Une enfant que la mère ne pouvait assumer

Les juxtapositions qui tuent de google !

Adélaïde. Morte noyée à Berck-plage où sa mère l'a laissée à la marée montante. Un père de 63 ans qui ne l'a même pas reconnue et pour lequel assurément sa naissance imprévue fut une cata absolue l'empêchant de mener à bien son projet artistique.. et peut-être sa vie amoureuse ; une mère, idem, mais, elle, déracinée de son pays de soleil, complètement isolée, non soutenue par celui-ci qui à aucun moment n'a perçu l'immensité de sa détresse.. et ne s'est pas étonné plus que ça qu'elle, "mère admirable" dit-il, décide de l'envoyer (?) ou de l'amener chez sa mère (dont elle ne savait même pas où elle vivait) au Sénégal.. Et la solitude, effarante, le désespoir (son visage, pour peu que l'on agrandisse la photo, le montre de manière poignante) l'impossibilité de mener au bout sa carrière de mère, la longueur du temps infini devant elle qui la condamnait à tenir toute sa vie ce rôle impossible..: et voilà.

La mer la prendrait et on ne saurait jamais rien de cette petite fille née et oubliée. Le Sénégal, c'est loin. Mais les marées sont capricieuses. Une mère désespérée, un peu plus sophistiquée que celles que l'on voit habituellement dans les mêmes circonstances (étudiante en philo), bonne mère au départ notons le, qui a allaité sa fille longtemps et s'en est parfaitement occupée. Il aurait fallu.. il n'aurait fallu qu'un mot peut-être, mais ce mot, elle ne l'a pas demandé. Et personne n'a su le lui dire. La philo n'y a rien changé. C'est aussi notre faute; la déshumanisation des métropoles nous fait nous côtoyer sans jamais rien savoir de l'un ou l'autre.Je n'ai appris la naissance du troisième enfant de ma voisine (avec laquelle nous sommes en excellents termes) que lorsque celle-ci avait trois mois. (Je ne la voyais et saluais que de voiture à voiture, toujours pressées l'une et l'autre..) Elle aurait pu la tuer je ne m'en serais pas aperçue. Peut-être les autres voisins aussi.