lundi 1 juin 2015

L'école normale d'institutrices, le "pauvrisme" et le syndrome de Stockholm

Suite de http://fabricationmaladiepsy.blogspot.fr/2013/06/lecole-normale-dinstitutrices-daix-en.html


L'injustice ACTÉE (à l'Ecole Normale) est/fut plus traumatisante que celle (RÉSOLUE) à Besançon, voir PS. (Liée au racisme.) Peut-être parce qu'elle fut résolue au mieux pour moi. Pas l'autre. Ou à un prix exorbitant.

Une autre forme de racisme est en jeu ici, le "pauvrisme". Nous étions des filles pauvres et MÉRITANTES.. qu'on blanchissait, logeait et nourrissait gratis MAIS QUI DEVAIENT MÉRITER... D'ÊTRE MÉRITANTES !! (certaines, ravies de manger enfin à volonté, étaient infiniment reconnaissante à l'Institution). C'est à dire qu'il fallait accepter l'humiliation de subir : subir ce que, selon leur bon ou mauvais vouloir, les profs, le personnel et surtout à la base les créateurs-concepteurs du "RÈGLEMENT" décidaient de nous infliger. Sans raison, juste pour marquer les positions respectives des maîtres et des esclaves. Une forme de totalitarisme dictatorial absurde, sans but (autre que celui de nous faire acter, de susciter ou renforcer en nous puis de tester et vérifier sans cesse notre soumission.. sinon retour à la case départ, à la misère -de tout ordre car parfois elle n'était pas seulement économique- dont certaines ne voulaient à aucun prix, mais que d'autres parfois peut-être ? regrettaient (car il y avait des niveaux à ce que nous fuyons, par exemple Annie, sise au plus dramatique, se montrait également la plus soumise). 

Le but : nous briser puis nous utiliser. Le moyen, classique : l'injustice -imprévisible- évidente et reconnue. Car seule l'injustice permet de poser la vraie domination, le reste ne compte pas. Les profs -du moins les profs "maison", pionnes etc.. c'est à dire les maîtres ou leurs missi dominici ne se donnaient même pas la peine de la nier ou de la masquer.. ce qui du reste n'aurait pas été dans la ligne de leur politique. Ce qui m'arriva de pire fut une incartade (? je ne me souviens plus en quoi elle consistait si ce n'est qu'elle était mineure, enfin, mineure avec le recul car rien n'était mineur. Aller faire trois pas dans le parc, je crois ? Plus que trois pas? Peut-être. 

Le parc ! SUPERBE, MAGNIFIQUEMENT FRAIS ET ARBORÉ MAIS INTERDIT AUX ÉLÈVES !!! était l'exemple-type de l'absurdité et de la cruauté d'un règlement bel et bien fait expressément pour NOUS BRISER -nous étions confinées à l'arrière dans des salles d'études et des sortes de "cours" pavées de quelques mètres carrés et un "jardin" ou plutôt un simple accès -avec deux ou trois arbres étiques en bordure- à un bâtiment en préfabriqué... où du reste nous restions peu. Je ne me souviens donc plus du "forfait" qui me fut reproché mais ce dont je me souviens par contre c'est que nous étions deux à l'avoir perpétré, Madeleine Jobert (la fille du directeur de l'Ecole Normale de garçons, habitant juste à côté, qui avait le privilège envié d'être externe, ce que l'on peut comprendre) et donc moi-même.. qui avais été entraînée par celle-ci, mon statut de Campenoise (issue du Lycée Longchamps), pire en un sens que celui des autres, ne pouvant me permettre, aucune entorse à tout dictât quel qu'en soit l'absurdité...  (Les autres étaient de "vraies" pauvres, estampillées, organisées et reconnues comme telles tandis que moi -et une autre seulement dans toute la promo de 72 filles- étais une "fausse" car non issue d'un "CEG" (les CEG étaient achalandés par des jeunes filles qui n'avaient pas les moyens soit financiers soit matériels de poursuivre des études au delà du Brevet -quelles que soient leurs capacités- sauf à passer le concours... -qui de toutes manières les arrêtait au bac et les obligeait à enseigner ensuite en primaire au moins dix ans- ; nous étions donc -les ex lycéennes- des "cas", des usurpatrices qui avions pris la place de l'une d'elles -la réduisant peut-être à la misère-...)
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Je fus néanmoins collée (normal, c'était la sanction de tout "grave" manquement et tous l'étaient, ils l'étaient d'autant plus que le point violé était absurde, cruel... et humiliant parce qu'absurde et cruel... ce qui montre bien que c'est la révolte contre l'humiliation infligée qui seule était en cause et non le bien-aller naturel d'une institution...) et Madeleine, elle, n'eut aucune sanction. Et si j'avais protesté, ce que je ne crois pas avoir fait, ç'aurait été probablement le doublement ; une colle de tout le week-end, c'était l'horreur lorsque l'on songe que nous étions bouclées toute la semaine sans JAMAIS SORTIR au début* 
ET PRATIQUEMENT SANS  AUCUNE ACTIVITÉ PHYSIQUE SAUF LES COURS DE GYM QUELQUES HEURES/SEMAINES (3?) AVEC POUR SEUL ESPOIR, LE SAMEDI (nous comptions et rayions les jours qui nous en séparaient !!)... les samedis OÙ APRÈS 16 H ET L'HORRIBLE COURS DE COUTURE OÙ ON NOUS FAISAIT FAIRE... DES "JOURS"** DE DRAPS !!! ACTIVITÉ CRÉTINE S'IL EN EST QUI DÉJÀ NE SE PRATIQUAIT PLUS, cours durant lequel nous ne cessions de regarder notre montre, toujours dans la crainte d'une retenue dont nous menaçait la prof (par ailleurs obsédée sexuelle***) qui, même minime, nous aurait fait rater le car.. Après donc cet horrible cours, nous allions, ô pour une demi journée seulement (nous devions "rentrer" le dimanche soir avant 7 heures, autre absurdité du règlement car nous aurions aussi bien pu "rentrer" le lundi matin mais là aussi il importait de bien nous faire sentir que notre "vie" à présent appartenait à l'EN) .. le samedi où nous allions pouvoir nous évader pour quelques heures de notre prison. Devant une si criante injustice, Madeleine elle-même fut (ou parut) un peu gênée et m'assura, que ce fût vrai ou faux, avoir en vain plaidé ma cause. Je pleurai toutes les larmes de mon corps, avec le désir prégnant de mettre le feu au bâtiment. Mais la sanction fut levée je ne saurai jamais pourquoi. Imprévisible la mansuétude, imprévisible la sanction, imprévisible le degré de gravité de l'interdit etc..

* Nous avions toutes grossi de 4 à 10 kg dès le premier trimestre et il fallut l'étonnement et peut-être la réprobation ? du médecin scolaire pour que nous soyons autorisées.. à sortir le jeudi après-midi deux ? heures.. et 
de temps en temps, le soir (? tous les ? mois? je ne me souviens plus) conduites mais ENCADRÉES comme les détenues.. que nous étions! Je refusai d'y aller dans de telles conditions bien que la directrice, prévoyant sans doute des remous, ô légers, voire des refus, (à ma connaissance, il y en eut très peu).. la Directrice (que nous devions appeler Madame même entre nous, histoire de nous faire bien sentir notre position de larbines je suppose).. Madame donc nous ait bassiné longuement d'un discours d'autosatisfaction réjouie nous faisant bien prendre la mesure de sa longanimité car parait-il avant c'était pire et humiliant.. (encadrées plus serré ? Avec des gendarmes aux deux bouts? non, il parait, en rang, nous ne l'étions pas ou pas vraiment, et en uniforme, nous étions en civil, l'uniforme du reste se bornant à ce moment là à une blouse identique rose ou bleue à changer toutes les semaines, AVEC NOTRE NOM BRODÉ EN HAUT A DROITE BIEN VISIBLE, ils avaient dû s'inspirer de l'étoile jaune de Pétain ou des camps nazis sauf que notre numéro n'était pas aussi inscrit à l'arrière, le PROGRÈS VOUS DIS-JE !) D'autre part, autre sujet d'étonnement de la part de ce brave toubib, nous n'avions plus de règles, comme dans les camps de concentration ou en prison. Evidemment.

** Cela consistait à tirer des fils d'un tissus, une dizaine ou plus, puis d'en prendre 2 ou 3 de la chaîne ainsi ouverte et de les serrer en nœuds.. et ainsi de suite... hélas des deux côtés, une tache longue et insipide. Inesthétique, inutile, absurde, éreintant et usant pour les yeux, le travail idéal pour former des larbines ad hoc. La salope comptait les fils et malheur à celle qui trichait.
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*** Par ailleurs, c'était une obsédée sexuelle, ce qui n'était pas rare parmi les profs "maison" (de moindre niveau que les profs extérieures -hélas trop peu nombreuses-, souvent des femmes âgées archétype de "vieilles filles" frustrées -même si elles étaient ou avaient été mariées comme la prof de maths, la pire, ex æquo avec celle de physique.-) Des bruits courraient sur une enseignante de musique (idoine) et son penchant pour les jeunes normaliens de la chorale, je ne les ai jamais vérifiés mais cela semble plausible : le fait est qu'elle haïssait les femmes et les jeunes filles sans même s'en cacher (raison pour laquelle je ne m'étais pas inscrite à ses cours -facultatifs- malgré ma passion pour la musique, comme presqu'aucune fille, à moins d'être suicidaire.. ou Annie, toujours prête à manifester son bon vouloir)... et minaudait lamentablement, car elle était âgée et de toutes manières horriblement moche, devant les garçons. 
Reste que celle de couture, un samedi très chaud où je m'étais douchée juste avant le cours -mes cheveux étaient donc encore un peu mouillés- m'apostropha violemment, indignée ou faisant semblant de l'être.. et me promit une colle (!) si j'osais encore me présenter ainsi devant elle (!) Qu'est-ce à dire? Je pensai à mes cheveux évidemment mais je n'avais enfreint aucun règlement et mes "jours" étaient impeccables. Elle me taxa alors d'obscénité ou d'indécence (!) parce qu'il était clair "que J'ÉTAIS NUE SOUS MA BLOUSE".(!?) Il faut se replacer à l'époque, 1963, pour mesurer l'affront et l'indécence de tels propos surtout publics .. accusation d'autant plus absurde que nous allions partir, sacs rangés dans le couloir, prêtes à bondir dès le premier retentissement de la cloche. Je revois encore ses petits yeux vicieux et méchants me détailler de haut en bas en s'arrêtant sur ma poitrine. Je ne me souviens plus si j'ai dû lui démontrer que ce n'était évidemment pas le cas. 
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Classique et fréquent dans ces milieux unisexes confinés, pourris de rancœurs et de frustrations mais soumis à la fois à l'ordre établi.. qui les a broyés.. (avant qu'eux ne broient les autres à leur merci...) CLASSIQUE DONC EN CES LIEUX, COMME DANS LES PRISONS, l'homosexualité latente mais omniprésente ET UNE FORME DE PÉDOPHILIE certes soft mais pesante, corrodante. Annie, une camarade (qui, malheureuse chez elle au point que toute enfance semblait un roman rose à côté, rêvait toutes les nuits de la manière dont elle pourrait tuer sa belle-mère et ainsi sauver sa petite sœur de l'enfer).. Annie donc le disait sans fioritures : "il faut subir, on n'y peut rien car on n'est pas les plus fortes et moi j'ai besoin de cet argent -on avait une petite bourse et elle travaillait en plus les jeudis après-midi au centre dit "aéré" jouxtant l'EN si bien qu'elle ne pouvait même pas profiter de nos (?) 2 h de liberté -j'ai besoin de cet argent pour ma petite sœur, mais quand on aura notre diplôme, alors, on fera ce qu'on voudra et on pourra en faire baver un max aux élèves." (!) Et elle s'endormait rayonnante sur cette délicieuse et réconfortante perspective à venir au plus tôt.
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PS http://fabricationmaladiepsy.blogspot.fr/2012/10/racisme-besancon-contre-les-rouges-du.html

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