dimanche 27 avril 2014

Attention à qui l'on aide.. dans un système totalitaire

Une simple image via FB et tout ressurgit... 
Une mésaventure banale, mais signifiante.


UNE HISTOIRE ILLUSTRATIVE (uploadée du blog Qui veut faire un roman ? lien)
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Aider quelqu'un c'est -quelque fois- mettre en évidence ses failles, ses insuffisances donc l'humilier. Et ensuite, il arrive que l'amertume de devoir quelque chose et d'avoir été à jamais dévoilé dans sa faiblesse fonde l'"aidé" à trahir l' "aideur".

Un exemple historique tragique pour commencer 

Celui de Ruth Greenglass, belle-sœur mais en bisbilles avec Ethel Rosemberg -on dit qu'elle lui devait de l'argent- elle aussi au PC mais qui l'a néanmoins dénoncée.. la conduisant à une mort atroce sur la chaise électrique -il fallut plusieurs décharges, Ethel ne mourrait pas.- Victime pourtant elle aussi : son mari a "négocié" la liberté de sa femme contre la dénonciation d'Ethel et de Julius, qu'elle a dû confirmer. Elle est morte récemment à 84 ans. Comment a-t-elle vécu? A-t-elle eu des remords? Nous ne le saurons jamais. Le terrible proverbe "aide un vilain, il te chiera dans la main" ? Non, le système totalitaire qui anéantit toute relation même familiale, d'amour ou morale... Voir le "roman" qui suit...

.. et, autre exemple, le documentaire de Tanaz Ezhaghian ("Crime d'amour à Kaboul") qui est la version afghane de ce comique "roman" villageois: tout dépend seulement du contexte et de la résistance des victimes. Ici nous sommes dans un aimable village cévenol, pas à Kaboul, et l'héroïne est d'un modèle costaud mais la différence n'est que de degré. Prenons garde (lien).

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COURTELINE ET MACHIAVEL

 

... un roman villageois, à la fois sordide, drôle et.. poétique, sous le soleil des Cévennes où il fait si bon vivre.. A condition de ne pas être femme, "seule", et sans fratrie (riche ou pauvre est quasi indifférent.) Et de ne pas vouloir se maquer costaud. Il était une fois, dans un village cévenol, une petite maison.. Las!! Sise.. au milieu d'un projet d'ensemble immobilier piloté par deux Importants. Et c'est la naissance.... de la tragédie..
Au commencement, il y a Mariane donc, qui débarque à Saint Embrume son village natal où elle est retournée peu avant la mort de ses parents. Et c'est là que les ennuis commencent. Elle se voit pour commencer exiger de l'équipe municipale (droite molle) à l'affut d'argent... 4000 €, pas un de moins (!)... ce qu'on suppose alors être la consommation d'eau de 7 ans de Léa, sa locataire enfin partie, insolvable, dont le compteur n'avait jamais été relevé tout le temps qu'elle avait occupé les lieux! Premier "mystère", 1er épisode.

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Léa, romanesque personnage à la marge, mère célibataire mais de 7 enfants, !!! impécunieuse chronique mais démerde et bosseuse, est partie... enfin presque, vers de cieux plus cléments, malgré une belle médaille de pondeuse hors caste (!) qui lui a été attribuée généreusement.
Mariane proteste fortement : statut quo, les élections sont là. Pendant la campagne électorale, Énée, sympathique (et unique) candidat de la gauche (molle, comme la droite)... s'insurge avec elle contre l'incurie (ou plus) de cette droite corrompue qui petit à petit a conduit le village à la ruine et à présent cherche par tous les moyens à se renflouer. Il changera tout cela évidemment (lien).


De cette droite, un certain avocat, Me Grappin, surnommé pirate semble tirer les ficelles. Dans ce monde clos (lien avec "le silence des braves gens") d'hommes exclusivement, sous les sourires, les affaires et l'argent...



... au milieu d'un projet d'ensemble 
immobilier piloté par deux Importants.
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Et c'est la naissance....
... de la tragédie





Acte 2


Ça se corse : la maison de Mariane -et de son voisin, un certain Dédé- est en train de s'abattre.. par les soins de Milou, père d'Enée et promoteur immobilier à ses moments perdus ; triple zut, ça ne le fait pas puisqu'Enée semble le candidat le mieux placé pour vaincre la "droite" et Me Grappin en particulier... Milou dit Milou le magnifique ou "Milou et yop la boum", le coq du village, un coq un peu déplumé à présent, ayant à l'arrache démoli une maison sienne adjacente pour créer un ensemble immobilier... et dans l'enthousiasme, un peu les autres tout autour. Mariane ne veut pas plomber la gauche et serre les dents. On verra après.





 Acte 3

Enée est élu: cela faisait 65 ans qu'on attendait la "gauche", celle-ci est certes très décaféinée mais il paraît qu'à Ste Embrume, on ne peut pas mieux. Las, il ne se passe rien, du moins côté Mariane, le mur s'écarte de plus en plus, Enée se défausse, c'est pas lui c'est son père, il peut pas, Milou atermoie, il va reconstruire, incessamment sous peu, sous peu sous p... et puis finalement... coup de théâtre, il n'en fera rien car ce mur tout compte fait ne lui appartient plus.. puisqu'il a démoli sa maison qui s'y adossait, ça tourne rond. C'est son avocate qui le lui a dit donc c'est vrai.
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Acte IV

Là, ça va très vite: Mariane engage contre Milou (avec le voisin, un Dédé désespéré qui suit prudemment) et gagne aussitôt le procès. Il était temps, juste avant le jugement, ses trois planchers se sont effondrés, elle a risqué sa peau. 
 

C'est le maçon dit le "King" -copain-de-Milou, ce qui "corse" encore plus les choses- qui va se charger des travaux, aux frais de Milou.


Sans maître d’œuvre pour le contrôler malgré ce qu'ordonne le jugement, il sait ce qu'il a à faire et n'aime pas qu'on l'emmerde, il est comme ça, droit sans ses bottes sur son Micalac..
Acte V

Premier coup de théâtre. Le compte bancaire de Mariane est bloqué par un prélèvement du Trésor Public pour la facture d'eau de 4000 Euros qui avait tant fait jaser/rire autrefois, sur ordre, pardon, "levée de la mainlevée" (!) d'Enée..  Il sera par la suite régulièrement prélevé tous les mois. Elle n'a toujours pas l'eau et à ce rythme l'aura dans 5 ans. Malgré tout elle tente d'ouvrir dans le lieu enfin restauré une galerie-salle d'exposition-bibliothèque, une gageure. La maison en déshérence poignante de tristesse devient pimpante. Le quartier revit, s'égaie.

Reste l'eau. Las, rien ne peut faire bouger les choses c'est à dire Enée, on la renvoie comme une balle, les "nouveaux" auxquels elle s'adresse ne sont pas au courant, est-elle sûre de ne pas avoir laissé un robinet ouvert? Ça va vite, vous savez, gouttes après gouttes. Autrement dit on se paie sa tête. 


Dans le style du village?
Pas dans le style du village












Et, comme les femmes kurdes, elle s'en va à la fontaine pour nettoyer le chantier. Certains de ses anciens amis élus l'évitent ou lorsqu'il ne peuvent faire autrement, affectent l'ignorance, bizarre, tout le monde parle de "ça" et il n'y a qu'eux qui ne sont pas au courant: "il y a tant à faire avec les bourdes des précédents, on ne peut pas être partout, on ne va pas se fâcher pour ça.." 4000 € tout de même, une piscine olympique en deux mois (!) Soit. Mais pour l'honneur, si. 

Enée, fuyant Troie en flammes, portant son père Anchise sur les épaules.
A bout, Mariane projette alors une grève de la faim, distribue des tracts..
Et c'est là que le roman devient 

.. illustratif de l'image du début. C. est intéressé. Tiens tiens... Elle n'est plus copine du Maire qu'elle a soutenu ? Mais ça change tout. Ou peut-être cela s'est-il passé autrement ? Second mystère.

Acte VI

 Re coup de théâtre, il l'attaque en justice!! Seul ? Non, il le dit lui-même car il n'est pas un cachotier, il a toute l'aide et la sympathie d'Enée, contre lequel Mariane l'a défendu ! Prudent et économe, il lui avait laissé le soin de porter seule la charge contre Milou et Enée.. et voilà qu'il l'assigne alors en référé pour? Pour des livres... 

une fresque dans le couloir, et une échelle qui fait "tomber" son voûtain, non ce n'est pas un gag, c'est la version saint embrumienne de tiens-toi au pinceau, j'enlève l'échelle.

Et c’est le 3ème acte, burlesque

Car il l'avoue benoîtement lui-même, il a démoli un mur porteur, donc mitoyen mais ça il l'ignore.. et à présent, "son" voûtain" est "limite de tomber, ce qui le fonde à exiger l'enlèvement de l'échelle de meunier qui s'y appuie, du reste inutile puisque lui ne va jamais dans ses combles.. -où Mariane, elle a un atelier mais ça ne lui fait ni chaud ni froid- version Saint Embrumienne de "j'ai passé le gué, je coupe les cordes". Il lui reproche aussi un local qu'il prétend commun et là c'est coton car elle n'a aucun document qui prouve qu'il est à sa famille depuis plus de 30 ans. -mais elle aura des attestations de courageux, 15-. Enfin, il fait ce qu'il peut. 
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Et à l'audience il brandit comme preuve du soutien d'Enée une lettre de celui-ci reprochant à Mariane sa mosaïque réalisée avec des débris de la maison, "pas dans le style du village". (Observons qu'il n'y est pas fait mention des bidons d'eau devant sa porte, on se demande pourquoi..) Note : il s'agit de cette fresque qu'un courageux esthète municipal avait ouvertement qualifiée de "chef d’œuvre." Par la même occase.. il se prévaut aussi... d'une lettre de Léa incriminant Mariane au sujet d'une caution qu'elle ne lui aurait pas reversée -mais elle lui avait prêté 10 000 € qui ne lui furent jamais restitués.- Re coup de théâtre en somme. Léa elle aussi a viré de bord ! (Explication probable : un échange de mauvais procédés. En cours de divorce, un divorce houleux, elle demandait des attestations à tous certifiant qu'elle élevait bien ses enfants afin d'éviter de se les faire retirer par le père, mieux armé qu'elle pour la bagarre, du reste Mariane lui en avait fournie une -!- mais celle d'Enée, le maire, était pour elle sans doute, fondamentale..)

BILAN POUR MARIANE

1° : son compte est toujours prélevé depuis le procès (!) et elle n’a toujours pas l’eau

2° : C qu'elle a tiré de l’ornière deux fois [après l’arrêt par elle du chantier, événement qu’il avait suivi certes, mais caché derrière le mur, il a obtenu 5000 € et la réfaction d’un plancher non prévue, plus, comme l’imposait le jugement, un maître d’œuvre contrôlant le King, essentiel]... bref, C. se retourne contre elle armé, petitement certes par Enée-fils-de-Milou-qui-avait démoli-sa-maison, tout baigne. 

3° Léa à qui elle avait passé de l'argent pour acheter une voiture s'est retournée contre elle.
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QUESTIONS

Qui tire les ficelles ? Dédé, désireux de retrouver de bonnes relations avec le manche ? Il n'est pas un téméraire et s'être attaqué à des "importants" fût-ce par Mariane interposée l'empêche de dormir. Ou l'inverse, Enée, espérant se servir de lui contre elle ? Ou encore le King dont il se réclame aussi ? Malgré toute sa complaisance durant le chantier, tant envers elle [on ne tire pas sur le cheval qui vous tracte] qu’envers le King, il craint d’avoir déplu : ce cheval qui l’a tiré et qui pour cela est à présent harcelé, il se dit maintenant qu’il est peut-être plus profitable de le manger en sauce que le voir brouter à l’écurie ? Quant à Enée, elle le dérange aussi, s'il n’est pas directement responsable des actes de son père, cette facture d’eau exhumée -erreur peut-être, mais le peu d'empressement à la rectifier le démentirait plutôt- est suspecte.
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Machiavel et Pagnol à la fois. Il fallait trouver quelque chose contre un dissident/e et quand on cherche, on trouve : euréka, la fresque, l'échelle ! On se ridiculise ? Certes, mais c’est l’autre qui prend la lumière. La politique, c'est ça. Un art de matador (lien.)

Is fecit, cui prodest (celui qui agit est celui qui tire profit), sagesse latine. Or, pour Dédé, ce référé burlesque contre Mariane qui lui a coûté (!) a surtout pointé la démolition par lui d’une surface porteuse dont elle n’avait pas mesuré les conséquences avant qu’il ne les souligne lui-même : le voûtain "prêt à tomber"... d'autant plus qu'il veut louer l’appart au dessous etc... Enée a là contre Mariane un allié.. peu fiable cependant.


Cela n’a fait que reculer sa décision de grève de la faim (lien) prévue juste avant l’"Affaire C". Alors ? A suivre...

ÉPILOGUE*
Mariane n'a toujours pas l'eau. Elle a gagné pour le reste (le local etc) sauf Freia et les livres qu'elle a enlevés plus tôt que prévus. Mais contre l'administration, c'est une autre affaire... Cela se passera Jeudi 6 octobre 2011 (lien). Il y a déjà eu x reports ou manœuvres plus ou moins dilatoires. Mais ça s'annonce bien. Il ne faut pas désespérer de la nature humaine pourtant : une pétition a recueilli 200 signatures, ce qui dans un village est énorme. Les militants n'ont que rarement signé, ils attendent où va souffler le vent. 
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Ceci est le canevas modifiable d'une histoire qui peut être soit policière, burlesque, romanesque, ou.... ce qu'on voudra... Qui va l'écrire ? Facile. La France comme on dit, "profonde". Un village en déshérence. De  petits notables. Des affaires. Des héros ou anti héros dont tout en eux est à nu comme il est inévitable. Des militants qui font le jeu du pouvoir quelqu'il soit. Et des courageux qui osent se lever et parfois le paient cher. L'horreur et la galéjade.

Solstice d'hiver, pour finir sur une note érotique et gaie (lien avec "grève de la faim au jour le jour.)

Reste la conclusion, pas si marrante: dans un système néo totalitaire -ce qui est le cas de tout système corrodé donc fragile (lien avec "le journal d'un salaud") fonctionnant forcément en vase clos, omerta et rétorsion pour quiconque, du sérail ou non, qui se lève- les relations sociales sont gangrenées (lien) à un tel point que tout le monde est susceptible de trahir tout le monde, y compris des amis proches ou des gens qui vous ont aidés... et qui l'ont payé. Peu osent bouger.. Le système [et ceux qui le font] exerce davantage de rétorsion sur ceux qui tentent de sortir du fossé des naïfs exploités que sur ceux-là mêmes, leurs proies historiques [un exemple pour décourager des "dangereux" qui grippent la machine].. parce qu'ils savent qu'ils ne rendront pas la pareille à leurs défendeurs, d'abord parce qu'ils n'en ont pas le pouvoir et surtout, facilement corrompus, ils pourront même ensuite être utilisés contre eux. Justement parce que, sans aucun poids, ils sont facilement manipulables. Cela explique aussi l'indifférence parfois de beaucoup vis à vis d'injustices même flagrantes: se solidariser, c'est risquer d'être seul ensuite à subir la vague... parfois avec l'aide de victimes dont on s'est solidarisé, terrorisées légitimement ou à vide.. De Pagnol à Mac Carthy, il n'y a qu'une différence de degré, non de nature.

* Elle a gagné mais la Mairie a fait appel. Ce sera pour octobre 2012.

Note : ce blog, modifié à la suite du film de Tanaz Ezhaghian, a pour l'essentiel été réalisé il y a 3 ans; depuis les choses ont considérablement changé en bien, la justice a parfaitement fait son boulot (lien).. encore que tout ne soit pas encore réglé. Il a néanmoins une valeur "historique" non négligeable de par l'outrance même des péripéties enchaînées... dont la quintessence "nature" sourd de ces propos -rapportés- d'une élue : "de toutes façons, elle est seule*, personne ne la soutient**, elle ne pourra rien faire, on s'en fout." [Sous entendu "si toi tu la soutiens, gaffe à toi."]
*ce qui veut dire sans mec, exact.
**En quoi elle se trompait.


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