mercredi 9 janvier 2013

Lettre ouverte à Depardieu de la part d'une minable

Minable? Oui je suis minable, pour vous cela ne fait aucun doute. Nous avons bien des points communs cependant. Comme vous, je suis née en 1948 et comme vous, j’ai commencé à travailler à 14 ans [l’École Normale où étaient bouclées les enfants pauvres et "méritants" constituant bel et bien un travail] puis comme prof de philo. J’ai toujours payé mes impôts quel qu’en soit le taux sous tous les gouvernements en place. À aucun moment, je n’ai failli à mes devoirs. Les élèves auxquels j’ai enseigné témoignent de mon attachement à la justice et à la liberté. J’ai tout à faire ici et continuerai à le faire d’une autre manière. Je considère moi aussi que la création, le talent et surtout l’engagement politique sont parfois sanctionnés [par une carrière financièrement et socialement obérée dans mon cas.] Je ne demande pas -ou presque- à être approuvée. Je reste et paye mes impôts, ce qui me met dans une merde relative pour diverses raisons que je n’ai pas à expliciter ici. A un moment, j’ai eu à peine de quoi manger.  

Mais je conserve d'autant plus le désir de changer les choses et j’y parviendrai si peu que ce soit. De la Sécurité sociale, comme vous, je ne me suis presque jamais servie et comme vous, je me sens citoyenne du monde, ma mère me l’ayant aussi toujours inculqué.

Je trouve minable l’acharnement Manuel Walls contre les roms qui condamne des gosses à de la garde à vue hard quand tant d’autres échappent à toute sanction véritable et je blâme ceux qui conduisent bourrés car s’ils n’ont encore jamais tué, ce n’est qu’une question de temps; minable également ceux qui, enrichis par nos impôts, quittent le navire lorsqu'il tangue et que de vrais pauvres et exclus en raison de leur origine auraient besoin d'une aide que vous pourriez facilement leur apporter. 


J’ai eu en charge 3000 ( ?) étudiants et élèves auxquels j’espère avoir apporté un peu plus de raison, de lucidité et de bonheur. Je ne suis ni à plaindre ni à vanter. Malgré mes excès, mon anorexie et mon amour de la vie, je suis un être libre, Monsieur Depardieu, non enchaînée au fric, et ne vais donc pas rester polie : autrement dit, je vous emmerde. Il serait mieux de ne plus entendre parler de vous, vous nous faites un peu honte. N'oubliez pas de donner le bonjour à Poutine de la part d’Anna Politkovskaïa et des 118 jeunes marins du Koursk (lien) sacrifiés à sa tyrannie. Hélène Larrivé (lien)


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