Il arrive que le racisme ou le sexisme (voire les deux à la fois si vous avez la malchance d'y correspondre !) bref l'exclusion pour des raisons parfois mal définies (trop intello, trop quelque chose qu'il ne faut pas... ou rien du tout, car il faut bien qu'il y en ait d'exclus, des "out" si on veut avoir la satisfaction d'être "in", forcément!) que l'exclusion donc soit perçue sans être aperçue, ce sont des "perceptions sans aperceptions" (Leibniz) ou ce que Freud a baptisé l'inconscient. Mais il arrive aussi (tout le temps;même) que le mal être justement relié à la situation floue soit d'autant plus prégnant qu'il est inenditifé quant à ses causes réelles... On pense toujours malgré soi, ou pire, on ne pense pas mais on ressent un vague sentiment de culpabilité, "qu'est-ce que j'ai qui fait que... ?" et au bout du compte, de dépendance vis à vis de ceux qui précisément vous excluent : ceux-là seuls se mettent à exister pour vous, en pochoir, et ceci même si vous êtes connu, apprécié, voire charismatique : les seuls dont vous briguez les suffrages sont précisément ceux qui vous les refusent sans que vous ne sachiez pourquoi. Cette interrogation sous jacente et souvent non perçue vous mine à bas bruit sans que vous n'en sachiez rien.
C'est le but, "leur" but, conscient ou pas tout à fait. La caste, le groupe, l'univers fermé auquel vous ne pouvez accéder, si misérable soit-il, voire dérisoire par rapport au vôtre, devient une quasi obsession sans que vous ne le sachiez. Tout peut parfaitement se passer SANS LA MOINDRE VIOLENCE, et c'est même toujours le cas, juste par des postures, des gestes anodins, des attitudes, des silences aussi (c'est le plus important). Du coup, vous vous mettez à "aller mal" sans savoir pourquoi, à vous énerver, à agir comme si étiez devenue dépendante d'une sorte de drogue.... Jusqu'au moment où vous poussez (?) un peu les choses jusqu'au bout et recevez le cinglage que plus ou moins consciemment vous attendiez... (et redoutiez ? pas forcément car il a le mérite de mettre les choses au clair enfin..) Là, enfin, vous redevenez "vous-même". Le premier jour vous vous sentez un peu bizarre : il vous manque comme dirait Leiris à la mort de sa femme, un emmerdement. Or les emmerdements sont ce qui finalement vous occupe le plus : les gens emmerdants sont ceux que l'on n'oublie jamais (peut-être est-ce leur but ? Peut-être sont-ce des gens qui n'ont jamais vraiment compté et qui ne s'en relèvent pas? et qui ne pouvant briguer totalement l'amour ou l'amitié -ou le croyant- ont opté pour la haine?)
Puis petit à petit, assez vite, vous vous sentez soudain mieux : plus de stress sans raison (du moins le croyiez-vous) plus d'angoisses floues (idem, sans raison), la vie reprend ses couleurs, la campagne est belle, marcher est un plaisir sans mélange, les animaux aussi etc...
En fait c'est cette structure qui fait le lit de la perversion, de l'exclusion et dans certains cas du racisme: il ne s'agit pas d'un individu (quoiqu'il peut se faire qu'un seul transforme un groupe harmonieux sans que personne ne s'en aperçoive sur le coup en sac de nœuds, souvent pour y prendre le "pouvoir" si minime soit-il) mais d'un canevas tissé à plusieurs dans lequel les couleurs doivent impérativement s'opposer pour l'esthétique, et le noir (ou le blanc, la couleur terne) c'est vous et quelques autres "out", qui font ainsi ressortir l'éclatant des "in". Le snobisme ? Oui il participe de cette structure, mais il peut s'exercer partout et dans tous les "sens" : dans des milieux ouvriers, marginaux, défavorisés, on a exactement la même structure et parfois pire encore (car il s'agit alors plus ou moins de se venger de sa propre exclusion d'autres milieux, surtout si la victime désignée est supposée y appartenir de plain droit.) Cela explique dans les villages le cloisonnement des castes, qui ici semble non pas justifié mais expliqué par le fait que sortir de son pré carré vous expose à ces aléas.... même si au départ vous semblez accepté voire même recherché ou flagorné (!)
Vient parfois (pas forcément) un moment où un individu, un seul, blessé dans son amour propre, se sentira humilié et ramera de telle sorte que ce soit vous qui le soyez. Je comprends à présent pourquoi certaines de mes ami/es refusent de sortir surtout seules. La caste :il n'y a rien ici pour les recevoir à l'aise et se mêler au "peuple" ignorant, sous peine de se voir (comme moi) exclue et moquée, il n'en est évidemment pas question. Un peu d'amertume tout de même... et une grande libération. La rupture même d'amitiés "occasionnelles" seulement peut être libératrice.. Note : ce sont une fois de plus les femmes qui en font les frais : des réflexions sur leur physique parfois limite obscènes, sur leur allure, leur éventuellement dipsomanie -mais rien n'est dit sur les hommes pochtrons- sont le signe, les prémisses et le révélat de cette exclusion. Et demeurer sans rien dire est être complice... et dire est peut-être s'exposer aux mêmes dès qu'on aura le dos tourné. Un détail : âge des "réflecteurs" : 20 ? 30 ans ; âge des "réfléchies" moquées parfois cruellement: 50 ? 60 ans
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