lundi 3 février 2014

Heidegger nazi? bien sûr. Un salaud comme un autre


Vladimir Jankélévitch, qui fut mon prof

Ma foi, puisqu'on en est à Heidegger dont on parle de manière récurrente de l'engagement nazi... que l'on a toujours su, (je me souviens à la Sorbonne de Jankélévitch, dont une partie de la famille avait péri dans les camps, qui ne supportait aucune mention d'icelui.. ni du reste de Nietzsche, ce qui là m'emmerdait un peu).. mais que l'on semble parfois re découvrir... voici '' Les cahiers noirs'' dont un magistral extrait-commenté est versé sur FB par Jacques Boisset, qui en est une confirmation s'il en était besoin. Je fais pour ma part une toute autre interprétation des raisons de cet engagement, que je comparerais trivialement au ''complexe de Dédé'', - cessons, nous, philosophes ou philosopheurs, de prendre les ''penseurs'', de nous prendre comme des êtres à part, de chercher dans l'idée du ''maître'' l'explication à ses sordides turpitudes. Il y avait tout bêtement un poste à prendre, celui de Husserl! et une carrière à mener. Il a simplement pris le vent, comme Dieudonné, notre comique anti système planqueur de cash. (Lien.) Mais plus futé, ou qui sait peut-être sincère ? joignant l'utile à l'agréable, cela ne l'a pas empêché d'avoir une relation avec son élève Hanna Arendt, juive, et engagée anti nazie. Une poire pour la soif au cas où le vent tournerait? Ça a marché.


''Les "carnets noirs" de Heidegger, sorte de journal de réflexions qui couvre les années du nazisme, semblent confirmer ce que beaucoup craignaient, redoutaient ou ne voulaient pas savoir: oui il est raciste et nazi. La question qui taraude est la suivante: où se trouve chez Heidegger la source de son adhésion au parti nazi? Où est la racine du "mal" dans cette pensée?


Marx d'abord. Marx n'existe pas chez Heidegger. Il ne le réfute pas, non, rien, il est "forclos" comme disait Lacan du Père du schizo: il n'a jamais existé. Du coup, la classe ouvrière est absente aussi.



Bon, de qui parle -t-on alors? du "Dasein". Mot à mot: "l'être là". Le Dasein désigne la réalité humaine: pas le "sujet" de la philosophie classique, maitre et responsable de ses pensées, mais cette réalité humaine en tant qu'elle est enracinée "ici" avant toute réflexion: j'ai été (passif) mis au monde, ici, avant que je sois né à moi-même: plus tard, je serai un sujet (je dirai "je" en parlant de moi) , mais j'étais au monde bien avant d'être à moi-même. Mais nous sommes au croisement: comment interpréter ce là" où je suis né? cet enracinement originaire ?



Ici, le "là" du Dasein est l'enracinement dans un "monde" et le lieu d'où se déploie pour chacun son monde propre... Et là, danger.... Donnons son nom à ce lieu d'où nous sommes nés, Dasein que nous sommes: ici? c'est flou, ce pourrait être un hasard, comme "sur les trottoirs de Manille". Non: c'est de la Terre qu'il s'agit. Et le danger se précise. Quelle Terre? Notre planète? Non!! La Terre où nous sommes nés, celle de nos ancêtres, celle de notre Peuple, multitude en quête de son berger, Terre où un Peuple entend sa langue propre, la Terre et ses morts.. Les jeux sont faits, l'horreur peut commencer.



Toute multitude est-elle un Peuple? Non: un Peuple qui n'a pas de Terre propre, le peuple juif par exemple, ou qui n'a une terre que par hasard, est errant par principe, n'est pas même un Peuple au sens strict: le Juif n'a pas de "Monde" déployé à partir de son lieu propre: pas de "là" du Juif. L'animal, nous dit H. est "pauvre en monde". Le Juif n'a pas de Monde du tout: il ne peut donc pas "penser". Husserl lui-même, son vieux maitre juif, (un génie immense, soit dit en passant) "n'a pu accéder à la Pensée"...



Je m'arrête là: après, nous le savons tous: c'est 1933. A quel endroit tout a-t-il vacillé? au sujet de la terre (la Terre), du culte de la Terre et de la mystique qui l'accompagne. Non! pas d'ouvrier! Mais le Paysan, réglé sur le rythme de la Nature...



Comment ne pas penser aujourd'hui par exemple à cette "écologie d'extrême droite" qui fait tant de ravages chez les inattentifs. J'avais commencé en faisant remarquer que Marx n'existe pas chez Heidegger.. Si l'on m'objecte qu'entre la folie fasciste et Marx... il y a quand même de la place, je répondrai, comme d'habitude, que si les choses se gâtent, "une barricade n'a que deux côtés".




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