May Dupé, qui s’est battue –victorieusement– pendant
20 ans pour une succession avec bien de nombreuses péripéties demande une
réforme de la loi au sujet des prérogatives des notaires et des avocats. Non
qu'ils soient tous suspects certes, mais enfin leur statut ne les met pas à
égalité avec leurs clients c'est à dire tous les citoyens, tant s'en faut, et
il permet bien des dérives dommageables. Par exemple, pour qu'une succession
soit "réglées" comme on dit c'est à dire pour que l'héritier puisse
effectivement entrer en possession de son argent, il faut que tout soit vendu
des biens de celle-ci. Un seul en instance... et cela suffit à bloquer la
restitution de l'argent qu’elles que soient les sommes en jeu. Qui sont alors
consignées chez le notaire... qui les confie évidemment à son banquier... qui
fait travailler cet argent à son bénéfice. Il ne faut pas être grand clerc pour
deviner que, lorsque ces sommes sont importantes et même si elles ne le sont
pas, celui-ci –et le banquier également, voire l'avocat qui s'occupe de la
succession s'il y en a un, ou encore l'agent immobiliser souvent diligenté pour
vendre– a tout intérêt à faire traîner les choses.. un peu beaucoup. En
attendant, l'héritier est parfois à la rue ou quasiment. On a en quelque sorte organisé
sa déchéance financière. Ce fut la mésaventure de May et celle de tant
d'autres. Observons que cela survient dans une vie au moment précis où le
client est en état de moindre résistance, parfois de choc, après le décès d'un
proche... et qu'il arrive qu'à ce moment là, il ne soit pas prêt à vérifier
quoique ce soit, écrasé par la douleur. Ensuite, se ressaisir n'est pas simple.
Attaquer un notaire? Une partie quasi perdue –pas toujours toutefois–; un
avocat ? difficile –pas impossible cependant–. Imaginez une petite ville où le
bâtonnier –seul habilité à régler les différends entre avocats et clients– est
le confrère et parfois l'ami si ce n’est le conjoint de celui mis en cause ;
le notaire, un notable que le juge croise tous les jours… et l'agent
immobilier, un partenaire apprécié de ceux-ci. Quant au banquier bénéficiaire
de l'argent ainsi déposé, n'en parlons pas. Si bien qu'il arrive –et tout dans
le loi le permet– que le citoyen se trouve à la merci de ceux-ci, enserré dans
une nasse dont il ne peut sortir qu'au prix d'efforts infinis... qu'il ne peut en
général à fournir. Tout se passe comme si, en une exception du droit, le
législateur, méfiant –à juste titre parfois– vis à vis du citoyen notamment en
cas de succession avait assigné sans aucun
contrôle à un Corps réputé insoupçonnable la tâche de
garant de l'équité des partages, du respect de la volonté du défunt.. si bien que la charge du soupçon à présent pèse nécessairement... sur
ce Corps outrageusement privilégié. Comment ne pas imaginer des dérives
puisqu'elles sont si faciles? Imaginez un garagiste chargé du
contrôle technique d’une voiture qui soit en même temps le policier ayant pour
tache de verbaliser ses défaillances, payé au pro rata des contraventions
dressées. Dans le cas des notaires et avocats, comme l’observe May, il n’y a même
pas abus de pouvoir, c'est pire : abus de droit. Par conséquent c’est à la
loi de changer. Cette frêle jeune femme sans formation juridique particulière s’est
battue 20 ans pour éviter à d'autres de vivre le cauchemar qui fut le sien tout
ce temps.. et a gagné. Un amendement porte à présent son nom.
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