jeudi 5 décembre 2013

Djamel Debouse, le syndrome Mikkiche et le syndrome de Stockholm

Entendu hier à la radio un sketch ahurissant dudit Debouse... suintant d'un racisme anti rom ou anti roumain comme du pus nauséabond d'une plaie immonde... (il mime avec insistance sur quelques minutes de finale qui semblent interminables un footballeur "roumain" mendiant le ballon : "s'il vous plaît.. pour faire vivre mes enfants"). Lien. Pourquoi des rescapés dézinguent-ils avec plus d'âpreté encore que les nantis de toujours leurs anciens compagnons de misère? La souffrance, les humiliations génèrent en effet souvent ce syndrome que j'appellerais "Mikkiche" du nom du grand gagnant, un vrai raciste de compétition parlant des "femmes rroms mal habillées, sales.." entre autres performances remarquables et tout ça sans dopage. Lien avec le blog, "rroms, génocide. Ces ex humiliés devenus humilieurs et hard ont certes des circonstances atténuantes mais... Anecdote : récemment, dans une petite copropriété dont j'ai quelques parts minimes se trouvait dans un local commun (en mauvais état) que PERSONNE N'UTILISAIT un squatter sans papiers qui s'abritait du froid et ne gênait en rien. Il a été expulsé par un copro d'origine turque lequel a profité de la situation pour lui réclamer un loyer de 800 E.  
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Le syndrome Mikkiche s'apparente au syndrome de Stockholm (la solidarité paradoxale de la victime avec son doleur) mais il est plus intelligemment construit et son champs plus large : le "syndrome Mikkiche" qui dézingue des exclus roule pour lui (même si sa copie -outrée- du racisme dont il a été l'objet constitue la preuve que son passé le blesse toujours, y compris s'il est devenu une "star") tandis que le "syndrome de Stockholm" roule carrément pour ses doleurs contre son intérêt immédiat et direct. Debouse tire profit de sa forfaiture (il gagne de l'argent, ratisse un plus large public), Mikkiche pense monter en grade à l'UMP en posant au "mec qu'en a".. tandis qu'Adèle ou  Evelyne (lien) ne gagnent rien au contraire: Adèle s'isole (1) et Eve vit dans la misère, exploitant un peu ses amis-amants sans la moindre vergogne.. pour soutenir et constituer le pécule... de celui qui l'a violée et massacrée (au point qu'elle a dû subir plusieurs interventions réparatrices -anus artificiel-) emprisonné pour quelques années (2). Le syndrome de Stockholm s'inscrit en général dans une sphère conjugale, familiale (Adèle, rurale, elle aussi issue d'immigrés, a été témoin -et/ou victime- de maltraitance par son père de sa soeur aînée -et peut-être d'elle-même-, mais il semble que l'ostracisme ou la xénophobie l'ait relativement épargnée) tandis que Mikkiche, Debouse ont du ferrailler contre un groupe entier constitué (des français dits "de souche"). Ouvertement. Or la bagarre frontale est toujours plus aisée et moins traumatique (voire cathartique) que les intrigues compliquées.



Logiquement donc, le syndrome de Stockholm est plus grave quant à ses conséquences : Adèle se disqualifie socialement alors que c'est la reconnaissance sociale qu'elle vise, Eve exaspère et fait fuir tous ceux qui pourraient l'aider, (il est révélateur que Debouse et Mikkiche soient, pour l'un une star oscarisée, et pour l'autre, un ambitieux qui espère le devenir, tandis qu'Adèle comme Eve sont au niveau zéro de la reconnaissance sociale)... Le syndrome se Stockholm touche au plus intime, il est silencieux et de surcroît concerne une victime "seule" enfermée dans un huis-clos familial... alors que les jeunes beurs malmenés forment des groupes relativement soudés (du moins soudés CONTRE) qui se soutiennent. Il est plus facile de se se battre face à face contre un "ennemi" "étranger" que contre un parent maltraitant. Le racisme le plus souvent s'exprime clairement -sa réponse également- (alors que personne ne se vante jamais d'avoir agressé sexuellement sa fille ou l'avoir jetée dehors à seize ans parce qu'elle était enceinte : cela n'existe tout simplement pas...) Un "syndrome de Stockholm" agit par simple transfert (victime, il "est" aussi son doleur dont il épouse fait et cause contre lui-même) tandis qu'un syndrome Mikkiche plus sophistiqué effectue un transfert "externe" qui le met à  l'abri (c'est contre un autre groupe ethnique encore plus ostracisé, ici les rroms, qu'il  agit -les femmes aussi constituent un gibier de choix-).

Notons que les deux se superposent : Adèle qui s'aplatit devant son père s'aplatit aussi devant les nantis -syndrome Mikkiche- (et on peut supposer qu'un Mikkiche agressé familialement aurait admiré et justifié son propre agresseur..)

Pour simplifier, un SS est une victime qui se tire une balle dans le pied ; un SM, une victime qui tire une balle dans le pied d'autres victimes. Mais en effet les deux vont parfaitement ensemble : Adèle, lorsqu'elle s'en prend à Anita (une autre victime du même agresseur) est en même temps Syndrome de Stockholm et de Mikkiche. (Elle prend fait et cause pour le doleur même si elle n'est pas la victime directe). La peur et le soulagement d'avoir été peu ou prou épargnés, d'avoir moins morflé que d'autres (3)... et de s'en être "sortis" fonde les SS et SM non seulement à refuser toute solidarité, toute identification avec ceux qui ont été plus maltraités qu'eux et/ou qui sont encore dans le bouillon (éminemment dangereuse car elle risque de les y précipiter à nouveau, eux) mais pire, à leur tenir la tête sous l'eau. Loin de leur tendre la main, ils trouvent plus productif de leur jeter des pierres pour les couler plus surement.. et font de même avec TOUS CEUX QUI LES DÉFENDENT -ici, Léna- (4). Des monstres? Non : s'ils s'en prennent aux victimes, c'est parce qu'ils supposent que tous vont forcément agir ainsi (mais ils prennent les devants) : ayant vu dans leur enfance (dans le cas d'Adèle) une/des victimes -parfois eux-mêmes- massacrées dans le silence de tous, comment pourraient-ils imaginer que l'on puisse se lever pour elles? Cercle vicieux : lorsque "cela" arrive imprévisiblement (par exemple lorsque quelqu'un réagit efficacement pour les défendre) alors, c'est celui-là qu'ils vont dézinguer (!) : les attaques d'Adèle contre Léna surviennent peu après que celle-ci ait joué sa partition : elle a retrouvé Anita, l'enfant abandonnée (5.) C'est justement cela qui fonde la pseudo indifférence du public devant "ces affaires familiales", sur le mode "on ne veut pas se mêler car ça va nous retomber dessus".. qui n'est pas si faux. Le comique et banal leit motiv de ce syndrome de S qu'est Adèle est "les gens sont méchants, ils se foutent des autres etc.." sans qu'elle ne s'aperçoive que c'est elle (plus que d'autres) surtout qui se comporte ainsi.. générant justement le travers qu'elle dénonce. Le fait est : un SS est ou se croit -mais cela revient au même- seul, fragile, toujours sur le fil du rasoir, terrorisé: aider ses "confrères" lui est impossible. Trop risqué. Et on a des sketches à la De bouse (dénonçant le racisme anti arabe au début) puis dans la même foulée, en finale... démolissant les rroms. Vertiges. 

(1) Elle se met à dos Léna -et par ricochet son mari- qui pèse son poids... et détruit en une seconde l'image de la bourgeoise impeccable qu'elle avait soigneusement ciselée sur des années, avalant parfois quelques couleuvres avec le sourire..
(2) Elle dézingue la magistrate (une "féministe frustrée") qui la défend (malgré elle, qui a refusé de porter plainte) : "c'est juste une histoire de couple qui ne regarde qu'eux.. de quel droit s'immiscer dans une relation qu'elle a bousillée en les séparant deux amants qui s'aiment ? Et la liberté?" etc.. (!!)
(3) C'est la soeur aînée d'Adèle (et par ricochet sa fille Anita) qui furent les victimes "premières" et non elle, du moins pas autant..
(4) Les bourreaux familiaux divisent toujours leurs victimes selon une stricte hiérarchie pour se ménager des kapos : il y a celle qui prend pour toutes (bouc émissaire) et celles qui sont relativement épargnées.. et qui se terrent, terrorisées : au fond, ça les arrange. Si bien que, se sentant plus ou moins complices, elles se taisent ensuite voire même démolissent la sacrifiée ("une traînée, dingue, idiote"... laisse entendre Adèle de sa soeur) pour justifier ET le bourreau ET leur silence. Notons que, illogiquement, ce phénomène peut exister même lorsque la victime-témoin (car le témoin impuissant est aussi une victime) très jeune, ne pouvait manifestement rien faire (cas Adèle.)
(5) Le père ayant mis sa fille aînée enceinte à la porte, l'enfant (Anita) fut confiée à la DDASS et soi disant "perdue" (et sa mère, sous la coupe de macs violents, vouée à la prostitution). Personne dans la famille ne s'en soucia réellement. Il s'agit donc de la nièce d'Adèle (lien).

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