vendredi 1 août 2014

24 ieme jour. Des travaux et des jours.. et analyse de la notion de haine

J'ai débarrassé un olivier d'un lierre qui l'étouffait, et de deux mûriers du Japon -une engeance envahissante- qui poussaient au milieu jusqu'à lui prendre le soleil car ils étaient déjà hauts. Tache anodine avec un bon sécateur et une scie.. Mais qui à cause de la chaleur m'a mise en eau et fatiguée. Re lavage même des cheveux. Mais l'olivier semble satisfait, libéré. Yok s'est encore sauvé, pas longtemps, par chez K (qui n'est pas chaud pour une clôture, cependant à présent indispensable.) Il est revenu par le portail, tout content, après avoir provoqué Brenus sur son balcon. Je l'ai entendu aboyer. Du coup, l'âne s'y met et ensuite parfois les chevaux sur la montagne. Réaction en chaîne.

J'ai fait un peu de philo si l'on peut dire cette nuit.
Une réponse à qui me dit par mail "pourquoi cette haine? La haine dévaste tout."

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LA HAINE, UNE QUESTION DE KINÉSITHÉRAPIE PSYCHIQUE

La haine ? C'est un concept trop vaste, fourre tout. Si par haine tu entends la réaction de réponse à une haine infligée, alors oui, je dois éprouver plus ou moins quelque chose qui y ressemble. Mais je dirais plutôt un sentiment de dignité ou de simple justice (de désarroi aussi puisque l'avant veille encore tu m'avais dit l'inverse, passionnément.) Le désir de vivre, le vouloir vivre déniés par la haine ou le mépris, exacerbés, explosent, aussi violents que ce qui a été infligé et dans les mêmes proportions... pour seulement se rétablir. C'est comme un muscle que l'a trop fait travailler dans un sens (d'où risque de lumbago) que l'on doit immédiatement faire travailler dans l'autre (ou solliciter les muscles antagonistes) pour corriger le déséquilibre acquis.. De même, lorsque j'ai soulève 10 kgs du sol, je m'astreins à puiser même sans nécessité pour corriger l'hyperlordose suscitée par le lever et le transport de la charge.

C'est cela ou consentir à un "lumbago psychique", voire à la mort psychique, intellectuelle, affective, sexuelle.. Les saints ou les martyrs, les stoïciens (ou les Aspergers !) optent souvent pour ce consentement, sans doute parce qu'ils ne ressentent rien (ou pas aussi fort) ou qu'ils pensent pouvoir survivre malgré tout d'une autre manière, dans un au delà ou ici même, se faisant comme Socrate exemplaires pour des générations.

Je ne le fais pas, du moins autant qu'il est possible, formatée comme un chien de guerre (dont la seule faiblesse, mais elle est de taille, serait l'amour.)
Ce vouloir vivre qui explose passe-t-il par un désir acté de vengeance? Il passe en fait par n'importe quoi, comme la vapeur d'une cocotte qui bout passe par toutes les issues qu'elle trouve voire en créé s'il n'y en a pas. Mais ce n'est pas la souffrance éventuellement suscitée qui n'est qu'un artéfact, c'est le vouloir vivre seulement qui importe. C'est pourquoi le mot haine est inadéquat. (Hitler haïssait tous les juifs -qui ne lui avaient rien fait- et voulait les exterminer : là, c'est effectivement de haine qu'il s'agit. Mais la haine en tant que "vouloir-vivre contre" est totalement différente, c'est même l'inverse car seule elle permet de combattre et de combattre bien -donc on n'a pas le choix-.)

Il se peut cependant (à vrai dire, c'est presque toujours le cas) que ce vouloir vivre torture celui qui a initié la haine (c'est logique puisque celle-ci provenait précisément d'une négation de ce vouloir vivre, de cette existence perçue comme intempestive, gênante, à éliminer) soit de la propre volonté de celui qui réagit (on est alors proche de la vengeance) soit par simple artéfact (incontournable puisque justement le haïsseur primaire ne supporte pas son existence actée, égalitaire, c'est-à-dire son existence tout court.)

Mais il est une infinité de manières -plus fécondes- pour le vouloir vivre de s'exprimer, celle-ci n'en est qu'une, ou un passage seulement. Mais parfois toutes son mêlées. (Il faut prendre garde à ce que ces "autres manières" ne fassent pas en definitive le jeu du haïsseur initial. Par exemple, se lancer à corps perdu dans une "démonstration" de perfection, épuisante, vaine, qui revient au bout du compte à s'aligner sur le mépris infligé, jusqu'à se détruire, comme le racisé qui s'acharne à démontrer son l'exemplarité croyant ainsi se faire accepter ou clouer le bec du raciste.)

Si bien que l'on ne peut faire l'économie de la sanction (non pas la vengeance qui s'exprime hors éthique et dont la seule fin est la souffrance, par exemple, "si quelqu'un tue ton fils, tue le sien!") la sanction qui se fonde sur la justice : le paiement d'une dette qui rétablit l'équilibre. Sanction personnelle évidemment donc a priori suspecte car seule la société a le droit de punir (mais on ne peut exiger qu'elle se mette en ordre de bataille pour des offenses "mineures" considérées comme relevant de la sphère intime et de toutes manières que l'on ne peut que rarement prouver.) Il faut donc se faire justice soi même -profiter justement de ce vide juridique relié à des sols exercés au sein de la sphère intime- sachant bien qu'il ne s'agit pas ici tout à fait de justice. Le talion? Non, même si parfois on est limite. Vouloir la sainteté conduit à la mort. La question est ici : ma vie vaut-elle d'être ? Il faut répondre oui. Pas seulement pour soi.

La fin justifie-t-elle les moyens? Non. N'importe quelle d'un ne justifie pas n'importe quels moyens. Mais le vouloir vivre n'entend pas pas ce logos! Son désir d'être est si fort, si éclatant qu'il tend à user de n'importe quels moyens, justement. Le problème est : il ne faut pas que la réponse soit démesurée par rapport à l'offense. Gymnastique difficile: 1 parce que l'offense réactive parfois des offenses antérieures identiques qui n'ont jamais pu faire l'objet de ré équilibrage (dans l'enfance par exemple) et qu'alors, le dernier offendeur risque de payer pour les autres, sans même que l'on n'en ait conscience et 2 : l'expression même et surtout tardive d' un vouloir vivre anéanti est incontestablement jubilatoire. Comment se priver d'une joie excessive ? Comment résister à vouloir l'accroître encore et encore ? C'est une drogue dont il faut se garder.
Cela avilit? Non, ou moins que de subir. C'est le prix de la vie. Et de la justice. Car il est aussi incontestable que la haine primaire (par exemple le racisme) touche presque toujours ceux dont on ne redoute rien, ou dont on croit ne rien avoir à redouter (des faibles, ou seulement des longanimes, ou encore des pré formatés) et ne s'attaque pas à des offenses plus forts. D'où la jubilation qui prend lorsque l'on montre que la soi disant faiblesse n'était qu'amour, tolérance.. Or pour prouver sa force morale, intellectuelle ou physique, il faut l'exercer. La boîte de Pandore est ouverte, il est difficile mais indispensable de la refermer, sachant que tous les démons échappés n'y rentreront pas. Il n' est pas difficile d'apprendre (ou de réveiller ses instincts) à un chien à se battre. Il suffit de le faire souffrir. Mais une fois le combat commencé, il est très difficile de lui apprendre à lâcher. Il a pris conscience de sa puissance, sent ou croit qu'il va être vainqueur, et son plaisir d'exister comme chien, comme fauve est tel qu'il ne sent même pas les morsures et les coups.

EN RÉSUMÉ, JE TE "HAIS", MOT IMPROPRE, SEULEMENT PARCE QUE J'EXISTE ET POUR EXISTER.

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