mardi 28 février 2012

Femmes, misère.. ça s'est passé près de chez vous..

Faisant parfois un peu office d'assistante sociale "free lance" dans mon village, voici qu'un soir d'hiver une jeune femme vint me trouver pour me demander de l'aide. Assez bien mise, cultivée, pleine d'humour, seulement un peu fatiguée. Une histoire banale, séparation, solitude, puis la maladie, peut-être une certaine mal débrouillardise reliée à une dépression, travailleuse pourtant (elle s'occupe bénévolement de tous les chats du quartier, par tous les temps, de nuit comme de jour, arpentant les rues désertes avec un sac de croquettes ou quelques déchets donnés par le boucher -pas toujours!-) elle allait de surcroît être expulsée de son meublé, non pour non paiement de loyer mais parce que sa proprio voulait vendre, et elle cherchait un appartement à la campagne (et un petit boulot) où elle pourrait loger ses animaux et elle même. J'avoue ne pas avoir trouvé; sans caution, c'est mission impossible... et n'ayant pas mesuré l'urgence de sa situation, je n'ai sans doute pas assez fait d'efforts. Elle continuait à me saluer aimablement pourtant et à parler de choses et d'autres, essentiellement de ses chats. 

Et aujourd'hui même, me promenant dans Alès, je l'ai trouvée dans une rue, assise, avec une boîte devant elle, triste et gênée : elle mendiait, tout simplement. C'était tout à l'heure. Un signe des temps et de la misère ambiante, poignant. Elle va à Alès en stop tous les jours, je comprends à présent pourquoi.

samedi 18 février 2012

Pour Bernadette Dartus, morte de ne pas avoir été prise au sérieux : l'attitude parfois des gendarmes envers une femme n'est pas la même qu'envers un homme..

Résumé de l'affaire (lien avec blog Midi-Libre.) Des jeunes imbibés-drogués faisant la fête dans une pinède isolée, admonestés par une voisine en raison du bruit, l'ont enfermée à clef dans sa maison et ensuite y ont mis le feu. Elle est morte dans l'incendie. Elle avait appelé les gendarmes qui ne sont pas venus. Toujours l'argument (exact) de la restriction des postes, comme pour la Justice. Le procès.

On est stupéfait de l'impensable légèreté des accusés et des témoins (qui osent plaisanter!) et du laxisme de ce gendarme qui a coûté la vie à la victime, Bernadette Dartus. Une femme.

Il arrive en effet (le cas n'est pas général certes) que certains refusent d'intervenir lorsqu'ils jugent que l'affaire n'en vaut pas la peine, surtout semble-t-il lorsque c'est une femme, et d'un certain âge qui les appelle ou peut-être (?) lorsqu'ils ont peur, tout simplement.

J'ai autrefois (il y a 10 ans) été régulièrement menacée par un gus déjà condamné à du ferme pour des faits similaires, et, de la même façon, très souvent, les gendarmes ont, soit refusé d'intervenir, soit sont venus trop tard. Cela a changé parait-il à présent... quoique dans ce cas, pas vraiment ! Certes, il arrive aussi qu'on les dérange pour "rien" (c'est à dire que les menaces ne soient pas mises à exécution) mais comment savoir? Il est vrai, ni les brigades ni les hommes ne se valent et il faut se garder de tout amalgame: certains font leur travail parfaitement et parfois même au delà de ce qui est exigé.

Un détail qui peut-être explique leur détachement : les victimes, souvent affolées voire confuses, en larmes, énervées et même agressives, peuvent agacer, surtout lorsque les appels sont réitérés (forcément, si vous êtes menacée tous les jours!) : du coup, elles paraissent peu crédibles, exaspérantes... Tandis que les agresseurs, plus calmes, plus détendus peuvent sembler plus fiables. Dans le cas que je cite, mon agresseur changeait radicalement d'attitude devant les gendarmes (s'ils avaient consenti à venir), se montrant alors blagueur, aimable, ironique sans agressivité... si bien qu'il est arrivé que ceux-ci repartent après m'avoir admonestée, moi* (!)... Et évidemment aussitôt seul devant ma maison (isolée), le gus reprenait un cran plus haut le discours même qu'il avait nié avec un beau talent d'acteur une seconde avant. Cocktail Molotov à l'appui. Navrant.

Qu'ils le sachent et se le répètent, une victime est blessée, terrorisée, parfois en sueur, hirsute (lorsqu'elle a été tirée de son lit par exemple), humiliée, elle n'a pas le vocabulaire adéquat et peut même être désagréable (notamment si elle n'a pas dormi depuis plusieurs jours)... tandis qu'un agresseur, souvent manipulateur, peut extérieurement donner l'image d'un petit plaisantin un peu paumé mais sans dangerosité. Une erreur banale d'appréciation, favorisée aussi par l'âge et par... le sexe (j'avais 50 ans à l'époque des faits, l'âge de Bernadette, l'agresseur, 24, c'est à dire à peu près celui des gendarmes intervenant en priorité, et tous étaient des hommes.) Dans leur tête, comme Bernadette, j'étais une femme d'un certain âge un peu chochotte voire gâteuse ou malveillante.

Épilogue : mon agresseur ayant réitéré peu après (avec une autre femme et cette fois à la féria et en public) il a ensuite été roué de coups par des jeunes qui l'ont défendue, c'est alors qu'il a sorti le couteau à cran d'arrêt qui ne le quittait pas... et... il a été laissé pour mort. En somme, j'ai eu du pot**. Pas Bernadette ! Il reste que, malgré son impressionnant cursus, ils ne m'avaient pas crue et même se gaussaient lorsque je leur signalais (et re et re) son extrême dangerosité.

* J'ai même eu droit à "vous allez nous laisser dormir maintenant à la fin ? Je vous préviens, on ne reviendra plus, y en a marre, on bosse, nous!" Génial, isn'it, surtout à quelques mètres du gus hilare, sûr d'être enfin tranquille pour toute la nuit ? A la fin, je n'appelais même plus, mais des amis, auxquels je dois peut-être la vie.

** S'ils l'avaient arrêté à l'époque avant l'affaire finale, il aurait sans doute été en prison mais serait en "bon" état : lui aussi, à présent handicapé à vie a en somme été victime de cette erreur de jugement.

LE DOSSIER harcèlement gendré (des cinglages aux insultes, des insultes aux coups et des coups à la mort.) Deux femmes et demi /semaine..
http://femmesavenir.blogspot.fr/2012/02/affaire-de-lincendie-criminel-de.html