraiment racontables …Alors…comment affronter ces souvenirs obsessionnels ? Comment faire émerger des ilots de vie dans toute cette mort ? Les pages restent nues….
Parfois la vie nous couche sur le carrelage de nos jours mornes et se rit de
nos jambes tremblantes….
La patience est souvent plus forte que la force…
En cas de crise on a toujours besoin de justice, d’humanité, de compréhension
face à la souffrance….
La solidarité, la cohésion restent rare…
Ecrire et se soulager de souffrances dont on a déjà payé les conséquences est
un acte douloureux, un don de soi…les écrits restent !!!
Les remous ensuite provoqués à la lecture de nos écrits peuvent être violents…
On reste traquée sans aucune liberté dans sa tête….
Et ça ne finira peut-être jamais…
Mais garde confiance…parce que je suis là….
"Je sens les êtres bien au-delà des
paraboles
 Le corps
inscrit et sait écrire en maître mots
 Temps, où
je consommais les paroles au vitriol
 Enfermée
Dans ma folie, en reine des maux…"
Se fondre avec l'Autre, c'est se baigner dans ses
atomes et en faire jaillir sa lumière !"
A tout(e)s celles et ceux qui souffrent encore !