In english (link)
"For my, labour felt like someone had put a car jack inside my
pelvis and was slowly cranking it open, it was a really deep bones pain. "
Pour moi, le travail [l'accouchement] était
comme si quelqu'un avait mis un cric de voiture à l'intérieur de mon corps et
était lentement en train de l’ouvrir en deux, une douleur osseuse vraiment profonde (lien)"
insupportable, formule que je reprends exactement à mon compte
Pourquoi les femmes n'en parlent-elles
jamais ou légèrement, sans insister -même celles qui s'expriment volontiers sur
leurs maladies et leurs souffrances en général? J'y vois plusieurs raisons:
pour ne pas faire peur à celles qui n'ont pas connu ça -la donne est un peu
différente à présent qu'il y a la péridurale- ; ne pas déchoir auprès du mari
et de la société dans les cultures qui n'accordent aux femmes que la valeur de
reproductrices -il se peut parfois, dit-on (?) que la douleur soit dramatisée
pour ces mêmes raisons, perso j'en doute- ; ne pas traumatiser les enfants qui
se sentiront en dette ; ne pas paraitre égoïste et rabat-joie devant le bonheur qu'est la venue au monde d'un bébé; et dans les cultures occidentales -effet pervers de
l'accouchement dit "sans" douleur- le sentiment d'échec et la
culpabilité, on est mal foutues*, mauvaise poulinière, élève déplorable, surtout
devant ce que l'on ne peut qu'appeler l'omerta, c'est à dire celles qui
assurent mensongèrement** avoir accouché "comme une lettre à la
poste"... après tout comme on est seule au jury, mieux vaut se dire reçue, ou
minimiser, surtout si on a héroïquement réussi à ne pas hurler trop fort. Oubli? Non, quoiqu'en disent les histoires roses. Même après la joie
qu'apporte le bébé...
___________________
Il est cucul, soit. Mais voici quelques liens sur la
mesure de la douleur, pas si subjective que ça, même si les termes employés ne
sont pas DEL mais DOL, ce que reprochent des puristes au texte de l'image et si selon l'échelle de Mac Gill, les chiffres sont établis de 1 à 10
-ou du moins l'étaient-ils autrefois- et non de 1 à 57 (mais c'est le cas parfois à présent, voir liens en bas de page). Quant à dire "qu'un être
humain ne peut le supporter", ce qui amuse les mêmes puristes ("il le peut
puisqu'elles ne meurent pas" objectent-ils), il n'y a pas là matière à rire; le fait est
que le cœur peut effectivement lâcher, dans mon cas les sage-femmes à la fin vérifiaient
tout le temps -ainsi que celui du bébé- s'il "tenait", ne me laissant rien ignorer de leurs doutes et à un moment en
effet il a cessé -très brièvement- de battre... ce qui a motivé l'
"extraction" en urgence absolue.. [panique d'où périnée emporté totalement,
(puis-je leur en vouloir? sans cela peut-être...) puis intervention pour me rafistoler dès que le
toubib est enfin arrivé -deux heures de couture soignée, à
la fin ils n'avaient plus de fil résorbable, il lui a fallu faire avec ce qu'il avait-,
puis pendant une semaine interdiction d'aller à la selle évidemment.. et 10 jours
après, anesthésie générale pour enlever le matos : chance inouïe, aucune
séquelle et bébé OK.] Oui, le cœur peut tout simplement flancher au bout de 2
jours, bien sûr, je ne suis pas passée loin. Et ensuite il y eut aussi -juste après la sortie de ma fille- (banal
en ce cas) l'exsanguination non
douloureuse, impressionnante, une curieuse chaleur m'inondait, en fait je baignais dans une mare de sang.. pendant que tous
s'activaient dans la salle d'à côté auprès du bébé miraculeusement indemne, je m'en foutais, tout était
enfin fini et mourir ne me semblait pas grave du tout -sans doute mon cerveau
dysfonctionnait-il- mais après hésitation, j'ai tout de même appelé. Les sage-femmes émerveillées que l'enfant soit si parfaite ("10 à l'Apgar, un miracle!").. n'ont pas entendu, mon mari si, le sang dégoûtait jusqu'au sol. La plupart des femmes mortes en couches le sont
simplement d'exsanguination. Évitable bien sûr.
Quant au marrant qui compare la douleur de l'accouchement à un coup dans les couilles, je répondrais que je ne sais rien de cela mais que ce serait plutôt cent et pendant 2 jours, régulièrement espacés et de plus en plus forts sans que l'on sache quand ça va finir. La seule comparaison ambigène qui me vienne à l'esprit serait le percement involontaire par une infirmière mal douée de mon tympan avec de l'azote liquide injectée en spray, mais multiplié par un facteur de durée (? cent?) car la douleur transperçante, atroce, coupant le souffle cessa au bout de quelques minutes et évidemment ne se réitéra pas -je m'étais enfuie en la repoussant violemment-. Je pense que la douleur de l'accouchement n'est en fait comparable à aucune autre si ce n'est peut-être à un écartèlement, la sensation d'exploser, déchirée en deux par une écrasante force interne qui ne fait que croître à chaque fois d'où l'idée incontournable à la fin que l'on ne pourra pas y résister -c'est à dire mourir-. Quant à l'expulsion -moins douloureuse que les dernières contraction d'engagement du bébé mais épuisante et en mon cas, vaine- une féministe iconoclaste (Shulamit Firestone?) l'a comparée à.. désolée de la trivialité, je cite "chier un potiron". D'où aussi les forceps, appliqués en cas d'urgence -et ça l'est presque toujours- sans aucune anesthésie. Un tire-bouchon d'une bouteille de champ sur lequel on tire de toutes ses forces en la coinçant, après avoir cassé le goulot. -Ce fut le cas pour mon fils.-
http://videos.tf1.fr/jt-20h/on-sait-desormais-mesurer-la-douleur-6105540.html
Quant au marrant qui compare la douleur de l'accouchement à un coup dans les couilles, je répondrais que je ne sais rien de cela mais que ce serait plutôt cent et pendant 2 jours, régulièrement espacés et de plus en plus forts sans que l'on sache quand ça va finir. La seule comparaison ambigène qui me vienne à l'esprit serait le percement involontaire par une infirmière mal douée de mon tympan avec de l'azote liquide injectée en spray, mais multiplié par un facteur de durée (? cent?) car la douleur transperçante, atroce, coupant le souffle cessa au bout de quelques minutes et évidemment ne se réitéra pas -je m'étais enfuie en la repoussant violemment-. Je pense que la douleur de l'accouchement n'est en fait comparable à aucune autre si ce n'est peut-être à un écartèlement, la sensation d'exploser, déchirée en deux par une écrasante force interne qui ne fait que croître à chaque fois d'où l'idée incontournable à la fin que l'on ne pourra pas y résister -c'est à dire mourir-. Quant à l'expulsion -moins douloureuse que les dernières contraction d'engagement du bébé mais épuisante et en mon cas, vaine- une féministe iconoclaste (Shulamit Firestone?) l'a comparée à.. désolée de la trivialité, je cite "chier un potiron". D'où aussi les forceps, appliqués en cas d'urgence -et ça l'est presque toujours- sans aucune anesthésie. Un tire-bouchon d'une bouteille de champ sur lequel on tire de toutes ses forces en la coinçant, après avoir cassé le goulot. -Ce fut le cas pour mon fils.-
Pour le petit rigolo qui veut se faire une idée |
http://translate.google.fr/translate?hl=fr&langpair=en|fr&u=http://www.newscientist.com/article/dn19256-bumpology-just-how-painful-is-this-going-to-be.html
Echelle de Mac Gill
Par ailleurs, la mortalité en "couches"
ne donne lieu à aucune statistique précise réellement fiable et les chiffres varient.
D'après la Classification internationale des maladies, la mortalité maternelle
se définit par "le décès d'une femme survenue au cours de la grossesse ou
dans un délai de 42 jours après sa terminaison". Mais ce délai est
controversé car trop court, un décès pouvant fort bien
survenir plus longtemps après et relié à l'accouchement. Sur la période
2001-2006, 9,6 décès maternels sont survenus pour
100 000 naissances ce qui place la France dans la moyenne européenne
mais largement au-dessus de pays comme la Suède qui présente un taux deux fois
moins élevé (lien.) Mais 1/7 femmes mortes au Niger (contre 1/8000 dans les pays riches) décède
des suites d'un accouchement. Énorme ! Ce qui en extrapolant donne le chiffre
de mortalité de 1% au Niger et sans doute dans tous les pays pauvres, et sur la base de 6 enfants en moyenne/femme, fait 6%.
L'absence de données est significative de l'image en pochoir d'une société,
tout ce qui n'est pas investigué étant "secondaire". Par exemple, on sait fort
bien les intentions de vote de telle population dans tel quartier et même son évolution en fonction de tels paramètres mais on n'est
pas capable d'avoir un chiffre fiable de femmes mortes d'accouchements. Pour le tenter, lors de mon DESS, j'ai dû colliger le nombre de décédées de 20 à 40 ans et chercher -pour celles dont la mort n'avait pas de cause accidentelle ou criminelle- si elles avaient eu un enfant quelques temps auparavant, calée sur 1 mois -trop court en fait-. Évidemment une approximation sans aucune garantie, je n'ai plus les chiffres en tête mais me souviens qu'ils étaient nettement supérieurs aux données également approximatives et non officielles dont on disposait, encore plus maigres en 73 que de nos jours.
*"Vous êtes trop sportive, c'est comme ça chez les femmes trop musclées comme des hommes, elles ne sont pas souples et ça ne facilite pas! du coup, elles ont du mal à accoucher". Mal foutue donc, pas féminine, pas prévoyante aussi. Isadora Duncan dit qu'il lui fut asséné les mêmes formules, les danseuses accouchent mal. Ce fut son cas et elle est une des rares à avoir osé en parler en termes non édulcorés (lien -message suivant- avec des extraits de son autobiographie).
** J'ai pu mesurer la force de l'omerta du fait des femmes elles-mêmes car ayant mis 2 jours et 3 nuits à accoucher -au début je ne souffrais pas trop, le travail était extrêmement lent-, j'en vis défiler en nombre dans la salle d'à côté, entendis, terrorisée, leurs gémissements puis leurs cris et enfin leurs hurlements -je les croyais mortes les premières fois puis je m'habituai-... les mêmes qui le lendemain assuraient parfois devant leurs belle-familles (c'était au "Lilas", maternité pionnière de l'accouchement non médicalisé et "sans douleur") que ç'avait été rapide, magnifique, "comme une lettre à la poste". A ma question dubitative en tête à tête ensuite, la réponse était toujours la même, navrante de banalité "d'accord, la fin c'est un peu pénible mais au fond pas grand chose lorsqu'on voit le bébé, on oublie tout de suite, c'est rien du tout finalement.." Cela glisse du "un peu pénible" (!) à rien du tout en une seule envolée lyrique, dans quelque temps, ce sera sans doute une partie de plaisir (certaines l'assurent, je ne plaisante pas.) Intox, omerta. Ne pas paraître égoïste, devant un bébé rien d'autre ne compte etc.. Mes doutes persistants jetaient comme un froid. Une traître. Pas une bonne militante. Une mère discutable, "enfin vous l'avez votre bébé et elle est parfaite, c'est tout ce qui compte! après cette affaire, vous devriez être soulagée!" Mais moi-même au téléphone ai menti -plus exactement éludé les questions insistantes de ma mère- à mes parents, pour ne pas leur causer de souci rétrospectif, insistant maladroitement sur l'excellent "état" du bébé, ce qui ne fut pas sans lui mettre la puce à l'oreille..
*"Vous êtes trop sportive, c'est comme ça chez les femmes trop musclées comme des hommes, elles ne sont pas souples et ça ne facilite pas! du coup, elles ont du mal à accoucher". Mal foutue donc, pas féminine, pas prévoyante aussi. Isadora Duncan dit qu'il lui fut asséné les mêmes formules, les danseuses accouchent mal. Ce fut son cas et elle est une des rares à avoir osé en parler en termes non édulcorés (lien -message suivant- avec des extraits de son autobiographie).
** J'ai pu mesurer la force de l'omerta du fait des femmes elles-mêmes car ayant mis 2 jours et 3 nuits à accoucher -au début je ne souffrais pas trop, le travail était extrêmement lent-, j'en vis défiler en nombre dans la salle d'à côté, entendis, terrorisée, leurs gémissements puis leurs cris et enfin leurs hurlements -je les croyais mortes les premières fois puis je m'habituai-... les mêmes qui le lendemain assuraient parfois devant leurs belle-familles (c'était au "Lilas", maternité pionnière de l'accouchement non médicalisé et "sans douleur") que ç'avait été rapide, magnifique, "comme une lettre à la poste". A ma question dubitative en tête à tête ensuite, la réponse était toujours la même, navrante de banalité "d'accord, la fin c'est un peu pénible mais au fond pas grand chose lorsqu'on voit le bébé, on oublie tout de suite, c'est rien du tout finalement.." Cela glisse du "un peu pénible" (!) à rien du tout en une seule envolée lyrique, dans quelque temps, ce sera sans doute une partie de plaisir (certaines l'assurent, je ne plaisante pas.) Intox, omerta. Ne pas paraître égoïste, devant un bébé rien d'autre ne compte etc.. Mes doutes persistants jetaient comme un froid. Une traître. Pas une bonne militante. Une mère discutable, "enfin vous l'avez votre bébé et elle est parfaite, c'est tout ce qui compte! après cette affaire, vous devriez être soulagée!" Mais moi-même au téléphone ai menti -plus exactement éludé les questions insistantes de ma mère- à mes parents, pour ne pas leur causer de souci rétrospectif, insistant maladroitement sur l'excellent "état" du bébé, ce qui ne fut pas sans lui mettre la puce à l'oreille..