La maison de Kafka, à son image, modeste et aimable. |
Issu d'une famille juive aisée, seul fils d'une fratrie de six filles, aîné, dominé par un père autoritaire et dur, Kafka fut "cet être exigeant jusqu’à la
névrose pour qui les femmes n’étaient source d’inspiration et de joie qu’à la
condition qu’elles se tiennent à distance et ne suscitent le désir que par
élision, pour ne pas troubler de leur intolérable réalité un idéal qu’il
souhaitait inatteignable*." La "Lettre au père" de est la clef de son œuvre.
Dora, 25 ans, sa garde malade.. et sa compagne |
Elle ne fut jamais remise à son
destinataire! Franz l'écrivit à la suite du refus
de son père qu’il épouse Julie Wohryzeck. Franz obéit, il obéit toujours. Son père l'effraie et le domine. Celui-ci lui reproche d'être inapte à la vie, pas fort, pas solide, Franz suppose que c'était dans le but qu'il réagisse, se rebelle, s'affirme. Ce fut l’inverse. Franz n'avait pas une haute opinion
de lui-même ; bien qu'ayant travaillé toute sa vie, malgré son état de santé -il était tuberculeux- (il avait pour tâche d'évaluer les dommages subis par des employés ou ouvriers en cas d'accident du travail pour le compte d'une compagnie d'assurance -donc probablement à la baisse!- et était très bien noté pour sa méticulosité ainsi qu'en attestent ses bulletins d'avancement!) il se considérait comme un parasite ; il n'avait pas la force de répondre à son père, ni de lui
désobéir, d'autant que ses ordres étaient pervers, par exemple,
lorsqu'ils étaient à table, le père disait toujours qu'il ne fallait pas parler
la bouche pleine, ne pas trop manger, ne pas faire de miette, ne pas aller
trop vite etc. (Kafka s'efforçait donc de le satisfaire).. alors qu’il faisait
lui-même exactement ce qu'il interdisait à ses enfants, parlant la bouche
pleine, mangeant beaucoup et vite... Il le
dénigrait toujours, ainsi que ses amis. Chaque fois qu'il disait apprécier
quelqu'un, son père s'empressait de le rabaisser. Il voulait que Franz
s'intéresse au Judaïsme et du jour où il s'y est intéressé, le judaïsme
lui devint odieux, il jugea les écrits juifs illisibles. Le père Kafka était en bonne
santé, destructeur, sûr de lui, il pensait qu'il était de loin supérieur
aux autres, surtout à son fils auquel il dit un jour qu'il le "déchirerait comme
un poisson". Dans sa lettre, Franz lui explique qu'il parle de lui dans tous ses romans, y racontant tout ce qu'il ne peut lui dire en face. À la fin, on peut découvrir un message d'espoir, Kafka écrit
qu'il espère que cette lettre va les apaiser et leur "rendre à tous deux
la vie et la mort plus faciles." (!)
* Ne dit-il pas à Milena Jesenska, (son "grand" amour), lorsqu'il la prie de ne plus lui écrire, qu'il a trouvé une "solution" (une solution à quoi? A son incapacité de vivre, de vivre avec une femme et d'écrire à la fois -il lui faudrait une transparente-.. il s'agit de Dora, une institutrice de maternelle de 25 ans, qui le soigna jusqu'à sa mort, deux ans après.)
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