lundi 30 septembre 2013

Kristina Rady, "des événements regrettables" !



Contexte (lien)


Analyse des propos 
d'une femme battue, terrorisée. 

"Allô, c’est Cini [le diminutif de Kristina] … Ici beaucoup de choses se sont passées et des pas bonnes, c’est pourquoi je ne savais vraiment plus quoi vous dire donc je ne vous appelais pas, et après ça faisait si longtemps que je ne vous avais pas appelés que je n’osais même plus vous rappeler sans savoir que dire, comment vous expliquer la raison pour laquelle je ne vous avais pas appelés, le cercle vicieux, même quand on a quarante ans…

Cercle vicieux en effet : l’isolement. On n’ose pas parler. La honte. La peur de blesser ses proches. 

 Hélas, je n’ai pas grand-chose de bon à vous offrir, et pourtant il aurait semblé que quelque chose de très bon m’arrivait, mais en l’espace de quelques secondes Bertrand l’a empêché et l’a transformé en un vrai cauchemar qu’il appelle amour. Et j’en suis maintenant au point – alors que j’avais du travail pour tout ce mois-ci, ce qu’il ne supporte pas – 

Autre constante : la sidération. L’impossibilité de se concentrer, de travailler.. voire l’interdiction sous divers prétextes ("divertissement", ménage à faire, écoute de lui-même etc..) "Un vrai cauchemar qu'il appelle amour."

.. qu’hier j’ai failli y laisser une dent, tellement cette chose que je ne sais comment nommer ne va pas du tout [mot inaudible], mon téléphone, mes lunettes, il m’a jeté quelque chose, de telle façon que mon coude est complètement tuméfié et malheureusement un cartilage s’est même cassé, mais ça n’a pas d’importance tant que je pourrai encore en parler.

Toujours, la minimisation (voire même l’humour) et l’understatement, elle ne dit pas "il m’a frappée" mais se contente de décrire quelques gestes comme si elle montait un scénario de film, légèrement. Note : les blessures au coude sont des blessures de défense (il visait probablement la tête.)

Mais… puisque nous avons donc décidé de revivre ensemble et que Bertrand, n’est-ce pas, est à nouveau amoureux de moi et ne peut vivre qu’avec moi..

Également constants, les dénis et déclarations d’amour paradoxales, quand les faits crient le contraire, que la victime sous influence suit. Perturbée, désorientée, elle y croit, n’y croit pas, ne sait plus..

.. ce qui serait bien s’il était possible de vivre avec lui, mais on ne peut pas, et voilà… J’ai essayé et j’essaye de vivre de telle manière que je ne sois pas obligée de fuir, car soit il sera déjà trop tard pour fuir faute d’être encore en état pour le faire..

La victime sait qu’elle doit partir avant de ne plus le pouvoir mais l’état de sidération l’en empêche, le vertige éprouvé devant les injonctions paradoxales -et parfois le chantage au suicide- qu’elle reçoit. Ici, Kristina rate le coche et semble presque le savoir : c’est MAINTENANT.. ou jamais.

… soit je réunis mes forces maintenant et je m’enfuis avec Liszka [Alice], mais sans même savoir où… nous ne voudrions pas revenir vivre à Budapest, plutôt partir pour un autre pays, seulement, avec Bertrand dans un état aussi grave, on n’arrive pas à réfléchir la tête claire et, de peur, on ose à peine respirer. Ainsi, je ne sais pas, mais il est possible que nous apparaissions soudain pour rester un temps à Györök, et puis je repars en laissant là-bas Liszka, je ne vois pas comment faire autrement. Ensuite, avec un peu de chance, si j’en ai la force et qu’il n’est pas trop tard, je déménagerai dans un autre pays et je disparaîtrai simplement, car je dois disparaître..

La peur, la terreur, la confusion même (note, ici il s’agit d’une femme, intello, et qui n’a pas de soucis financiers ! que dire des autres, la majorité ?) "Je dois disparaître" ! 

… et j’enverrai quelqu’un pour récupérer mes affaires et me les transporter, je ne sais pas, tout simplement je ne sais pas comment je dois faire, je n’ai aucune idée de ce qu’il faut faire dans ces cas-là… 

Mais je n’ai pas voulu vous parler de tout ça, naturellement vous pouviez deviner qu’une série d’événements encore plus regrettables que ceux de 2003 a eu lieu, car à l’époque cela ne m’était pas arrivé à moi, tandis que maintenant cela m’arrive...

Minimisation, (des événements "regrettables" !) élisions, même avec des proches, même dans une telle détresse. Mais là il s’agit de la mort de Marie Trintignant évidemment, tuée par Cantat, (qui fit 4 ans de prison sur les 8 auxquels il avait été condamné.) Maintenant, "cela" m’arrive. dit-elle. Des événements "encore plus regrettables que ceux de 2003"? qu'est-ce à dire en effet si ce n'est que c'est elle à présent qui risque d'être tuée? Elle l’avait pourtant défendu au procès, certifiant qu’il n’avait jamais été violent (était-ce vrai? Non sans doute si on suit le témoignage de ses parents -lien-. Syndrome de Stockholm? Amour? De le tirer d'affaire? Souci de préserver pour ses enfants l'image de leur père? Un terrible mensonge qui va se retourner contre elle, c'est bien ce qu'elle semble dire ici.)

.. déjà à plusieurs reprises j’ai échappé au pire, et puis c’est intenable, les enfants n’en peuvent plus, Furi [sa sœur] était au courant, mais bien sûr il s’agit d’un énorme dérapage, je l’ai appelée… et elle m’a promis de ne rien vous dire, même si parfois c’est pire de fantasmer sur quelque chose que d’apprendre la vérité, mais vous ne sauriez imaginer pire que ma vision de la chose, et Bertrand est fou, il croit que c’est là le plus grand amour de sa vie et que, mis à part quelques petits dérapages, tout va bien.

"J'ai échappé au pire". Le "pire", dans son langage édulcoré jusqu'au comique involontaire ne peut être que la mort, sa mort. "Le plus grand amour de sa vie".. Oui il le "croit" ou fait semblant, mais elle aussi emploie les termes understatés de "dérapage" (il s'agit ici en filigrane de sa mort ou de celle de Marie sauf qu’elle précise "énormes dérapages"…) ou d’événements "regrettables" (la mort d’une femme et en le cas, la sienne aussi qu'elle semble pressentir est certes un "événement regrettable" mais...peut-être un peu plus !- 

Et tout le monde, bien sûr, dans la rue le considère comme une icône, comme un exemple, comme une star, et tout le monde désire que pour lui tout aille bien, et après il rentre à la maison et il fait des choses horribles avec moi devant sa famille."

On n’en saura pas plus sur ces "choses horribles" (mais on peut deviner) ... si ce n'est qu'elles ont lieu devant les enfants.

Lien avec la pétition des "effrontées"
Lien avec l'article d'atlantico
Note : François Saubadu est défendu par Me Yael Mellul, spécialiste du droit des femmes.

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