mardi 2 septembre 2014

Violence masculine et féminine

"Un foyer sans homme est un foyer sans violence" d'après Dvorkin. Un peu exagéré, d'où la controverse voir article précédent.. http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/09/le-bebe-mort-ete-tue-par-son-pere-et.html et ces réflexions.

Violence masculine et violence féminine, quelques pistes

En 25 ans, dont 4 dans un lycée dur de banlieue parisienne alors que j'étais une jeune prof engangée (je laisse) désireuse d'apporter la liberté au peuple par la philosophie (mmmm!!) j'ai observé statistiquement les "clashs" selon toutes sortes de critères même les plus farfelus -dommage que je n'aie pas su me servir d'un ordinateur à l'époque- : genre des initiateurs, allure, période de l'année, de la journée, de la semaine, présents-absents, répartition de genre, catégorie de classe, temps (!), cour précédent, niveau de connaissances, intellectuel, catégorie socio économique des parents, familles mono, bi parentale, ou recomposée etc.. Voici un des résultats sur le genre. 

Dans une classe "pénible" (comme on dit pudiquement, 18 ans, des terminales) on a tôt fait d'identifier le "leader", le "cogneur" -il fait tout pour.- Un mec le plus souvent, il est vrai. Prenons le cas Léonard. Il faut donc le "casser" tout de suite (hélas!) En règle générale, c'est tout un art (!) mais cela va assez vite... et il finit par "lâcher", plus ou moins.. (cela peut prendre un peu plus de temps comme ici, d'où l'intérêt de cet exemple.) Mais attention. Si par exception le meneur est une fille, la reddition peut n'être que de surface et il faut s'attendre à plusieurs rounds, parfois de pires en pires.. et des retombées, souvent par "en dessous". Mais prenons le cas général.

Le leader est toujours suivi par une troupe (3 ou 4 seulement mais qui font poids, des mecs aussi, du moins en majorité, parfois "sa" femme s'y ajoute mais elle est toujours secondaire).. et la masse, sans forcément adhérer, ne dit rien. Il en va de même (mais en pire!) lorsque le bouc émissaire est un autre élève.  

Première découverte : les leaders n'étaient pas comme on aurait pu croire issus de milieux les plus défavorisés*, (parents chômage, en prison.. etc mais les plus "riches" et "normaux", plus exactement les plus riches des pauvres. Les inégalités sociales entre les gamins se retrouvaient donc en quelque sorte en classe. Deuxième, qui nous intéresse ici. La classe (ou toutes les classes en général) était beaucoup plus calme lorsque certains étaient absents.. mais pas le leader ni sa troupe ! Par exemple, lorsque Patricia n'était pas là, Léonard se tenait -relativement, disons, à sa mesure- "bien". Or elle n'était ni sa copine, ni une de ses suivantes, bien au contraire, elle faisait parti d'une autre caste (excellente élève, gentille et de surcroît très jolie.) Dans ce lycée, les groupes étaient absolument étanches, je crois même qu'ils ne se parlaient pas. La douce et studieuse Patricia jouait donc sans le savoir le rôle de déclencheure. 

Parmi la troupe secondaire de Léonard, (car la troupe principale constituée par les 4 du "triumvirat"  -!- ne comportait que des mecs, comme presque toujours) il y avait beaucoup de filles en effet, les pom pom girls qui riaient ou se trémoussaient plus discrètement à ses obscénités coutumières. Lorsqu'il fut presque "out", l'une d'entre elles, Véra, reprit mais en plus hard le flambeau du poste vacant ou le tenta. Celle-là, je ne l'avais pas vue venir. Ratatinée elle aussi, et tout de suite, ce fut le dernier round. Je n'en suis pas fière ou plus exactement ne suis pas fière de la manière dont je m'y suis prise.** Et Léonard, qui avait senti le vent tourner, ne la défendit pas. Lorsqu'il fut définitivement "out" (mais il fallut pour cela un livre et mon passage à la télévision (1) tout fut parfait... et Véra, dépitée que Léo ne n'ait pas soutenue, devint quasiment ma supporter (!!) Dire que je pensais qu'elle allait me poignarder sur les bords de l'Ourc, (ce que j'aurais presque pu comprendre) mais non..

Analyse :
Le leader (celui qui cogne) est presque toujours un mec il est vrai. Mais en dessous, il y a le déclencheur, parfois involontaire et même inconscient de son rôle mais d'autres fois intentionnel et pervers.. qui est souvent une femme. [L'inverse aussi peut se produire, une femme qui cogne et un mec en dessous qui déclenche nous le verrons dans l'article qui suit]. Lorsque le leader est en bascule, pas tout à fait "out" mais mal placé, la troupe des séides -des prétoriens- attend de voir -quelques rares peuvent éventuellement l'aider mais prudemment-.. sauf parfois UN ou UNE séide secondaire (elle-même souvent maltraitée par le leader et sa garde prétorienne) qui trouve là l'occasion de saisir sa chance. (Véra était obèse et difforme.) C'est là où il faut un deuxième round, à la fois plus hard et plus facile, (à la mesure de la déroute du meneur, plus il sera en ballotage défavorable et moins il aura tendance à défendre sa défenseure-challenger -car il est du côté du plus fort, toujours et ne s'attaque qu'aux faibles, femmes, jeunes et nouveaux profs sympas, camarades plus frêles, économiquement défavorisés, physiquement marqués..) Il se peut même qu'il s'associe mine de rien à sa raclée : plutôt la "victoire" de la prof que celle d'une rivale en sédition qui le rabaisserait. Sentant le vent tourner, il se rétablit en lâchant celui ou celle qui a tenté de continuer le combat en arrière garde, plus courageusement cependant car elle s'en prenait à quelqu'un/e que l'on avait cru faible et qui venait de montrer que c'était loin d'être le cas.. Et c'est la malheureuse qui en prendra plein la gueule avant sa soumission : dépitée de ne pas avoir été suivie.. (puis elle fera comme le meneur, voire l'accablera éventuellement).

Ceci est un cas, multiplié par un facteur x: je n'ai pas vu d'exception.

* La mère de Léonard, qu'il me fut donné de voir ! était une très jolie femme élégante, cadre supérieur d'une grosse entreprise, certes seule -et aussi perverse que son fils, sans doute pour le soutenir.- Elle me menaça à mi mot d'en référer à ma hiérarchie pour discrimination, elle était d'origine étrangère -européenne!!-.. sans le moindre succès -si toutefois elle le fit-. Il faut dire aussi que le pedigree de Léonard était éloquent et ceci depuis le collège auquel il avait, pardon il aurait, tenté de mettre le feu, en toute simplicité.

** Violentes ? Bien sûr que nous le sommes !! Infiniment. Et toutes nous pouvons l'être ! Je me suis montrée ce jour là -le cas est unique- d'une impensable brutalité : j'ai ressenti cette dernière agression d'arrière garde -alors que tout était fini pensais-je.. et qu'elle, je ne l'avais jamais repérée- comme une question de vie ou de mort, de légitime défense, (mais j'avais une AK 47 et elle un simple fouet, certes dont elle s'était servie la première et se serait sans doute servie largement si je ne l'avais arrêtée.)

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Léonard et Véra constituaient une sorte de couple maltraitant : Véra aurait aimé sans doute être Patricia, la jolie déclencheuse involontaire et en un sens elle l'était elle aussi mais de manière très secondaire, par défaut. L'enfant maltraité était moi, la jeune prof. Le cogneur était bien l'homme mais en dessous, sans que l'on ne l'aperçoive, se trouvait l'autre membre du couple, elle aussi maltraitée -mais moindrement- par le chef..  Véra... qui n'a été révélée que lorsque celui-ci a lâché la lice, laissant la prof vainqueure. Or un enfant -véritable- n'est jamais vainqueur. C'est pourquoi, lorsqu'il y a maltraitance infantile, (les 3/4 du temps issue directement de l'homme, soit), il faut sanctionner la mère passive à l'égal du cogneur/tueur. Une question de féminisme ; on ne sanctionne pas le chien, ne pas sanctionner la femme revient à la considérer comme un toutou. Elle ne "compte" pas, (et certaines incontestablement en jouent.) Si ! Noblesse oblige = prison !! 

(1) "Secret de famille", le cas est cité dans les premières pages, légèrement modifié. Désolée, je ne puis le retranscrire ici in extenso, le livre étant copyrighté (Frison-Roche éditeur).

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Article suivant.

CEUX QUI N'ONT RIEN FAIT ET A PEINE VU

Une réflexion de mon père peu de temps avant sa mort. Contexte : ma mère était une femme exceptionnelle -et bonne- mais cependant parfois violente -certes elle avait toutes les raisons de l'être mais enfin je n'y étais pour rien.- Mon père, qui n'en ignorait rien (ni des causes ni de celle sur qui cela tombait) laissait faire. Longtemps après, lorsque je le lui ai reproché, il a eu une réflexion qui m'a stupéfiée après coup. La voici : "CE QUE JE N'AI PAS PU FAIRE POUR MOI, (il lui reprochait de lui avoir fait rater sa carrière de journaliste, sans doute à juste titre) IL NE FALLAIT PAS ME DEMANDER DE LE FAIRE POUR TOI.."* Et bien si, justement ! C'est ce que doit faire un père -ou une mère-. De même les femmes battues qui souvent ne se lèvent que lorsque le mec s'en prend aux enfants. Quant à celles qui laissent faire, encaissent elles mêmes les coups et laissent les enfants en prendre également, elles sont exactement aussi responsables que mon père l'était. On peut même aller plus loin : si ma mère était parfois violente -surtout contre elle-même d'ailleurs- c'était aussi -entres autres- relié à lui .. ce qu'il n'ignorait pas. Donc je considère tous comptes faits que le responsable de sa violence, c'était lui... qui ne m'a presque jamais touchée.

Ce cas, atypique, inverse du cas général -la plupart du temps c'est l'homme qui est violent- me fonde tout de même à dire qu'il faut aussi sanctionner celles et ceux "qui n'ont rien fait".


*De même, ma mère refusait que j'étudie et j'ai dû m'inscrire en fac en cachette - mais par la suite, leur situation s'étant imprévisiblement améliorée, ils payèrent tout de même mes études sans barguigner-.


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