Cela n'a pas forcément à voir avec mon mode de vie, si ce n'est peut-être que la fatigue accentue parfois l'agacement (mais d'autres fois, c'est le contraire) mais..
.. par moments, j'ai l'impression de détester le genre humain, enfin non, pas le genre humain en totalité, certains seulement.. (faudrait voir à pas virer Tatie Danielle.)Tout à l'heure, après que Momo ait fermé, (à 10 h et demi?!) j'ai fait un tour au foirail de mon enfance... le kiosque, dont j'avais oublié la parfaite acoustique, (en appelant Yok, ma voix a résonné comme dans un théâtre -on savait construire autrefois-.) De même, dans les arènes, (de Nîmes en tout cas), du DERNIER étage (!) on entend sur la piste le DÉCLIC D'UN APPAREIL PHOTO!
Puis nous sommes montés avec le chien jusqu'à la gare, toujours de mon enfance, à présent vide et même vendue... la bagnole a tout changé, unissant et séparant les gens, il y a ceux qui "en ont", et ceux qui "n'en ont pas", qui marchent, les vieux souvent, les pauvrissimes, les femmes parfois, marginalisés. Il reste les cars encore.. Mais pour combien de temps?
Bonne nouvelle, le chiotte y est toujours mais ne pue plus, ce qui explique qu'avant hier, j'avais cru qu'on l'avait viré.... C'est ma Madeleine en somme, (on a les Madeleines qu'on peut), l'odeur m'a un peu manqué. Temps moyen, ce qui me convient, la pluie cet après-midi et hier soir a soulagé la terre et le tilleul. Des boulistes, juste un petit groupe, et, MIRACLE, une femme parmi eux. Rare. Ça va mieux. Une femme, pensez, à 11 heures passées.
Vers la gare, l'escalier monumental de la photo de ma mère à ? 15 ans, en short (très osé à l'époque ! Et pourtant c'était style Baden Powell, pas sexy pour deux ronds!) chevauchant le mur qui fait garde corps.. et en le cas, toboggan (encore plus osé ! Autant dire quasi porno!) éclatante de vitalité sous l'œil admiratif de ses copines derrière, sagement assises sur les marches, en jupe, genoux serrés. Lydie!
C'est là, un peu plus haut, que Pierre-Albert Clément, (un résistant) a perdu son bras à la Libération. Il gardait avec quelques camarades du maquis -en très petit nombre, 4 seulement je crois- le village récemment libéré (seul) et administré par un Comité de Libération (où se trouvait Lydie) lorsque quelques desesperados miliciens déterminés à faire le plus de dégâts possible avant d'en finir, des "vrais", en un sens plus respectables que ceux qui avaient fui à grande allure avec leur fric, l'attaquèrent... ça s'est passé en quelques secondes, il tira des deux mains, les ou l'autre aussi, lui depuis la petite plateforme qui faisait comme une tour de gué, ils les 'plièrent" tout de suite.. mais lorsqu'il se regarda juste après, son bras droit, touché, pendait, il n'avait absolument rien senti. À l'hosto, le chirurgien totalement épuisé qui n'avait pas dormi depuis des lustres lui demanda "qu'est-ce que tu fais dans le civil?"il répondit "étudiant en droit" et l'autre, soulagé (!) : "bon, tu n'as pas besoin de tes deux bras pour devenir juge ou avocat" et il l'amputa, il y avait des blessés plus graves partout qui attendaient. Pierre a ainsi peut-être (non, sûrement!) sauvé la vie de ma mère -et des autres membres du Comité qui siégeait nuit et jour non stop.-
Ça devient trop sombre, nous retournons au foirail, éclairé... On passe devant le camion-baraque d'Albert, le pizzaiole égyptien, qui plie boutique, comme Hamid, à l'Esplanade, l'ancien café de mon oncle, puis on monte vers le stade. Un petit jardin, plus exactement un square, bien fermé a été aménagé devant la maison des associations où tout semble éteint ce soir comme souvent.
Des rires aigus, des cris dont on ne sait s'ils sont de colère ou de joie, on s'interpelle -avec un fort accent- sur les bancs du square.. Je m'approche, c'est un petit groupe de jeunes -en fait deux hommes et trois femmes seulement, je les croyais plus nombreux- avec des poussettes autour d'eux et des gamins qui jouent, qu'une des femmes engueule... À la fois sympathique et incongru -il est onze heures et demi et le temps maussade de toute la journée ne semble pas justifier une sortie surtout si tardive avec des tout petits.-
Je regarde les panneaux d'entrée. Rien de marqué. J'entrouvre le portillon : "Ça vous gène que j'entre avec mon chien?" Une des femmes, visiblement la chef, me répond très fort : "c'est interdit, c'est marqué". J'objecte : "Non, justement, il n'y a rien de marqué à la porte. C'est pourquoi ma question." Un des "hommes" (25 ans? Peut-être un peu plus?) un tout petit gringalet excité se met alors de la partie, mais un ton plus haut (c'est un mâle, forcément) : "Si c'est écrit !" Il me fait presque douter, je me recule, vérifie. "Non, il n'y a rien, je vous assure." La femme, (très corpulente, qui semble plus âgée que le mec, à moins que de trop nombreuses maternités ne l'aient déjà prématurément vieillie) qui vient de talocher son (ou un) gosse fatigué qui braille, reprend aussitôt avec son insupportable accent : "bé c'est qu'ils l'ont enlevé.. Mais les jardins, c'est fait pour les enfants, pas pour les chiens, non? Les chiens, c'est sale!" je n'insiste pas et m'en retourne à la voiture.. lorsque par chance, il se met à bruiner...
De loin j'entends gueuler "on va se saucer.. Brian! Marvin! Johnny! Ouste! " et la troupe des valeureux reproducteurs américains, poussettes en ordre de bataille suivie de leur avant-dernière ponte lève enfin le camp, merci Jésus, on peut y aller.
Yok a refusé de jouer avec les canettes de bière vides qui jonchaient le sol autour de leur banc, il préfère les bâtons... et les kleenex (merdeux? Morveux? Dieu seul le sait) et avait la prétention de s'en faire un apéricube avant la pâtée de médianoche. C'est vrai qu'un chien, c'est sale.
Oui, il y a des jours où je déteste le genre humain. Puis ça passe.
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