dimanche 18 janvier 2015

Vivre sans eau ni électricité, une question d'habitude, bilan



 Vivre sans eau ni électricité.. Une journée.

Le "rite" s'est enfin installé. (C'est l'absence de rite, ou plutôt le changement de celui-ci qui nous fait parfois flipper au début -l'habitude, difficile à perdre, de pousser un bouton et hop lumière, un autre et hop café, tourner un robinet et hop douche-... conditionnés que nous sommes à la dépendance par ceux qui s'en repaissent. Lever très tôt (en principe dès l'aube), le feu, (s'il est éteint, le rallumer, ou s'il est juste dormant, l'activer, cela dépend des bûches mises le soir).. des Midi-Libres en pile -excellent- sont là pour ça... avec la cuvette d'eau dessus pour la toilette -de l'eau, j'en tire toujours par avance et me fais rarement surprendre sur ce coup, c'est un geste que j'accomplis avec joie-, puis, café... plaisir!! ensuite, vidage des déchets-poubelle -au compost-, [c'est rapide mais chiant quoique je m'y sois habituée aussi -le petit bassin est toujours plein d'eau de pluie, croupie donc inutilisable, il faut juste un récipient prêt et hop, les seaux sont lavés- ensuite, la pelle pour les remplir de feuilles de micocoulier, ça va vite à présent -la sciure est très bien aussi, aucune odeur, ce qui n'est pas le cas avec des WC classiques à chasse d'eau-].. enfin, plaisir, promenade avec les chiens à la rivière -parfois il y a aussi du bois sec- qui folâtrent, le soleil qui se lève illumine la montagne, dessinant les cèdres tout en haut, un spectacle de toujours, féérique, dont je jouis à présent tous les jours -j'ai trouvé ou retrouvé "mon" rythme naturel : moi qui me croyais lève tard, en réalité, j'ai sommeil le soir vers 9-10 heures mais je m'efforçais d'y résister... télé, copains, téléphone, ordinateur, net..  jusqu'au moment où l'envie disparaissait c'est à dire vers 3-4 h du mat, heure en réalité de mon réveil "naturel"*-... retour de la Cèze, lavage -l'eau est bouillante, enfin en principe- c'est le plus long, plaisir -sauf pour les cheveux !- [une douche = 5 minutes, là => 1/4 d'heure? ou même plus.. mais c'est mieux fait], puis re promenade au village et le café au petit troquet, plaisir, les potes, le net... retour parfois, 1 km à chaque fois -pour vérifier si Tess est bien dans sa verrière, elle est trop âgée pour que je l'amène-...  la corvée de bois de temps en temps -c'est un pote qui me le débite mais ensuite il faut le ranger, le mettre à sécher au soleil, sélectionner les bûches, et surtout, le plus long, "faire" du bois d'allumage, fort important, que je trouve dans le terrain - et aussi corvée de lessive, un peu plus compliquée, je ne me suis pas organisée sur ce coup -il suffirait de nettoyer le petit bassin -réservé au de lavage- situé au même niveau que mon "écurie" que j'ai négligé, il est parfait, et, merveille ! l'eau y arrive directement du grand, alimenté par une source... sauf qu'elle est froide-glacée!-... j'ajoute, de temps en temps, tous les deux jours environ, -en ce moment tous les jours, Tess se laisse aller- le lessivage des sols.... -la cendre que je récolte dans un seau est excellente, ne pollue pas et nettoie parfaitement-. Des taches quotidiennes simples auxquelles on s’accoutume tout à fait -mais dont on a perdu l'habitude, justement- et qui maintiennent en forme... mais parfois fatiguent un peu. C'est une "simple" (!) question de temps : l'électricité, le confort "économisent" du temps, si l'on peut dire, mais de ce temps "gagné", que fait-on?  [si on en "profite" par se scotcher devant la télé, ce n'est pas vraiment un gain]... Là, il faut prévoir, tout, c'est le prix de la liberté et il est vrai que la moindre erreur se paie : le bois d'allumage sec, le papier, l'eau, les bougies, les recharges de camping gaz, couvrir les bûches lorsque le temps est à la pluie... et assujettir la bâche qui sinon s'envole (!)... et ne pas être trop pressé/e. Du coup, on bouge -notre corps n'est-il pas fait pour ça?- davantage et [perso], plus de sciatique, de douleurs dans le dos en général -les cervicales-, une musculature meilleure et surtout mieux répartie etc... Plus d'angoisses aussi -la marche, surtout maintenant que ma voiture est en panne -5 km? par jour ou plus- est particulièrement bénéfique : elle fait libérer des endorphines...  Par moment un sentiment de liberté presqu'enivrant. Un détail inattendu : je lis davantage -de livres-, je réfléchis, rêve peut-être plus? Merde à EDF en somme, au nucléaire... et aux services des eaux, voire même -ça, c'est plus difficile car le petit train a été supprimé et il y a peu de cars, pour Anduze notamment**- merde aux bagnoles qui polluent et nous aliènent -mais nous servent aussi, surtout lorsqu'on est relativement isolé/e-. Je ne vois même pas pourquoi je changerais.. jusqu'à présent du moins.

* Cette existence étrange qui de l'extérieur peut sembler héroïque, en réalité offre l'énorme avantage de laisser librement l'individu vivre selon ses propres rythmes -rythmes que parfois il ignorait et découvre alors!- avec certes quelques contraintes matérielles mais pratiquement aucune sociale -exemple, ce damné réveille-matin vous sortant du lit encore abruti, d'où un manque de sommeil chronique qui oblitère la libération des hormones nocturnes, diminue la mémoire, l'efficacité... sans compter le risque au volant lorsqu'à peine le remontant avalé, on saute dans sa voiture et vite vite... ces contraintes sociales inutiles fragilisent peut-être l'organisme.. inutiles et contre productives : l'individu qui s'en libère travaille autant voire plus qu'avant, plus efficacement me semble-t-il et surtout sans souffrance voire avec plaisir. D'autre part, ces contraintes sociales soi disant inévitables dont une morale idéologisée -sicaire du pouvoir- nous inculque que s'y soumettre est LA condition sine qua non d'avoir le droit de vivre ou du moins de vivre respecté en société -quiconque s'en libère ou ne peut s'y plier étant exclu "paresseux, parasite, tire au flanc, incompétent"-.. ces contraintes sociales donc génèrent a contrario l'angoisse : il faut mériter de vivre ! [y arriverais-je? Parviendrais-je à rendre ces 20 copies pour demain? Une nuit blanche? Oui, deux, c'est plus difficile] d'où quelques addictions pour la supporter : café à outrance, médicaments, alcool, drogues diverses.. Nous mourrons peut-être aussi d'une soumission -dont nous n'avons même pas conscience- à un consensus qui nous dénature physiologiquement et nous broie.

** Une fois de plus, on a inversé les termes du problème : ON A FAIT SEMBLANT DE SUPPOSER QUE TOUT LE MONDE AVAIT UNE VOITURE ET SAVAIT CONDUIRE, CE QUI EST LOIN D’ÊTRE LE CAS ICI, DONC LIMITÉ -PUIS SUPPRIMÉ- UN SERVICE INDISPENSABLE A BEAUCOUP ... CE QUI A OBLIGÉ CEUX QUI LE POUVAIENT A S'EN PROCURER UNE ... PRÉTEXTE ENSUITE A SUPPRIMER LE TRAIN, LE CERCLE EST BOUCLÉ, AU DÉTRIMENT DES PLUS DÉMUNIS..

Le dossier
 http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/08/dossier-vivre-sans-eau-ni-electricite.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire