Le 19 juillet 2012, le site Bastamag publiait un article d'Agnès Rousseaux et d'Ivan Du Roy, intitulé : "s'initier à l'agroécologie : mode d'emploi" qui faisait l'éloge d'une ferme expérimentale, le mas de Beaulieu de l'association "Terre et Humanisme", situé en Ardèche sur la commune de Lablachère qui existe depuis 1998. Le mythe :
http://www.bastamag.net/article2556.html
La réalité :
http://afisardeche.blogspot.fr/2012/09/humanisme-notre-visite-chez-des.html?spref=fb
Une imposture? un engagement véritable au départ, qui, sous l'effet combiné de sa popularité, de la rudesse d'une terre arride et des besoins s'est transformé au point de s'aligner sur le banal fonctionnement de la pire "entreprise"? Le miroir aux alouettes? Ou comment, à partir de principes écolos impeccables, l'association de Pierre Rabbi présente une vitrine falsifiée qui dessert plus qu'elle ne sert la cause annoncée -quoique cela n'enlève RIEN AUX PRINCIPES EUX-MÊMES-.
Le plus gênant:
--L'exploitation de bébévoles (je laisse).. et "stagiaires", termes impropres car ces bénévoles ici offrent de surcroît un avantage supplémentaire considérable... de devoir payer pour travailler (!)..
--Le fou (flou!) artistique maintenu au sujet des résultats obtenus ("on a fait MIEUX" .. "Mieux que les agriculteurs trad?" .. "Mieux que l'an dernier" (!) Maladresse de sociologues amateurs ou volonté délibérée d'accrocher le chaland, les médias et le sponsor?) ..
--L'ethnocentrisme à la fois candide et insupportable de spécialistes auto proclamés prétendant "enseigner" et exporter partout.. notamment en Afrique (!) leur expérience et leur savoir, eux qui vivent principalement de "stages", de dons, de "bénévoles" et de sponsors.
Extraits :
L'association est née en 1994, d'abord sous le nom des "Amis de Pierre Rabhi" mais, à la demande de celui-ci, le nom change en 1998 pour éviter de donner l'impression du culte de la personnalité d'un gourou (!) Sa biographie est rapidement évoquée.
Le Mas de Beaulieu est acheté en 1998. Sa surface à moins d'un hectare. "Ce qui fait qu'on a très peu d'espace pour cultiver, donc c'est avant tout un lieu d'expérimentation, et un lieu de production aussi, quand même, malgré tout, puisque ça permet de nourrir en partie les bénévoles et les stagiaires ; et un lieu où l’on essaie de construire des rapports humains différents".
"La mission vraiment de Terre et Humanisme, c'est de diffuser et transmettre l'agroécologie en France ou à l'international".
TetH accueille entre 150 et 170 bénévoles par an. Ils ont beaucoup de demandes, alors ils limitent la durée de bénévolat à une ou deux semaines. D'ailleurs sur le site, il est indiqué que c'est complet jusqu'en octobre. On apprend aussi dans le chapitre "devenez bénévole", que le bénévole s'engage à travailler 6 heures minimum par jour, "La durée de participation aux activités est de 6 heures minimum par jour (début de la journée de travail de bonne heure pendant l’été !)", mais aussi qu'il doit payer .. ((!) "Une participation solidaire aux frais inhérents à votre séjour vous sera demandée : 4 euros par jour en période de formation, 3 euros hors période de formation" en plus de l'obligation d’adhérer à l'association pour 16 euros. Petit calcul : 10 jours X 6 heures par jour X 150 personnes = 9 000 heures de travail gratuit par an. Au tarif de 10 euros/heures -pour arrondir- on a donc un rapport-travail de 90 000 euros par an des bénévoles ; pour ce qui est de leur rapport-argent, le prix des participation, 14 000 euros ajouté à celui des inscriptions, 5600 euros donne 19 600 euros par an dont l'ensemble tout confondu = 109 600 euros par an soit environ 9 700 euros par mois. Souvent les employeurs se plaignent du coût trop élevé de la main-d’œuvre en France, même lorsqu'elle est au SMIC, TetH a trouvé une solution à ce problème: gratuitement. Les bénévoles sont hébergés en camping s’ils le souhaitent et ont accès à des salles de bain, à des toilettes sèches et à une cuisine où TetH "met la nourriture de base à leur disposition (céréales, légumineuses, huile, condiments, sucre, thé, café…)"
"Ils participent vraiment à la vie de l'association : ils travaillent dans les jardins, mais aussi à l'intérieur [par exemple pour la transformation des produits récoltés]".
Il y a aussi les 200 "stagiaires" par an, c'est à dire encore de la main d’œuvre qui paie mais cette fois pour "apprendre" (et aussi pour travailler et dont le travail n'est même pas reconnu : "les stagiaires ne travaillent pas est-il annoncé, ils sont là pour apprendre"... - d'où le coût des "stages"- ... sauf qu'au cours de la visite, on verra des rangées entières de légumes buttés -terre mélangée de foin et de fumier et aérée !.. par eux, si ce n'est pas du travail, et éreintant, qu'on me dise ce qu'est le travail.-).. ce qui est justifié par la "Transmission par le biais de formation de ceux qui viennent suivre une formation d'une semaine à Terre et Humanisme (…) ça, c'est une de nos ressources principales." On veut bien le croire lorsque l'on regarde les tarifs pratiqués. Pour un stage d'initiation à l'agroécologie d'une durée de 5 jours, le prix minimum est de 350 euros, mais si on le souhaite, on peut payer davantage, bien sûr. Prenons le tarif du stage le moins onéreux et multiplions-le par le nombre de stagiaires reçus par an : 200 X 350 = 70 000 et si on y ajoute 3 200 d'adhésion obligatoire on a 73 200 euros par an (sans compter leur temps de travail, car comme nous le verrons un stagiaire à TetH a un travail réellement productif). On obtient donc tout compris bénévoles + stagiaires un rapport de 182 800 euros par an soit 15 200 euros par mois. Il est clair qu'avec cette somme, même avec un rendement minime voire aucun rendement, l'exploitation peut largement prospérer.
Ce n'est pas tout. L'association vit aussi grâce à ses adhérents et donateurs et aux souscripteurs du livret Agir mis en place par le Crédit Coopératif, banque "éthique et solidaire". Les souscripteurs du livret choisissent de partager leurs intérêts avec une association de leur choix. "Ça nous permet de mener nos actions de sensibilisation en France et des programmes à l'International."
Le chargé de communication de TetH finit son exposé par une présentation des projets de solidarité internationale : Mali, Burkina Faso, Sénégal, Maroc, Cameroun. Les membres de l'association ont l'air très attachés au fait que ces projets soient portés par les paysans africains eux-mêmes. Ils ont souvent lieu dans des zones très sèches, mais "le Cameroun nous permet d'expérimenter et de tester les techniques agroécologiques dans un milieu complètement différent, un milieu tropical humide avec de très bonnes terres. Là, ils ne sont pas en recherche d'autonomie alimentaire, c'est le grenier à blé de l'Afrique, ils sont plutôt dans une recherche de préservation des sols et de lutte contre les intrants chimiques". Louables intentions même si l’on a du mal à comprendre dans cette présentation quelles sont les qualifications particulières de l'association et de ses membres pour aller former des -vrais- paysans à l'autre bout du monde.. qui, par nécessité, sont habitués aux méthodes agronomiques traditionnelles adaptées à leurs sols particuliers, et se passent dans la grande majorité des cas de tout intrant chimique... faute de pouvoir les payer. La présentation en reste au niveau des principes et présuppose comme si cela allait de soi que les français de Terre et Humanisme avaient forcément quelque chose à apprendre aux paysans maliens ou burkinabés -principe banal de tout colonialisme qui se respecte-...
[..... absence de chiffres réels, -parfois ils semblent un peu jouer sur les mots- renvoi de l'un à l'autre pour des précisions qui n'arrivent jamais, des réponses sous forme de professions de foi, des plantes bouffées par des insectes, une production minime et peu engageante, des fruits -et de l'eau- gaspillés qui pourrissent au sol ou sur l'arbre, des méthodes limites dangereuses -pour ce qui est du fumier par exemple- des propos ésotériques incompréhensibles.. la conclusion est la suivante: contrairement à l'article d'accroche, ceux qui prétendent exporter internationalement leurs "méthodes" pour vivre en auto suffisance n'en sont pas capables eux-mêmes... puisqu'il doivent avoir massivement recourt à des aides extérieures et à l'exploitation de travailleurs gratuits leur permettant de vivre plutôt bien.
Ce sont manifestement l'amateurisme et l'idéologie qui prévalent ici, avec une petite touche de croyances ésotériques qui finit de décrédibiliser l'entreprise. Dans la présentation initiale qui nous a été faite par le chargé de communication, la ferme agroécologique se présentait comme étant à la fois un lieu de production et d'expérimentation : en termes de production, le résultat nous a semblé plutôt désastreux.. au point que la présentation initiale qui évoquait le rapport De Schutter et la possibilité de nourrir la planète avec les méthodes de l'agroécologie nous est apparue rétrospectivement d'une prétention frisant l'indécence.
..
En termes d'expérimentation, le résultat est là aussi confondant, voire désarmant, puisque les animateurs n'ont tout simplement aucune notion de la moindre procédure expérimentale rigoureuse qui leur permettrait de valider quelque expérimentation que ce soit.
Après avoir constaté sur place la réalité de la situation, on est d'autant plus sidérés de retrouver en ligne sur le site de l'Express une interview du "directeur" de Terre et Humanisme, qui ose prétendre que "nous avons de bons résultats avec nos potagers" et que "les agricultures bio et biodynamique donnent de meilleurs résultats que l'agriculture conventionnelle."
Au Mas de Beaulieu, l'image donnée, celle d'une aspiration à l'autosuffisance alimentaire avec même l'ambition de nourrir la planète avec ces méthodes est totalement virtuelle: en réalité, le centre expérimental n'arrive à afficher ses très maigres résultats que sur la base d'un apport massif d'aide extérieure, que ce soit sous forme d'argent [stagiaires, donateurs, souscripteurs], de recours systématique et généralisé au travail gratuit, et d'intrants venus de l'extérieur qui sont soit achetés avec les deniers des donateurs — en ce qui concerne la fameuse paille, omniprésente et le terreau de semis pour préparer tous les jeunes plants qu'ils utilisent dans les jardins mais aussi qu'ils vendent—, soit offerts par d'autres agriculteurs – en ce qui concerne le fumier–. Avant de prétendre et de donner des leçons pour nourrir la planète, il faudrait donc que Terre et Humanisme soit déjà un minimum capable de se nourrir par elle-même avec ses propres efforts, ce qui est très très loin d'être le cas.
"La mission vraiment de Terre et Humanisme, c'est de diffuser et transmettre l'agroécologie en France ou à l'international".
TetH accueille entre 150 et 170 bénévoles par an. Ils ont beaucoup de demandes, alors ils limitent la durée de bénévolat à une ou deux semaines. D'ailleurs sur le site, il est indiqué que c'est complet jusqu'en octobre. On apprend aussi dans le chapitre "devenez bénévole", que le bénévole s'engage à travailler 6 heures minimum par jour, "La durée de participation aux activités est de 6 heures minimum par jour (début de la journée de travail de bonne heure pendant l’été !)", mais aussi qu'il doit payer .. ((!) "Une participation solidaire aux frais inhérents à votre séjour vous sera demandée : 4 euros par jour en période de formation, 3 euros hors période de formation" en plus de l'obligation d’adhérer à l'association pour 16 euros. Petit calcul : 10 jours X 6 heures par jour X 150 personnes = 9 000 heures de travail gratuit par an. Au tarif de 10 euros/heures -pour arrondir- on a donc un rapport-travail de 90 000 euros par an des bénévoles ; pour ce qui est de leur rapport-argent, le prix des participation, 14 000 euros ajouté à celui des inscriptions, 5600 euros donne 19 600 euros par an dont l'ensemble tout confondu = 109 600 euros par an soit environ 9 700 euros par mois. Souvent les employeurs se plaignent du coût trop élevé de la main-d’œuvre en France, même lorsqu'elle est au SMIC, TetH a trouvé une solution à ce problème: gratuitement. Les bénévoles sont hébergés en camping s’ils le souhaitent et ont accès à des salles de bain, à des toilettes sèches et à une cuisine où TetH "met la nourriture de base à leur disposition (céréales, légumineuses, huile, condiments, sucre, thé, café…)"
"Ils participent vraiment à la vie de l'association : ils travaillent dans les jardins, mais aussi à l'intérieur [par exemple pour la transformation des produits récoltés]".
Il y a aussi les 200 "stagiaires" par an, c'est à dire encore de la main d’œuvre qui paie mais cette fois pour "apprendre" (et aussi pour travailler et dont le travail n'est même pas reconnu : "les stagiaires ne travaillent pas est-il annoncé, ils sont là pour apprendre"... - d'où le coût des "stages"- ... sauf qu'au cours de la visite, on verra des rangées entières de légumes buttés -terre mélangée de foin et de fumier et aérée !.. par eux, si ce n'est pas du travail, et éreintant, qu'on me dise ce qu'est le travail.-).. ce qui est justifié par la "Transmission par le biais de formation de ceux qui viennent suivre une formation d'une semaine à Terre et Humanisme (…) ça, c'est une de nos ressources principales." On veut bien le croire lorsque l'on regarde les tarifs pratiqués. Pour un stage d'initiation à l'agroécologie d'une durée de 5 jours, le prix minimum est de 350 euros, mais si on le souhaite, on peut payer davantage, bien sûr. Prenons le tarif du stage le moins onéreux et multiplions-le par le nombre de stagiaires reçus par an : 200 X 350 = 70 000 et si on y ajoute 3 200 d'adhésion obligatoire on a 73 200 euros par an (sans compter leur temps de travail, car comme nous le verrons un stagiaire à TetH a un travail réellement productif). On obtient donc tout compris bénévoles + stagiaires un rapport de 182 800 euros par an soit 15 200 euros par mois. Il est clair qu'avec cette somme, même avec un rendement minime voire aucun rendement, l'exploitation peut largement prospérer.
Ce n'est pas tout. L'association vit aussi grâce à ses adhérents et donateurs et aux souscripteurs du livret Agir mis en place par le Crédit Coopératif, banque "éthique et solidaire". Les souscripteurs du livret choisissent de partager leurs intérêts avec une association de leur choix. "Ça nous permet de mener nos actions de sensibilisation en France et des programmes à l'International."
Le chargé de communication de TetH finit son exposé par une présentation des projets de solidarité internationale : Mali, Burkina Faso, Sénégal, Maroc, Cameroun. Les membres de l'association ont l'air très attachés au fait que ces projets soient portés par les paysans africains eux-mêmes. Ils ont souvent lieu dans des zones très sèches, mais "le Cameroun nous permet d'expérimenter et de tester les techniques agroécologiques dans un milieu complètement différent, un milieu tropical humide avec de très bonnes terres. Là, ils ne sont pas en recherche d'autonomie alimentaire, c'est le grenier à blé de l'Afrique, ils sont plutôt dans une recherche de préservation des sols et de lutte contre les intrants chimiques". Louables intentions même si l’on a du mal à comprendre dans cette présentation quelles sont les qualifications particulières de l'association et de ses membres pour aller former des -vrais- paysans à l'autre bout du monde.. qui, par nécessité, sont habitués aux méthodes agronomiques traditionnelles adaptées à leurs sols particuliers, et se passent dans la grande majorité des cas de tout intrant chimique... faute de pouvoir les payer. La présentation en reste au niveau des principes et présuppose comme si cela allait de soi que les français de Terre et Humanisme avaient forcément quelque chose à apprendre aux paysans maliens ou burkinabés -principe banal de tout colonialisme qui se respecte-...
[..... absence de chiffres réels, -parfois ils semblent un peu jouer sur les mots- renvoi de l'un à l'autre pour des précisions qui n'arrivent jamais, des réponses sous forme de professions de foi, des plantes bouffées par des insectes, une production minime et peu engageante, des fruits -et de l'eau- gaspillés qui pourrissent au sol ou sur l'arbre, des méthodes limites dangereuses -pour ce qui est du fumier par exemple- des propos ésotériques incompréhensibles.. la conclusion est la suivante: contrairement à l'article d'accroche, ceux qui prétendent exporter internationalement leurs "méthodes" pour vivre en auto suffisance n'en sont pas capables eux-mêmes... puisqu'il doivent avoir massivement recourt à des aides extérieures et à l'exploitation de travailleurs gratuits leur permettant de vivre plutôt bien.
Ce sont manifestement l'amateurisme et l'idéologie qui prévalent ici, avec une petite touche de croyances ésotériques qui finit de décrédibiliser l'entreprise. Dans la présentation initiale qui nous a été faite par le chargé de communication, la ferme agroécologique se présentait comme étant à la fois un lieu de production et d'expérimentation : en termes de production, le résultat nous a semblé plutôt désastreux.. au point que la présentation initiale qui évoquait le rapport De Schutter et la possibilité de nourrir la planète avec les méthodes de l'agroécologie nous est apparue rétrospectivement d'une prétention frisant l'indécence.
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En termes d'expérimentation, le résultat est là aussi confondant, voire désarmant, puisque les animateurs n'ont tout simplement aucune notion de la moindre procédure expérimentale rigoureuse qui leur permettrait de valider quelque expérimentation que ce soit.
Après avoir constaté sur place la réalité de la situation, on est d'autant plus sidérés de retrouver en ligne sur le site de l'Express une interview du "directeur" de Terre et Humanisme, qui ose prétendre que "nous avons de bons résultats avec nos potagers" et que "les agricultures bio et biodynamique donnent de meilleurs résultats que l'agriculture conventionnelle."
Au Mas de Beaulieu, l'image donnée, celle d'une aspiration à l'autosuffisance alimentaire avec même l'ambition de nourrir la planète avec ces méthodes est totalement virtuelle: en réalité, le centre expérimental n'arrive à afficher ses très maigres résultats que sur la base d'un apport massif d'aide extérieure, que ce soit sous forme d'argent [stagiaires, donateurs, souscripteurs], de recours systématique et généralisé au travail gratuit, et d'intrants venus de l'extérieur qui sont soit achetés avec les deniers des donateurs — en ce qui concerne la fameuse paille, omniprésente et le terreau de semis pour préparer tous les jeunes plants qu'ils utilisent dans les jardins mais aussi qu'ils vendent—, soit offerts par d'autres agriculteurs – en ce qui concerne le fumier–. Avant de prétendre et de donner des leçons pour nourrir la planète, il faudrait donc que Terre et Humanisme soit déjà un minimum capable de se nourrir par elle-même avec ses propres efforts, ce qui est très très loin d'être le cas.
En revanche, le Mas de Beaulieu est top si l'on considère qu’il n’est pas une ferme mais un outil de communication. Il faut le considérer comme une vitrine de l’association. S’il était bien agencé, si en 10 ans T&H en avait fait un vrai terrain d'expérience agronomique cohérent avec les contraintes que cela implique, ils perdraient certainement leur fond de commerce et leurs bénévoles. Mais justement, le Mas représente exactement ce que le curieux vient chercher, une pseudo modernité (écolo-filtration, récupération d'eau…) et la nature dans un bordel bien organisé.... enfin, "bien" n'est pas le mot. Et en plus, on peut y voir ou faire des expériences si l'on prend expérience dans le sens de ce qu'un gamin expérimente en salle de classe et si "production" veut dire que les graines germées ont fait des pousses.
Mais tout cela est-il si grave, après tout ?
Non tant que l'on est simplement face à des jardiniers amateurs habiles à se vendre et vivant de l'aide de fans, aux expérimentations sans méthode présentées à des convaincus d'avance ravis de voir leurs théories confirmées. Que, en captant au passage "des énergies cosmiques aqueuses concentrées dans un un estomac de cerf rempli de fumier" (!) Terre et Humanisme joue avec un hectare de terrain comme des enfants avec un bac à sable, subventionné un peu par l'ADEME et le Conseil Général, cela ne regarde que Terre et Humanisme et ceux qui décident de leur fournir du travail et de l'argent.
Mais là où notre sympathie envers des gens que nous avons trouvés de compagnie agréable trouve ses limites, c'est lorsque deux lignes rouges sont franchies :
Lorsque Terre et Humanisme affirme intervenir dans des lycées agricoles de la région, c'est à dire dans des établissements laïcs où sont normalement enseignés des savoirs validés selon une démarche scientifique. Là, on est scandalisé de l'apprendre... à condition que ce soit avéré. En effet, le site Internet de l'association, lorsqu'il évoque ses activités, ne mentionne pas ces interventions en milieu scolaire. Nous avons oublié de poser la question sur place, mais le jour même nous avons téléphoné puis écrit à l'association afin de savoir quel lycée avait été le théâtre de quelle intervention. En l'absence de réponse à ce jour, malgré nos relances, on ne peut donc pas exclure qu'il s'agisse d'une autre information bidon relayée par Bastamag.
Mais surtout, lorsque Terre et Humanisme explique que les méthodes agro écologiques qu'elle promeut sont capables de nourrir 9 milliards d'habitants au XXIe siècle et quand elle prétend, dans une sorte d' écolo-ethnocentrisme candide, aller dans d'autres endroits du monde expliquer aux paysans comment il faut s'y prendre chez eux pour assurer leur subsistance alors que les "formateurs" ne sont déjà pas capables de le faire pour eux, nous sommes plutôt gagnés par une forme de colère. Parce que les paysans du Mali ou du Cameroun, eux, n'ont pas des donateurs croyants pour les soutenir financièrement ou pour leur fournir des centaines d'heures de travail gratuit (la majorité des gens qui souffrent de faim sur cette planète sont paradoxalement des paysans, à qui le système économique refuse les moyens de sortir de la pauvreté.)
Pendant ce temps, Terre et Humanisme théorise (sans conséquence pour elle, puisqu'elle vit sous perfusion) et prétend exporter sa propre incapacité. C'est cela qui nous semble insupportable.
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