mardi 31 décembre 2013

Einstein et la sodomie


Comment faire un best-seller qui marche du "feu de Dieu" -pas donné mais vendu-.. et devenir un "in-con-tournable"



 
C'est simple mais cela se décline de multiples manières. En voici une, assez porteuse : prenez quelques faits historiques réels ou acceptés, une abbaye mystérieuse où il se passe des choses bizarres — il s'en passe dans tous les lieux religieux, ne seraient-ce que les innombrables visites de gens à leur recherche justement— des coïncidences de dates sur un personnage ayant existé, une prémonition attestée d'un écrivain sur une catastrophe, celle du Titanic par exemple, ou mieux encore, simplement un sujet d'actualité hyper vendeur déjà bien médiatisé, si possible sanglant, famille ou sexe... voire politique ou les deux car politique sans cul, c'est moins porteur — l'affaire Grégory fit d'excellentes recettes, Ranucci un peu moins mais tout de même, les histoires de quéquette et de chaussures de Dumas ne furent pas d'un mauvais rapport elles aussi grâce à Christine etc..— Là, dessus, adoptez une position résolument à contre courant de la thèse traditionnelle reconnue, y compris si ce n'est pas logique, aberrant voire abject : plus c'est moche, plus ça plaira/paiera [les bons esprits pullulant comme grenouilles en marre rasent toujours un peu] ... Pro violeur ou accusatrice des femmes si vous êtes féministe, reconnue -ou pas-; pro Le Pen si vous êtes juif/ve, noir/e ou arabe etc... [les camarades dudit vont vous offrir une estrade, ils en "tiennent" "un", vous démentez les méchantes rumeurs sur eux.. tout comme les anti féministes vont vous dérouler un tapis rouge].. ou défenseur d'un vieux nazi si vous avez une réput impeccable d'anti raciste courageux et militant [mais un peu ancienne, et hop, ça va repartir].. voire, dézingueur -hard- d'un ex amant- agresseur sexuel ou mieux [que vous avez défendu avec brio contre tous] corroborant en pire tout ce qui a été dit sur lui, nous y reviendrons.

Brodez un scénario provoc — glamour si possible— laissant entendre que vous détenez des informations importantes dont vous ne pouvez divulguer qu'une partie, dans lequel vous mélangerez réel et imaginaire en lui donnant le ton du vrai, du scientifique indiscutable, de l'intime ou de l'initié pour ce qui est du people et du cul qui échappent à toute règle physico mathématique. Même si par la suite vous assurez [devant un proc] n'avoir fait qu'une œuvre d'imagination, personne ne vous croira et c'est très bien [et le juge vous laissera tranquille]...  Mixez serré et bouillant pour qu'on ne s'y retrouve plus, l'imagination des lecteurs fera le reste, et elle est fertile.

Ajoutez-y aussi s'il faut -selon les sujets- une dose de mysticisme ou d'anarchisme dur avec un zeste d'humanisme et d'écologie type science fiction pour ratisser large et mine de rien être dans le vent, plus une belle couche de violence -et/ou de racisme- : vous tenez là les ingrédients d'un best seller à tout péter. Il n'est pas mal alors de demeurer à l'écart et n'accepter aucune remise en cause directe, vous devez faire vous aussi partie du mystère. Tout le monde se laissera prendre, vous vendrez de plus en plus, les lieux [s'ils font partie du scénar] deviendront aussi célèbres que vous et leurs indigènes vous en seront reconnaissants. Ce n'est pas -par exemple- le petit Maire d'un hameau perdu au fond de l'Ariège qui va vous démentir question apparitions, il a même obtenu une subvention inespérée du Conseil Général pour retaper son village et un pont d'or d'un producteur pour restaurer l'église afin d'y tourner un film sur les "événements". Les libraires seront au pied et quant aux habitants, loin de remettre en cause les "faits" que vous relatez, même s'ils n'en avaient jamais entendu parler avant, ils les corroboreront haut et fort devant caméra comme évidences historiques connues de tous... croisant les doigts pour que leur pays devienne un Lourdes de bon rapport. De cette providence, vous serez le pourvoyeur.

Si vous optez pour un sujet politique et/ou judiciaire, alors, en rangs serrés, le groupe, les amis et la famille de l'"innocent" que vous défendez —choisissez le important ou le plus franchement coupable voire odieux, il faut choquer— constitueront pour vous un service de presse zélé, gratuit, absolument hors norme. Il faut aussi vous attendre à ce qu'un confrère avisé -ou sincère, ça arrive!- s'accroche à votre bouquin pour en faire un autre afin de profiter de la manne -ou par honnêteté-... fustigeant durement votre "recherche". C'est très bien ! n'en faites pas cas, il faut qu'il réussisse, ça vous propulsera davantage, on parlera de lui donc de vous, il y aura les "pour-vous" et les "pour-lui" et ça relancera à l'infini. Vous pouvez même le susciter si vous avez des potes dans le besoin. Ne soyez pas égoïstes. Créez une sorte d'affaire Dreyfus.

Tout ceci ne serait pas grave si vous écrivez bien — et si l'innocent est vraiment innocent et le coupable vraiment coupable mais ce n'est évidemment pas le but, au contraire—... pas grave si cela ne conduisait au placard des littérateurs de talent se morfondant devant leurs manus refusés quand vous croulez sous les propositions d'une suite, contrat juteux à la clef, dollars, conférences, télés... Et voilà le travail, calqué sur le modèle américain: faits divers "réels", mysticisme, suspense, ésotérisme, certitudes "scientifiques", cul, violence, politique [mais là il faut bien choisir ses héros], racisme, surtout si vous êtes noir [car des racistes blancs, il y en a des bétaillères pleines et ça ne rentre pas un kopeck].. En ce cas, il vous faut choisir une cible, en principe les juifs sont de bons clients, ou si vous êtes vraiment culotté mais c'est plus risqué.. les noirs eux-mêmes, avec à la clef "études sociologiques" ou "enquêtes" censées mettre à mal vos sujets, ou mieux, un troupeau entier : l'église [ou un groupe religieux ou ethnique bien achanlandé], l'état ou n'importe quelle institution vendeuse... qui vous feront eux-mêmes vendre car il n'y a rien de plus acheteurs que ceux que l'on damne. [Il faut connaitre l'ennemi pour s'en défendre.] Et ceux là en ont les moyens, quitte à pilonner ensuite. Quant à ceux qui damnent, toujours à la recherche de références, ils se précipiteront en premier dans les librairies, l’œil brillant de convoitise. Vous serez LE spécialiste.

Entre les "pour-vous" et les "contre-vous", les débats feront s'envoler l'audimat ... et envoyer les dollars, c'est le but. Le top de la réussite [mais c'est rare en dehors de ces pro que sont les politiques] est que notre nom devienne éponyme de l'"idée" que vous avez promue, même si vous n'en avez aucune [à condition que celui-ci ne soit pas trop ridicule ou mal sonnant, comme "Vadeboncoeur" pour le prêtre pédophile, "Vacogne" pour le juge épinglé pour sa férocité, Pillard pour le Maire de (...) voire Grappin, Arnac ou simple Poury pour les membres éminents son équipe].. et le simple Dubalet que vous étiez devient chef du mouvement "dubaliste". Tout est bien. Relancez de temps en temps par une "parole malheureuse" car l'actu file vite et on a tôt fait d'être oublié. Une amende? pas grave, au bout du compte, vous y gagnerez.

Vous tenez là une carrière inespérée. Mais il se peut que cela s'essouffle et que votre mauvaise foi, après vous avoir porté, vous nuise car des petits filous comme vous ayant déjà fait leur preuves, les éditeurs en ont plein les placards. Alors, vous n'avez pas le choix, tentez le grand schelem : changez de position, virez à 180 degrés.

Coup de théâtre, brûlez ce que vous avez adoré. Si vous vous êtes fait un nom comme danseuse nue ou féministe de choc, faites vous l'apôtre du tchador [l'inverse est plus périlleux] ou défenseure d'un serial violeur. Finalement vous avez eu des infos, une "preuve", c'est un cas de conscience, il vous faut parler: l'innocent que vous défendiez contre vents et marées est bel et bien coupable, vous ne le saviez pas -vous étiez bien le seul mais baste..- "on" a profité de votre naïveté.. et à présent vous vous faites un devoir de etc... Là aussi, laissez entendre que vous avez des infos pointues, si possible plus hard encore que tout ce qui a déjà été dit, forcément, vous avez côtoyé le diable, vous. N'oubliez pas qu'après votre best-seller -et même d'ailleurs s'il s'est vendu modérément- vous êtes devenu/e un/e spécialiste écouté/e. Les pro culpabilité [la majeure partie du public puisque, avisé, vous avez pris soin de choisir un innocent indiscutablement coupable] vont alors se ruer sur le bouquin pour river leur clou à leurs détracteurs ["à présent, même Dubalet dike"], vous êtes sûr du coup. Le top est d'avoir réussi à vous "infiltrer" au point d'être devenu/e un/e intime du gus.. Là, pas de question : "il/elle sait de quoi il/elle cause sur ce cochon-là". Note : le revirement peut s'opérer plusieurs fois certes [féministe, puis défenseure d'un serial violeur et enfin, cogneuse du même jusqu'au KO final..] mais il ne faut pas exagérer, trois, c'est très bien mais c'est le max ; après [si vous tentez de faire amende honorable et revenez, soft à sa défense] ça n'intéressera plus personne, vous pourrez même faire rire, à vos dépends.. quoique le rire aussi soit parfois vendeur mais prendre le public pour des c. à ce point [il l'est mais tout de même..] est dangereux.

Exemple le cador "climatosceptique" dont les "recherches" étaient payées par les trusts pétroliers, qui soudain a tourné casaque, promettant au public des "révélations" alarmistes pire encore que tout ce que l'on sait déjà, un vrai "J'accuse" (!) ..



Montrez vous alors plus catégorique encore que vos "ennemis" de la veille, il faut vous démarquer là aussi sinon vous risquez de vous noyer dans leur masse ; oui ils ont bel et bien raison, battez votre coulpe sans modération, rajoutez-en une couche, les repentis, ça se vend toujours bien, forcément, ayant été "in", ils savent "tout", même les secrets les plus inavouables... et la morale est enfin sauve, ce qui réjouit les Margot des deux genres. Ça repartira du feu de.. Dieu. Certes, vous pouvez aussi dégoûter c'est vrai, mais le dégoût aussi se vend bien, on fera juste précéder votre nom de : "le ou la sulfureux/se" Dubalet bien connu/e, ce qui n'est pas rien. Cette fois, vous accepterez ou non les interviews, une question de circonstances, vous pourrez aussi vous planquer -ça paie bien, et il faut dire que le jeu est épuisant-, vous êtes un cador, à vous ou à votre éditeur de voir etc... Et les gens de bien, toujours naïfs et peu rancuniers vous tendront la main. Tapis rouge, de tous côtés, fric etc. Go?


Hélène Larrivé
Lien avec "le prix d'une auteure"(image)

Texte écrit le 2/11/11..  (lien avec le texte original -le Cabri d'or, histoire d'un prix littéraire-) prémonitoire!! Lien avec l'affaire Yacul

lundi 30 décembre 2013

L'horreur, ce n'est pas mort mais la vie que certains mènent

"L'horreur, ce n'est pas la mort, mais la vie que mènent les gens avant de rendre leur dernier soupir. Ils n'ont aucune considération pour elle et ne cessent de lui pisser, de lui chier dessus... Ils ne s'obsèdent que sur la baise, le cinoche, le fric, la famille, tout ce qui tourne autour du sexe. Sous leur crâne, on ne trouve que du coton. Ils gobent tout, Dieu comme la patrie sans jamais se poser la moindre question. Mieux, ils ont vite oublié ce que penser voulait dire, préférant abandonner à d'autres le soin de le faire. Ils respirent la laideur, parlent et se déplacent de manière tout aussi hideuse. La majeure partie des morts l'étaient déjà de leur vivant. Le jour venu, ils n'ont pas senti la différence." Bukovski

Konstantina Kuneva, forget me not



Théorie du complot

Cosmétique, danger

Une femme noie son bébé, le "film"

Une femme accouche SEULE dans sa voiture 
en se rendant à l'hôpital... et tout s'enchaîne..

dimanche 29 décembre 2013

Une femme noie son enfant.. en trois images


 Elle est partie seule pour la maternité, a accouché seule dans sa voiture !... et est revenue avec le bébé..


 Elle l'allaite toute la journée. La scène continue ; épuisée, elle repart.. et noie le bébé en route.



Revient. Pas trop curieux, le papa. 
    


ELLE EST INCULPÉE; LUI EST HORS DE CAUSE. CQFD
Ça s'est passé près de chez "nous"où des gens font 
les pieds au mur  pour adopter, attendent des années... 
supplient tout les décideurs des DDASS. En vain souvent.. 

Un blog à voir..

http://humourdedogue.blogspot.de/2013/12/bordels-en-allemagne-les-violences-aux.html

Une femme noie son enfant.. mais lisez dans quelles conditions ! et le père est HORS DE CAUSE!



Bouleversant. A côté de ça, "Les misérables" passent pour une bluette de séries Guilli. Lisez bien: elle a accouché SEULE dans sa voiture, le père resté avec les autres gamins. SEULE! par ce temps, dans une simple bagnole.. un accouchement ! espérons qu'il y avait au moins le chauffage.. puis elle est revenue à la maison avec le bébé (miracle, en forme tous les deux) qu'elle a allaité toute la journée (mauvaise mère? Vraiment?) Ensuite, la scène avec le père au chômage (qui gueule) : ils n'ont pas les moyens de l'élever, c'est l'angoisse, les autres vont mourir de faim etc.. Rappel : elle VIENT D'ACCOUCHER et dans quelles conditions et lui.. (dépressif? immature?) l'accable.. Et, désespérée, malgré son épuisement, elle repart (en voiture encore!) "l'abandonner".. (le père est toujours à la maison au chaud).. et le noie au passage dans la rivière proche. Un état second, l'horreur de sa solitude, de cette journée atroce à la Zola qui aurait dû être heureuse, harcelée, en état de moindre résistance.. Voilà : c'est ELLE QUI EST DÉFÉRÉE ET LUI HORS DE CAUSE. MERDE!! Psychose puerpérale, ils en ont entendu parler à Mont de Marsan, les juges? De salopards, aussi?



vendredi 27 décembre 2013

Le pape François me déçoit énormément


 Il a perdu au moins 80% de son sex appeal et déjà 
qu'il n'était pas très haut dans les sondages, voyez ce qui reste ! 


On aurait pu croire qu'il aimait les animaux, qu'il allait participer -ou au moins financer, ipeu ipeu!- toutes sortes d'assoc anti corrida, de protection animale.. discrètement militer pour les phoques ou les baleines bleues.. et que le Vatican, à l'image de l'église de François son homonyme, en cette période d'avent, serait joyeusement envahi par ânes, boeufs, oies et tous gens de bien aimables, marrants autrement que ses épluchures cardinaux. Et bé non ! Comme tous, il est can, pardon, con veux-je dire.. mais aussi can't il est vrai. Dé-çue je suis ; entre nous ce ne sera plus jamais pareil François ! Tant pis pour toi.


Allez, je lui lance Nietzsche dans les pattes..

 "Les religions sont .. des systèmes de cruauté car elles se fondent sur la mémoire, le sacrifice... Quelques idées doivent être rendues ineffaçables, inoubliables, toujours présentes à la mémoire, et seul ce qui ne cesse de faire souffrir ne s’oublie jamais.. Les morales religieuses pratiquent la flagellation, la souffrance qui purifie.. et le principe qui guide cette attitude ascétique conduit à la mort. Vivre pour l’homme, c’est avoir un corps, avoir des désirs, des pulsions, ressentir du plaisir. Mais les religions sont animées par la haine du corps : elles ne cessent de le dévaloriser au profit d’une âme pure, incorporelle… et la vie qu’elles promettent après la mort, consiste à être délivré du corps. Ce sont ceux qui sont incapables de jouir (dyspeptiques, impuissants) qui ont inversé les valeurs, faisant de leur incapacité, le bien et de la capacité des autres, le mal : le bien est la souffrance (l’ascétisme, la mort) ; le mal, le plaisir, la vie. La religion est donc une maladie contagieuse de l’humanité." 
 

jeudi 26 décembre 2013

mercredi 25 décembre 2013

L'Inde, un des pays où la situation des femmes est la pire. Intouchables et autres banni/es


C'est à peu près ce qu'a dit le violeur pour se justifier..


Une jeune femme qui vide quotidiennement à la main les toilettes d'un quartier dans un panier débordant qu'elle porte sur la tête jusqu'aux égouts... pour quelques roupies ou un peu de nourriture. Certaines ont fait ça toute leur vie. ''Intouchables'', impures (!) ce genre de tache leur est ''réservé'' et elles n'ont ni le droit de résider dans le village (elles vivent loin à l'extérieur, dans des cabanes jouxtant souvent les décharges) ni leur boulot accompli d'utiliser les puits (interdits aux sans-caste). (Lien) Beaucoup de maisons bourgeoises (!) possèdent gaillardement des WC... à ''vidange naturelle'', même si en principe c'est interdit ("pour ce que ça coûte, ma chère, inutile d'investir dans de la plomberie, je suis restée très trad".)  50 ans après Gandhi, le système des castes perdure encore, du moins dans des villages reculés. -ici tout proche de Dehli cependant- avec son cortège de barbaries diverses et variées, lynchage de celles qui auraient eu le toupet d'aller puiser de l'eau pour se laver.. et crimes d'"honneur" lorsque des jeunes bravent l'interdiction des familles en se mariant inter caste etc.. (lien.)

Un homme très pauvre dont la femme était morte en couches faute de médecin proche s'est attelé à abattre.. une montagne ! pour percer un raccourci vers la ville afin que cela n'arrive plus jamais. Il y a mis 20 ans, travaillant sans relâche -avec un âne cependant- et c'est fait. A 7 km au lieu des 25 d'avant, le dispensaire est à présent à portée. Une leçon pour tous, un héros méconnu à ne jamais oublier. (Lien)
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AILLEURS AUSSI, DES SDF... 

Ici, un serbe de 45 ans, qui n'a trouvé pour se protéger qu'un tombeau vide qu'il a "squatté", à Nis. La guerre, c'est aussi cela.
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LE DOSSIER
http://femmesavenir.blogspot.fr/2014/04/le-dossier-des-insultes-aux-coups-et.html
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Voir aussi le dossier "culture"

La Mordavie en cinq images

La lettre de la maison des mortes (lien) par Nadedja Tolokonikova.. ou rien n'a changé depuis Margarethe Buber-Neuman !







La lettre de Nadedja Tolonkonnikova, lettre de la maison des mortes. Le nazisme, tout simplement..

La Mordovie en 5 images (lien)




 En ce lundi 23 septembre, je déclare une grève de la faim. C’est une méthode extrême, mais je suis absolument persuadée que c’est la seule issue possible, pour moi, face à la situation. L’administration de la colonie refuse de m’entendre. Mais de mon côté, je ne renoncerai pas à mes exigences, je n’ai pas l’intention de rester sans rien faire, d’observer sans un murmure la façon dont les conditions de vie serviles dans la colonie mettent les gens à genoux. J’exige le respect des droits humains dans la colonie, j’exige le respect de la loi dans le camp de Mordovie. J’exige que l’on nous traite comme des êtres humains, et non comme des esclaves.
Celui qui n’a pas fait de taule en Mordovie n’a pas fait de taule du tout
Cela fait déjà un an que je suis arrivée à la colonie disciplinaire n°14 (CD-14), dans le village mordove de Partsa. Comme disent les prisonnières : "Celui qui n’a pas fait de taule en Mordovie n’a pas fait de taule du tout". J’ai commencé d’entendre parler des camps mordoves dès l’époque de ma détention au centre n°6, à Moscou. Le régime le plus brutal, la journée de travail la plus longue, le non-droit le plus criant. En Mordovie, on vous accompagne comme au peloton d’exécution : "Peut-être que ce ne sera finalement pas la Mordovie ? Peut-être qu’on te déplacera ?" On ne m’a pas déplacée – et à l’automne 2012, je suis arrivée dans ce camp, sur la berge du fleuve Partsa.

La Mordovie m’a accueillie en la personne du directeur adjoint de la colonie, le lieutenant colonel Kouprianov, qui commande en pratique notre CD-14, par ces mots : "Sachez le : moi, en matière de vues politiques, je suis stalinien." Quant à l’autre patron (car la colonie est gérée en tandem), le colonel Koulaguine, il m’a convoquée dès le tout premier jour pour un entretien, dont le but était de me contraindre à admettre ma culpabilité. "Vous avez connu un malheur. N’est-ce pas ? On vous a donné deux ans de colonie. Et quand les gens traversent des malheurs, ils changent habituellement leurs points de vue. Il faut que vous reconnaissiez votre culpabilité pour sortir plus tôt, en libération conditionnelle. Mais si vous ne l’admettez pas, il n’y aura pas de conditionnelle." J’ai immédiatement annoncé au directeur que je n’avais l’intention de travailler que dans le cadre des huit heures journalières imposées par le Code du travail. "Le code, c’est le code. Mais l’important, c’est de respecter les normes de rendement. Si vous ne les remplissez pas, vous resterez en journée de travail prolongée. Et vous savez, ici, on en a brisé des plus dures que vous ! " m’a répondu le colonel Koulaguine.

Toute ma brigade, à l’atelier de couture, travaille 16 ou 17 heures par jour. De 7h30 à 00h30. Le sommeil, dans le meilleur des cas, c’est quatre heures par nuit. Un jour férié tous les mois et demi. Presque tous les dimanches sont travaillés. Les détenues rédigent des demandes pour travailler les jours censément fériés, qu’elles signent par la formule "selon mon souhait propre". En réalité, évidemment, ça n’a rien à voir avec leur souhait. Mais ces demandes sont rédigées sous la contrainte de la direction, par l’intermédiaire des prisonnières qui en exécutent la volonté.
Personne n’ose désobéir
Personne n’ose désobéir (en ne rédigeant pas ces demandes de travail, c’est-à-dire en refusant de travailler jusqu’à une heure du matin). Une femme de 50 ans a demandé à quitter la zone de production non à 00h30, mais à 20h, pour pouvoir se coucher à 22h et, au moins une fois dans la semaine, dormir huit heures. Elle ne se sentait pas bien, elle a de la tension. En réponse, une réunion de brigade a été convoquée, au cours de laquelle cette femme a été réprimandée, rabaissée et humiliée, traitée de parasite. "Il faudrait que tu dormes plus que les autres ? T’as qu’à marner, rosse !" Quand une membre de la brigade ne va pas travailler sur ordre du médecin, on fait aussi pression sur elle. "Moi, j’ai été coudre avec 40 de fièvre – et sans souci. Tu t’es demandée, toi, qui allait coudre à ta place ?!"

Mon secteur de résidence, au camp, m’a accueillie en la personne d’une détenue qui purge dix ans, par ces mots : "Les ordures de là-haut ont peur de te mettre la pression. Ils veulent le faire en se servant des prisonnières !" Le régime à la colonie est effectivement organisé de façon que l’étouffement de la volonté de l’individu, son intimidation, sa transformation en un esclave muet soient réalisés par les prisonnières occupant les postes de maîtres de brigades et aînées de secteurs, qui reçoivent leurs ordres des directeurs. [NDLR : c'est toujours le même principe, celui des Nazis, des camps staliniens et de tous les systèmes fascistes en général, faire en sorte que ce soient les détenus eux-mêmes -les kapos-, souvent de droit commun ou d'une ethnie ou obédience différentes, qui exécutent les basses œuvres ("illégales" ici) que les chefs ne peuvent se permettre d'accomplir ; ils seront remerciés par quelque quignon supplémentaire puis jetés eux aussi en pâture à de nouveaux promus plus performants (il faut toujours renouveler les stocks de larbins sinon ils s'endorment voire peuvent trahir) qui les traiteront exactement comme eux -mêmes ont traité leurs camarades et ainsi de suite.. Une sorte de "syndrome de Stockholm" sociologique induit, à vaste échelle, mais moins grave et plus explicable que le classique car il y a vraiment un bénéfice, si minime soit-il, à la clef, lien avec "Le syndrome de Stockholm".]

Vestnikcivitas

Vestnik civitas

Pour maintenir la discipline et l’obéissance, on a largement recours à un système de punitions informelles : "rester dans la zone extérieure jusqu’au signal" (soit l’interdiction d’entrer dans les baraquements, même en automne et en hiver ; dans le deuxième secteur, celui des handicapés et des retraités, une femme qui est restée une journée dans la zone extérieure a eu les mains et les pieds gelés au point qu’il a fallu lui amputer un pied et les doigts d’une main), "boucler l’hygiène" (interdiction de se laver et d’aller aux toilettes), "boucler le placard de nourriture et le salon de thé" (interdiction de manger son propre repas et de boire ses boissons). C’est à la fois ridicule et effrayant d’entendre une femme adulte, la quarantaine, dire : "Bon, aujourd’hui on est punies ! Et demain, ils vont nous punir aussi ?". Elle n’a pas le droit de sortir de l’atelier pour aller pisser, pas le droit de prendre un chocolat dans son sac à main. C’est interdit.

La détenue qui ne rêve que de sommeil et d’une gorgée de thé, qui est surmenée, éreintée et sale se transforme en matériel obéissant dans les mains de l’administration – d’une administration qui ne nous voit que comme une force esclave gratuite. En juillet 2012, mon salaire a ainsi été de 29 (vingt-neuf !) roubles. Dans le même temps, la brigade coud 150 uniformes de police par jour. Où va l’argent reçu pour ces uniformes ?

Plusieurs fois aussi, de l’argent a été alloué pour un renouvellement complet des équipements du camp. Pourtant, la direction s’est contentée de faire repeindre les machines à coudre par les détenues. Selon le Code du travail, dans le cas d’une inadaptation des équipements aux standards industriels contemporains, les normes de rendement doivent être réduites relativement aux normes-type du secteur en question. Mais les normes de rendement ne cessent, à l’inverse, d’augmenter. De manière fabuleuse et soudaine. « Montre leur que tu peux donner 100 costumes, ils mettront la base à 120 ! », disent les plus expérimentées. Et tu ne peux pas ne pas leur donner – sinon, tout le secteur est puni, toute la brigade. Punies, par exemple, en étant obligées, collectivement, de rester debout plusieurs heures à l’extérieur. Avec interdiction d’aller aux toilettes. Avec interdiction de boire une gorgée d’eau.
Non mais, tu sais pas que tu vis en Russie, pour poser des questions pareilles ?
Il y a deux semaines, la norme de rendement pour toutes les brigades de la colonie a été augmentée de 50 unités. C’est-à-dire que la norme, qui était avant de 100 uniformes de police par jour, est passée à 150. Selon le Code du travail, les travailleurs doivent être informés des changements de normes pas plus tard que deux mois avant la décision. Au CD-14, nous nous réveillons simplement un beau matin avec une nouvelle norme, parce que ça leur a pris, à la direction de notre "suerie" (c’est comme ça que les détenues appellent la colonie). La quantité de membres de la brigade baisse (elles sont libérées ou s’en vont) mais la norme augmente – par conséquent, il faut rester travailler de plus en plus tard. Les mécaniciennes disent que les pièces détachées nécessaires pour réparer les machines manquent et continueront de manquer : "Y a pas de pièces détachées ! Quand  y en aura ? Non mais, tu sais pas que tu vis en Russie, pour poser des questions pareilles ?" Au cours des premiers mois sur la zone de travail, j’ai pratiquement appris la profession de mécanicienne. De force, et seule. Je me suis jetée sur la machine avec un tournevis dans les mains et l’espoir farouche de la réparer. Tu as les mains pleines de blessures d’aiguilles et de griffures, le sang s’étale sur la table, mais quand même tu t’efforces de coudre. Parce que tu es une partie de la chaîne, et qu’il te faut absolument, à égalité avec les couturières expérimentées, remplir ta tâche. Et cette machine du diable se casse et se recasse. Parce que tu es nouvelle, et que dans les conditions du camp, les équipements déficients, c’est évidemment pour toi, et tu te retrouves, évidemment, avec le moteur le plus débile. Et ce moteur, de nouveau, te lâche – et toi, de nouveau, tu cours chercher la mécanicienne (évidemment impossible à trouver). Et on te hurle dessus, on te presse parce que tu as stoppé la chaîne. La colonie ne prévoit pas de formation au métier de la couture. Les nouvelles sont directement assises à une machine avec une tâche à remplir.
Elle est morte à l’infirmerie du CD-14
"Si tu n’étais pas Tolokonnikova, on t’aurait *** depuis longtemps", disent les prisonnières proches de la direction. Et c’est vrai, les autres sont battues. Pour mauvais rendement. Frappées aux reins, au visage. Par les détenues elles-mêmes – mais pas un coup n’est asséné dans le camp des femmes sans que l’administration ne soit au courant et ne l’approuve. Il y a un an, avant que j’arrive, une tsigane du troisième secteur a été battue à mort (c’est le "secteur-pression" où on met celles dont on veut qu’elles soient battues quotidiennement). Elle est morte à l’infirmerie du CD-14. L’administration a pu cacher le fait que la mort était survenue suite à des coups : ils ont écrit "arrêt cardiaque". Dans un autre secteur, les nouvelles qui ne remplissaient pas les rendements dans l’atelier de couture ont été forcées de se déshabiller et de coudre nues. Personne n’ose porter plainte devant l’administration, parce que l’administration répond par un sourire et un renvoi dans le secteur, où la "balance" se fait frapper, sur ordre précisément de l’administration. La direction de la colonie a avantage à ce bizutage contrôlé, comme moyen de contraindre les condamnées à se soumettre totalement au régime de non droit.

Il règne, dans la zone de production, une atmosphère de menace et de tension. Les prisonnières, en manque constant de sommeil et éreintées par la course à l’exécution de normes de rendement inhumaines, sont prêtes à se déchaîner, à hurler, à se battre pour le prétexte le plus insignifiant. Tout récemment, une jeune fille a été frappée à la tête avec des ciseaux parce qu’elle n’avait pas remis des pantalons en temps. Une autre, ces jours-ci, a tenté de s’ouvrir le ventre à la scie. On l’a arrêtée avant.

Celles qui étaient au CD-14 en 2010, l’année des incendies et de la fumée, racontent comment, tandis que le feu approchait des murs de la colonie, les détenues continuaient d’aller en zone de production et d’exécuter leur norme. On voyait mal à deux mètres à cause de la fumée, mais elles cousaient, en s’attachant des linges mouillés sur le visage. À cause de la situation exceptionnelle, on ne les envoyait pas déjeuner à la cantine. Des femmes racontent comment alors, monstrueusement affamées, elles rédigeaient des journaux pour tenter de fixer l’horreur ambiante. Quand les incendies se sont arrêtés, le département sécurité de la colonie a soigneusement perquisitionné et confisqué tous ces journaux, pour que rien ne filtre dehors.

Les conditions sanitaires quotidiennes de la colonie sont établies de façon que la prisonnière se sente comme un animal sale, sans droit. Et bien que chaque secteur ait sa salle d’hygiène, on a mis en place dans la colonie, à des fins d’éducation et de punition, un système d’ "hygiène commune" unique : il s’agit d’une pièce d’une capacité de cinq personnes, où toute la colonie (800 membres) doit venir se laver "en-dessous". Nous n’avons pas le droit de faire notre toilette intime dans les salles d’hygiène de nos baraquements, ce serait bien trop confortable. À l’"hygiène commune", c’est la cohue permanente, les filles s’efforcent le plus vite possible, avec des seaux, de nettoyer leur "nourrice" (comme on dit en Mordovie) en se montant sur la tête les unes des autres. Nous avons le droit de nous laver les cheveux une fois par semaine. Mais ce jour de bain est régulièrement annulé. La raison – pompe en panne ou canalisation bouchée. Il est arrivé que le secteur ne puisse pas se laver pendant deux ou trois semaines d’affilée.

Quand une canalisation se bouche, l’urine gicle et les excréments volent en grappes
Quand une canalisation se bouche, l’urine gicle et les excréments volent en grappes. Nous avons appris à nettoyer les tuyaux nous-mêmes, mais ça ne dure pas longtemps – ils se rebouchent. Et la colonie n’a pas de câbles de purge. La lessive, c’est une fois la semaine. Dans la buanderie : une petite pièce avec trois robinets d’où coule de l’eau froide, en mince filet.

À ces mêmes fins éducatives, visiblement, les détenues n’ont droit qu’à du pain rassis, à du lait généreusement coupé d’eau, à du millet exclusivement rance et à des pommes de terre uniquement pourries. Cet été, on a apporté à la colonie, en gros, des sacs de tubercules de pommes de terre gluants. Dont on nous a nourries.

On pourrait parler indéfiniment des infractions quotidiennes et industrielles au CD-14. Mais mon grief essentiel, premier, à l’encontre de la colonie concerne un autre plan. Il est dans le fait que l’administration empêche de la façon la plus brutale que toute plainte ou demande liée au CD-14 ne sorte de ses murs. Mon principal grief à l’encontre de la direction, c’est qu’ils contraignent les gens au silence. Sans dédaigner les méthodes les plus lâches et les plus viles. De ce problème découlent tous les autres – la norme de rendement gonflée, la journée de travail de 16 heures, etc. La direction se sent impunie et accable hardiment les détenues, de plus en plus lourdement. Je ne parvenais pas à comprendre pourquoi elles se taisent toutes jusqu’à ce que je ne sois moi-même confrontée à cette montagne d’entraves qui se déverse sur la prisonnière qui décide d’agir. Les plaintes ne sortent tout simplement pas de la colonie. La seule chance, c’est de porter plainte par l’intermédiaire de membres de la famille ou d’un avocat. L’administration, elle, mesquine et vindicative, use de tous les mécanismes possibles de pression sur la détenue pour qu’elle le comprenne : mieux vaut ne se plaindre à personne, ou les choses ne feront qu’empirer. Ils ont recours à la punition collective : tu t’es plaint qu’il n’y avait pas d’eau chaude – ils la coupent définitivement.

En mai 2013, mon avocat Dmitriï Dinze a déposé une plainte au Parquet sur les conditions de vie et de travail au CD-14. Le directeur adjoint du camp, le lieutenant colonel Kouprianov, a dans l’instant établi au sein de la colonie des conditions insupportables. Perquisition après perquisition, vague de rapports sur toutes mes connaissances, confiscation des vêtements d’hiver et menace de saisie des chaussures d’hiver. Sur la zone de production, ils se vengent à l’aide de tâches de couture complexes, en augmentant la norme de rendement ou par des malfaçons créées intentionnellement. La doyenne du secteur attenant au mien, qui est le bras droit du lieutenant colonel Kouprianov, a ouvertement incité les détenues à déchirer la production dont je répondais dans l’atelier, afin qu’il y ait prétexte à m’envoyer en isolation punitive pour "détérioration de bien étatique". C’est elle encore qui a ordonné aux détenues de son secteur de me provoquer à des bagarres.
On peut tout subir
On peut tout subir. Tout ce qui ne concerne que soi-même. Mais la méthode d’éducation collective de la colonie signifie autre chose. Avec toi, c’est tout ton secteur qui subit, toute la colonie. Ils s’attaquent – et c’est le plus vil – aux gens qui ont eu le temps de te devenirs chers. Une de mes amies a été privée de sa liberté conditionnelle, qu’elle visait depuis sept ans en remplissant consciencieusement sa norme dans la zone de production. Elle a été punie pour avoir bu du thé avec moi. Le jour même, le lieutenant-colonel Kouprianov l’a transférée dans un autre secteur. Une autre de mes bonnes connaissances, une femme très cultivée, a été jetée dans le secteur-pression pour être battue chaque jour parce qu’elle avait lu et discuté avec moi d’un document du ministère de la justice intitulé "Règlement intérieur des établissements correctionnels". Des rapports ont été rédigés sur toutes celles qui communiquaient avec moi. J’avais mal de voir souffrir des gens qui me sont proches. Le lieutenant-colonel Kouprianov, avec un mauvais sourire, m’a dit alors : "Il ne te reste sans doute plus une seule amie !" Et a expliqué que tout cela était lié à la plainte de l’avocat Dinze.

Je comprends aujourd’hui que j’aurais dû déclarer une grève de la faim dès le mois de mai, dès que je me suis retrouvée dans cette situation. Mais face à la pression monstrueuse qu’ils avaient mise en branle sur les autres détenues, j’ai stoppé le processus de plainte contre la colonie. Il y a trois semaines, le 30 août, j’ai demandé au lieutenant-colonel Kouprianov de garantir à toutes les détenues de la brigade dans laquelle je travaille une nuit de sommeil de huit heures. Il s’agissait de réduire la journée de travail de 16 heures à 12 heures. "Très bien, dès lundi, la brigade ne travaillera même que huit heures par jour", a-t-il répondu. C’est un nouveau piège, je le sais : parce qu’il est physiquement impossible, en huit heures, de remplir notre norme gonflée. Par conséquent, la brigade n’aura pas le temps d’y parvenir, et sera punie. "Et si elles apprennent que c’est de ta faute, a poursuivi le lieutenant-colonel, alors il ne t’arrivera plus rien de mal – parce qu’en cette vie, il n’arrive rien de mal." Le lieutenant colonel a fait une pause. "Encore une chose : ne t’avise plus jamais de demander quelque chose pour les autres. Ne demande des choses que pour toi-même. Je travaille dans les camps depuis de nombreuses années – et tous ceux qui sont venus me demander des choses pour les autres ont toujours quitté mon bureau pour une cellule d’isolation punitive. Tu es la première à qui ça n’arrive pas."
Elles vous frappaient, non ? Elles vous frappaient. Elles vous
arrachaient la gueule ? Elles vous arrachaient la gueule
Au cours des semaines suivantes, il s’est établi dans le secteur de résidence et sur la zone de production une situation insoutenable. Les détenues proches de la direction ont commencé d’inciter le secteur à la vengeance : "Vous êtes punies de consommation de thé et de nourriture ainsi que de pauses toilettes et cigarettes pour une semaine. Et désormais, vous serez punies en permanence si vous n’adoptez pas une conduite différente avec les nouvelles, et en particulier avec Tolokonnikova – cette conduite que les vieilles détenues avaient à votre égard à l’époque. Elles vous frappaient, non ? Elles vous frappaient. Elles vous arrachaient la gueule ? Elles vous arrachaient la gueule. Eh bien, allez-y : ***-les, elles aussi. Vous n’en subirez aucune conséquence."

J’ai été provoquée : conflit après conflit, bagarre après bagarre. Mais quel sens y a-t-il à entrer en conflit avec des êtres dépossédés de leur volonté propre, agissant sur ordre de l’administration ? Les détenues mordoves ont peur de leur ombre. Elles sont totalement terrorisées. Hier encore, elles étaient bien disposées à mon égard, elles me suppliaient : "Fais au moins quelque chose pour la journée de production de 16 heures !". Mais depuis que la direction m’est tombée dessus, elles ont toutes peur de même m’adresser la parole. J’ai fait des propositions à l’administration pour sortir du conflit. En m’affranchissant, moi, de la pression des détenues sous contrôle de la direction, pression créée artificiellement par cette dernière ; et en affranchissant toute la colonie du travail servile, en réduisant la norme de rendement des couturières dans la stricte observance de la loi. Mais en réponse, la pression n’a fait que s’alourdir. Pour cette raison, je déclare, à compter d’aujourd’hui, 23 septembre, une grève de la faim, et mon refus de prendre part au labeur servile du camp tant que la direction de la colonie ne commencera pas de respecter les lois, et de considérer les femmes détenues non comme du bétail jeté hors du champ de la loi pour satisfaire les besoins de la production couturière, mais comme des êtres humains."
Nadejda Tolokonnikova

Illustrations : la Mordovie en 5 images (lien)

L'Asperger en sept images






L'idéal de l'ASP : une tombe aménagée en refuge, avec son nom écrit dessus comme mort : la tranquillité, quoi!




mardi 24 décembre 2013

Une femme qui compt/ait.. et une femme qui ne compte pas

                 
                         Multifonction                                  unifonction

Asperger, au centre du cyclone



C'est comme on lit un syndrome qui se situe ''dans le spectre le plus 'haut' (!) de l'autisme"... "le plus haut", ça fait plaisir ; l'autisme, moins. Cela signifie qu'ils sont limites, presque mais pas tout à fait.. Borderlines en somme. Par parenthèse, il serait intéressant de les étudier davantage (rares sont les recherches à ce sujet) car leurs facultés de verbalisation étant intactes voire supérieures à la moyenne, on peut ainsi bénéficier d'un regard de l'intérieur (presque) sur une affection méconnue car justement ceux qui en sont atteints ne peuvent s'exprimer normalement. Les ASP seraient des ''infiltrés'' pour l'autisme. D'où l'intérêt de ce texte.


 L'idéal de l'ASP : une tombe aménagée en refuge, avec son nom
 écrit dessus comme mort : la tranquillité, quoi!


N'EST PAS ASP QUI VEUT
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Une observation liminaire : il y a comme dans l'autisme des degrés différents et certains, particulièrement bien compensés, peuvent ne JAMAIS être détectés ou très tardivement. On ne s'étonnera pas par exemple qu'un mathématicien (surtout reconnu), une philosophe, un artiste coté (ou pas) ou un spécialiste incontesté, fût-ce du guano de l'ile de Clipperton (!)... aient un comportement qui ''peut paraître étrange vu de l'extérieur'', c'est normal, ils sont ''comme ça''. Surtout en effet si leur activité est sanctionnée par une reconnaissance sociale. Comme tout (cf "les kapos de l'hygiène", lien) c'est une question de pouvoir, de ''réussite'', d'argent ou de position... et non de ''maladie'' ou de gêne sociale occasionnée par l'ASP. La merde de Louis XIV ne puait pas et les bizarreries de Louis II de Bavière ou de François-Joseph provenaient seulement de sa passion pour l'art lyrique (!) pour l'un et de l'art militaire (!) pour l'autre ; affligés des mêmes ''travers'', de simples quidams eussent été bouclés au cabanon toute leur vie (mégalomanie, idées délirantes, homosexualité, sado masochisme acté, comportement compulsionnel etc..)

THÉSARDS SUR LES COLÉOPTÈRES EN AMAZONIE

Si bien (cause ou conséquence ?) que les ASP choisissent souvent des activités qui les mettent à l'abri, où ils peuvent travailler seuls, parfois ne jamais sortir, donner libre court à leurs ''manies'' sans le regard des autres qu'ils ne peuvent supporter, l'idéal étant d'en faire leur profession, transformant leur handicap en atout. Chercheurs par exemple sur les gorilles -avec lesquels ils vivent-, ethno sociologues perdus dans des lieux hors civilisation trad, botanistes spécialistes de la canopée, navigateurs solitaires, écrivains.. le pied ! Isolés, oui, même s'ils en souffrent, cela leur convient car la socialité les épuise..

SURDOUÉS OU DÉBILES? LES DEUX MON GÉNÉRAL

Tout d'abord, il faut tordre le cou à deux idées paradoxalement opposées : leur défaut de langage qui confinerait à la débilité (ou à une forme de débilité) et leur génie (syndrome Ray man). Surdoués, les ASP? Non. Même si on peut parfois les ''détecter'' par des capacités qui semblent hors norme (apprendre à lire à trois ans par exemple, établir un ''traité des coniques'' à seize -sans formation particulière -etc..) Une image simple : bouclez n'importe quel enfant (voire adulte) à l'isolement -sans autre maltraitance- dans un grenier encombré d'une immense bibliothèque.. et sous peu vous aurez un sur doué. Or les ASP font ''ça'' tout seuls; vivant dans une bulle intérieure qui les protège de toute stimulation extérieure... -et les torture!- leur ''excellence'' dans certains domaines n'est que le résultat de ce dysfonctionnement.. Mais on ne pointe en général que des particularités générant des lacunes, jamais les performatives. S'interroge-t-on sur les résultats d'une élève particulièrement brillante -mais au mal être cependant évident-? La questionne-t-on comme on le fait avec ceux qui sont en échec? Non, on la félicite seulement.. ce qui parfois la désole.. ou la rassure (mais elle a l'impression d'usurper un rôle qui lui va comme des lunettes à un canard.)
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HÉRÉDITAIRE? LA POULE ET L’ŒUF
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On lit à présent qu'il est héréditaire et génétique. Que les femmes sont beaucoup moins sujettes que les hommes -ratio 1/9- et, lorsqu'elles sont tout de même atteintes, le sont moindrement, un ou plusieurs des gênes responsables étant situés sur le chromosome Y.. (du coup, détail typique, certains, droits dans leur bottes, pour expliquer ces exceptions, avancent qu'il s'agit de femmes.. au cerveau "masculin"!) Une observation : le dysfonctionnement d'une femme (sur ce point, avantagées) ne pose pas problème -ou pas autant- que celui d'un homme [femme "au" foyer et mère émérite, maîtresse de maison diligente, ne sortant jamais certes et avec quelques "manies" que certaines ASP sont habiles à cacher.. tout va bien.. alors que dans le même cas un homme serait pointé comme "grave"] et que cela peut expliquer la soi disant prééminence masculine du syndrome : les femmes passent inaperçues. Pour "ça" comme pour tout.

L'omerta familiale n'est pas un vain mot. On cache l'ASP, surtout s'il s'agit, cas le plus fréquent, de l'homme. Pris en charge par sa femme, il sera considéré comme normal et ses quelques aberrations comportementales, acceptées voire valorisées. (Voir plus loin "familles d'ASP".) En ces cas, c'est souvent l'enfant qui "trinque": non reconnu comme tel, il doit lui aussi jouer le jeu et s'il refuse (ou ne le peut pas) c'est lui qui sera stigmatisé et non le père ASP. Génétique, le syndrome? Peut-être (il semble que ce soit prouvé) mais n'a-t-on pas commis une erreur sociologique (comme souvent les chercheurs médecons, je laisse) en négligeant une cause masquée? Une telle éducation ne peut-elle pas immanquablement susciter un ASP ou pseudo par simple réaction de mimétisme? Dans une famille où le "normal" est l' "anormal" et vice versa, où les comportements les plus étranges, parfois objectivement funestes, pesant sur le groupe entier, sont pourtant valorisés et les autres, sains, (ou simplement la révolte voire juste l'interrogation sur ceux-ci) vilipendés, comment se repérer? Que l'enfant devienne ou copie l'ASP est naturel, évident.

LE DÉNI

Cela apparaît parfois dès le plus jeune âge.. peut ÊTRE DÉTECTÉ et même l'est forcément (un enfant ne cache pas ses troubles car il ignore que des comportements "évidents" qui lui sont propres ne le sont que pour lui) mais dénié (ou occulté) par les parents, y compris lorsque c'est un médecin qui, avec beaucoup de précautions,  hypothèse le diagnostic -surtout autrefois-. Un enfant trop "introverti", qui apprend trop et trop vite, qui se fixe parfois sur un/des domaines (pas toujours pointus, parfois au contraire vastes) et tente de transmettre ses connaissances à tout va, secret quoiqu'envahissant (il dérange par l'excès de son savoir et sans le vouloir, met parfois à mal des adultes).. qui semble isolé dans une bulle (mais son langage parfait voire sophistiqué le fait quelque fois apprécier.. ou/et peut amuser comme un chiot bien dressé un peu faraud) avec des manies pas trop invalidantes (selon le lieu d'habitation -note, à la campagne, il s'en tire mieux-) mais tenaces.. peut ne pas être détecté, loué ou d'autres fois être rejeté avec mépris (il tend à accaparer l'attention, semble sûr de lui, contredit sans appel des adultes dans l'erreur et passe pour arrogant, impoli -même s'il a raison-).. Laudation, mépris, les deux peuvent se suivre, s'il a changé de milieu. Il n'a pas les codes : l'extérieur est pour lui un milieu à la fois menaçant [il a en effet du mal à regarder (1) et même lorsqu'il se force -car d'instinct, certains ASP tentent de se rééduquer en "copiant" le comportement des autres, en quoi ils excellent- son regard "glisse" souvent involontairement].. et indispensable pourtant, comme pour tous : l'autre, l'extérieur étant le socle de tout être, ASP ou pas. Il cherche donc à s'y inscrire à tout prix (c'est son coté envahissant).. et se sachant déficient, use de ce qu'il croit être son seul atout, son intelligence.. ce qui le fait parfois au contraire rejeter (cela varie en fonction du milieu : un enfant -ou un adulte- ASP sera souvent -mais pas toujours- mieux accepté chez des intellos). S'ils ont la chance de réussir scolairement et d'être reconnus -par des enseignants, par un groupe- comme "doués", ils peuvent bien vivre leur handicap devenu un atout, voire presque l'éliminer (superficiellement, comportementalement) par diverses astuces sur lesquelles nous reviendrons.

DES SOUFFRE-DOULEURS PRO

Mais certains au contraire vont rejeter l'école et en être rejetés, en "échec" -soi disant- [les deux peuvent se suivre dans le temps, un enfant considéré comme surdoué dans un/des établissements devient bouc émissaire -et en échec- dans un autre lien.] Il demeure que c'est sa différence qui fait exclure l'ASP et non les divers prétextes parfois contradictoires invoqués. Une constante : un ASP, même "brillant" et relativement compensé, devient toujours à un moment ou un autre le souffre douleur de toute une classe, tout un groupe, avec parfois la complicité des profs (lien avec "Le lycée Pasteur à Besançon"). Changé de milieu, il devient souvent la proie des autres car on peut être à la fois ASP et arabe! juif! du Midi! racisé de n'importe quelle manière.. Ou issu d'un grand lycée et jeté sans préparation dans un bahut de loubards voire l'inverse, toutes situations propices au racisme et à la violence -lien avec "L'école Normale d'Aix-.. (Note: le premier cas est le pire -les pauvres sont peu enclins à la longanimité et leurs "codes", encore plus rudes pour qui y déroge : ce qui ne génère qu'un sourire condescendant dans le second cas, dans le premier, donne un passage à tabac en règle-.) Cela explique leur immobilité, leur défiance vis à vis du changement : tout va -presque- bien, il a réussi à se créer une place, même à côté des WC et en plein vent... Il ne faut pas en bouger, tant pis si ça pue. Un nouveau lieu, on ne sait jamais, peut être dangereux -et c'est souvent exact-. Que dire alors d'un bouleversement plus important, déménagement, changement de boulot, réparations lourdes d'une maison, divorce? Il procrastine souvent et peut vivre des années dans l'attente.. même en cas d'urgence.. par exemple avec une toiture bâchée, des étaies dans le salon, des plans inachevés.. Le temps, pas plus que l'univers et les autres, pour lui, n'existe pas vraiment ou en tout cas n'est pas celui de tous. Prime son umwelt laborieusement agencé.

DES PHOTOCOPIES

Il est perdu dans un monde dont il ne comprend pas ou mal les codes. (Images, lien). Un monde qu'il appète et haït à la fois. Non qu'il ne ressente pas l'affectivité normale au contraire, mais, isolé, différent (après la période bénie de la jeune enfance où tout lui paraissait "normal", il s'en rend compte sans le pointer carrément, en général vers six ans et parfois à coups de baffes), il est en permanence sur le qui-vive. Comment peut-il exprimer son amour? Mais surtout comment peut-il être (2), tout simplement? Devant ceux qui à tout coups lui semblent supérieurs à lui d'un facteur infini, il est misérable, angoissé : il va donc les copier. Devenir "eux", les vampiriser virtuellement, et de surcroît, des personnes différentes, ce qui va dérouter son entourage; Il va s'inventer un univers, un ou DES personnages afin de se re construire, de se faire une place, fût-elle misérable. Une autre constante est que malgré leurs capacités acquises, ils ne savent pas les exploiter et vivent professionnellement très "en dessous" de leur possibilités intellectuelles ou pratiques, ce qui leur convient mais à terme peut les frustrer. Ceux dont on parle et qui ont "réussi" -Mozart, Kant par exemple- avaient autour d'eux des soutiens, pères, épouse, [milieu social, -qui les honore parfois pour des raisons qui n'ont rien à voir avec eux-, village..] qui à leur place, les pilotaient, les soutenaient.. et/ou les exploitaient. Kant refusa de quitter sa ville et même son quartier -sa maison- y compris lorsqu'un poste prestigieux lui fut offert à l'Université. [Notons que des ASP ayant été révérés par leur entourage qui a occulté leur particularité voire l'a valorisée (!) peuvent se comporter ensuite de manière relativement asociale dans leur propre groupe familial -conjoint/es, enfants-.. Faire des efforts, ils n'y sont pas habitués donc ça ne leur vient même pas à l'esprit.. Déniant leurs problèmes même devant l'évidence, même s'ils pèsent sur tous, ils en accuseront volontiers les autres : un ASP peut parfois être redoutable, le plus redoutable qui soit.. comme les non ASP certes mais, chez lui, c'est plus incapacitant et déstabilisant. Être "élevé" aux côtés d'un père ASP est parfois la pire chose qui puisse arriver à un enfant -dans le cadre d'une "éducation" normale-.]

Ils vont vivre en double : d'un côté, "dans" leur univers, de l'autre, dans la "réalité" (comme deux images accolées dans un kaléidoscope).. cette "réalité" que le virtuel aide à appréhender ou plutôt à SUPPORTER. (Notons que tout le monde pratique plus ou moins ainsi, surtout dans en cas de stress, mais chez un ASP, c'est à la fois MASSIF et PERMANENT : le stress est constant.) L'autre l'épuise et pourtant il le recherche, paradoxalement ; une hyper vigilance, un sans gêne patent.. et un détachement sont des signes de l'ASP. Contradictoire? En apparence seulement : c'est l'angoisse devant ce qu'ils ne comprennent pas -les autres, les codes- qui génère leur hyper-vigilance (et leur épuisement) et la tentative d'en sortir, le détachement (le repos enfin, la solitude) quasi volontaire (bien que faute de mieux). Puisqu'ils savent ne pas "pouvoir" faire comme tous, ils se mettent à l'écart, se cachent. Se ressourcent par des comportements contre phobiques qui les rapprochent des tocs (mais chez les ASP, plus organisés et plus productifs.) Notons qu'ils ne sont pas comme des poireaux et qu'il y a des variantes infinies (souvent culturelles) dans les personnalités et dans ces choix de comportements réparateurs, ils "prennent" -mais avec passion- ce qu'ils trouvent sous la main :  en vrac, engagement idéologique, artistique, -le top car là on se situe dans le quasi normal ou ce qui le figure-, pour un sport, un personnage historique, une équation, un lieu -là c'est plus hard-, un "rêve" acté -qui semble idiot mais qui peut accaparer toute une vie et fonder celui qui le caresse à exceller dans différents domaines-.. et au milieu une infinité de possibles selon les individus, le milieu et le moment. (Autrefois, le trouble, souvent non identifié, était plus invalidant.)

L'ASP, UN ATOUT AUSSI !

L'ASP, surtout s'il parvient à compenser (les femmes y réussissent mieux) est un être de contradictions extrêmes en effet : le fait de ne pas comprendre les codes, et même d'être torturé à la seule idée de devoir le tenter.. d'être donc en proie à des phobies conséquentes qui parsèment toute son existence.. le fonde paradoxalement à être à la fois hyper angoissé, isolé, solitaire.. et parfois parfaitement A L'AISE SOCIALEMENT : il peut jouer (au départ, involontairement, l'ASP ne "calcule" jamais, mais ensuite il peut le cultiver) de son handicap. C'est simple : mal à l'aise? Oui. Tout le temps! Qu'est-ce que cela change? Pas plus devant un passant qui le toise (ou ne le toise pas) que devant un patron devant lequel il faut ferrailler pied à pied (s'il s'est déguisé en délégué syndical par exemple), pas plus devant un politique ripou à dézinguer... Il a l'habitude de se faire violence, ne serait-ce que pour demander ses clefs à sa concierge, son chemin s'il est perdu... La bulle va alors le sauver : il y "rentre" automatiquement lorsque le besoin s'en fait sentir et, protégé par ses parois, peut discourir, haranguer, soulever voire amuser un public avec un réel brio.. dont sont souvent incapables les non ASP. (Patrice -ASP- prof de philo consciencieux et émérite, disait ne pas VOIR ses élèves et jusqu'à la fin de l'année -il se montrait incapable de les reconnaître dans le campus- condition selon lui nécessaire pour pouvoir sans émotion monter en chaire. Il m'expliquait comiquement que ma fatigue provenait de ce que MOI JE LES VOYAIS, les observais avec une précision anormale. On a là deux ASP bien compensés typiques : un homme, une femme. L'homme a choisi le repli constant et  total, la femme l'a paradoxalement associé à son inverse, une hyper vigilance de tout instant.. mais aussi une distance. L'ASP est toujours hors d'atteinte, les autres le sentent plus ou moins et, y compris s'ils l'apprécient, ne s'en approchent pas de trop près -même physiquement-.. tout se passant comme si la bulle était réelle, physique.) Un meneur d'homme? parfois. Il se trouve alors dans la situation qui au fond lui convient relativement d'être à la fois solitaire (car personne ne peut ni ne s'avise de percer sa bulle) et entouré, parfois même admiré -il a du cran pense-t-on- (virtuellement.. voire réellement.) Du cran? Oui, comme un homme qui remporterait un record de saut en hauteur parce qu'il a sauté d'un appartement en flammes.
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DES HUMORISTES.. PARFOIS MALGRÉ EUX
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Cela vaut pour l'humour: on dit que les ASP prenant tout au pied de la lettre, ne comprennent pas les images littéraires et par conséquent n'ont pas d'humour. Ce n'est pas vrai ou du moins pas toujours (là aussi il y a des niveaux d'atteintes plus ou moins importants et des compensations plus ou moins réussies). Au contraire! tout en eux est au second degré, pour eux il y a toujours un décalage entre le propos et son signifiant.. donc ils peuvent même rire de jeux de mots que personne à part eux n'a perçus (ou du moins pas aussi rapidement).. et à condition de s'être "rééduqués", devenir des humoristes, des clowns, des orateurs.. sans la moindre difficulté: l'humour provient de ce que, rompant le code, on déroute le public.. ou qu'un code se voit soudain appliqué à une situation inattendue pour laquelle il n'est pas prévu (exemple de la scène des "comices agricoles" où Rodolphe faisant à Emma Bovary son numéro, la flatte outrancièrement.. pendant qu'en arrière fond le crieur semble lui faire écho en vantant les mérites.. des vaches mises aux enchères). Chez les ASP, cela ne demande aucun effort PUISQUE LE CODE, ILS NE LE CONNAISSENT PAS (ou il leur semble si absurde qu'ils ne parviennent pas spontanément à le lire) ! Il leur suffit donc de se laisser aller.. et de faire ensuite comme si c'était voulu, ce que tout le monde croira. (Souvent, ils font rire malgré eux, ce qui les interpelle lorsqu'ils s'en rendent compte ; ils comprennent vite que rien n'est plus simple de faire comme si leurs "impairs" étaient intentionnels et le public rira AVEC EUX et non D'EUX.) Ces codes sociaux trad, ils sont habiles -comme les enfants dont ils se rapprochent- à en dénoncer les aberrations et le loufoque, irrévérencieux et désopilants malgré eux : une ASP (mal compensée en raison de l'extrême tolérance de sa famille) qui envisageait de faire une prépa -malgré un livret scolaire pas aussi éblouissant qu'il eût fallu- reçue par faveur (!) par le directeur fort imbu de sa personne d'un grand lycée, à sa question "pourquoi avez-vous choisi mon établissement?" répondit du tac au tac "parce que j'habite à côté".. Attendant truffe au vent le panégyrique flagorneur habituel -un lapin dodu- il vit sortir avec stupeur une carte géographique -une vieille chaussure-. Un autre (mal compensé lui aussi) à sept ans, devant un patron d'orthodontie qui avait consenti à le recevoir bien que surbooké [parce qu'il était un "cas", un cas que "lui seul pourrait résoudre" (!) l'enfant ne supportant pas qu'on touche à sa bouche -les ASP ont souvent la phobie d'être touchés et sa mère avait écumé tous les dentistes en vain-..] de surcroît sans le faire attendre, en dernier, après une séance de relaxation, un chocolat au café d'en bas -plus une bande dessinée-.. (un coup de fil sur le portable en vibreur, la grosse affaire).. ayant malgré tout lamentablement échoué lui aussi (!) en rage, les raccompagna à la porte en hurlant, mains levées "moi, un gamin pareil, si c'était le mien.." (!) et s'entendit répondre par le petit qui ne haussa même pas le ton : "vous alors, qu'est-ce que vous êtes nerveux !" La porte claqua comme s'il avait voulu la lui écraser sur le nez. Comiques, les ASP ? oui, redoutables, même à sept ans.
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L'ASP ET SON MEILLEUR AMI
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C'est l'ordinateur : une révolution pour les ASP et dit-on les autistes (QUI DE TOUTES MANIÈRES VIVENT DANS LE VIRTUEL) que cet étrange outil. Sur le net, tout le monde se vaut. Pas de démarches compliquées, épuisantes, de gens à affronter -ou à séduire-, inutile de devoir naviguer parmi des écueils serrés.. et parfois il obtient une reconnaissance tout de même.. reconnaissance qui, virtuelle, n'offre que des avantages : il peut rester dans sa chambre -ou dans la campagne- n'a pas de "signatures" à faire, de cérémonies à subir, de plaisanteries à apprécier.. et il existe tout de même, tout autant, voire plus. Pas de ronds de jambes, seul son mérite est en cause, ce qui lui convient (c'est souvent un bosseur infatigable : le travail le restaure et seul lui fait oublier sa différence). L'ordi est un ami idéal, qui ne vous regarde ni ne vous méjuge jamais, ne vous interroge jamais (avec un ton suspicieux), n'aborde jamais des sujets qui vous mettent mal à l'aise, vous est fidèle et que l'on peut laisser gentiment lorsqu'on est fatigué. Qui permet d'apprendre, de communiquer d'une autre façon.. sans avoir à regarder l'autre, à le questionner, à subir son regard, ses questions ; un outil qui libère par conséquent la parole, devenue soudain non seulement sans danger mais efficiente. Et pérenne. De plus, le clavier qui modifie la motricité habituelle de l'écriture est en soi libérateur : ce n'est pas eux qui écrivent mais une machine.. et l'imprimante qui, de loin, répondant à un clic, sort des feuilles qui semblent provenir d'ailleurs représente symboliquement la distance nécessaire entre le locuteur et sa production rendant celle-ci "anonyme", neutre, anodine. Cette distance que l'ASP ne sait pas mettre, elle se fait toute seule ici. C'est le miracle de l'écriture mais grâce à la machine, à la puissance x. Ils en deviennent souvent accro.. mais qu'importe si cela LEUR PERMET DE METTRE ENFIN DES BARRIÈRES DEVANT LE PRÉCIPICE QUI BÉE CONSTAMMENT SOUS LEURS YEUX..  ET EN MÊME TEMPS DE S'APPUYER POUR VOIR EN BAS SANS RISQUE DE TOMBER. Leurs contradictions se trouvent ainsi résolues : la machine est l'interface, le bouclier efficient entre leur "intérieur" et l'extérieur. Comme il n'y a pas chez eux de limites claires entre les deux (c'est pourquoi presque toute socialité les épuise, leur "indifférence", leur fuite n'étant que reliée à cette trop grande proximité qui les rend extrêmement vulnérables -n'importe qui est pour eux susceptible de les dévorer, d'écrire dans leur pseudo être et de manière indélébile ses idées, ses sentiments, ses dégoûts-).. ils peuvent adopter en girouette des comportements opposés, déroutants : parfois envahissement, presque étalement (inattendu chez eux) de leurs affects -mais maladroit, qui semble excessif et surjoué car pour une fois ils sont en roue libre et cela ils ne savent pas l'être- et repli sur soi sans appel -à quelques secondes d'intervalle.-On peut les croire pervers, ce qui n'est pas un de leurs moindres aléas, quand ils sont seulement paumés. L'ordi EST leur socle, leur interface immuable, leur barrière -perméable et transparente à la fois- leur miroir sans tain qui parfois s'inverse de sens. Ce qui leur manque.

FAMILLES D'ASP, LE SACRIFICE DES ENFANTS -PARFOIS-
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Il y a des familles d'ASP avec des degrés de gravité plus ou moins importants chez leurs membres atteints (redite, les femmes compensent mieux jusqu'à être quasiment indétectables). Des familles où se trouvent aussi souvent des autistes "francs", ce qui tendrait à corroborer à la fois l'hérédité et le rapport entre les deux pathologies. Alors? Génétique le syndrome? Ou acquis par un groupe pour lequel il est le socle normal de tout être? Une des caractéristiques de ces familles est l'absence de mobilité. Un ASP (ou un groupe avec plusieurs ASP, surtout s'il s'agit d'éléments-clés, le père..) est peu mobile, géographiquement ou symboliquement. Rigide. Un ASP vivant toujours sur le fil du rasoir, en aveugle devant un monde qui est "lui" mais dont ils sent qu'il est exclu à jamais ayant tendance à devenir obsessionnel, à adopter des comportements routiniers, répétitifs, devenus contre phobiques.. et à refuser de bouger, conduit parfois son groupe de gré ou de force, à l'immobilité.. -on peut être ASP et macho!- ou bien la mère y consent pour lui complaire. [Là, on a deux cas de figure opposés : si l'ASP, mettons l'homme -cas le plus fréquent- est dans une position meilleure, cela peut se justifier pour la sauvegarde de tous -et c'est à la limite acceptable-.. mais si c'est l'inverse, c'est un sacrifice qui va parfois jusqu'à saborder le groupe entier -et surtout l'enfant-. Des femmes d'ASP peuvent par exemple se plier à tous les aléas reliés à la spécificité de leur mari -sans rien en dire voire sans en avoir conscience-, obérer leur propre carrière -déménagements successifs, s'il ne garde pas un travail, ou au contraire, cas le plus fréquent, immobilité absolue-, elles peuvent vivre et faire vivre la famille selon sa seule préservation et renoncer -quand bien même elles auraient un meilleur travail ailleurs- à faire bouger le groupe .. y compris si le mari, lui, n'a lui qu'un boulot aléatoire.. ou pas de boulot du tout.. -voire "abandonner" plus ou moins leur enfant, un poids trop lourd pour qui en a déjà un à porter.] L'ASP n'aime ni bouger, ni déroger. Au restaurant, au cinéma, dans des lieux publics, il s’assied toujours à la même place, même -et surtout- peu courue (souvent près de la porte). Le rite s'installe immédiatement : il l'a accompli une fois avec inquiétude, il ne s'est rien passé de grave, il va donc réitérer. Si "sa" place est occupée, il sera mal. Si bien que pour être sûr de se la réserver, il en choisira en général une peu confortable. Il effectue toujours les mêmes gestes et souvent aux mêmes heures (Kant sur ce plan est un cas d'école) parfois productifs s'il est bien compensé (et là on le salue) parfois un peu absurdes (et là on le prend de haut..) Se faire violence, il le peut, parfois il y est contraint (par le travail par exemple, ou certains type de travaux) mais il en paye alors le prix fort : déséquilibre, mal être, dysfonctionnements plus inquiétants encore, agressivité, distraction (lui!), il perd tout, a des accidents de voiture à répétition, décompense une maladie physique etc.. Parfois, épuisé, il jette l'éponge, démissionne, trouve un autre travail, fût-il moins prestigieux voire même hors-possible.. (reporter spécial bilingue, il se fait mineur de fond) et/ou renonce carrément à bosser et se marginalise. La société (et l'entourage) ne sont parfois pas tendres envers les malades et particulièrement ceux que l'on ne détecte pas : le voilà devenu un minable, un parasite, un profiteur qui ne vaut rien.. ["UN RATÉ.. QUELQU'UN QUI NE COMPTE PAS.. -ces dernières formules me furent exactement adressées.- Cela ne le touchera pas beaucoup : ne pas compter, être oublié, c'est parfois l'idéal de l'ASP ! Mais ce n'est pas toujours réalisable ni souhaitable : il peut être ASP ET militant -mettons écolo- à la fois, et se sentir contraint de se lever, de "compter" pour éviter une injustice ou une catastrophe, cela lui coûte, comme le travail, l'épuise mais il le fait tout de même. Pour le reste, -un raté, un minable- tel un fantôme, les flèches le traversent sans trop le blesser. L'ASP comporte des avantages.]
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LA CHAINE DES MONOPTÈRES, LES ASP ENTRE EUX
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Une solution pour eux est alors de s'apparier avec quelqu'un qui les porte à sa manière, un être opposé (croient-ils) extraverti, charismatique, débrouille, vigoureux, à l'aise partout (mais ce dernier point peut signer justement un ASP bien compensé, aïe !) Cela va sans dire, c'est souvent une femme. Il peut aussi à l'opposé choisir un être qui ne compte pas, une relation de convenance, de commodité -là aussi le net et les sites de rencontre représentent une pharmacie géante- car ce sont des solitaires structurels mais qui parfois -lorsqu'ils s'agit d'hommes surtout- ne peuvent vivre seuls justement à cause de leur pathologie. Il leur faut un socle, même dérisoire, presque fictif, un objet -ou un être- contre phobique, qui sache se tenir à distance, se faire oublier lorsqu'il faut, ne pas peser. Ils formeront ainsi un couple a minima où en effet la femme (l'être de "commodité" est le plus souvent une femme) est un peu transparente.. exploitée? Parfois, mais soft car ils peuvent compenser le vampirisme ou la réification qu'ils lui sont subir par leurs atouts appréciables, connaissances, ce sont des mines! culture, reconnaissance sociale, (notamment s'ils ont été portés autrefois par un/e proche), argent..- Personne n'est très heureux dans ce type de couple : l'ASP a conscience de la "faiblesse" -relative- de celle-ci, et elle sait qu'elle ne doit sa relation qu'à la pathologie de celui-là. Baste!
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Le cas de figure inattendu (et pourtant assez courant) est l'appariement avec d'autres ASP. Seuls leurs "pairs" les rassurent. Ils savent qu'avec eux, ils ne risquent pas grand chose, ou moins qu'avec des non ASP. Ainsi se forment des couples "monoptères" (ceux qui n'ont qu'une aile) qui se restaurent (parfois) mutuellement, surtout si l'un des deux est bien compensé. Il se peut aussi que l'autre le soit aussi, mais sur des points opposés, et que les deux ensemblent (je laisse!) figurent un être normal. Deux monoptères ont ainsi formé un oiseau qui peut voler et parfois très haut. Tel qui a su malgré tout s'adapter à une structure de travail privilégiée et à y "réussir" -mais en payant le prix fort-, apparié à un autre parfaitement compensé et quasi indétectable mais; lui, relativement inadapté socialement, formera un couple parfaitement efficient, et socialement et affectivement.. Avec quelques couacs, la solitude à deux : l'extérieur sera perçu par le tandem comme menaçant, alors notons le, qu'il ne l'est pas pour le membre compensé, au contraire!.. Celui-ci se sentira diminué par la faute de l'autre et en cas de révolte, le premier peut se sentir lui aussi exploité -financièrement par exemple-: les deux sont exacts d'une certaine manière. Ce sont des couples indestructibles, (mais qui pour cette raison même peuvent dysfonctionner jusqu'à la haine) car formés de "ceux qui n'ont qu'une aile" (monoptères) agglutinés pour faire un être unique qui seul peut voler, ils sont indispensables l'un à l'autre. Le tout est que ce ne soit pas la même aile qui manque! sinon le tandem devra se mettre tête bêche pour voler, ce qui n'est pas l'idéal pour celui qui est à contre sens.

L'ASP "RECYCLÉ"
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L'ASP séparé du couple qu'il formait et qui a tenté d'en reformer un avec un être de commodité [un vacataire efficient, mais pour lui, -surtout s'il est un homme-, les gens sont souvent des vacataires efficients] surprendra alors par son extraordinaire faculté d'adaptation. Un ASP est par définition et paradoxalement un être protéiforme, un être d'adaptation.. une adaptation superficielle qui cache et compense une rigidité structurelle irréfragable mais qui donne le change et qui finalement est assez confortable. [Il peut supporter à peu près n'importe quoi s'il a sa "dose" de rites et de pseudos tocs. Insulté, vilipendé, agoni, il rebondit immédiatement et repart, blessures tout de suite cicatrisées. Sa bulle est là, il y retourne, referme la porte, le tour est joué. Il n'oublie rien pourtant, jamais, mais ce n'est PLUS LUI qui est concerné, c'est l'archétype dont il n'est qu'un atome (ce n'est pas faux du reste et qui est une une des raisons de leur talent philosophoque, je laisse.) L'ASP -comme Mr Jourdain de la prose- fait souvent "du bouddhisme" sans le savoir et il n'est pas rare qu'on le prenne pour un des leurs.] Revenons à l'ASP perdu-réapparié. Avec un nouveau partenaire, certes les rites ont changé, mais il sait retrouver ses marques intérieures. Il les aménage.. et parfois, selon le compagnon/gne, change totalement (l'imitation, toujours) : désordonné à l'extrême, il est à présent méticuleux obsessionnel ; engagé et bohème autrefois, le voilà bourgeois frileux plus soucieux de son confort que d'actu ; intellectuel pointu, il dévide en boucle avec un accent qui N'EST PAS LE SIEN des banalités navrantes ; peu soucieux de sa mise, c'est maintenant un dandy ; anarchiste, il court après la reconnaissance sociale -maladroitement-; et auparavant honnête jusqu'aux moelles, profite indirectement de petites magouilles qu'avant il eût été le premier à fustiger.. Normal, de s'adapter? Oui. Tout le monde agit -plus ou moins- ainsi mais chez un ASP, on est toujours dans l'extrême, dans l'imitation aussi servile qu'involontaire, aussi déroutante qu'inattendue. Le signe qui le différencie des non ASP est celui-là : il affiche benoîtement ses deux images successives et surtout ne cherche en rien à se justifier, à réunir philosophiquement ses deux -ou trois- "moi".. lui cependant si habile à disserter voire ergoter à l'aide d'un logos habituellement au point. Il ne semble aucunement gêné.. et ne comprend pas le malaise voire l'agressivité qu'il suscite : un traître. Arrogant? Exaspérant? Oui, mais seulement par défaut. Il ne l'est pas réellement, seulement dans la détresse et dans l'imitation conséquente (et dans le double/triple personnage). Si de surcroît il s'y ajoute l'oubli (c'est fréquent) il donne l'impression d'un dédoublement de personnalité et presque d'un psychotique.. ou d'un pervers, ce qu'il n'est pas davantage (sa structure ne le lui permet pas).
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L'ASP, LE MEILLEUR ET LE PIRE DES COMPAGNONS
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Mais par ailleurs, l'avantage de cette souplesse paradoxale est qu'un ASP est aussi incontestablement un être "confortable" puisque, à condition de respecter ses rites et ses "codes", de ne pas chercher à pénétrer dans son intimité, il s'adaptera à tout sans même en avoir conscience, automatiquement. Sans réclamer d'explication, de justification, sans -autres- exigences.. mais le fait d'interdire de facto au groupe de bouger en constitue tout de même une, et de taille! Seulement voilà! Dans le cas inverse, si on l'a "abandonné", laissé à ses fantômes, il peut décompenser dramatiquement (jusqu'à la violence). Revirement à 180 °, il se montre alors donneur de leçons, harcelant, répétant les mêmes formules -pour une fois fautives, absurdes- jusqu'à l'insupportable, sa voix -devenue blanche, mal tonalisée- un ton trop haut, différente, componctieuse, -c'est bien la voix de l'ASP!- est significative, son regard aussi, ses yeux glissent vers le bas, ne peuvent plus fixer, ainsi que les syntagmes figés martelés qui reviennent en boucle.. L'ASP est en effet le meilleur compagnon.. et le pire si selon ses codes -ultra rigides- on l'a "trahi". C'est un longanime, un doux absolu, un être de gentillesse et de cordialité apparentes qui cache tapie au fond de lui, inconnue de lui même, une immense et violente frustration. Habitué à son objet contre phobique, si celui ci le fuit, il veut le détruire. On dit aussi que sa graphie est souvent illisible -inconstant-: elle est surtout changeante. C'est quelqu'un que l'on peut facilement imiter -et un imitateur de talent- car il n'a pas vraiment d'écriture fixe.. Mais bien compensé -lorsque cela s'avère nécessaire par sa profession-, il peut au contraire présenter une graphie parfaite -mais cela lui coûte infiniment et au bout de quelques pages, elle redevient bizarre-.
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LES ATOUTS DE L'ASP
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Ils sont par exemple souvent excellents en langues, parvenant sans effort à acquérir des accents aussi différents qu'anglais, allemands, turcs etc (l'imitation), comédiens, (encore le paradoxe -apparent- car, jouant toujours plus ou moins un rôle, en endosser un tout différent, pour eux, n'est que routine, voire libérateur -leur "tare" est devenue talent-), musiciens et peintres (leur excellente mémoire des images -reliée à l'angoisse qui les corrode en permanence- souvent photographique, est un atout considérable.) Leur hyper vigilance -inconstante- les fonde parfois à des performances remarquables, se souvenir des traits d'une personne longtemps après, voire être capables de la dessiner.. Ils emmagasinent tout comme un disque dur.. ce qui les fait parfois passer pour un peu devins. Il n'en est rien, mais ils ont seulement, plus que d'autres, ce que Leibniz appelait des "perceptions sans aperceptions".. c'est à dire inconscientes, qu'il engrangent sans même le savoir et qu'ils peuvent ressortir -après les avoir emboîtées- pour trouver la solution d'un problème laissant les autres secs.. voire prévoir les réactions de certains (!).. Ils en jouent parfois (!) cela peut s'avérer fort utile en certaines circonstances, y compris triviales (en affaires par exemple). Oui, l'ASP n'offre pas que des inconvénients. Le personnage type (fortement exagéré) est celui de l'enquêteur ASP de séries policières, aussi à la mode actuellement qu'il était inimaginable autrefois et tant mieux dont l'archétype est Reed d'"Esprit criminels". Sans aller jusque là, il m'est arrivé de détecter des escrocs simplement en observant sans en avoir l'air (sans même le faire exprès) certaines incohérences mineures dans leurs dires.. et parce que j'ai parfaitement pu comme presque tout ASP (car compensé ou pas, cela demeure) suivre en même temps trois conversations à la fois en feignant de ne m'intéresser qu'à celle qui m'était destinée -le leurre-.. dont la plus intéressante (!) était chuchotée dans la pièce à côté dont je m'étais rapprochée pour téléphoner.
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L'ASP "FRANCOIS PERRIN"? PAS TOUJOURS !

Leur soi disant maladresse aussi est inconstante et parfois au contraire, si un de leur rites concerne un travail manuel, fût-ce sans qualification, ils se montrent particulièrement habiles, astucieux, inventifs -cela varie en fonction de leur vécu. Celui qui, enfant, a servi de manœuvre à un père ASP distant et mal aimant, et qui, dans l'espoir d'obtenir son approbation, a dû se montrer "top" pourra par la suite être un excellent travailleur manuel : il a acquis une formation sur le tas.- Il reste que si dans le passé ils n'ont pas eu à se servir de leurs mains, comme leur excellence dans un ou des domaines se paie forcément par une déficience dans un ou des autres, ils peuvent en effet être des François Perrin ("La chèvre") ou plus rarement Madame Brise tout. Car leur distraction (désarmés, ils pratiqueront le travail manuel par nécessité, avec peine, sans goût), le fait qu'ils n'aiment pas que la matière leur résiste, qu'ils veulent la dominer illogiquement... aboutissent souvent à des catastrophes. Un ASP, rigide, MALADE structurel ne doit (en principe) jamais être forcé (pas plus que l'on ne doit forcer un cardiaque à courir un 100 m) : il va se soumettre certes si la nécessité le requiert, mais le résultat risque d'être destructeur. La vie quotidienne, parfois pratique, d'autres fois administrative (ou autre) est pour lui un monde plein de bruit et de fureur, d'embûches inouïes. Si on le contraint, si on l'oblige à acter comme s'il était non ASP, la crise de panique voire de délire psychotique clastique ne sont pas loin. Mais redite, il a la ressource reliée à son dysfonctionnement (!) de retourner dans sa bulle, de se rétablir à l'aide de ses "rites contre phobiques" cachés à tous, même à lui ! (à ces moments, il semble se dédoubler, agit selon ce qu'il sait d'instinct être réparateur pour lui, même si ça a l'air absurde et s'il ne comprend pas lui-même les raisons de ses choix.. et, une fois rasséréné, oublie aussitôt et le trauma et ce qu'il a dû faire pour se "restaurer".) Un ASP sait reformater son disque dur chaque fois que c'est nécessaire, effacer ses données (qu'importe, sa mémoire les conserve ad aeternam) et repartir à zéro.
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LA SEXUALITÉ ASP, UN PROBLÈME
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Leur maladresse touche souvent leur sexualité: ils n'ont pas les codes pour cela aussi. Là, les femmes sont favorisées -en un sens- car on n'attend pas d'elles qu'elles se lancent. Provocants sans en avoir conscience parfois, mais le plus souvent l'inverse, là aussi ils déroutent. Amoureux, ils ne savent pas le dire.. sont terrorisés et ne finissent par s'y résoudre que lorsque la femme aimée, lasse d'attendre, est mariée avec un autre. Là, pas de risques, c'est fini. Lorsqu'il s'agit d'hommes, on peut les croire misogynes (ce qui n'est pas le cas, ils n'ont guère plus peur des femmes que de tout). Pour les femmes, surtout bien compensées, on a parfois le phénomène opposé : comme elles se forcent tout le temps à regarder "sans voir", un réflexe, il peut y avoir malentendu. (3) Une conséquence inconstante est que parfois ils s'apparient.. avec qui veut bien d'eux quelles que soient les différences voire les inégalités entre eux (culture, savoir faire, diplômes, allure etc...) et la personne "choisie", en leur défaveur. Ils le savent et l'acceptent. Sans protester mais sans illusions. Un ASP, même soft voire hyper performant, mais qui sait avoir quelque chose à se faire pardonner, est parfois un être malheureux. 
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UNE CAUSE BACTÉRIENNE INTESTINALE -VACCINALE- ? QUI L'EUT CRU ?
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Et c'est cependant ce que le Professeur Montagnier (prix Nobel) hypothèse et qu'il semble avoir quasiment démontré -chez les autistes-. Mais le fait d'avoir observé des entérocolites invalidantes et détecté des bactéries anormale -et funestes- dans leur flore intestinale.. puis de l'avoir corrigé par des antibiotiques spécifiques -pour faire place aux bonnes bactéries-.. ce qui a "guéri" -ou du moins fait cesser les symptômes- des malades dans une proportion de 80% n'est peut-être pas significatif. Où est la cause où est la conséquence? On sait que le stress (et pour ça les ASP sont champions, alors que dire des autistes?) modifie la flore bactérienne et génère des problèmes intestinaux, ce qui peut être la cause de ces modifications chez eux. Alors? Interrelation? Peut-être. Reste que c'est une avancée appréciable dans le traitement de la maladie qui augmente dans des proportions effarantes Montagnier dit clairement que les vaccins sont en cause, non directement selon lui mais à titre de gâchette. (4)

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(1) Je suis une ASP assez bien compensée, crois-je ; et j'observe (bien que cela n'ait peut-être rien à voir) que presque tous les hommes que j'ai aimés -ainsi que mes amies- étaient déficients visuels. Un hasard? Peut-être pas. Des gens qui ne pouvaient pas me voir distinctement. Mon père l'était également, assez bien compensé lui aussi sauf en famille et particulièrement envers moi, son unique enfant (indifférent, distant, fuyant) et, malgré une vaste culture -parfaitement bilingue allemand-français-, une allure qui le faisait apprécier de tous et surtout des femmes, des capacités réelles, une grande habileté manuelle (oui!) et une faculté de travail importante -plus quelques diplômes, CAPA droit-, il passa de journaliste -reporter spécial en Allemagne pour un grand quotidien- à mineur de fond.. réparateur de machines à coudre.. vendeur d'aspirateurs, puis redevint journaliste etc.. et se rétablit enfin définitivement avec une petite affaire dans un village qui nous sortit tardivement de la gêne -nous vivions par périodes essentiellement du salaire de ma mère, institutrice-; durant ma scolarité, nous déménageâmes sept fois, et je changeai trois fois d'école primaire et cinq fois de lycée, passant moi aussi d'un très prestigieux de Marseille à un assez mal coté d'Alès, avec au milieu carrément une boîte hantée -entre autres- par de pseudo loubard/es qui m'en firent durement baver -pour simplifier-, l’École Normale d'Aix. [Toutes n'étaient pas de la même eau évidemment mais lorsque la meute est lâchée contre le lapin, souvent, tout le monde gare ses fesses ou regarde ailleurs. Il est possible que, issue d'un bon lycée, j'eusse un niveau forcément différent et peut-être meilleur dans certaines matières (culturelles, langues).. et que l'injustice ait été à la clef d'un harcèlement qui pouvait être de "classe" sociale.. mais l'ASP a à coup sûr rendu les choses plus faciles : on course plus volontiers le lapin qui boîte que celui qui file comme le héros de "la solitude du coureur de fond".] 
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(2) Il n'est pas innocent qu'ils fassent souvent spontanément des mathématiciens, des philosophes, des intellos pointus : sans "être", sans "ego" ou avec un ego qui n'en est pas vraiment un, ils sont plus facilement que d'autres en prise directe avec le concept, l'esprit, le logos, les êtres mathématiques, physiques : rassurants, pérennes, voire compréhensibles avec des postulats, qui ne vont pas les broyer. Le pied !
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(3) Il y a des lustres, un homme dans une couchette de train me prit soudain doucement la main alors que je m'endormais, je sautai de rage.. mais ce n'était pas un violeur ni même un macho : décontenancé, il se confondit en excuses navrées : "Pardon.. excusez-moi.. je.. enfin j'ai cru.. j'ai eu tort.. j'ai simplement pris.. euh.. mes désirs pour des réalités.." Longtemps après je compris qu'il avait sans doute raison : il est possible que je n'aie pas cessé de le regarder SANS LE VOIR, enfermée dans ma bulle -j'étais préoccupée et avais sans doute baissé la garde- et qu'il ait légitimement cru à une invite sexuelle. Il n'était pas mal, moi idem, c'était plausible.
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LE VENTRE?
(4) Et -dans mon cas- je me souviens en effet avoir eu dans TOUTE MON ENFANCE ET JUSQU'A SEIZE ANS des problèmes intestinaux handicapants -diarrhées plusieurs fois par jour, douloureuses et irréfragables- au point d'hésiter à sortir en ville -pour cela aussi l'autiste ou l'ASP vivant à la campagne est avantagé!-. Cela a cessé à cet âge d'un seul coup, sans aucun traitement. [Age auquel je fis une tentative de suicide aux médicaments, avis aux chercheurs au cas où il y aurait un rapport, me suis-je ainsi esquinté -ou en le cas, réparé- la flore intestinale? Le fait est que presque tous mes symptômes alors s'estompèrent définitivement jusqu'à devenir quasi inexistants. Mais il peut y avoir d'autres causes : je quittai au même moment un établissement où j'étais devenue le souffre-douleur de tout une meute et bénéficiai de quelques séances de psychothérapie qui furent comme le soleil se levant dans une nuit permanente. Il y eut l' "avant" et l' "après", à jamais différents, un être nouveau était né. Vigoureux, sagace, fort, non culpabilisé, sachant exprimer -sa haine à dire vrai plus que son amour mais cela s'atténua ensuite un peu-, sûr de sa valeur, amical, charismatique, marrant et révolté.. J'étais plus facile à vivre "avant" certes.. et comiquement ma mère, à la fois enchantée et perplexe alla voir le Dr Delpierre pour lui dire : "ça y est maintenant, Docteur, elle est suffisamment guérie comme ça, il faut arrêter car elle devient pénible" (!!) Le fou rire qu'il a eu -et moi avec ! Eh oui : un malade psychique est parfois confortable.]

Alors? Les foutues bactéries? Ou la psychothérapie -dix séances seulement, peut-être moins-? Une idée, qui vaut ce qu'elle vaut, âmes sensibles s'abstenir ! Puisqu'il paraît que c'est au moment de l'accouchement, lors du passage de l'enfant dans les voies vaginales proches du rectum -à ce moment là dilaté et suintant- que l'enfant s'imprègne de ses bactéries intestinales et vaginales.. qui lui feront excellent usage (!) cela ne peut-t-il pas expliquer l'"hérédité" de l'ASP ou de l'autisme? (Dans mon cas ça ne colle pas -c'est mon père qui l'était- mais ce n'est qu'un cas. Ou bien la mère pourrait-elle voir sa flore intestinale modifiée -au cours de rapports sexuels durant les derniers mois de grossesse pas exemple- par un partenaire ASP et retransmettre ces bactéries au moment de l'accouchement à l'enfant? Ces bactéries se retrouvent-elles dans les sécrétions sexuelles mâles?) Rien que de "normal" et de "sain" (!) dans ces imprégnations, que l'on voit à l'état de nature, plus pointues encore, chez les animaux : les bébés éléphants -entre autres mais sans doute est-ce le cas de toute espèce animale- ne mangent-ils pas les excréments de leur maman pour ces raisons? Une garantie de bonne santé pour l'avenir !

Il demeure que les inter relations cerveau-intestin avec passage dans le sang, issus du colon, d'électrolytes funestes qui atteignent illico le cerveau (et qui, au cas où la barrière qui protège celui-ci serait "perméable", l'envahissent) peuvent expliquer les deux symptômes qui semblent si différents (intestinaux et psycho pathologiques.) Un détail me revient, que je n'expliquais pas : mes "crises" (reliée au stress, toile de fond de tout ASP) rares à présent, se terminaient toujours par une vidange intestinale irrépressible et soulageante-quand bien même je n'avais rien mangé depuis longtemps- pas forcément très productive mais qui me libérait d'un seul coup.. la tête (!) en somme! Merci Montagnier.

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"Secret de famille, pouvoir ordinaire dans des milieux au dessus de tout soupçon" Hélène Larrivé, Frison Roche éditeur (lien)