Le pervers "accompli" est d'abord un pervers vicaif, euh.. vocatif ! et pas forcément un amant/e potentiel : il grenouille partout. Sa caractéristique de base est qu'il considère le monde et les autres comme un champs de bataille ou de labour, à exploiter, à vaincre : son regard scrutateur mais sans empathie sélectionne qui il va pouvoir ferrer afin qu'il le serve, le pompe ; c'est le gentil, le candide, mais aussi celui ou celle qui a du jus, un connu si possible, reconnu socialement, apprécié, courtisé.. Il lance des balles. A nous de ne pas les rapporter. Mais on peut aussi s'amuser à inverser les rôles -un jeu cruel mais passionnant-... c'est à dire à lui retourner ses investigations, à copier ses postures, certes c'est pénible -alors que lui le fait naturellement, c'est là la différence!- mais révélateur. Car là on le découvre soudain pour ce qu'il est : un pauvre type qui tente maladroitement -ou plus habilement- de liquider les insuffisances -qu'il cache- grâce à un ou des autres qui vont le "poser"... ou simplement se laisser exploiter/sadiser. Un défoulement, une libération. Il n'est "rien", du moins "rien" de ce qu'il veut être, de ce qu'il pense devoir être, mais s'il obtient l'allégeance ostensible d'un client juteux, il devient par ricochet enfin "quelqu'un". C'est "l'homme du ressentiment" de Nietzsche. Expérience à ne pas renouveler cependant.
Cas n 3 : c'est une femme. [Note, il n'est pas tout à fait exclu jusqu'à présent qu'elle ne soit pas
totalement "JS*" mais seulement maladroite.] Elle est détectable,
mais cela a trait à son physique et des détails. Bien qu'on les retrouve souvent chez les JS ou les "francs" pervers, ils ne
sont pas probants : un regard particulier, fureteur et sélectif à la fois, -un radar- robotisé, sans expression ni de sourire, et une distance associée paradoxalement à des tentatives
effrontées d'approches -physiques- qui mettent mal à l'aise... Elle est impec, toujours.
Marche vite. L'air de celle qui est entre deux RV -c'est peut-être exact-. Elle
s'enquiert -dans un petit troquet- de la wifi. Une cliente à qui la question
était directement adressée, bien qu'occupée, s'arrête et lui explique :
-C'est
facile, vous tapez le code etc..."
Revirement,
elle déclare alors qu'elle n'aime pas internet, ce n'est pas son truc, ça la
barbe etc... [c'est exactement la même tactique que le précédent, requérir une prestation qu'ensuite on va affecter de rejeter, comme si le requis était le
requérant !] La cliente qu'elle a ferrée, inconsciente au départ du jeu, se fait alors la "Google bateleuse"
-tout en reconnaissant que cela peut être aussi une sorte de drogue-. L'autre
répond qu'elle va prendre des cours d’informatique, (tiens tiens?) car elle veut apprendre à...
faire des "liens"...
-C'est
important?" lui demande-t-elle naïvement.
-Fondamental..
et extrêmement facile". Et elle le lui démontre en un clin d’œil. L'autre
a l'air de comprendre ... mais ce n'est pas le cas. Il faut donc lui ré
expliquer et cette fois, ça semble bon. Pas tout à fait, elle n'a pas saisi
que.. et là, c'est le finale : elle a un léger mouvement d'agacement et enfin,
lance :
-Je n'ai pas le temps maintenant mais je reviendrai
demain." (!!)
Cette
fois, la "cliente" a compris et sa réponse claque
:
-Je
n'aurai pas forcément, moi, le temps demain, déjà que je ne l'avais pas
vraiment aujourd'hui.."
L'autre rectifie alors immédiatement le tir [PN ou seulement maladroite? Il arrive que
les PN ou JS, plus subtils, souvent des femmes, se rendant compte
qu'ils sont détectés, fassent machine arrière toute.. mais en général ils ne
reprennent plus jamais contact avec le mauvais client.]
-
Mais je me débrouillerai toute seule.." précise-t-elle aussitôt. (Sauf
que, même en lui expliquant, ce ne fut pas simple!) Et elle s'en va sans
remercier.. (tout juste si elle ne proteste pas parce qu'on lui a fait perdre
son temps) puis se ravise après avoir passé la porte..
-Merci"
lance-t-elle en la fermant comme si elle s'adressait à la rue. [Un pervers ne dit jamais "merci" ni
"excusez-moi" ou alors de telle manière que cela semble concerner
quelqu'un d'autre]. Un raccrochage in extremis? Une simple maladresse de
surbookée -cela ne semble pourtant pas le cas- ? Ici le doute subsiste.
Peu
après ; le doute ne subsiste plus. Comme beaucoup de JS ou PN, elle réattaquera
autrement. Elle arrive, s'installe à coté de sa "cliente",
l'interrompt dans son travail.. et devant la fin de non recevoir,
envoie simplement une requête -une cigarette-. L'autre feint l'embarras :
-
Je ne sais pas s'il m'en reste.." puis la lui offre tout de même, ne
cachant pas que c'est à regret.
Quelque
jours après, elle réitèrera mais avec une autre chalande qu'elle va saluer
-devant la première- puis immédiatement lui demander une cigarette, lui jetant un
regard de triomphe comme pour la provoquer. [Note : il ne s'agit pas
d'impécuniosité puisque, lors de leur première entrevue, elle lui avait suggéré
telle ou telle boutique bio absolument hors de prix -où elle même se
fournissait-.] Devant la "défaite", certains JS n'abandonnant pas
tout à fait, semblent requérir une sorte de lot de consolation : il faut
absolument qu'ils aient tiré quelque chose de leur victime vocative
récalcitrante, fût-ce presque rien, une simple cigarette. C'est presqu'obsessionnel. Les gens
DOIVENT LEUR SERVIR.
Et
c'est là que ça devient intéressant : peu après, la cliente a décidé cette fois de
s'amuser avec elle, ce qu'évidemment elle ignore. A inverser les rôles. La ferreuse arrive et comme
d'habitude s'installe à ses cotés -mais notons le, ne lui demande plus de
cigarette ni ne la dérange dans son travail- ; un JS -du moins les plus intelligents- sait jeter du lest parfois,
pour mieux s'envoler d'ailleurs, du moins le croit-il. Elle semble absorbée dans
le journal -qui cependant se lit rapidement-. Des mots croisés? peut-être.
C'est l'autre alors qui va intentionnellement lancer le jeu; Elle l'interrompt, sans s'excuser.
-
Vous faites des mots croisés?" [Elle copie l'attitude de l'autre.]
Cela
ne rate pas : l'air légèrement ennuyé, elle répond..
-Euh,
non... Je .. lis.." [L'idée, sans qu'elle ne la formule, est bien "ne me dérangez pas".]
-
Ah bon.. Quoi ?" [L'impolitesse est voulue.]
- Euh..
les .. pronostics du tiercé..
-
Vraiment ! Quelle idée ! [Idem.]
-
Bon.. je... je tente ma chance quoi.. [Un vague sourire d'excuse -elle pose à l'intello brillante et "ça" ne colle pas.]
-
Vraiment? Mais au fait, quelle est ta profession, à toi? [Allusion à une question de celle-ci.]
-
Oh la la... plein ! je fais des tas de choses... [Là, elle laisse s'installer le silence,
espérant que l'autre va lâcher mais celle-ci continue de la regarder,
intentionnellement, attentive].. "euh.. des animations. Partout. Mais maintenant,
j'ai ralenti, j'en ai assez".. [Comme tout PN, elle qui veut tout savoir sur
l'autre, lorsqu'on la questionne sur elle même, se montre évasive, gênée, faisant sentir son indiscrétion à son
protagoniste ... une indiscrétion calquée sur la sienne!]
La
cliente ne lâche pas l'affaire, quelle que soit sa propre gêne de se comporter
ainsi. La question est bien là : le MPN investigue naturellement et sans gêne,
le non-MPN doit se forcer et n'en éprouve aucun plaisir, bien au contraire -sauf ici, par jeu, par
défi.-
-
Vous animez QUOI? Du théâtre ? Sur quels sujets?
-
Tous (!).. On choisit.
-
Mais où ?
-
Euh.. Dans les écoles. J'ai un diplôme pour ça.. [Elle commence à se justifier.]
-
Vraiment ? je ne connaissais pas. En quoi cela consiste-t-il ?
-
Des sorties, des choses comme ça, des thèmes, des stages aussi.. [Toujours le vague.]
-
Tiens, je n'ai jamais entendu parler de cela avant.. Mais il est vrai que
j'étais en lycée..
-
Cela concerne surtout les primaires..
-Ah
bon !! Et ça consiste en somme à aider l'institutrice ou l'instituteur?"
[maladresse voulue.]
-
Non, enfin pas vraiment, pas du tout.. J'ai passé un diplôme, le KABA, on est tout à fait à
part. On fait des interventions spécifiques. Sur la musique, l'art, enfin tout
ça... ce diplôme était très complet autrefois, très.. ardu... mais à présent,
ce n'est plus rien évidemment, comme tout..
CQFD
: le JS ou Mpn est quelqu'un qui souvent souffre d'un poignant complexe
d'infériorité, social ou autre .. qu'il tente de réduire en posant, si possible
devant QUI A PLUS DE CULTURE, DE DIPLÔME, D’ENTREGENT, DE TALENT -croit-il- que
lui, à l'Important, à celui qui exige, interrompt, refusant lui d'être interrompu
etc.. => C'est un pauvre type qui instaure ou tente d'instaurer un rapport de
force avec des clients qu'il ferre un peu partout, les meilleurs possibles. Celle-ci laisse alors
tomber, honteuse -un peu- d'elle même. Expérience concluante. SACHEZ LE !!!
.
* JS ou "je suis" est la déclinaison basse du MPN, beaucoup plus fréquente que l'autre..
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