vendredi 11 avril 2014

Les femmes, entre la ferme et le bordel, analyse de l'anti féminisme féminin par Andrea Dworkin

http://antisexisme.net/2012/12/20/les-femmes-de-droite/

Andrea Dworkin 

 Extraits

Position des femmes anti féministes américaines
Les femmes vivent dans un milieu dangereux (viol, violence conjugale, etc...) et cherchent avant tout à survivre. Elles obéissent donc aux règles des hommes, pensant qu’elles seront ainsi protégées contre la violence masculine. La droite leur propose une certaine sécurité si elles acceptent d’obéir aux règles. C’est pourquoi elles ont tendance à être conservatrices. (Un suicide certes mais elles l'ignorent.)
L’intelligence, une forme d’énergie qui modifie le monde et qui a besoin de le connaître pour se développer, est refusée aux femmes. Le récurage des WC ne permet pas son développement. (Ndlr, pas d’accord, il faut être futée pour faire le ménage vite et parfois inventer des trucs pour moins se fatiguer). Deux tiers des analphabètes sont des femmes. L’intelligence qui influence le monde – l’intelligence créatrice- constitue (socialement) l’inverse de la féminité. Même chez les femmes des classes supérieures instruites, l’intelligence sert avant tout à décorer. Cela ne signifie pas qu'elles ne sont pas intelligentes, mais que celle-ci doit rester confinée à une fonction décorative (ndlr, voire récréative), au lieu de servir à modifier le monde.

Les femmes de droite trouvent que le monde est un endroit dangereux.. que le travail les expose à davantage de danger de la part de plus d’hommes et accroît le risque d’exploitation sexuelle [...] => le mariage traditionnel qui signifie se vendre à un homme plutôt qu’à des centaines est donc le marché le plus avantageux. [...]. Elles savent également que la gauche n’a rien de mieux à leur offrir : les hommes de gauche veulent eux aussi des épouses et des putains..

La grossesse : une femme avec un enfant doit s’en occuper et ne peut pas être toujours disponible. Donc les hommes de gauche s’investirent dans la lutte pour l’IVG et la contraception. Pour la baise tranquille.

L’avortement. Le sexe forcé fait du coït l'élément central de la sexualité. Dworkin note que la force masculine est considérée comme "sexy" et sert de mesure au désir masculin. Plus il y a de force dans l’acte sexuel, plus celui-ci semble sexuel. Il y a plusieurs types de forces : la violence physique, omniprésente dans le viol, la violence conjugale, l’agression ; la différence de pouvoir entre les hommes et les femmes qui fait d’emblée de tout acte sexuel un acte de force – par exemple, l’agression sexuelle des filles dans la famille--.. et le troisième type de violence est économique : le fait de maintenir les femmes dans la pauvreté pour les garder sexuellement accessibles et sexuellement soumises. (Ndlr, c'est à dire d'en faire des prostituées.)

La libération sexuelle pratiquée à une vaste échelle par les femmes durant les années soixante ne les libéra pas mais libéra les hommes afin qu’ils puissent utiliser les femmes hors des contraintes bourgeoises et en cela elle a réussi. Une de ses conséquences pour les femmes fut d’intensifier l’expérience d’être sexuellement typées comme femmes – précisément le contraire de ce que les initiatrices du mouvement avaient envisagé comme avenir. Donc les femmes de gauche se rendant compte qu’elles avaient été baisées quittèrent les mouvements des hommes, la contre-culture et firent un mouvement bien à elles : le mouvement féministe.*

Les femmes de droite savent que ce que veulent vraiment les hommes, droite et gauche confondues, c’est la baise et que le contrôle par elles de leur corps -IVG- est juste un prétexte. Mais elles trouvent la droite un peu plus généreuse : on ne se fait baiser que par un homme dans le cadre du mariage et un homme a moins de "force" que dix. Elles savent que la grossesse permet de responsabiliser un peu les hommes sur les conséquences du coït. Si elles doivent avorter, elles avorteront illégalement, dans le silence, en priant et en espérant échapper à la mort. S’opposer à l’avortement est une folie, le légaliser est le seul moyen d’éviter la boucherie.

Les homo et les juifs pour la droite chrétienne étatsunienne: Les hommes d'un groupe racial (religieux, sexuel) méprisé sont sujets à deux stéréotypes sexuels opposés. Ils sont décrits soit comme des violeurs à la virilité intense et au membre énorme soit comme des castrés, efféminés ou des homos. Exemples les hommes allemands dévirilisés par l’issue de la 1ère guerre mondiale ont alors avili un groupe d’hommes perçus comme plus masculins (les juifs) comme pour retrouver une virilité perdue.. Aux USA, les hommes noirs ont été perçus comme des violeurs seulement après l’ère esclavagiste alors qu'avant, ils étaient considérés comme des enfants efféminés, semblables à des bêtes de somme sans danger, propriétés de leur maître. Après l’abolition de l’esclavage, les hommes blancs, se sentant castrés, créèrent l’image du violeur comme image-miroir de ce qu’ils avaient perdu : le droit au viol systématique des femmes de l’autre race.

L’homosexualité : les femmes jetables et interchangeables en tant qu’objets sexuels, le sont un peu moins en tant que mères. Les femmes de droite se rendent compte que l’humanité des femmes n’est réduite qu’à leur rôle maternel ; les hommes n’ont qu’une raison de garder les femmes en vie : elles peuvent porter leurs enfants. Or l’homosexualité les menace d’être privées même de cela. Certaines femmes ont mis au monde des enfants car c’était pour elles la seule façon d’avoir un peu de valeur. Elles n’ont compté que là-dessus et ne veulent pas perdre cela. La valeur des femmes ne résidant que dans leur valeur reproductive, si leurs enfants sont indésirables, les femmes sont inutiles ; si leurs enfants sont désirables, les femmes ont alors un peu de valeur. Ainsi les femmes pauvres et non blanches, dont les enfants sont indésirables sont stérilisées ou soumises à des programmes de contrôle des naissances.. les femmes blanches sont poussées à se reproduire (médailles, etc.) Les deux faces de la même médaille. 

Les rebuts. De fait, le statut social des personnes âgées s’est fortement dégradé au cours du XXième siècle. Personne ne fait le lien avec le fait qu’avant, les vieux étaient surtout des hommes, alors que maintenant les vieux sont surtout des vieilles. Les femmes âgées,  incapables de se reproduire, n’ont aucune valeur. Ces dernières – majoritairement blanches, car les noires meurent avant – devenues inutiles, sont reléguées dans des hospices où elles connaissent la crasse, l’avilissement et le sadisme. Les jeunes femmes blanches sont empêchées de savoir ce qui les attend du fait justement que ces femmes âgées sont tenues à l’écart. De même la surmédicamentation (tranquillisants, somnifères, amphétamines)… qui touche essentiellement les femmes (perçues comme irrationnelle, émotives..) permet de les maintenir dans leur rôle social, la passivité puis dans le silence et la résignation lorsqu'elles sont au rebut. Si elles vont mal, ce n’est pas à cause des conditions objectives de leur existence, mais parce que ce sont des femmes.

L’assistanat social : les assistées sociales n’ont pas droit à une vie privée: l’Etat fouille dedans pour savoir avec qui elles couchent (ndlr, donc qui les entretient). Il est donc logique de les orienter vers la prostitution (puisqu'elle est d'emblée supposée). Au final, la mission de l’aide sociale est de punir certaines femmes de catégorie indésirable d’avoir eu des rapports sexuels et des enfants surtout hors mariage. Leur souffrance n’est que ce qu’elles méritent. L’aide sociale a au final le rôle de maintenir une main d’œuvre bon marché et de décourager les pauvres ou indésirables racialement de se reproduire.



Il existe deux modèles qui décrivent la façon dont les femmes sont socialement contrôlées et sexuellement utilisées : le modèle du bordel et le modèle de la ferme. Le modèle du bordel est lié à la prostitution au sens strict ; des femmes rassemblées aux fins d’être utilisées pour le sexe par des hommes, dont la fonction est explicitement non reproductive, presque anti reproductive, simples animales en rut ou qui feignent de l’être s’affichant, se pavanant et posant pour le sexe… et le modèle de la ferme, lié à la maternité, aux femmes en tant que classe ensemencées par le mâle et moissonnées, utilisées pour les fruits qu’elles portent, comme des arbres, allant de la vache primée à la chienne pelée, de la jument pur-sang à la triste bête de somme. Ces deux pôles qui semblent opposés ne le sont qu’en apparence. Une femme peut connaître dans sa vie ces deux conditions. Le modèle du bordel, prison où les femmes sont exhibées comme des marchandises, où les hommes aiment les voir à disposition pour avoir du choix.. (idem pour la prostitution de rue) est accepté seulement parce qu’il s’agit de femmes. Elle est crée par l’Etat qui pose toutes les conditions pour que les femmes y soient contraintes. En général, personne ne s’intéresse à leur volonté sauf dans ces débats, où l’on met en avant le prétendu choix des femmes à se prostituer. Il en va de même pour les débats sur la maternité de substitution.


Alors que, traditionnellement, la reproduction entrait dans le cadre du modèle de la ferme, la maternité par substitution la placerait à présent dans le modèle du bordel. Le modèle de la ferme, qui sert au sexe et à la reproduction, est peu efficace. Il implique une relation particulière entre le fermier et sa terre. Le fermier peut ressentir certains sentiments, une certaine tendresse et compassion pour sa terre, même s’il l’exploite. De plus, il y a une certaine valorisation de la maternité. A l’inverse, le modèle du bordel, qui sert seulement aux hommes -pour le sexe- est très efficace: le  joug est trop lourd et les femmes n’arrivent pas à se rebeller collectivement. Or les technologies reproductives vont permettre l’application du modèle du bordel à la reproduction.. qui va devenir une marchandise comme l’est déjà le sexe. 

Les femmes ont trouvé deux solutions très différentes pour survivre dans ce monde d’hommes, celle des femmes de droite est de se plier aux impératifs sexuels et reproductifs des hommes afin d’obtenir des miettes de dignité, (ndlr, parfois en exagérant encore les postures antiféministes que les hommes n'osent plus s'autoriser afin de se faire "bien" voir d'eux*) et celle des féministes, est de voir en chaque femme un être humain (ndlr, et de se battre pour que ce soit socialement acté).
suite ici http://antisexisme.net/2012/12/20/les-femmes-de-droite/

* C'est une manière relativement facile de tirer son épingle du jeu et de conquérir rapidement et à vil prix une popularité sans égale : devant des kapos qui les dispensent, eux, de proférer leurs habituelles éructations puisqu'elle les servent à leur place, les tapis rouges vont forcément se dérouler un à un. Un juif anti sémite, une femme anti féministe, un noir ou arabe au Front National.. constituent des mets très recherchés -assez rares aussi- par les antisémites, anti féministes et racistes du FN. Certaines femmes s'en sont fait un fond de commerce très porteur, voir "comment faire un best seller" http://femmesavenir.blogspot.fr/2013/12/comment-faire-un-best-seller-ou-devenir.html 
ou "Nancy, tu déconnes" http://femmesavenir.blogspot.fr/2012/07/le-feminisme-ca-ne-coute-rien-et-peut.html 
ou "Marcella Yacoub"
http://femmesavenir.blogspot.fr/2013/02/marcela-iakub-le-complexe-de-scarlett.html 
ou "Le prix d'une auteure"


 


Le dossier "le syndrome de Stockholm".


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