Les troubles -et nobles- motivations
en demi teintes de l'âme humaine.. Exemple, les parents
(ici, mères) abandonneur/ses, ce n'est pas si simple parfois..
Foin de
romans roses, de Petites maisons dans la prairie, de "Familles d’accueil" en feuilleton télé. Il arrive en cas de séparation d'un couple, que l'enfant adolescent ou adulte, en pleine
détresse, plus ou moins consciemment, choisisse celui de ses parents qui
lui semble le plus fréquentable, (par exemple celui qui a gardé la maison familiale), donc souvent le plus aisé, le plus posé socialement et/ou le mieux entouré
familialement... c'est à dire dans la plupart des cas, le père.. Et ceci même
s'il ne s'est pas particulièrement montré un bon père auparavant (mais devant
le risque de le voir opter pour l'autre parent, il se peut qu'il
change).. Ceci même si son désir de le garder auprès de lui a essentiellement
(?) pour but de faire du mal à sa femme (surtout si ce n'est pas lui qui a
initié la séparation).. Banal, oui.
Mais il
arrive aussi que l'autre parent, la mère dans la plupart des cas, ne lutte
pas ou mal, ou encore, à la fin, se lasse : comment gérer une vie à reprendre, une
précarité économique, une certaine détresse et l'imposer à un/des enfant/s ado habitués à "mieux"?
Comment faire poids avec un/des avocats retors qui vont manipuler les juges? (Tous les coups sont permis.) Or
les absents ont toujours tort.. et des années après, le roman familial s'écrira
selon le scénario de celui qui, en ce combat inégal, a "gagné" : c'est elle, une déséquilibrée voire dingue, violente et dangereuse.. qui a abandonné ses enfants. L'histoire est faite par les vainqueurs. Qu'elle l'ait été (violente) dans la vie de
famille précisément pour défendre ses enfants (le père, infantile, s'en occupait peu et par
exemple refusait économiquement de leur fournir le nécessaire) n'entre pas en
ligne de compte, même pas pour les enfants bénéficiaires (il se peut aussi qu'ils l’ignorent, l'aient oublié -c'est pratique!- ou ne
cherchent pas trop à le savoir... et si après la séparation, le père a
radicalement changé sur ce point -lui qui autrefois piquait des crises pour un lit à étage se mettant alors à les couvrir de chèques- les pistes sont bien brouillées.)
L'ennui est que parfois "cela" ne tombe pas dans l'oreille d'un/e sourd/e! L'amalgame de griefs quelquefois contradictoires et opposés est un art qui a ses divas.
L'ennui est que parfois "cela" ne tombe pas dans l'oreille d'un/e sourd/e! L'amalgame de griefs quelquefois contradictoires et opposés est un art qui a ses divas.
Dans le cas extrême de Léa (milieu immigré défavorisé marginal) la petite fille à laquelle elle vouait un amour inconditionnel (comme à ses autres enfants, mais encore davantage), coupée d'elle par les soins de son ex mari (jaloux pathologique, ayant mal toléré la rupture, il avait organisé sa "déposition" contre elle avec quelques anecdotes bien choisies et raccrochées laissant croire à un défaut de soins).. la petite fille donc dira d'elle, reprenant les termes mêmes tout le temps entendus à la maison : "ma mère c'est une pute"... et par sa suite tous reprocheront à cette femme ne vivant que pour ses enfants (ce que personne ne pouvait ignorer dans un village) de les avoir abandonnés alors qu'on les lui avait littéralement arrachés... (et qu'auparavant le père, soudain devenu un bon père -réellement- ne s'en occupait absolument pas, ce qui n'avait pas davantage dû passer inaperçu..)
Il est vrai
qu'il y a des cas limites et que même Léa, la mère-courage, à la fin, s'est lassée. Épuisée de
harcèlements judiciaires auxquels la soumettait son ex mari, de pauvreté et de
travail -ouvrière agricole-, demeurée par miracle une très jolie femme, elle se ré appariera et
finalement oubliera un peu la plaie que représentait l'arrachement et la mésestime
de sa préférée -et peut-être des autres-. Sorties enfin, vêtements, restaurants et parfois
cinéma, c'était plié : elle avait abandonné ses enfants pour "faire la
vie" voire "la java avec des hommes" comme c'était parfois rapporté. Une salope.. La contre vérité était devenue vérité historique.
Mais Suzanne
par exemple ("Le petit garçon qui courait derrière un taxi")
constitue, elle, un cas limite ; certes les coups et même la torture que lui infligeaient
son mari (homme politique influent) l'avaient anéantie.. avant que, là aussi
par miracle, un jeune médecin plus courageux que les autres ne l'exfiltre du
pays où elle était retenue prisonnière, lui sauvant la vie, mais une fois en sécurité (avec deux de
ses enfants) elle... comment dire? "se mit à revivre", dit cette extraordinaire résiliente qui retombe toujours sur ses pieds, elle se réapparie, (elle aussi comme Léa, est très belle, ce qui ne semble pas toujours un avantage pour une femme!) tombe
amoureuse.. se retrouve enceinte.. et se laisse convaincre par son ex
(tortionnaire) avec la complicité du nouvel élu (peu soucieux de
s'encombrer d'une nichée qui n'était pas sienne) de les lui confier !! Mieux
pour eux pensait-elle (?).. Leur père ne les avait jamais frappés et, bien
entouré familialement, sa situation était à tout points de vue incomparable
avec la sienne. Quel avenir pouvait-elle leur offrir comparativement? C'est ainsi
qu'elle laissa mettre 3000 km entre elle et ses enfants, livrés à un malade
sadique. Inconsciente? Influençable à l'extrême? Amoureuse? Fofolle? Résiliente? Un peu tout cela. De fait, même actuellement, Suzanne garde de la jeune fille qu'elle a été une joie de vivre, des naïvetés et un entrain stupéfiant lorsqu'on pense à ce qu'elle a vécu.
Certes
ensuite, socialement posée, (elle a un travail, son mari -ouvrier- lui aussi,
et mène une vie active et confortable dans une petite ville du Midi où tout le monde
l'apprécie) consciente de l'effroyable erreur qu'elle a commise, elle cherchera
à les retrouver.. En vain dit-elle. Mais a-t-elle cherché jusqu'au bout? La vie
l'a happée. Il est vrai que la disproportion des moyens lui rendait la tâche
difficile; qu'elle avait entre temps deux autres enfants dont elle s'occupait
parfaitement, une vie associative (musicale) qui lui prenait du temps mais...
"On les lui a arrachés (surtout son fils)"? Oui, en un sens, mais en un sens
seulement. Résultat : tous furent martyrisés comme elle l'avait été, presque jusqu'à la mort et gardent
des séquelles lourdes. Ce sont eux qui parvinrent à s'échapper de l'enfer
lorsque sa fille aînée eut 18 ans (9 ans de tortures donc!!) et embarqua avec les petits dans l'avion
-avec des complicités- qui les amena en France, vers leur mère, enfin,
une histoire rocambolesque, émouvante et épouvantable à la fois.. Et ils la retrouvèrent
en effet, comme (dit-elle) "si c'était hier".
Aucun, sauf
peut-être son fils, le plus atteint, ne lui en garde rancune. Tous considèrent
qu'elle ne pouvait faire autrement, et elle a avec eux
d'excellentes relations. Note : la cadette de ses filles (à présent riche
bourgeoise finalement retournée et restée au pays.. c'est à dire celui de son père), celle
qui fut la moins marquée (certes battue dit-elle comme plâtre mais non torturée comme son frère,
pendu par les pieds jusqu'à l'évanouissement, et sa sœur -qui ressemble à
Suzanne comme un clone!- attachée et fouettée jusqu'à la perte de connaissance
-elle en garde des cicatrices horribles-) la cadette donc a donné, comme le veut
la tradition, le nom de son père à son fils aîné et, bien que ne le voyant jamais, l'a tout de même invité au baptême (!!) Quant au père criminel, à
présent âgé, il passe de longues vacances dans le Midi de la France, une vie de
bourgeois prospère parfait. Le livre de Suzanne que j'ai rewrité et édité, qui le dénonce nommément, la popularité de celle-ci, l'ont-ils troublé?
Peut-être même pas. La cadette -celle qui est restée au pays- libraire, est
heureusement mariée et mère. L'autre, celle qui a opté pour Suzanne et la
France, infirmière, mère de deux enfants, est malade (séquelles? Peut-être, en partie.) Quant à son
fils, qui lui aussi a choisi la France (mais Paris), malgré un travail de cadre
sup, il garde des séquelles psy, refuse de voir, et sa mère et
évidemment son père -voire personne- ; il ne s'est jamais marié.
LE DOSSIER LES FEMMES ET LA PSYCHIATRIE
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