lundi 30 septembre 2013

Kristina Rady. Témoignage de François Saubadu

(Note liminaire, François Saubadu est défendu par MeYael Mellul, spécialiste du droit des femmes)




2009. Kristina n'a plus que quelques mois à vivre. Cantat, qui a purgé sa peine de prison pour la mort de Marie Trintignant, est revenu à Bordeaux et a retrouvé ses enfants et sa première femme, Kristina Rady, qui l'a si bien défendu pendant le procès*. Il va mal. Kristina est en train de lui échapper (on se demande bien pourquoi !) Le monde qu’il imaginait retrouver (!) est en train de s’effondrer. Leurs relations se sont distendues. (Souvent, femme varie.) Ils vivent chacun de leur côté, obnubilés tous deux par leur travail. Le contrat est clair : on se retrouve autour des enfants mais chacun est libre. C’est ainsi que lors d’un déjeuner professionnel, elle fait la connaissance de François Saubadu. Coup de foudre, une histoire passionnée commence. "Notre relation a duré trois mois", raconte-t-il. Nous avons vécu ensemble chez moi, parfois avec ses enfants. Elle semblait épanouie, soulagée. (Tu m'étonnes!) Parfois, elle m’emmenait dans son appartement de Bordeaux.. rempli de souvenirs de Noir Désir, une sorte de musée morbide à la gloire du groupe, très sombre..

Elle parle à Cantat. Crises de jalousie intenses, il assaille son "rival" de coups de fil et de SMS. "Il me disait qu’il aimait Kristina éperdument et que c’était terrible de lui faire ça, qu’il voulait se donner une chance avec elle après toutes ces épreuves. (!) Il me harcelait." Il s’en ouvre à Kristina et comprend alors qu’il fait la même chose avec elle, il la terrorise. (Donc elle le lui avait tu). Elle a fini par me parler de violences physiques, du fait que ses enfants dormaient souvent chez des voisins à cause de leurs disputes, qu’il la torturait psychologiquement, qu’il faisait des chantages au suicide, menaçant de s’ouvrir les veines si elle le quittait, et surveillait son téléphone portable, à la recherche des messages que je lui envoyais. Elle a vécu l’enfer." (Elle est morte peu après.)

Le récit date certes mais les similitudes avec le comportement de Cantat vis-à-vis de Marie Trintignant à Vilnius sont troublantes. Et la suite des événements va tragiquement confirmer cette impression. Fin mai 2009, François Saubadu doit partir un mois et à son retour, il la retrouve à Paris. Elle lui apparaît perdue, terriblement angoissée. Ils prennent ensemble un TGV pour Bordeaux et alors que le train approche de la gare, elle lui demande de changer de wagon, craignant que Cantat ne l’y attende. Une semaine plus tard, son téléphone sonne, c'est Kristina, bouleversée qui lui explique qu’elle a eu la veille une violente dispute avec Cantat, qu’elle s’est enfuie de leur domicile avec sa fille et ne sait où aller se cacher. Il n’est pas à Bordeaux mais appelle un ami bordelais, lui demande d’aller chercher d’urgence Kristina et Alice et de les héberger. C'est là, à l'abri chez l'ami que, Kristina, en larmes, s’isole dans le jardin, compose le numéro de ses parents à Budapest.. et se lance alors sur messagerie dans ce long monologue (sept minutes trente-trois secondes) ahurissant qui révèle en filigrane mais de manière assez précise la personnalité de Cantat et jette un éclairage épouvantable sur le couple autodestructeur qu’il forme avec elle. Une femme battue, harcelée comme une autre. Le voici retranscrit et analysé (lien)

* La question est posée: mentait-elle alors quand elle assurait n'avoir jamais subi de violences quelles qu'elles soient, -oui, probablement, voir le témoignage de ses parents- ou Cantat a-t-il changé ensuite? Elle avait cependant bien des raisons de lui en vouloir : il était tombé amoureux de Marie alors qu'elle était enceinte de leur dernier enfant et c'est elle qui lui avait demandé de partir vivre son amour en toute sérénité.. ce qui la conduisit à lâcher son travail de productrice (qui l'obligeait à voyager constamment) afin de pouvoir élever seule ses enfants. Parlant huit langues, elle s'est alors lancée dans des traductions, avec succès. Par la suite, après ce qu'elle appelle "les événements regrettables" (le meurtre de Marie et les 4 ans de prison -la moitié de sa peine, avec quelques permissions- pour Cantat) elle demeura avec lui, consciente qu'il ne tenait debout que par elle, une sorte de jeu social puisqu'en réalité ils étaient séparés dont il était le seul bénéficiaire... et qui ne lui réussit pas.

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