dimanche 23 février 2014

Nathalie Wood, les dessous de Hollywood, fric, guimauve, pédophilie, alcool et omerta

Une petite fille obéissante


En regardant le film d'Arte, on est sidéré par la manière extraordinairement légère avec laquelle sa biographe (et, moindrement, sa sœur elle-même) parlent de l'actrice, dès son plus jeune âge "dressée" par une mère immigrée russe ambitieuse et impitoyable à la séduction, à l'acharnement, à endurer.. ainsi qu'à la soumission (à qui peut vous propulser) et aux combines. Réussir à tout prix, le rêve américain. Emberlificoter. Et ça marche! Sous la guimauve, le marouflage d'une gamine à qui on ordonne de poursuivre un inconnu (metteur en scène déjà harcelé par des starlettes vocatives à nattes.. ou plus exactement leurs mères), d'aller s'asseoir sur ses genoux, de pleurer, de l'embrasser.. C'est ainsi qu'elle obtient ses premiers rôles et qu'elle fera vivre toute sa famille dès l'âge de 6 ans. C'est ainsi qu'elle sera très vite une star d'un professionnalisme sans faille: blessée au cours d'un tournage au cours duquel un pont s'effondre et la projette dans l'eau (dont elle a une peur phobique, une gitane ayant prédit à sa mère qu'elle mourrait.. noyée!) les caméras continuant de tourner sans que personne ne lui vienne en aide, surtout pas, (une aubaine, la terreur véritable qui se lit sur son visage), elle parviendra seule à se hisser mais se fracturera le poignet sans que la maman ne la fasse soigner: il faut continuer à tourner, ne pas se plaindre, une cohorte de petites filles tout aussi mignonnes et plus dégourdies sont sur les starting blocks derrière elle. Et elle continuera, surmontant sa douleur. Elle en gardera des séquelles, une déformation, les os se ressoudant mal.
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Et c'est le succès. L'argent. Avisée, sa mère ne claque pas tout et même le fait fructifier. Nathalie, femme d'affaires inattendue, fera de même ensuite, exigeant, ce qui alors est une première, une participation aux bénéfices des films dont elle suppose qu'ils vont rapporter gros. C'est ainsi qu'elle se constitue une petite fortune.



 
 Mais le passage à l'âge adulte est encore plus dramatique : les enfants stars ne tiennent pas et en général sont aussitôt oubliés, il n'y a qu'une exception, Liz Taylor. Si leurs parents ont tout dilapidé, il arrive qu'ils finissent dans la misère. C'est l'angoisse. Fini peut-être la manne, la gloire, le luxe, les paillettes. Mais elle -ou plus exactement sa mère- ne lâche rien, toujours en chasse. Elle a fait de sa fille un enfant star, elle en fera une femme star. Au cours d'un rendez-vous inespéré avec un metteur en scène où elle se rend avec Nathalie adolescente (moins de 16 ans) donc au tournant dangereux qui risque de lui être fatal, le gars la viole, "j'ai toujours rêvé de me faire une adolescente" s'exclame-t-il, hors de lui, en la voyant... Et on lui ordonne de se taire : une plainte et c'en serait fini de sa carrière. Elle aura le rôle. Puis d'autres. De cette "mésaventure" on ne parle plus, jamais. Mais elle a laissé de traces. Par la suite, elle aura besoin de deux heures de thérapie plusieurs fois par semaine pour liquider ce passé.. au point de refuser des films qui l'éloigneraient de son psy.

Et c'est le miracle : l'enfant star est devenue une jeune fille puis une femme star, même si ses films ne sont pas tous de très haut niveau. En même temps (depuis quand?) c'est l'alcool, les bringues, les amants qui s'enchaînent, en général utiles (acteurs célèbres, décideurs de Hollywood, jet set), plusieurs de front parfois, par béguin ou pour multiplier les chances. Une séquelle banale des viols? (Puisque j'ai été traitée comme un morceau de viande dans l'indifférence de tous, à mon tour d'en faire autant.. mais à mon compte.) "Elle était comme ça -dit benoîtement une amie- c'était sa manière à elle de tenir les hommes." Mais elle n'a pourtant rien de réellement vénal -elle refusera plusieurs richissimes mariages-, seule sa carrière l'intéresse, l'obnubile. En un sens, quelle que soit la manière -paradoxale!- dont elle s'y prend pour atteindre son but, elle se veut une femme libre, riche, indépendante -et elle l'est-. Elle épouse d'abord Robert Wagner qu'elle aurait "repéré" lorsqu'elle avait 12 ans et dont elle aurait dit "il sera mon mari".. puis, Hollywood, le travail.. les dévore et les sépare, ils divorcent; viendront plusieurs autres mariages qui s'enchaînent... dont un avec un acteur homosexuel qu'elle pince dans le jardin de leur superbe maison hollywoodienne.. avec un homme.. ça arrive.

Et puis, il y a les retrouvailles avec Robert Wagner, probablement celui qu'elle a le plus aimé, lui aussi divorcé au même moment. Re mariage qu'elle veut discret sur le yacht de Robert.. (mais sa propre sœur vend les photos!) L'embellie seront ses deux enfants -malgré son divorce avec le ou plutôt les pères-. Enfin, elle peut vivre pour elle-même, se permettre de refuser des films (dont certains l'auraient propulsé sans doute beaucoup plus haut, Vanessa Redgrave par exemple prendra le rôle de Bonny qu'elle a refusé, avec le succès que l'on sait) pour ne pas s'éloigner d'eux -et de son thérapeute-; elle a largement assuré ses arrières, il n'y a plus péril en la demeure, elle n'est plus au temps où pour un rôle elle faisait avec sa mère le siège d'un metteur en scène des jours entiers afin de pouvoir l'accrocher, lui prendre la main et jouer de ses yeux marrons irrésistibles. Elle est devenue une mère. La vie de rêve à nouveau, luxe, famille, enfants, elle et Robert incarnent le modèle américain qui fut toujours le sien, enfoncé en elle par sa mère comme une cheville dans un tasseau, mais démultiplié, version Hollywood, argent, glamour et bonbons roses, clichés.. et à présent têtes blondes, qui ravit les médias.. Quelques films, certains de piètre qualité, elle n'est pas une actrice de film d'art (exception, avec Kazan) mais grand public.

                                           Nathalie Wood et Christopher Walken (tournage film)

 Et c'est le drame, le jour même de "thanksgiving", commémorant l'arrivée du Mayflower en Amérique, en novembre 81, (tout est symbole dans l'histoire!) c'est l'occasion d'une virée sur le "Splendide" (leur bateau!) avec Robert Wagner.. et Christopher Walken, un jeune acteur (avec lequel elle entretiendrait une liaison), un repas dans une île, arrosé, très arrosé.. retour au yacht. Ils sont seuls : une femme, deux hommes -peut-on compter un capitaine sans yeux ni oreilles qui n'est là que pour faire marcher le navire?- Malsain. Une dispute entre le mari et Walken, Nathalie s'interpose, le jeune acteur s'en va bravement se coucher, et ça repart, entre Nathalie et Wagner cette fois ; l'alcool aidant, le ton monte, reproches réciproques d'infidélité etc... Une voisine dont le bateau mouille pas très loin entend des cris de femme "au secours" mais ne s'en mêle pas. Ce sont leurs affaires, après tout. Le capitaine ? Idem, il ne veut pas être en tiers et reste dans sa cabine. Un bruit pourtant, sourd, plus fort que les autres. Puis plus rien. Le marin monte, Nathalie n'est plus là, il veut appeler les secours, Wagner lui ordonne de n'en rien faire : elle a dû prendre le canot pour retourner à terre, c'est tout. Les appels "au secours"? S'il les a entendus, il n'est pas payé pour poser des questions et n'en pose pas. Les patrons savent ce qu'ils font. Au matin, lorsqu'enfin l'alerte sera donnée, on retrouvera Nathalie morte, pas trop loin, vers la côte. Non pas noyée selon certaines thèses (ses poumons sont remplis d'air puisque le corps flotte)... controversées selon d'autres (de la mousse blanchâtre sur ses lèvres) mais sans doute plus ou moins assommée ; il y a aussi des traces sur son corps que l'on n'investiguera pas, des bleus de 2 à 5 cm sur les poignets, les bras, les genoux, sur une joue.. faits ante mortem -ils ont saigné-, mais dont on ne sait s'ils datent d'avant la chute dans l'eau ou du moment où elle aurait heurté le canot. Probablement avant la chute car la disposition des principaux (poignets, bras..) n'est pas compatible avec un choc accidentel contre un obstacle dur -ce que le canot n'est pas-. (Mais elle est tout à fait compatible avec une saisie violente et des coups par un meurtrier.) Bien que blessée -de coups et/ou assommée toute seule-, elle aurait nagé pendant une heure avant de mourir, tout près de la côte. En effet, tenter d'atteindre la rive à la nage était la seule solution (mais elle nageait mal et l'eau était glacée), le canot lui ayant échappé et dérivant, et personne, mari, amant, le capitaine, (ni la plaisancière d'à côté) n'étant venu à son secours du bateau.. Elle est donc morte d'épuisement et/ou d'hydrocution dans l'indifférence générale, de l'indifférence, notamment de ceux qu'elle aimait. L'autopsie semble avoir été bâclée puisqu'au visu des compte-rendus, le légiste qui les a examinés récemment a changé la conclusion de son prédécesseur -"mort accidentelle"- en "mort de cause inconnue", ce qui constitue un désaveu flagrant.  



Des années après, Dennis Davern, le capitaine, parlera -d'abord avec précaution, puis de plus en plus clairement.. quoique? Peut-être a-t-il encore à dire, lui qui ne livre la vérité que par épisodes de plus en plus hard tous les 5 ans ?-, culpabilisé. A moins qu'il ne veuille faire vendre le livre qu'il a consacré à l'histoire? Peut-être les deux. Note : il est aussi acteur. (Non assistance à personne en danger? Nul n'y songe, il n'est qu'un employé, aux ordres comme tout bon employé.) Il y a eu une dispute, des coups qu'il a entendus, puis plus rien. Il suppose que Wagner l'a précipitée à l'eau sans le faire exprès, en la bousculant.. mais ensuite lorsqu'il est survenu sur le pont, le boss lui a donc interdit d'appeler les secours ou d'aller la chercher. "Ça lui apprendra" aurait-il seulement répondu en se remettant à boire encore et encore. Sa sœur aussi interroge, parle, mais elle, depuis toujours. En vain. Un accident en effet, relié à une "bagarre" avec Wagner suppose-t-elle sur le ton léger dont elle ne se départ jamais tout au cours de l'interview.. ("Bagarre!" semble étrange et inapproprié pour désigner une altercation violente entre un athlète de 1 m 80 et 85 kg et une femme menue de 1 m 57 et 45 kg, je dirais plutôt qu'il l'a frappée, bousculée, voire rouée de coups), Wagner qui aurait crié peu avant le choc "tu vas virer de mon bateau!" La victime a-t-elle, selon la version officielle (celle de Wagner) tenté de partir, (malgré sa phobie de l'eau), de détacher le canot pour atteindre la côte, et glissé alors qu'elle libérait les cordages, (son poignet mal ressoudé la rendait maladroite et elle avait bu), et se serait-elle assommée en tombant ? (En chaussettes et vêtements de nuit?) L'océan était à 13 degrés seulement, mais, redite, bien que nageant mal et malgré sa phobie de l'eau (!), dans la nuit noire, elle a tout de même résisté une heure: si la recherche avait été immédiate, elle aurait sans doute pu être sauvée. Le symbole du rêve américain, chouchou de Hollywood, se noie donc "seule", une nuit d'hiver dans l'eau sombre et glacée du Pacifique, le jour-symbole de la fête anniversaire de l'arrivée au pays d'Européens qui ensuite génocidèrent tous ceux qui y vivaient, bêtes et gens .. sous les yeux de son mari indifférents de son mari, autre symbole du rêve américain ! et de son amant (?) .. (et de deux autres personnes qui ne bougent pas davantage.) Qui dit mieux?






Mais en Amérique, tout arrive... pour qui sait attendre!! 33 ans après!! à la demande déjà ancienne de Dennis Davern et de la sœur de Nathalie, à présent que personne ne risque plus grand chose (Wagner a plus de 80 ans), et que les films ont fait le plein de dollars engrangés, il est question de réouvrir l'enquête, sa mort ayant été classée "de cause inconnue" et non plus "accidentelle". Redite : elle mesurait un mètre cinquante sept seulement et ne pesait pas plus de 45 kg; Wagner, lui, était un costaud de forte envergure d'un mètre quatre vingt et 85 kilos... c'est juste un détail..  et les marques ante mortem significatives sur son corps n'ont préoccupé personne !

=> Même une star comme Nathalie Wood, dans tous les sens du terme, ne pesait pas lourd devant l'hydre à fric redoutant le scandale qu'était la MGM. Wagner aussi était une mine d'or non épuisée : un filon de perdu, pas question de se priver de l'autre en même temps. De le jeter par dessus bord (si j'ose). Peut-on alors reprocher son silence à Dalvern? Qui se serait soucié d'un "accident" touchant un petit capitaine de bateau et acteur de second ordre s'il avait parlé en 81?

Pour les États Unis, perdre une icône de la flamboyante jeune américaine -de la succeswoman- par accident ne l'écornait pas. Le drame la laissait intacte, y rajoutant même une touche de pathos intéressante pour l'hubris.. mais la perdre d'une manière -quelle qu'elle soit dans le détail- qui de toutes façons confinait à la criminalité la plus sordide l'aurait abattue par une arme la plus redoutable, la plus imparable qui soit : le dévoilement ironique et cruel d'un négatif aussi misérable et glauque que l'image de scène était lumineuse, étincelante, Wood devenant alors bel et bien un symbole.. mais inversé : une femme alcoolisée battue un soir de beuverie par un mari pochetron et jaloux qui la passe par dessus bord et la laisse se noyer sans bouger. Un syndrome. Et cela, c'était inacceptable. Donc il fallait que ce soit un accident.

Article associé http://pagetournee.blogspot.com/2015/07/pedophilie-et-milieu-pedophilogene.html

2 commentaires:

  1. Natalie Wood est encore en 2015 une de mes actrices préférées. Je ressens toujours beaucoup de tristesse en lisant un tel récit. Elle avait tout et pourtant, le jour de sa mort, elle est seule, abandonnée, sans aucune réponse ou empathie face à ses cris à l'aide, comme jetée aux ordures. Ou est la justice dans cette affaire???

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