dimanche 4 octobre 2015

Une vie de femme normale

Je viens de lire avec émotion le poème envoyé sur FB par Nina Parks .... qui m'a évoqué bien des choses, heureusement beaucoup moins graves. Mais toutes nous pourrions écrire (avec des variantes innombrables) ce qu'est une vie de femme, y compris (dans mon cas) "normale" si ce mot a un sens.


Le Poème envoyé par Nina, paru sur le Hutington post.
"A six ans, j'ai fait ma première fellation.
"C'est un jeu", qu'il m'a dit. "Tu ne veux pas jouer?"
C'était trop gros et je lui ai vomi dessus.
Il m'a dit que je ferais mieux la prochaine fois.
À sept ans, un garçon de ma classe a essayé de m'embrasser
pendant que les autres l'encourageaient.
Il m'a enlacé par derrière, en rigolant.
Je lui ai jeté du sable dans les yeux et me suis retrouvée chez le principal.
À huit ans, le maître m'a demandé de rester après la classe.
Il m'a portée sur ses épaules et m'a dit que j'étais jolie.
"Oh, la chouchoute!" ont crié mes amies, les yeux plein de jalousie.
Ils m'ont ignorée à la cantine ce jour-là.
À neuf ans, une fille plus âgée m'a demandé de soulever ma jupe pour elle dans le bus.
Elle était jolie et gentille, et elle m'a dit que si je voulais être son amie,
il fallait que je fasse ce qu'elle me demandait.
Je voulais être son amie.
À dix ans, quelqu'un de ma famille m'a demandé de lui faire un bisou sur la joue chaque fois qu'il venait.
Il était gros et parlait fort, et je me cachais sous mon lit
quand j'apprenais qu'il allait nous rendre visite.
On me prenait pour une enfant malpolie.
À onze ans, le type du garage a dit que nous ne partirions
que si je lui faisais un câlin chaque jour.
Il sentait le savon bon marché et la cigarette.
À douze ans, j'ai vu un homme mettre la main sur la poitrine de ma mère
alors que nous marchions dans la rue.
Elle l'a giflé. Les passants lui criaient de se calmer.
Elle ne s'est pas calmée.
À treize ans, en sortant d'un restaurant, j'ai vu un homme
qui s'approchait de moi en se masturbant.
Quand il m'a croisée, il m'a adressé un clin d'œil salace.
Avec mes amies, nous avons détourné les yeux, horrifiées.
À quatorze ans, un jeune homme dans une belle voiture m'a suivie jusqu'à chez moi alors que je rentrais de mon cours du soir.
J'ai ignoré son offre de me raccompagner et j'ai paniqué quand il est sorti de sa voiture.
Il m'a acheté une boîte de chocolats que j'ai refusée. Il s'est garé au bout de ma rue et est resté là pendant une heure.
"Ça m'excite de voir que tu as peur."
À quinze ans, on m'a tripotée dans le bus. J'avais tellement honte que je me suis confiée à un ami.
Il s'est mis en colère parce qu'il n'arrivait pas à croire que je n'aie pas crié au type d'arrêter. J'ai murmuré que j'avais eu peur et que j'étais seule mais il a continué à m'engueuler sans m'écouter. À ses yeux, ma passivité et mon silence expliquaient pourquoi ces choses-là continuaient de se produire. Il n'a pas attendu de connaître ma réponse.
À seize ans, j'ai découvert que Messenger avait un dossier "Autres" où les messages d'inconnus étaient automatiquement rangés.
Par curiosité, j'ai ouvert le dossier et y ai trouvé de nombreux messages d'hommes que je n'avais jamais vus auparavant.
Ils me faisaient des avances, me disaient que j'étais sexy, me demandaient des photos déshabillées et m'insultaient.
Effacer les messages.
À dix-sept ans, j'ai appelé à l'aide quand un type ivre m'a agressé sexuellement dans une rue fréquentée.
Il m'a semblé que les gens autour de moi accéléraient le pas.
À dix-huit ans, on m'a expliqué que le sexisme n'existait plus dans les sociétés modernes.
Que le harcèlement n'était pas aussi terrible que les femmes le disaient.
Que je devais faire attention à la façon dont je m'habillais.
Même si j'avais six ans et que je portais un pyjama rose.
Que je devais faire entendre ma voix.
Mais pas trop, car une fille doit être bien élevée.
Que je ne devais pas hésiter à demander de l'aide.
Mais sans exagérer non plus.
Que je devais rester chez moi le soir parce que c'est dangereux de sortir la nuit.
Que les agressions en plein jour, ça n'existe pas.
Que je devais toujours me déplacer avec au moins deux garçons.
Que j'avais besoin d'être protégée.
Qu'être une fille n'est pas si dur qu'on le prétend.
Aujourd'hui, j'ai dix-neuf ans.
Aujourd'hui, je suis fatiguée.
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Ma "réponse" à présent

Une vie de femme normale

Jusqu'à six ans, j'étais une princesse dans un village minier cévenol,
Mais à trois ans, dans un car, un homme m'a touchée, montré son sexe
Et s'est masturbé devant moi après m'avoir pincée en haut des cuisses,
J'ai crié, j'avais mal, et il m'a lâchée..
Je n'ai pas été traumatisée car ma grand mère m'a tout de suite
Expliqué.. et affirmé que le monsieur serait sévèrement puni..

A huit ans, j'étais une enfant aimée, "normale", à l'école plutôt bonne élève..
A douze, nouvellement arrivée à Marseille, dans un bus, je me suis fait "toucher"
Presque jusqu'au viol, pas moyen de bouger tant il y avait de gens.
Je n'ai pas osé crier.
Je l'ai dit à ma mère et à 14 ans, elle m'a acheté un solex.
J'ai failli me tuer la première fois en glissant sur du verglas devant un bus.

A seize ans, j'ai subi une agression sexuelle d'un proche sur laquelle je ne m'étendrai pas
Je n'ai plus jamais eu confiance en aucun homme plus âgé que moi.

Puis dans ma voiture garée où je me reposais, à 18 ans, un type a essayé de me violer.
Il était ivre et j'ai réussi à le blesser avec ma chaussure (à talons aiguilles!)
Quelle que soit ma fatigue, je ne me suis plus jamais garée à cet endroit.. ni aucun autre isolé
Si bien qu'un jour j'ai eu un accident car je me suis endormie au volant.

A 20 ans, un chauffeur de camion a aussi essayé de me violer, (le plus grave),
J'ai eu beaucoup de chance et fait 6 km à pied sur l'autoroute de nuit pour arriver à Salon
Refusant de monter avec quiconque qui me le proposait.
Je n'ai plus jamais fait de stop.

Puis à 22 ans, un jeune type a essayé de m'embrasser et m'a touché les seins en voiture,
Je m'en suis sortie en accélérant à fond jusqu'à Alès au risque de nous tuer,
Où je l'ai déposé devant le commissariat. Il a détalé.
Je n'ai plus jamais pris quelqu'un en stop.

Puis j'ai été battue et violée par mon premier mari, féministe.
Jaloux pathologique. Je n'ai plus jamais eu confiance en aucun homme ou presque.

Puis je me suis mariée et j'ai eu une vie normale, plutôt bourgeoise
Puis nous nous sommes séparés au bout de 30 ans..

Et à 58 ans, j'ai été harcelée par un type amoureux de moi qui ne supportait pas la rupture
Il a pris 6 mois fermes mais avec la confusion des peines, rien.
Je n'ai plus jamais aidé un sans-papier.

J'ai 67 ans, et j'en ai marre moi aussi.
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Note : je ne parle ici que des agressions spécifiquement sexuelles car être femme ne nous protège évidemment pas des agressions crapuleuses (à la carte bleue etc.. et même récemment une balle dans le bras qui apparemment ? ne préoccupe guère les gendarmes. )

Voir lien http://femmesavenir.blogspot.com/2015/09/violence-contre-les-femmes-ou-mort-de.html

2 commentaires:

  1. Vous êtes une femme courageuse. Merci pour votre message, en espérant que, comme celui de Nina Parks, il touche du monde.

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