lundi 9 juin 2014

Édouard Stern, le banquier, le Dom Juan et la mort



Édouard Stern, ici à 39 ans, héritier flamboyant de l'aristocratie juive du XVIIIe siècle, brillant et "terrible" dit-t-on, et dit-il lui même, homme d'affaires. Ses proches voyaient en lui un être "raffiné", malgré une personnalité "incandescente".. Quatre ans après sa mort, la justice suisse s'apprête à projeter une lumière crue sur la vie privée de ce financier français proche de Sarkozy. Le procès de celle qui fut sa maîtresse avant de devenir sa meurtrière s'ouvre de­vant la cour d'assises de Genève. Cécile Brossard, l'amante "magnifique" a fait un choc : on attendait une flamboyante, c'est une femme anorexique, efflanquée, le cheveu terne, les yeux vagues et les mains rongées, une ombre dont la voix se brise qui apparaît dans le box.

Divorcé et père de trois enfants, le génial flibustier de la finance, 38e fortune de France, né coiffé, partageant sa vie entre Genève, Paris et New York, a rencontré Cécile Brossard, peintre, par l'intermédiaire d'un ami galleriste en 2001.. Beaucoup plus jeune que lui et non dépourvue de charme mais paumée, issue de la banlieue parisienne défavorisée, vivant tant bien que mal de la générosité des hommes, amis ou amants. C'est la passion, torride attisée par la jalousie que par une sexualité exubérante.

Début 2005, la tension monte d'un cran entre les deux amants qui ne parviennent ni à vivre ensemble, ni éloignés. Cécile, entre deux ruptures, implore Edouard de l'épouser et réclame un million de dollars afin de garantir son indépendance et le 12 janvier, après avoir un temps tergiversé, il s'exécute, puis se ravise. 'Tu m'as volé", lui écrit-il avant d'ordonner la mise sous séquestre de ce don. Étrange cadeau.. dont il était ENTENDU QU'ELLE LE LUI RENVERRAIT.. POUR SE PROUVER L'UN A L'AUTRE LEUR AMOUR! IDIOT ? NON.

Bouleversée, elle prend alors la route de Genève. En début de soirée, elle retrouve Stern dans son appartement. Eclate alors une violente dispute. Puis il revêt une combinaison de latex et les deux amants se lancent dans un jeu érotique. Cécile Brossard explique : "la relation était très intense. Alors, en me regardant, il m'a dit : un million d'euros, c'est cher pour une pute !" A ces mots, elle voit rouge, se saisit d'un revolver à portée et tire à quatre reprises. Puis, minutieusement, elle nettoie la scène. Manipulateur sans scrupules et un prédateur sexuel, le banquier qui aurait poussé à bout sa meurtrière par quatre ans de liaison destructrice? Son mépris ET son "amour"? Elle aurait été le jouet d'Edouard Stern qui l'a humiliée et harcelée jusqu'à sa dégradation morale, jusqu'à sa dégradation physique, visible à l'oeil nu.

Incarcérée à Champ-Dollon, elle plaide le meurtre par passion sans porter atteinte à la mémoire d'Édouard Stern, pour ne pas faire davantage de mal aux enfants. "Nous entendons dé­montrer que Cécile Brossard a été poussée à bout par un être autrement plus fort qu'elle" précise Me Pascal Maurer. Et de citer le rapport rédigé par l'expert qui l'a examinée, selon lequel son acte "est un crime d'amour au sens psychiatrique du terme" sinon au sens juridique.

Aujourd'hui âgée de 40 ans, elle évoque, la voix étranglée, le soir du 28 février 2005 où elle a tué. La phrase "un million, c'est cher pour une pute a fait exploser mon cœur, ma tête, mon esprit", j'étais comme un automate".. trois secondes de sa vie qui ne lui appartiennent pas. Geste désespéré d'une femme exténuée par la perversité d'un amant arrogant, contre ses défenseurs, (!) elle raconte autrement leur amour. Il est, dit-elle, un compagnon magnifique, cultivé, père de surcroît attentif. Sincérité? Habileté suprême? Béatrice Stern son ex femme qui lui ressemble curieusement en plus âgée, et pourtant son contraire, posée, sobre, élégante parle elle aussi de celui dont elle a divorcé cinq ans avant le meurtre avec pudeur et chagrin comme d'un "homme extrêmement gentil", bon père, mais qui "pouvait être sec, colérique, soupe au lait". "Il nous manque tellement, il nous manque tous les jours, il me manque terriblement." Sa fille et son fils quitteront la salle car les témoignages des inspecteurs de police, du médecin légiste et de la police scientifique donneront de leur père une image .. plus contrastée qu'ils ne veulent pas connaitre.

Car c'est sanglé dans sa combinaison de latex requise par leurs jeux sado masochistes qu'il est mort. "En tirant sur lui, j'ai pensé aux animaux lors de nos safaris en Afrique qu'il laissait souffrir sans les achever, alors je n'ai pas voulu qu'il souffre".

Son compagnon à présent. Xavier Gillet, follement amoureux, assure ne s'être jamais douté qu'Edouard Stern était son amant. "Elle me disait qu'elle était sa secrétaire sexuelle, lui fournissant des jeunes femmes". En larmes, il a dépeint un Edouard Stern violent et sadique, qui l'insultait, les harcelait et les menaçait. "J'ai fait tout ce que j'ai pu pour protéger Cécile de cet homme... je n'ai pas réussi", a-t-il conclu.

L'expert psychiatre corrobore. Son portrait n'est pas celui d'une meurtrière assoiffée d'argent, qui, pour garder le million de dollars que lui avait donné Édouard Stern, l'aurait tué: il décrit l'enfance malheureuse d'une fille perdue, violée par son oncle, importunée sexuellement par son père. "On ne parle que de sexe, les revues pornos, les objets traînent à la maison", confiera-t-elle à l'expert durant leurs dix heures d'entretien. Elle grandit dans le sexe et, adulte, multiplie les amants, tous beaucoup plus âgés qu'elle, qui l'entretiennent. C'est son langage, le seul qu'elle connaisse. On apprend aussi que lorsqu'une femme lui tient tête, Édouard Stern recule et se tait. Mais lorsqu'elle lui cède, il l'éprouve. Le témoignage d'une de ses anciennes maîtresses, lu à la Cour, le dit bien : elle l'appelle, le cherche, le demande, le réclame. Édouard Stern, l'ayant conquise amplement la délaisse en silence. Le banquier est un chasseur, qui n'aime pas que les proies succombent... et les laissent périr à petit feu.


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Une étonnante ressemblance entre l'ex et Cécile
Quant à lui... cette attitude... malaise.. 




Analyse

Edouard et Cécile se sont aimés quatre ans. Jusqu’au 28 février 2005.  A 50 ans, ce grand prédateur de la finance pèse un milliard d’euros. Son cadavre est encagoulé et moulé dans la combinaison des pratiques sadomasochistes. Quelques ­semaines plus tard, Cécile Brossard, 36 ans, avoue le meurtre. Crime passionnel d’une femme fragile, manipulée par un pervers ou d'une cocotte âpre au gain, et calculatrice?

Selon ses enfants, un père extraordinaire qui  les a initiés aux grands textes, à l’art, à la musique, aux voyages, aux sports et.. à la chasse! Béatrice Stern, l’ex-femme née David-Weill, dit la même chose, avec nuance. Puis ils s’en iront. Car ils n’ont de aucune envie d’entendre de sa voix des centaines de messages d’amour et d’insultes sur répondeur, adressés par lui et conservés par Cécile Brossard, qu'ils ont connue à l’occasion de vacances en Tanzanie et qu’ils ont trouvée "objectivement tarte". Le mépris de bien-nés pour une quasi loubarde?

Cécile Brossard souhaite ou dit souhaiter que ses défenseurs n’attaquent pas trop vivement le caractère et les fêlures de celui qu’elle a abattu de quatre balles de 38 Spécial, le 28 février 2005. Mais ils lui ont fait comprendre que si elle décidait d’aller au bûcher, ce serait sans eux. "Je suis à moitié morte avec lui." Le souvenir d’Edouard Stern hante sa cellule où, disent les ­psychiatres, elle "rumine sa culpabilité" : anxiodépression, anorexie mentale, automutilation. Elle a effectué, en quatre ans, une dizaine de séjours en cellule psychiatrique et tenté une fois de se suicider.

Edouard Stern, que "j’ai tué parce que je n’ai pas pu rompre", dit-elle, lui apparaît par des petits signes quotidiens, "Tuer n’est pas rompre. J’ai rompu avec la vie mais pas avec Edouard." Elle ne lit que ce qui traite des coïncidences et des rapports entre le corps et l’âme. "Celle d’Edouard est en moi", affirme-t-elle.

Sa rencontre avec lui remonte au début 2001. ­Harmonieuse six petits mois, elle s’enfonce peu à peu dans la dépendance, l’addiction et la possession mutuelles. Les périodes de fusion succèdent aux scènes dévastatrices. Brouilles, retrouvailles, tour à tour chasseur et proie, intolérants à la solitude et à l’abandon. "Nous avons en commun les mêmes ­blessures d’enfance", explique à l’époque Cécile Brossard.

"Il est spécial !" lui disent des amis communs. Séducteur, cultivé, brillant, attentionné et attachant avec les êtres qui l’impressionnent, il sait aussi se rendre odieux, cassant et humiliant avec ceux qu’il méprise. "Partout où je passe, je sème la terreur et la mort", plaisante-t-il. Cécile Brossard en est dingue. En 2002, Edouard Stern ne la cache plus, très fier, semble-t-il, de "cette trouvaille". Dîners, week-ends et ­vacances partout dans le monde à bord de son jet privé. Elle a initié son amant à "une sexualité débridée, inventive et plurielle", dit l'avocat de la famille, mais qui n’est en rien le sujet du meurtre.. et ne sera donc pas discutée. Apparemment ça dérange plus la famille que l'accusée! DOMMAGE, C’ÉTAIT L'ESSENTIEL! Dom Juan -cf le dossier- est souvent un être à la sexualité compliquée, déviante voire à demi impuissant.

 "Le processus de destruction initié par Edouard Stern remonte à 2002, 2003" estiment les avocats qui vont tenter de démêler le ­mécanisme de la manipulation. Pour la famille au contraire, le drame se noue seulement trois mois avant le meurtre, à partir de  l'engagement d’Edouard Stern d’épouser Cécile Brossard, après qu’elle eut cette ­exigence d’indépendance, "un peu boutiquière de ce million de ­dollars ­obtenu de lui par ruse."

Fin 2002, c'est la descente aux enfers de Cécile Brossard. Xavier Gillet, qu’elle a rencontré en 1996, à 27 ans alors qu'il en avait 48, "un homme rempli de générosité, de tendresse et de lumière" l'épouse à Las Vegas et elle emménage à Clarens avec celui qui deviendra très vite, un "père de substitution", comme il dit lui-même. Il aide financièrement ­Cécile, ferme les yeux sur sa nouvelle relation qui semble compliquée. Elle le préserve – la famille dit qu’elle le garde au chaud – : Stern n’est qu’un ami.

Lorsqu’ils se disputent et que Cécile se réfugie à Clarens, Stern surveille l’immeuble depuis la voie ferrée, avec des jumelles de visée nocturne que seule l’armée est censée posséder, puis sonne en continu à l’interphone. Xavier ­Gillet le rencontre. "Je me suis retrouvé face à un petit garçon qui a écouté ma leçon de morale, m’a dit qu’il avait pété les plombs, qu’il s’excusait, et juré de ne pas recommencer. Il était jaloux, disait-il, car ­Cécile voyait des jeunes hommes à Paris." (Edouard aussi a d’autres maîtresses, elle le sait.) Mais il reviendra épier à Clarens, après une autre scène. Xavier Gillet ­appelle la police. Une voiture débarque. Dehors, Stern fait mine d’être au téléphone, aide le véhicule à manœuvrer dans le parking puis s’éloigne. "Ah, c’était lui ? Il a l’air charmant" dit un policier à Xavier Gillet. Le fait est : le jaloux furieux s'est transformé en une seconde en homme du monde posé, souriant et serviable.. (Voir Adèle dans "Le syndrome de Stockholm".) 

Cécile demeure quelques jours injoignable. Edouard harcèle, téléphones, fixe et portable, insulte Xavier Gillet, qui change de numéro. Stern obtient le nouveau. Xavier Gillet vit rideaux fermés, cache sa voiture.

Deux thèses : "C’est toujours elle qui s’en va, cela faisait partie de son jeu" dit la famille par avocats interposés. "Edouard Stern était ­affolé à l’idée de la perdre, elle pensait en faire ce qu’elle voulait. "Pas du tout disent ses avocats, Stern jouait à se faire pardonner lorsqu’il était allait trop loin. Il ne supportait pas que son jouet, son gibier, s’en aille, persuadant Cécile qu’elle réussirait à le changer." Il était, dira-t-elle, "comme un sous-marin, à double coque, ouvrant la première, jamais la seconde".

Huit cents messages téléphoniques, e-mails et SMS envoyés de 2003 à 2005 remplissent 452 pages serrées d’un classeur de l’instruction. "Je suis au lit. Je suis tout triste qu’on se soit grondé. Je te fais des câlins." "Tu es top, je t’aime à la folie, pour toujours. Ton petit diable."... "Tu n’es qu’une pute. T’aurais travaillé pour la Gestapo pendant la guerre. Tu m’aurais ­dénoncé comme juif.".. "Oh ma puce, tu n’es plus en ligne, je voulais te dire in live que je t’aime".. "Tu es une merde, je vomis sur toi, tu n’existes pas, je t’emmerde. Je vais te faire du mal.".."Je décolle. Puisse cet avion ne jamais arriver, ce serait si simple".. "On ne quitte pas Edouard Stern, si ce n’est les pieds devant."

Novembre 2004. Edouard Stern suggère à Cécile Brossard de s’installer à Genève. Il lui propose une mensualité de 15 000 euros. Elle hésite. Cela suppose de quitter Xavier et de prendre le risque que Stern change d’avis et, une fois sous sa coupe, l'abandonne et/ou lui en fasse baver. Il réitère plus tard son offre de vie commune, assortie d’une somme de 450 000 euros. Cécile craint pour sa liberté. Elle aime s’isoler pour peindre, voir des amis. De plus, son état de santé s’est dégradé, elle a perdu 11 kilos. "Barre-toi, ça va mal finir", lui disent des amis, persuadés qu’elle va se tuer. Crises de larmes, évanouissements. Cécile évoque un jour la torture morale, le lendemain, elle est aux anges, tout est rentré dans l’ordre. Elle ne rompt pas.

L’APPÂT
Leur liaison reprend. Edouard s’engage par écrit à l'épouser et à lui verser un million de dollars pour prix de son indépendance. Cécile ressuscite. Mais le million tarde. Elle réalise qu'il ne s'agissait que d'une énième tentative de la reprendre, y renonce et lui écrit: "la plus belle façon de dépenser cet argent, c’était de te le rendre, pour te prouver à mon tour mon amour." Touché, mouche! Dans ces conditions (!) il lui verse la somme ! "Mais, s’exclame comiquement l’avocat de la famille, elle ne le rend pas ! Il n’est pas ­seulement volé d’un million, il est volé d’une promesse, d’un projet de vie. Ce million dont on promet qu’il sera rendu, ce qui fait qu’on le verse (!) devient l’instrument de l’humiliation de lui par elle."
Intéressante, cette histoire de fou. Une humiliation? Prenons les choses à la racine. Oui, peut-être, mais, justement : lorsqu'elle eut subi ses réticences exaspérantes,  humiliantes -après l'offre devenue alors appât, un simple leurre pour la "reprendre"-, n'a-t-elle pas elle aussi changé son fusil d'épaule ? Fiable, Stern? Jamais... elle le sait et le lui reproche.. raison pour laquelle il lui fait cette promesse, au départ réelle, pour la reconquérir, la rassurer.. mais sans avoir l'intention de la tenir, comme toutes.. une manière de "la" tenir, ELLE, de l'abaisser, de l'avilir.. jusqu'à sa réflexion désabusée (je te l'aurais rendu) lorsqu'elle comprend qu'elle s'est encore fait avoir.. Et là, bingo, changement de cap, il croit l'avoir vaincue, re conquise, c'est un jeu, il a gagné, il gagne toujours, le brillant financier..  IL CONSENT EN SOMME A LUI FAIRE UN "CADEAU" À CONDITION .. QU'IL N'EN SOIT PAS UN.. QU'ELLE LE REFUSE!! Qui manipule, ici? C'est clairement lui qui lui lance un appât, le reprend, elle se détourne, il n'a plus de cartes, il le lance à nouveau, mais sous promesse qu'elle ne le saisira pas (!)... et elle le saisit!!! Il est "volé"! Mais où a-t-on vu en affaires ou dans la vie un tel "deal"? Devant un tel personnage, jouant d'elle comme un chat avec une souris, pourquoi aurait-elle dû, elle, être "fiable"? Il a sans doute obtenu ce qu'il voulait, son avilissement et sa déchéance, (et surtout sa rupture avec son mari-père?) car il savait pouvoir revenir en arrière: à ce jeu, il était sûr de gagner: mise sous séquestre de l'argent, un procès à venir et en attendant, elle n'aurait rien. Lui non plus? Mais que lui importe, à lui, un million de dollars?

Pas rendu, ce million? Oui et non. Elle a fait un moyen terme; elle ne l’a pas non plus viré sur un autre compte ce qui l'aurait protégé,comme le lui conseillaient des amis : "Il va te le repiquer".." Pire, Edouard Stern n’a pas eu davantage l’intention d’épouser Cécile que de lui donner l'argent promis : à la même période, il propose à une ­ex-amie, Julia de "donner une ­seconde chance à [leur] couple." (!)

Fini, le couple? Non !! Mais ébranlé. Lorsque Cécile ne ­répond pas à une invitation, Edouard pleure comme un enfant. Ce million séquestré empoisonne leur relation. Ils partent ­cependant en voyage, l’Autriche, puis New York! Edouard est évasif sur le séquestre. "Il m’a dit que c’était juste une procédure pour un mois ou deux (!) mais je sentais qu’il mentait."

Vendredi 25 février, ils se retrouvent à Genève, boivent du champagne dans les rues. Font l’amour trois fois dans la nuit, normalement.. le lendemain ­matin, Cécile décline l’invitation d’Edouard dans son château de Bléneau, dans l’Yonne. Il pleure. Le dimanche, dans l’après-midi, Xavier Gillet ­surprend une conversation ­téléphonique. Cécile crie à Edouard : "Non, je ne suis pas une voleuse, [...] non je ne suis pas une salope, mais Edouard, tu n’as pas compris que je t’aime ?" Le soir, veille du meurtre, ils ­dînent ensemble.

Le 28 février 2005 au matin, Cécile téléphone à son banquier qui lui confirme le séquestre. Elle semble dans un état second. Depuis quelques semaines, elle abuse des médocs, Lexomil et Tramal. Elle retrouve Edouard Stern vers 20 heures à Genève. Il est vêtu de sa combinaison en latex, ligoté. "Pour la première fois, j’ai eu l’impression que notre jeu ne collait pas avec notre histoire d’amour qui se délitait. Edouard a eu un regard noir que je ne lui ai jamais connu." Selon elle, il lui dit : "un million de dollars, c’est cher payé pour une pute." Cette phrase, une humiliation et une blessure narcissique intense souligne le rapport psychiatrique, est pour Cécile "une explosion dans la tête, comme si la foudre avait éclaté en moi. J’ai été sidérée, ébranlée. J’ai compris ce que ça ­signifiait, que je n’allais pas me ­marier avec lui. Je suis allée dans le dressing comme un zombie, j’ai pris une arme. Il l’a vue, il était sans réaction. J’ai eu l’impression de ­tirer sur une poupée en plastique."

Vénale, calculatrice? Difficile à croire, à ce moment là du moins : comment ­aurait-elle pu récupérer de l’argent bloqué par un homme retrouvé ­assassiné ? Comment pouvait-elle échapper à la justice compte tenu de ce différend qui, même parmi les nombreux ennemis du banquier, faisait d'elle la suspecte numéro un ? Et si quelques chances lui restaient de retrouver son argent au terme d'une procédure sans doute longue et éprouvante, là, elle brûlait ses vaisseaux. C'est sans doute ce qu'a jugé la Cour : elle a été condamné à 8 ans de prison ferme, une peine relativement légère...
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Le livre de Routier "Le fils du serpent", biographie d’Édouard Stern.
"Un banquier jeune et riche, devenu peu à peu indifférent à tout, et peut-être à sa propre mort. La rencontre de deux dynasties des affaires, la succession ratée d'une des banques les plus prestigieuses, Lazard. Une femme qui l'aime, d'autres qui aiment aussi son argent. Et puis un meurtre, à Genève : qui a tué Edouard Stern ? Cette histoire inouïe, ce roman policier noir, c'est aussi celle d'un homme perdu, écrasé par un secret d'enfance. En jetant pour la première fois une lumière crue sur les coulisses de l'establishment des affaires, ses mœurs et ses secrets de famille, Airy Routier raconte ici la vie et la mort d'un homme haï par beaucoup, adoré par quelques-uns."
Le procès par l'auteur du livre :
http://www.denistouret.net/textes/Routier.html
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L'article précédent
 http://femmesavenir.blogspot.com/2014/06/edouard-stern-lhomme-qui-se-prenait.html
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LE DOSSIER, le complexe de Dom Juan

 







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