mardi 14 janvier 2014

''TA GUEULE CONNASSE!''(2) Des images d'abord...

      [suite de (lien)]       

  .. des images, censées être drôles..

 

On sent comme un malaise, le même qui nous prend à la gorge lors de certains regards, certaines intonations, blagues, attitudes, gestes.. On ne met pas un nom sur le coup, on ne l'identifie même pas. Mais c’est pire ; cela perdure, comme le vrombissement d'un poste de télévision mal réglé auquel on s'est habitué mais qui gêne tout de même l'audition et requiert un effort supplémentaire constant. Parfois, il arrive que l'on en rie.*

C'est le racisme, tout simplement, insidieux, qui ne dit jamais son nom, et parfois se pare de son inverse, quelque chose qui vous enserre de sourd et de malsain que le plus souvent on n'ose exprimer ni MÊME RESSENTIR ! Ça doit être de notre faute, on n'a pas su dire.. On n'a pas pris le ton idoine, trop.. ou pas assez.. La prochaine fois, il faudra faire attention..

 Et puis soudain on prend conscience ! Ça prend du temps, des années parfois. Non, ce n'est pas notre faute. On s'est faite avoir ! Et on s'en veut ! C'était si clair pourtant, comment ne l'a-t-on pas vu avant** ?! Et ça surchauffe parfois -un peu-. Y EN À MARRE ! Et on se lâche, quelquefois un zeste trop fort, d'autres, soft... Ça y est ! On existe enfin. Une sorte de joyeuse puberté fût-ce à cinquante ans! Et là.. Tout change. Les marques sont prises. Frontales s'il faut. Mais c'est bien. Sauf que c'est la bagarre. Pas grave. Quand faut y aller, faut y aller.

''TA GUEULE CONNASSE''

Il arrive alors que le vernis mondain des mecs craque immédiatement et que l'on passe sans transition de Chomsky à ''Ta gueule connasse''. Bon, l'avantage est que là, au moins, c'est clair; certes "tagueuleconnasse" était déjà en filigrane dans les blagues, sarcasmes, attitudes.. mais mal identifiable, flouté -et au fond il est préférable que ce soit clair- (lien.) Ça en valait, ça en vaut la peine. Je crois que je vais le prendre comme pseudo.

* Lorsque les mecs sont par trop candides, tel le maire d'une petite ville du midi.. qui, ayant raté un coup -contre moi-, s'exclama, comme frappé par la Grâce, en me dévisageant de l'air de Victor de l'Aveyron découvrant l'eau tiède : ''Mais... Mais.. C'est que vous êtes.. drôlement intelligente, vous. Ça alors !'' Trop mimi le pépé, non ?


Ce qui signifie "ta gueule connasse" en termes plus soft    



** Par exemple je n'ai compris que le mépris affiché de mon intello de père envers moi [lorsque j'émettais une idée parfois différente de la sienne ou seulement nuançais un propos].. provenait, non de mon manque d'intelligence ou de culture comme il le disait ou le laissait entendre.. mais tout simplement de ce que c'était moi qui l'exprimais -en tant que moi? En tant que femme, je n'y songeais pas car il était naturellement féministe (!) [mais on peut l'être pour la galerie ou envers son épouse, ses élèves.. mais pas envers d'autres, en général plus faibles -sa fille par exemple-].. je n'ai donc compris que le mépris de mon père envers ''mes'' idées était : 1 un mépris envers moi, première étape, assez rapide, à dix ans déjà c'était clair, mais 2 : envers MOI EN TANT QUE FEMME que tardivement : pour cela, il fallut que mon oncle soudain arrivé au milieu d'une ''conversation'' -en fait close par un "c'est bon ça suffit"- mon oncle donc émit sur le sujet la même restriction que moi QU'IL APPROUVA AUSSITÔT sans débat comme si cela allait de soi... La même idée que, venant de moi, il avait balancée du haussement d'épaules les yeux au ciel qui lui était propre -et qui signifiait "la discussion est close, file et n'insiste pas"- et qui me figeait de honte [de ma propre "nullité"]. EURÊKA, ça a été un soulagement immense ... mais j'avais 25 ? ans.

Comprendre que son mépris visait, non mes idées -en fait, la plupart du temps, j'étais d'accord avec lui- mais MOI-MÊME.. puis MOI MÊME EN TANT QUE FEMME a donc pris plus de 20 ans.. et un doctorat de philo pour être bien sûre de ne pas dire de conneries. [Ce qui alors m'a valu ''ce n'est pas parce que tu as un doctorat de philo... que tu vas m'opposer que... '' On n'en sort pas.]

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