mercredi 26 février 2014

Le pervers narcissique, une notion galvaudée et contradictoire. On ne naît pas pervers, on le devient




Popularisé -un peu trop, ou mal- dans les années 90, le pervers narcissique serait un sociopathe prédateur détruisant l'identité de sa victime par la manipulation mentale ou le harcèlement. ("Secret de famille, pouvoir et violence dans des milieux au dessus de tout soupçons", HL) Le terme a ensuite, dans la psy popu, filé vers un jugement de valeur, et le concept galvaudé au travers d'une stigmatisation de l'individu et au détriment de la notion sociopathologique est devenu inopérant. Note: en dehors de quelques rares auteurs, la perversion dite narcissique n'est -à juste titre- pas reconnue en psychiatrie comme une notion différente de la perversion (qui suffit elle même à expliquer les caractéristiques inhérentes au soi disant "PN".)

La perversion narcissique est cependant décrite par Racamier dès 86 comme une organisation durable caractérisée par la capacité à se mettre à l'abri des conflits internes, du deuil.. en se faisant valoir au détriment d'un sujet-objet manipulé comme ustensile ou faire-valoir. (Racamier ne cherche pas à qualifier des individus mais à identifier et à traquer l'origine d'un dysfonctionnement dans les interactions des processus des familles et des groupes, mais il pointe la dangerosité des PN.) La perversion étant l'instrumentalisation de l'humain et toutes les entreprises de désubjectivation, la PN ne diffère pas de la perversion tout court. De plus, le concept est issu de l'association de deux notions psychanalytiques freudiennes, perversion et narcissisme... contradictoires!
.
Car le narcissisme, caractérisé par une très grande souffrance intérieure, apparait souvent à la suite de traumatismes et ceux qui en souffrent sont souvent des personnes aux affects exacerbés. (L'intérêt excessif pour l'image de soi associant sa survalorisation et la dévalorisation de l'autre est habituel chez l'enfant, courant chez l'adolescent, mais l'installation durable de cette attitude compensatoire chez l'adulte est répertoriée dans le classement international des maladies dans la catégorie des troubles spécifiques de la personnalité: un narcissique a donc éternellement 9-10 ans.) Tandis qu'à contrario, les personnalités perverses, dénuées de tout sentiment, choisissent de renier leur sensibilité et leur humanité pour pouvoir dominer l'autre, l'écraser, sa destruction procurant une jouissance au prédateur, sans limite dans la mise en œuvre de la cruauté (sadisme, soft ou hard etc..) Le pervers excelle à créer une collusion avec sa ou ses victimes. (Voir "le syndrome de Stockholm" où Adèle, pourtant victime elle aussi, dénie malgré l'évidence la maltraitance qu'a subie sa sœur -et elle-même- elle va jusqu'à l'en accuser... et s'attaque violemment à une out sider qui a osé violer l'omerta -pour aider une tierce victime-... on pourrait titrer l'article "mieux vaut violer sa fille que l'omerta qui régit une famille bien sous tout rapports".)

Mais la contradiction n'est peut-être qu'apparente : le trouble de la personnalité narcissique pourrait être compensé par la pulsion inverse du pervers, la souffrance du narcissique se trouvant donc annulée par la perversion qui obère les affects.. Les affects du pervers narcissique seraient à la fois sous et sur développés. Il a besoin des autres (ou de ce qui figure l'autre) comme ustensiles pour échapper à sa conflictualité interne, c'est le cas de tous, mais chez lui, cette conflictualité interne revêt des proportions si dramatiques qu'il ne peut que l'instrumentaliser. -En ce sens, il est hyper affectif-. Il a souvent subi une famille -ou une mère seulement- qui a conditionné son amour à un mérite, le forçant ainsi à agir d'une manière dont il n'était pas capable, au dessus de ses forces, un amour jamais obtenu -en soi- ou toujours sous conditions, le bouchon étant lancé à chaque fois un peu plus loin : d'un artiste rêveur, on a voulu faire un homme d'affaire impitoyable, d'un amoureux romantique, un marié par "raison" etc : la perversion se transmet. Son vide est là. Il faut le remplir. De fait ce besoin des autres compulsionnel s'accompagne d'une négation de l'autre : l'autre n'existe pas. Un objet ne pourra pas s'en aller. Pour le réifier, il est prêt à tout. A la limite, son besoin est tellement violent qu'il vit dans la peur de perdre celui/celle qu'il a ferré/e, de se retrouver seul. Il est donc en quelque sorte à sa merci.

La perversion est l'action de détourner quelque chose de sa vraie nature (tourner à l'envers). Cette organisation perverse serait caractérisée par une apparence de génitalité, de fonctionnement social adapté voire hyper adapté et mentalisé... alors qu'on a affaire à un déni de la réalité. (Image "ceci est une trottinette.") Le pervers vit "comme si", dans un monde fictif qu'il a créé ou qu'on l'a accoutumé à créer, avec un/e autre fictif qu'il a aussi créé -comme lui-même a été créé- et qu'il modèle à ses désirs (point commun avec le narcissique). Et du coup, il se croit à l'origine de la loi : la loi, c'est lui. Le camion EST une trottinette s'il l'a décidé. (D'où la délinquance.) La perversion est une anti-relation, elle EST ISSUE D'UNE SOCIÉTÉ QUI, BIEN QUE FAISANT SEMBLANT DE LA STIGMATISER, L'A ÉRIGÉE EN VALEUR ABSOLUE, elle provient et ne produit que des rapports de force donc de pouvoir: séduction, emprise, domination et joue sur tous les tableaux, mêlant l’inversion de la réalité à la banalisation des situations graves au déni des actes profanateurs. Le réel, c'est ce que je DIS QUI EST LE RÉEL. (Le "pervers" agit ainsi simplement sur le modèle des publicitaires, exemple du clip clamant "gardez le goût des choses simples" qui vante des saucisses contenant plus de produits chimiques que de nourriture.) Elle prône le non-respect de l’intimité, l'obtention de confidences forcées, (sur le modèle des ventes de public par des sites à des commerciaux qui ainsi cibleront mieux leur marché potentiel) retourne les situations en défaveur de la vérité et empoisonne l'autre pour le garder prisonnier.. (voire le déstabiliser au point de le rendre "fou" toujours sur le modèle des publicitaires qui dénigrent l'individu -gros, moche, vieux- pour lui fourguer sa crème miracle au paraben.) http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/02/lart-de-rendre-lautre-fou.html La famille est souvent le terrain fertile où la perversion s’enracine. Voir les vidéos.

L'ARTICLE DU POINT DE VUE SOCIOLOGIQUE
Pour une analyse marxiste du concept de perversion narcissique


LE DOSSIER
http://femmesavenir.blogspot.com/2014/02/pervers-narcissiques-le-dossier.html 

EN TROIS IMAGES
http://femmesavenir.blogspot.com/2014/02/perversion-dite-narcissique-en-trois.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire