dimanche 3 août 2014

Les urgences de l'hôpital d'Alès, parcours..



Spasme œsophagien vers 2 h du matin, ce n'est pas la première fois, j'ai l'habitude, mais là, c'est plus fort et ça ne passe pas. J'ai dû manger trop vite? Mon père avait la même chose, relié disait-il à une hernie hiatale. Douleur, tentative de vomir, c'est bloqué dans tous les sens, comme si une corde serrait mon estomac ou mon œsophage, mais pas au bon endroit. Vers 3 h et demi, je me décide, je file à l'hosto, tout en me doutant que ce ne serait pas simple.. mais pas à ce point.

Dès que l'on arrive, juste avant l'entrée, d'énormes panneaux publicitaires pour pompes funèbres mettent une ambiance festive. Certes on sait que l'hosto n'est pas top mais tout de même il ne faut pas anticiper..

Plus ennuyeux est l'accès des.. URGENCES (!)  ronds points qui éloignent, puis autres ronds points qui rapprochent, coupant la route de St A. sur laquelle je manque de m'engager, mais comme j'en viens, j'ai un doute, panneaux illisibles ou lisibles seulement lorsqu'on est dessus etc.. ouf j'y suis. Une salle avec quelques pèlerins, trois. Où dois-je aller ? Des affiches dont l'une est franchement menaçante (image). (Suite demain. Momo ferme !!!)

Menaçante et hypocrite, cette affiche, admirons ici le "pour votre sécurité" ! Si j'étais un sans papier, devant un tel avertissement, je filerais, même sur un seul pied, et le : "les données vous concernant.. resteront confidentielles", un comique involontaire car juste en face, sur une porte fermée, est inscrit "réservé à la police" (!)

Il est 4h5. Dans ce qui semble une salle d'attente, vaste, trois pèlerins donc, tristes voire désespérés. (À ce moment, il n'y en a aucun apparemment de très mal en point, du moins de manière visible.) Personne côté administratif, derrière une vitre, c'est même éteint ou à peine éclairé. Mais par contre, des panneaux marqués "étapes" (images) ! J'en suis donc à l'etape  et je dois attendre sans frapper à la vitre. J'attends. Sans frapper comme il m'est ordonné. Derrière une porte à deux vanteaux, j'entends des cris : "Ouvrez les yeux Monsieur.." et quelques propos qui n'ont rien de tragique. C'est un jeune alcoolisé qui décuite péniblement. Dix minutes. Ma douleur se calme un peu mais en certains cas, dix minutes, c'est la mort.. tout simplement. Enfin passe une jeune femme au fond de la pièce et malgré l'ordre, je frappe, elle vient au guichet. C'est pour quoi? J'hésite à lui répondre "pour une invitation à une rave party" et j'explique.. précisant que ça s'est calmé depuis que j'attends. Je n'étais pas au bon guichet me dit-elle (mais de toutes manières, il n'y avait personne non plus à l'autre.) Elle me demande de "faire l'admission". ? Oui, il faut passer par là à présent. C'est la porte de derrière, juste à côté de celle marquée "police" (!) ; elle me demande de ne pas frapper, (malgré l'écriteau, image) et d'attendre car il y a déjà quelqu'un. J'attends donc. Puis, malgré l'ordre, je frappe. Rien. Y a-t-il seulement quelqu'un? Je doute. Silence. Je tente alors d'ouvrir, et là, enfin, une voix me demande.. d'attendre.

Peu après, un homme sort -le père du jeune cuitard- et je rentre. Nom, prénom, suis-je déjà venue -oui- ça simplifie... mais tout de même je vois la jeune fille lire quelque chose assez longuement sur son écran, 3 ? 5 ? minutes. Précision: depuis que la douleur est calmée, j'écris -ceci- sur un cahier, avec les heures notées au fur et à mesure. En fait, il y a longtemps que je serais partie sans cela mais je veux voir comment ça se passe et relater. "C'est bien, allez dans la salle.".. "Ça va durer longtemps?" .. ""Non, ce sera très rapide" me répond-elle, souriante. J'y retourne donc. Cette fois, est arrivé un jeune assez amoché -plus que je ne crois même car je n'ose pas le fixer- un oeil visiblement comme cousu, bleuâtre.. Et toujours le monsieur moustachu qui tassé sur sa chaise, ne dit rien, comme figé. Les deux homo qui étaient déjà là à mon arrivée semblent à présent effondrés, l'un, la tête posée sur les genoux de l'autre, semble dormir à demi. Cette fois, je prends des photos des panneaux avec mon portable. Très vite, arrive un jeune infirmier sympa -en fait tous le sont, la question est seulement qu'ils sont en sous effectif-.. Pour moi!! O stupeur !

Là, je suis un peu gênée. Pourquoi MOI? Pourquoi me fait-on passer avant tout le monde (surtout le jeune amoché dont je verrai alors l'état réel.) Le gars me répond évasivement.. Il ne sait pas, ce sont peut-être les familles.. Pour le père du petit hon, soit, pour le monsieur moustachu, peut être, mais sûrement pas pour le jeune homo ni surtout pour le blessé à l'oeil. Mais je n'insiste pas. (En fait, ils ont peut être cru à un infarctus, mais si ça avait été le cas..?! pas de médecin donc... ) Il me conduit derrière une porte dans un couloir.. Puis me laisse et file .. Aux ordres?

Et là, j'entends alors "J'EN FAIS QUOI? JE LA METS EN BOX?" et la réponse de la jeune infirmière à laquelle j'avais parlé -une minute- derrière la vitre -et que j'avais trouvée sympa!- fuse, sonore : tu la fais déshabiller, tu la mets sur un brancard, TU LA PARAMÈTRES (!) ET TU LA METS EN BOX." Je n'ose imaginer qu'il s'agisse de moi, Hélène Larrivé, auteure connue etc... SI !!! Le gars revient me proposer ces réjouissances. Je refuse. Il sourit -pourquoi ai-je l'impression soudain d'être une allumée qu'il faut manier avec art?- : "c'est obligé, si on veut vous soigner.".. "Mais on ne sait pas ce que j'ai..".."Justement c'est pour savoir." Pour la température, la tension etc.. OK mais je ne veux pas me déshabiller et m'allonger -de surcroît, je crains que la position ne réactive le spasme-. "Mais c'est la procédure.".. "Je vous dis que m'allonger risque de faire repartir le truc, j'ai du reste expliqué à votre collègue que ce sont EXACTEMENT les mêmes symptômes qu'avait mon père, dont il disait qu'ils étaient reliés à une hernie hiatale." Il file chercher l'autre. Parlementations, mêmes réponses, mais plus sioux. "En ce cas il vous faut retourner dans la salle d'attente ET ÇA PRENDRA DU TEMPS, COMBIEN, JE JE PEUX PAS VOUS DIRE, LES TROIS MEDECINS SONT EN VILLE POUR UN ACCIDENT ET ON NE SAIT PAS QUAND ILS VONT REVENIR.." Je m'abstiens de répondre que je ne vois pas en quoi être sur un brancard dépiueutée ferait venir plus vite les médecins mais refuse tout de même la "procédure". Elle rétorque que ce n'est pas prudent, je la rassure, j'ai hélas vu mourir Lydie d'infarctus et ce ne sont pas les symptômes, elle ne se démonte pas et, inquiète -ou faisant semblant?- me répond qu'elle a vu en 10 ? ans pas mal de gens avec des infarctus et qu'on peut tout à fait confondre, certains ont mal à l'épaule, d'autres ailleurs.. Non. Je refuse toujours -à partir de ce moment, j'ai l'impression que l'on cherche à m'amuser, pour occuper le temps en l'absence de médecins.. ou est-ce que je deviens parano?-. Paramétrage donc, tension, un peu élevée -tu m'étonnes !- mais excellente amplitude, ça me ferait mal avec  10 km de marche/jour! température -dans l'oreille, merveille, le trouduc ne sert plus à "ça"-.. ok, et je retourne en salle.

J'écris. Ce n'est pas grand chose certes mais si c'était grave, ce serait pareil! Dans la salle, d'autres pèlerins sont arrivés, les deux homos semblent de plus en plus épuisés-désespérés.. il est 6 heures à présent. Je suis là depuis 4 h environ, eux forcément bien avant moi. Je n'ai pas vu de médecin et il n'en est pas question encore puisqu'il n'y en a pas... et qu'on ne peut donner aucune heure pour la venue d'un Messie. J'écris toujours. Soudain, survient l'infirmier, encore. Il re veut me "paramétrer" !? Température etc.. MAIS VOUS L'AVEZ DÉJÀ PRISE !! Ah oui c'est vrai ! Mais il faut aussi... une dextro. Là encore, j'ai l'impression que l'on cherche à m'isoler de la foutue salle, ce n'est pas sûr, mais tout de même, j'ai du mal à croire -d'autant que j'ai signalé haut et fort que le spasme était passé ! !- que je suis le cas le plus lourd, surtout lorsqu'on voit le jeune à l'œil recousu et les deux homos blêmes enlacés, visiblement à bout. Tout va bien pour la dextro me dit-il, satisfait. Je l'interroge: un des médecins est-il revenu? Il ne sait pas. Il me demande aimablement d'attendre en box, "mais assise puisque vous ne voulez pas vous allonger." J'attends. J'écris.

Passe enfin devant la porte ouverte un gus qui srmble affairé -mais lent-.. qui ne daigne pas jeter un coup d'oeil vers mon "box", un médecin, c'est sur ! Comment font-ils pour qu'on les distingue sans erreur des autres personnels, des infirmiers? Allure, démarche -même celui-là qui semble mal réveillé- posture, expressions.. c'est indéfinissable mais tout dans leur être clame "CÉMOI" l'homme,  qu'on se le dise. Je ne me suis pas trompée. Il prend connaissance -apparemment- sur l'ordi du truc (le truc, c'est moi) un peu longuet (au fait, le coup des médecins -ou DU médecin unique?- retenu en ville par un accident serait-il du flan? Le fait est qu'il a plutôt l'air de sortir du pieu que d'une réa difficile*) puis le voici! Aimable, il me salue. "Alors?".. "J'avais... bla bla mais depuis que j'attends ça a passé.." Il me demande de m'allonger, me palpe le ventre, pas de douleur, m'ausculte trois secondes et hop! Il veut me prescrire du Gamachin, je n'ose pas refuser pour ne pas le fâcher mais je sais que je ferai un brouillon de la feuille tout de suite. Ça a duré ? 2 ou 3 minutes. Mais ma bonté me perdra, j'ai dû attendre 5 mn la feuille, entre temps il avait filé, triple zut, je n'ai même pas pensé à lui demander si un stress récent pouvait expliquer le truc, tant pis, le net n'est pas fait pour les chiens. C'est un libanais, probablement, depuis la guerre, il y a beaucoup -voire tous- de médecins libanais ou maghrébins dans cet hôpital, certains excellents -en psychiatrie- (cf "Noces kurdes". L'un d'eux m'avait dit que, réfugiés, ils prenaient ce qu'on leur offrait, même sous payés, dans un hosto en sous effectif...)

Des gens en meurent: ma mère, d'un infarctus alors qu'il n'y avait aucun médecin dans la clinique, et récemment, une jeune femme, à la suite d'une simple chute; sa mère l'a conduite aux urgences, le médecin l'a laissée partir sans même la faire panser, ni appeler l'ambulance à laquelle paraît-il elle n'avait pas droit (?) elles sont rentrées, le lendemain le généraliste l'a renvoyée à l'hôpital, où cette fois on l'a examinée sérieusement : elle avait la boite crânienne enfoncée et une partie du cerveau détachée. Elle est morte dans la nuit. Des histoires de ce type, on en entend tout le temps.

Je sors, avec l'impression d'un voyage dans un monde de fous ou dans l'enfer de Dante, le jour est levé, il est 7 heures moins 10, dans la salle le jeune couturé attend toujours, ainsi que les deux homo dont l'un s'est endormi, le monsieur moustachu -là bien avant moi- toujours impassible.. et d'autres arrivés entre temps. Dehors, toujours les publicités de pompes funèbres.

*ce matin, dans M.L. il n'y a rien de signalé.




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