dimanche 9 septembre 2012

Pour les Pussy riot et la liberté de tous. Une messe pas comme une autre, devant la cathédrale d'Alès, un galop d'essai, à poursuivre à toutes les messes et partout !


Suite de l'appel du 5 septembre (lien). Le plus difficile a été de faire la cagoule -le lycra se coud mal et les oreilles de chat ne sont pas faciles à réaliser, encore moins les moustaches-... et surtout de la supporter par la chaleur, une pensée pour les musulmanes qui subissent ça quotidiennement -avec une tignasse, on transpire à crever là dessous, il doit falloir se laver les tifs tous les jours.. ou puer (!)- Arrivée vers 11h 40, aléas de la pompe à essence où il y avait la queue... et d'une nuit à coudre. Vêtue BCBG à part la cagoule, un genre pour ne pas trop choquer, on est à Alès, élégante rombière jusqu'à la tête mais le haut.. en Pussy. Beaucoup de monde sur le parvis, c'est relié à des baptêmes en série prévus apparemment pour un second round après la messe.

Des gitans essentiellement, la grosse clientèle ce jour là de la Cathédrale -ou de toujours, je l'ignore, ne fréquentant pas ces lieux d'habitude- joyeux, robes à volants, bijoux et haut talons pour les femmes qui ont du mal à marcher sur les dalles. Les jeunes m'entourent... et les adultes m'ignorent. Réprobatifs? PAS DU TOUT ! C'est une jeune mère qui vient me demander de lui lire l'affiche et ce qu'il y a écrit sur mon bonnet : elle ne sait pas lire me dit-elle... et c'est à peu près le cas de tous. Comme toujours, ce sont les femmes qui osent avouer cette "tare" -en fait c'en est bien une mais pour l'éducation nationale non pour elles.- Les hommes eux sont passés fièrement sans s'arrêter, c'est écrit donc pas pour eux. Effarant car ils sont très nombreux et assez jeunes, certains savaient mais ont oublié, d'autres n'ont jamais "été" à l'école ou le maître ne s'en est pas soucié, quant aux "vieux" -60 ans- inutile d'en parler. Une fois que j'ai expliqué, ils me disent leur solidarité -mais ne voient pas comment la manifester-; je leur dis de faire pareil. Ça les fait marrer. Moi je peux, pas eux (lien). Une remarque, un vieille mendiante rom (?) devant la porte, installée comme chez elle, m'aborde, elle ne parle pas français, dommage... mais ô stupeur, anglais!

Dans l'église où je suis entrée -juste trois pas sur le seuil où il fait plus frais- une énergique oblate (?) me repère de loin et fonce vers moi en criant "les anti corridas, dehors".. (?!) Je lui dis à travers la cagoule que je ne suis pas anti corrida -enfin si mais je ne veux pas compliquer le cas- et lui montre l'affiche, elle change immédiatement de ton "Ah là je suis d'accord" et on l'entend rappeler au pied le bedeau (?) prêt à bondir afin qu'il me fiche la paix... ce qu'il fera à demi, profitant que je suis juste à la limite de la porte d'entrée pour me la fermer au nez... puis l'autre, de sorte que je dois, soit pénétrer par la petite porte restée ouverte à droite, soit rester sur le parvis. J'opte pour cette solution, il y a des gens qui passent et ceux qui sont dedans ont déjà lu.

Puis certains sortent. Ici, il y a deux genres de paroissiens distincts qui apparemment ne se mélangent pas, les gitans multicolores arrivés de partout qui rient et se saluent de loin, contents de se revoir, et les rombier/es du cru, costards gris perle ou anthracite pour les hommes et ensemble en jersey grège ou blanc pour les dadames. Certains semblent avoir profité des baptêmes rroms pour se payer un petit rab de messe et s'en vont à présent. Ils me croisent forcément. Réactions favorables, des femmes me photographient ou prennent l'affiche, discutent, les messieurs semblent plus retenus. Quelques rombières cependant passent froidement avec cet air de hauteur que l'on cultive dans certains milieux.. Mais un homme au contraire -arrivé de peu, qui vient voiturer sa mère- s'interroge sur "ce que l'on peut faire", même réponse, faire comme on peut. L'ensemble est plutôt favorable, sans enthousiasme, sans doute leur faut-il un peu de temps pour se remettre, ce sera mieux dimanche prochain. Peut-être suis-je arrivée trop tard, pensant que ce n'était pas mal de les laisser faire leur messe avant de passer aux choses sérieuses? Un seul monsieur agressif pourtant, âgé mais encore vert, catho trad sans doute, énervé, accompagné de trois femmes -épouse? fille? employées?- qui elles ne le sont pas du tout au contraire, mais visiblement il est le chef proteste, tout rouge "C'est politique et ça n'a rien à faire dans une église" et il entraîne son harem sans me laisser le temps de lui répondre.

Une autre constante déjà observée pendant ma grève de la faim (lien) des femmes qui ont visiblement envie de lire voire de m'aborder, si le mari entre sans s'arrêter, hésitent une seconde et finalement suivent à regret, tête tournée en arrière vers l'affiche. L'inverse ne se produit jamais. Si c'est le mari qui est intéressé et lit, elles attendent patiemment, souvent sans se manifester ni même chercher à lire elles-mêmes. De même, si dans un couple je donne le tract à l'homme, il se peut qu'il le mette dans sa poche voire le lise! sans le transmettre à la femme. L'inverse là aussi n'est jamais vrai. Je le donne donc prioritairement aux femmes.  

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Rigolo

Des jeunes à casquette et survêt qui m'avaient semblé agressifs -légèrement- en fait ne le sont pas.. ou du moins pas pour les raisons qu'on pouvait imaginer ; le parvis de la cathédrale servant semble-t-il de lieu de rendez-vous pour quelques petites affaires, je les dérange. Puis ils s'aperçoivent que je me fous de leurs histoires autant qu'eux des Pussy et ne se soucient pas plus de moi que des piliers. Une douce dingue, sans doute une illuminée doivent-ils penser. J'entends alors une intéressante conversation au téléphone à voix basse, dans un angle.. "Oui, ça me va.. De quelle année? C'est urg? OK. Quelle couleur ? Essence ou diesel ? Bon, je suis devant la cat. Oui j'ai ce qu'il faut. A tou't" et peu après surgit une belle caisse qui se gare au parking un peu plus loin.. Je n'ai pas su la suite, sûrement passionnante.. Après tout, je ne suis pas flic.
 

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