Antisémitisme.. anecdote. La dernière séance de la dernière psychothérapie.

L'antisémitisme.. j'y inclue l'anti arabisme évidemment en une anecdote. C'est à Alès, avenue Carnot. J'ai rendez vous chez un médecin psychothérapeute depuis disparu et je suis en avance. Je m'installe au troquet sympa et ensoleillé du coin pour mon café crème habituel, tout aussi efficace que les séances de thérapies (le gus, difficile à formuler, mais je ne le "sens" pas trop comme on dit.. bon, peut-être est-ce de ma faute..) Et j'écris comme toujours. J'ai un quart d'heure devant moi. Au comptoir, des types rigolards racontent à tue tête une bonne histoire.. une excellente sans doute mais je n'écoute pas trop malgré les décibels.. une affaire très technique de bagnole, de panne grave, une vente d'occasion bidouillée.. bref, une vague escroquerie, je ne sais pas tout car j'ai loupé le premier épisode.. mais le héros va surement répéter (au bout de ? pastis, en général, ça se met en boucle). Ça y est.. c'est un "feje" évidemment. Oui, avec eux, toujours des histoires comme "ça", ils sont forts.. ils savent y faire, tiens.. c'est comme moi avec ma BM chez le concessionnaire.. etc Là, je commence à lever la truffe. Je regarde le patron imperturbable.. occupé à essuyer des verres en souriant l'air absent. Et ça continue. "Oui, il est pas fej celui-là mais il mériterait de l'être.."

Maintenant se taire revient à approuver. Tant pis, du reste c'est presque l'heure. Je me lève. "Qu'avez-vous contre les juifs?" Silence, mais alors UN silence de studio d'enregistrement. Tous les gens présents, je dis bien tous me dévisagent. Des dizaines d'yeux atones, glacés, réprobateurs, choqués, ahuris. Qui suis-je pour oser interrompre? une si belle chute.. car on en était juste au moment où le héros avait réussi à.. ? se faire rembourser peut-être, je ne le saurai hélas jamais mais ça avait l'air bien engagé pour lui.. Orgasme coupé, pas content le gus. Je paie, le patron me rend ou plus exactement me jette la monnaie. (Vous êtes juive? Que répondre? "Non" semblerait nier une tare, "oui" est faux..) Toujours dans le silence, je sors, estomaquée, pouvant presque sentir physiquement les regards qui me suivent derrière moi. Alès! Ma ville où je viens de re débarquer après une si longue absence... de plus juste à côté de la maternité où je suis née. J'ai l'impression qu'un malin génie me fait un pied de nez. [Note : il y a très peu de juifs, du moins pratiquants, à Alès -ou originaires de la région-: le carré juif du cimetière semble totalement abandonné.. et évidemment pas de synagogue -mais quelques "mosquées", si modestes soient-elles-. Le racisme ici est donc pratiquement indépendant de l'umwelt : pas de juifs.. mais.. dérangeants tout de même, une vue de l'esprit, cf "celui là n'est pas juif mais il mériterait de l'être".]

J'arrive chez le psy toute chose.. Si d'habitude je n'ai pas grand chose à lui dire -ni surtout lui à écouter, du moins lorsqu'il s'agit de moi car en revanche il aime beaucoup parler de lui et parfois me questionner sur des points culturels, je le vois aussitôt prendre son stylo et  très vite, noter des références.. ça doit être la raison pour laquelle il me prend toujours en dernier-, là, j'en ai besoin, de cette séance. Encore tremblante de rage, je lui narre l'anecdote. Il sourit, toujours ce sourire mi figue mi raisin agaçant.. "Et vous vous êtes donc faite jeter?" Quasiment. "Cela, c'est bien vous, toujours ce fantasme d'exclusion, cette manière de vous offrir en holocauste, c'est le mot ici ! de susciter contre vous.." ?!?!!! Je le coupe net : "dites-moi tout de suite : c'est du premier ou du second degré? parce que je manque d'humour, là.." Il rit. "A vous de voir.. je ne vous apprendrais pas que les choses sont ou finissent par devenir ce que l'on voit qu'elles sont n'est-ce pas?..[note, lors de notre dernière séance, je lui avais parlé de "L'essai sur la théorie des émotions" ! -apparemment il l'a lu-] mais tout de même! lorsque vous regardez les plaques des médecins à Montpellier ou même ici, rien ne vous frappe? De même que les quartiers? Rue de la Loge, Place de la Comédie, Boulevard Clemenceau.. non ? Mais oui ils sont riches, unis et redoutables, c'est indéniable, il ne sert à rien de l'occulter contre vents et marées par fantasme culpabilitaire et.." J'ai filé avant qu'il n'ait fini son envolée -sans payer-. Plus jamais je n'ai re tenté de psychothérapie.